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la Sardaigne où il fut découvert, il n'y a pas long-temps, à Paulli-Gerrei, chef-lieu du marquisat de Villa Clara, près de Cagliari et de l'antique route qui conduisait de cette ville à celle d'Olbia. Legrand dessin de ce sarcophage, publié par M. Gazzera (planche 1re), montre que ce monument est semblable à celui du Museo Pio-Clementino, que Visconti a publié (vol. 4, pag. 109, édition de Milan, 8°). Sur l'un et sur l'autre, le bas-relief de la face principale représente Apollon, Minerve et les 9 Muses; ces divinités sont caractérisées par les attributs et symboles qui leur sont propres. M. Gazzera décrit successivement chaque figure, mais il ne peut, faute de notions tirées du monument même, indiquer le personnage auquel il fut destiné. On voit, il est vrai, figurer sur les côtés du sarcophage un homme d'un àge mûr, à physionomie grave, assis, tenant d'une main un papyrus et élevant l'autre comme le ferait un orateur. Mais en supposant que toutes ces représentations fussent en rapport avec la condition du défunt, son nom n'en est pas moins inconnu pour nous, et il faut se résigner à ignorer pour qui fut exécutée cette belle production du ciseau grec.

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Parmi les autres monumens découverts dans la Sardaigne, M. Gazzera rappelle ensuite la petite tessère en bronze, dont les lettres sont incrustées en argent, déjà publiée par Bartoli, et le diplome d'Hadrien, gravé sur deux tablettes de bronze, contenant le congé avec droit de cité accordé à un soldat Sarde, et que Vernazza a déjà inséré dans les Mémoires de Turin, Tom. XXIII. Ces deux morceaux ne fournissent à M. Gazzará que peu d'observations nouvelles, mais il s'étend un peu plus au sujet de quelques inscriptions latines recueillies dans les ruines de l'antique cité de Sulci.

Pour la re, déjà publiée par le chevalier Baïlle (Iscrizione Solcitana illustrata, Gênes, 1820), les Solcitains élèvent une statue à L. Cornelius Marcellus, patron de leur municipe, et parmi ses titres honorifiques, et l'énumération de ses mérites est celui d'être le père de Lucius Cornelius Laurus. Ce dernier est absolument inconnu dans l'histoire; pourquoi donc fait-on honneur à Cornelius Marcellus d'avoir un tel fils? Il est vraisemblable, dit M. Gazzera, que Cornelius Laurus succéda à son père dans le patronage du municipe, et que les Solcitains honoraient par là dans l'inscription dédicatoire et le patron G. TOME XV. — MAI 1830.

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mort,ex testamento ejus, et le patron qui lui succédait, ab origine. M. Gazzera cherche ensuite à connaître l'époque de l'inscription; selon les Commentaires de César la décadence de Sulci et sa ruine entière remonteraient au temps de la guerre d'Afrique (de Bello Africano, cap. 38); mais l'inscription de Cornelius Marcellus, patron de ce municipe, dit qu'il était inscrit dans les cinq décuries, ce qui indique des temps déjà postérieurs à Caligula; de plus, une autre inscription trouvée dans l'île de S. Anthiocus, sur les ruines même de Sulci, rappelle la restauration d'un temple d'Isis et de Serapis, ce qui suppose encore à cette ville une existence bien postérieure au temps de Jules César. Cette inscription, par une singularité qu'on ne saurait approuver, est aujourd'hui en Danemark : au moment de sa découverte elle fut acquise par le voyageur Norvégien Joachim Keyser, et envoyée au vénérable Münter. On y lit ce qui suit, d'après le fac simile envoyé par M. della Marmora à M. Gazzera, qui le reproduit sur la planche 11, no 1 : TEMPL. ISIS ET SERAP. CUM | (1) SIGNIS ET ORNAM. ET AREA | ob honor. M. M. PORC. FELICIS | ET IMPETRÀTI ƒ. IIII. V. A. P. Des | M. Porc. M. L. PRIMIgenius. MAG. LAR. AUG. Restauravit. Selon l'interprétation de M. Gazzera, cette inscription nous apprend que M. Porcius Primigenius, affranchi de Marcus, maître des Lares d'Auguste, a restauré le temple d'Isis et de Serapis, ses statues et ses ornemens et l'autel, pour honorer Marcus Porcius Felix et Marcus Porcius Impetratus (fils de son patron), désignés quartumvirs avec la puissance d'Édile, ob honorem M. M. Porcii Felicis et Impetrati Fratrum, ÏIII viri ædilicia potestate designati. M. Gazzera appuie sur des exemples connus son interprétation de cette partie de l'inscription de Sulci.

