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1800 d'Angleterre à donner une fatisfaction convenable tant par la reftitution de ces prifes que par la punition de ceux qui les avaient faites. La lettre qu'à ce sujet te fécrétaire d'état en Espagne écrivit au Miniftre des affaires étrangères du Roi de Suède, et dans la quelle il joignait les menaces aux exhortations, était datée du 17 Septembre 1800; elle fut communiquée à tous les membres du Corps diplomatique à Madrid par la lettre cirə culaire fuivante.

17 Sept. Circulaire aux Ambaffadeurs et Minifires Etrangers, à la Cour d'Espagne.

Lettre

que

Monfieur, j'ai l'honneur de vous communiquer copie circulaire du mémoire le Roi mon Maître m'a ordonné de faire au Corps dipl. à paffer à Son Miniftre à Stockholm, pour être remis au Madrid. Miniftre de Sa Maj. Suèdoife.

Les principes qui y font établis, et l'événement qui y a donné lieu, font de nature à intéreffer toutes les nations commerçantes de l'Europe, particuliérement les puiffances neutres.

Sa Maj. eft perfuadée d'avance que votre gouvernement envisagera l'affaire fous le même point de vue, et elle fe flatte qu'il voudra concourir à effacer, autant que poffible, des annales de cette guerre, un attentat auffi deftructeur de la confiance et de l'hofpitalité dont jouiffent les pavillons neutres et amis.

Je vous renouvelle, à cette occafion, les affurances de ma confidération et de mon eftime, et je fuis, Monfieur, votre, &c.

Signé: Le Chevalier D'URQUIJO.

A St. Ildephone, le 17 Septembre 1800.

17 Sept. Lettre à M. le Minifire des Affaires Etrangères du Roi de Suède.

Lettre

d' Htat

Monfieur, le Roi mon Maître a vu avec la plus vive du Secr. indignation, par un rapport que le Conful de Sa Maj. Efpagnol Suèdoife à Barcelonne a remis au Capitaine - Général de au Mini- la Catalogne, contenant la déclaration du Capitaine RudSuede bardt, de la Galiote, Suèdoife la Hoffnung, que, le 4 Septembre dernier, dans l'après-midi, deux vaiffeaux

Aère de

et

et une Frégate Anglaife ont forcé ledit Capitaine, après 1800 avoir examiné et trouvé en regle fes papiers, de prendre à fon bord des Officiers Anglais et un nombre confidérable de marins, et de fe laiffer remorquer à l'entrée de la nuit par plufieurs Chaloupes Anglaifes jusques fur la rade de Barcelonne et fous le canon de fes batteries,

Que les Anglais, ayant réduit ledit Capitaine et fon équipage au filence, en lui tenant le piftolet fur la poitrine, fe font emparés du gouvernail, et ont fait, à neuf heures du foir, moyennant ledit bâtiment et les Chaloupes qui l'environnaient, une attaque fur deux Frégates fous pavillon Efpagnol qui s'y trouvaient à l'ancre, lesquelles n'ayant pas pu foupçonner que ce bâtiment ami et neutre recélait à fon bord des ennemis, et fervait ainfi à l'attaque la plus traitreufe, ont été presque furprises et forcées de fe rendre.

On fe réfere pour les autres particularités et les violences exercées par les Anglais fur le bâtiment Suédois, à la déclaration du Capitaine qui fe trouve ci-jointe.

Le Roi mon Maître n'a pu confidérer cet événement que comme intéreffant les droits et bleffant les intérêts de toutes les puiffances de l'Europe, fans en excepter l'Angleterre, et furtout comme l'infulte la plus grave contre le pavillon de Sa Maj. Suèdoife.

En effet, il eft évident que les puiffances bellige. rantes, en admettant les bâtimens neutres fur leurs rades et dans leurs ports, ont voulu adoucir le fléau de la guerre, et menager les relations commerciales de peuple à peuple, que leurs befoins mutuels exigent.

Tout ce qui tend donc à rendre cette navigation fufpecte et dangereufe, bleffe également les droits et les interêts de toutes les nations.

Mais dans le cas actuel, les droits et l'honneur du pavillon Suédois ont été violés d'une maniere fi outrageante, qu'on en trouvera peu d'exemples dans l'hiftoire. maritime de l'Europe.

L'attentat, s'il reftait impuni, tendrait à brouiller deux nations amies, anéantir leurs relations commerciales, et à faire confidérer le pavillon qui le fouffrirait comme auxiliaire fecret de la puiffance ennemie, et forcerait ainfi l'Espagne à prendre des mesures que l'intérêt de fes vaiffeaux et la fécurité de fes ports commanderaient.

A a 4

Cepen

1800

Cependant, le Roi mon Maî re aime, encore à croire que le Capitaine Suédois ne s'eft pas rendu coupable de la moindre connivence avec les Anglais. et qu'il n'a 'fait que ceder à leurs violences et à leur grand nombre.

Dans cette fuppofition, le Roi m'a ordonné de porter à la connoiffance de Sa Maj. Suèdoife cette infulte grave commise, contre fon pavillon;, et ne doutant pas du reffentiment qu'elle éprouvera d'un procédé auffi bas et déloyal de la part de quelques Officiers de marine Britannique, il s'arrend à ce que la Cour de Stockholm fera auprès du Miniftère Anglais les inftances les plus férieufes pour que les Officiers qui fe font rendus coupables en cette occafion foient punis féverement, et que des deux Fréganes Efpagnoles, furprifes et enlevées de la rade de Barcelonne par une rufe auffi contraire au droit des gens et aux règles de la guerre, foient immédiatement reftituées avec leurs cargaifons, comme étant illégalement prifes au moyen d'un vaiffeau neutre, qui fervait d'inftrument aux affaillans.