Deux autres inscriptions romaines sont rapportées par le savant académicien comme appartenant aussi à la Sardaigne. La ire, trouvée en 1819, est celle qui, tirée des ruines de l'antique colonie de Turris-Libyssonis, rappelle que M. Vlpius Victor, préfet de la province de Sardaigne, a rétabli le temple de la Fortune, la basilique, le tribunal et six colonnes que le temps avait ruinées; la 2o inscription est une pierre milliaire du règne de Vespasien; l'une et l'autre ont été déjà publiées. Une 3° inscription offre tout l'intérêt d'un monument à la fois inédit et utile à la géographie. Elle a été trouvée sur un point de l'île (1) Ce trait vertical indique la séparation des lignes.

nommé Furiadraiu de Nurachedden, non loin de Pula, et on y lit: IMP. CAESAR. | JULIUS. PHILIP | PUS. PIUS. FELIX. | AUGUSTUS. PONTIFEX. MAXIMUS. TRIBUNIGIAE. POTES | TATIS. PATER PATRI AE. PROCONSUL. VI AM. QUAE. A NORA | DUCIT. BITIAE VETUSTATE CÓRRUP | TAM. RESTITUIT. CU | RANTE. M. VLPIO | VICTORE. PROC suo. E. V. De l'examen de cette inscription, M. Gazzera tire diverses conséquences, 1o l'antique Nora est située dans le voisinage de Palu; on y voit encore quelques ruines qui ont conservé le nom de Nori; 2o de ce lieu une voie romaine conduisait à un autre lieu que l'inscription nomme Bitia; Ptolémée décrivant la côte de Sardaigne, après la ville de Populum, celle de Sulci avec un port, et une péninsule, nomme le port de Bioia, Bíoia μńv; M. Gazzera ne doute pas qu'il ne faille lire, dans ce passage, Bíðɩa, et Cluvier a déjà fait remarquer, en effet, qu'un manuscrit du Vatican porte en ce lieu Bíða Tòλo, variante pleinement confirmée par l'inscription précitée. Quant à la position de Bithia, elle ne paraît pas facile à déterminer le texte de Ptolémée la fixe entre la péninsule et l'Herculis Portus; le port Botte actuel paraît satisfaire à toutes les conditions de localité, et conserver dans son nom même quelques traces de l'ancien. Telle est l'opinion du savant critique.

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Une autre inscription inédite occupe ensuite son attention : ce monument à été trouvé dans les ruines de Nora, et on y lit : FAVONIAE M. F. VERAE QUAE. DOMUM. KARALIBUS | POPULO. NORENSE. DONAVIT | M. FAVONIUS. CALLISTUS AUGUSTALIS. PRIMUS AUG. PERPETUUS, D. D.|OB. MUNIFICENTIAM IN HONOREM FILIAE PIENTISSIMAE JUNONI SACRUM. | D.M. Gazzera y voit une dédicace à la Junon (le génie femelle ) de Favonia Vera, fille de Marcus, qui a donné au peuple de Nora une maison qu'elle possédait à Karalis (Cagliari). C'est Marcus Favorinus Callistus, premier augustal, et créé augustal perpétuel par les décurions, qui a élevé ce monument (une statue) en l'honneur de sa fille, très-affectueuse, pour célébrer sa munificence. Quant aux mots soulignés, M. Gazzera nous paraît avoir fondé sur de bons exemples très-analogues l'interprétation de la partie correspondante du texte latin. Parmi les inscriptions qu'il cite à l'appui, on y lit de singuliers noms donnés à des affranchis par leur patron: Faustus donne à ses trois futurs àffranchis les noms de Ursus, Lupus, Leo. On trouve dans un autre marbre trois

Julies surnommées Lasciva, Lupa et Pantera. Le calendrier chrétien offre aussi des noms analogues. Du reste, deux autres inscriptions, inédites également, confirment la lecture Junoni Sacrum Favoniæ de la précédente : l'une, de Turin, est ainsi conçue : IUNONI | TULLIAE | C. F. VITRASI | FLAMINICIA | JULIA. AUGUSTA | L. ARRENUS | L. L. FAUSTUS. L'autre, d'Industria, porte: JUNONI JULIAE N. Q. LOLLIUS EUSEBES ET | AGUSIA. PREPUSA.

L'antique sol de Turris Libyssonis a produit une autre inscription latine relative à l'empereur Licinius (le père); celle-ci a été publiée par Baïlle (Inscriz. Rom., pag. 51), et elle ne confirme pas l'opinion de Muratori qui a affirmé ( Annali d'Italia, an 307), que cet empereur, quand il fut créé auguste, prit les noms de Caius Flavius Galerius Licinianus Licinius, dans le dessein de plaire à son bienfaiteur Galère. L'inscription citée ne désigné l'empereur que par le nom de Valerius Licinianus Licinius: toutefois les médailles sont plus favorables à l'opinion de Muratori, à l'exception du prénom Caius qu'on n'y lit pas; mais ceux de Flavius et de Galerius se trouvent sur les monnaies de Licinius Senior.

On voit par cette rapide analyse tous les soins que M. Gazzera s'est donnés pour parvenir à la plus ample et à la plus sûre interprétation des monumens précités de la Sardaigne. L'histoire et la paléographie s'enrichissent également à ses doctes interprétations. Ce qui nous reste à dire sur la suite de son Mémoire, entièrement relative aux décrets et tessères de patronage et de clientelle entre des villes et de puissans citoyens romains, confirmera pleinement la bonne opinion qu'on peut se faire d'avance et avec toute raison des recherches de M. Gazzera. (La fin au prochain cahier.)

C. F.

36. INSCRIPTION ROMAINE DÉCOUVERTE a Venise. A l'occasion de quelques réparations opérées dans l'église St.Marc, on découvrit sous la table du baptistère l'inscription suivante:

SOLI
SACR

Q BAIENUS

PROCVLVS

. PATER

NOMIMUS.

On s'empressa de la communiquer au D' Labus, dont la sagacité et la profonde science ont expliqué tant de monumens. Ce savant fut frappé surtout du nom de celui qui fait la dédicace de l'autel. Le nom de Baienus ne se retrouve qu'une fois dans les recueils. M. Labus y reconnaît un nom de famille, et comparant cette inscription avec une autre de Trieste, où il est question d'un Baienus Bassianus, préfet d'une cohorte et tribun de légion, il pense que Proculus Baienus fut prêtre du soleil, dont le culte a passé dans l'Occident sous le nom de Mithras. Ici M. Labus indique rapidement les ouvrages que l'antiquité avait produits sur ce culte; mais le temps a détruit et les écrits d'Eubule et ceux de Théopompe. M. Labus passe en revue tous les titres des adeptes du culte mithriaque, parmi lesquels celui de pater, en sorte que l'adjectif Nomimus signifierait que ce titre a été légalement conféré; ce pouvait être cependant un grade, un degré d'initiation. Cette petite dissertation fournit encore des renseignemens et d'ingénieuses conjectures sur deux autres inscriptions découvertes, l'une, à Lucera, en 1828, (no 1); l'autre dans les environs de Rovigo en 1823, (n° 2). DE GOLBÉRY.

Voici ces deux inscriptions peu connues.

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37. Découverte DE MÉDAILLES ROMAINES A DORTAN. (Ain.)

Vers la fin de novembre dernier, un ouvrier travaillait dans une carrière à Dortan, canton d'Oyonax, département de l'Ain. Ayant introduit son levier dans une fissure de rocher,

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