S. M. C. fe croit d'autant plus fondée à regarder le fuccès de cette réclamation comme affuré, que le Gouvernement Anglais même ne faurait fe diffimuler que les ennemis, en fuivant un pareil exemple, pourraient fe fervir également des bâtimens nentres pour infetter fes rades et caufer dans fes ports tous les dommages poffibles.

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Mais fi, contre toute attente, les démarches de Sa Maj. Suédoife auprès de la Cour de Londres, pour obtenir la réparation de l'injure faite à fon pavillon, ai fi que la reftitution des deux Frégates Espagnoles, n'avaient pas le fuccès defiré avant la fin de cette année, Sa M-j. fe verrait obligée, quoiqu'avec beaucoup de regret, de prendre envers le pavillon Suèdois des mefures de précaution qui mettroient fes rades et les ports à'abri d'un abus auffi dangereux et révoltant que que les Anglais viennent de faire.

J'ai l'honneur d'être, &c.

celui

Signé: Le Chevalier D'UR QUIJO.

A St. Ildephonfe, le 17 Septembre 1800.

La reponse, pleine de dignité, que la Cour de Suède fit à cette lettre, fut remife au Ministre Espagnol à Stockholm en date du 22 Off. dans ces termes.

Note,

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Note, remife par le Miniflère de Sa Maj. Suèdoife 1800 au Minifire de Sa Maj. Catholique à Stockholm, en 22 08. reponse aux réclamations de la Cour d'Espagne,

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datée du 22 Oct. 1800.

(Nouv. polit. 1800. Nr. 90. fuppl.)

Sa Maj. Suèdoife a appris avec le plus vif déplaifir Repons la violence, que quelques Officiers de la Marine Angloife de la Cour de ont faite à un vaiffeau marchand de la Pomeranie - Suè- Suède, doif, pour le faire fervir à une entreprise hoftile contre Parfaitement deux Frégates fur la rade de Barcelone. d'accord avec Sa Maj Catholique dans la manière d'envifager ce nouvel abus de la force, et le danger commun que de pareils exemples pourroient entrainer, tant pour Is neutres, que pour les belligérans mêmes, Sa Maj en fera porter des plaintes à Londres, dues en même tems à fes liaifons, amicales avec la Cour d'Efpague, et à la Neutralité du pavillon.

Dans ces réclamations, qui ont pour premier objet les droits du pavillon et des fujets de Suède. Sa Maj. Catholique trouvera jufte fans doute, que le Roi fe regarde comme partie principale. En fuivant fes intérêts, comme Sa Maj. les entend, elle n'oublira certainement pas ceux de l'Efpagne. La juftice veut, qu'on reftituë ce qui a été mal pris: Sa Máj y infiftera, toutefois fans garantir le fuccès de cette démarche. Elle fera dans fon tems des communications confidentielles à la Cour d'Espagne fur les difpofitions, dans lesquelles elle aura trouvé le Gouvernement Anglois à cet égard; mais une jufte confiance de la part de Sa Majefte Catholique lui' laiffera fans doute dans cette négociation le libre choix des formes et des moyens, la difpenfant de toute époque fixe, comme de toute efpèce de compte à rendre; l'Espagne, qui, comme le refte de l'Europe, connoit le long procès, que la Suède fait plaider à Londres fur des reftitutions à faire à elle, n'a pas lieu de fe promettre une plus prompte juftice dans une caufe, où il s'agit de reftitutions à faire à des ennemis.

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En général Sa Maj. Suèdoife ne fe reconnoît dans aucune refponfabilité d'un fait, dont les caufes ini font A a 5

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1800 abfolument étrangères. Après les rapports, que la Cour d'Espagne s'en eft fait donner, avec les circonstances qu'elle admet elle-même comme conftatées, il a été très-inattendu de l'y voir impliquer le Gouvernement de Suède et toute la Nation.

Ce feroit affez malheureux, que les torts d'un tiers pourroient faire rompre des relations, que plufieurs difcuffions directes pendant la préfente guerre n'ont pas pu altérer. Il y a eu de fréquents revers, particulièrement affectés, à ce qu'il a paru, aux ports d'Espagne: un vaiffeau Suédois, pris dans le port même de Paffage par les Anglois: un fecond pillé et entièrement devafté à Alicante par les François; plufieurs autres enlevés par des Corfaires François, ftationnés à l'entrée du port de Malaga, ont fourni à Sa Maj. Suèdoife autant de fujets de réclamations et d'invitations amicales à la Cour d'Espagne, de faire refpecter fon territoire pour la fûreté de fon commerce. Sa Maj. fe feroit fort applaudie de fes repréfentations, fi elle eût trouvé en fa faveur quelques marques de cette énergie, que le Gouvernement d'Espagne vient de déployer contr' elle dans une affaire, où elle n'a d'autre part que des plaintes à faire, Mais l'inutilité de fes réclamations n'a pas fait fortir Sa Maj. des termes de modération et d'équité, conve nables entre des Cours amies, et auxquels Sa Majefté efpère encore de voir revenir la Cour d'Efpagne, après des différents malheurs arrivés dans fes ports.

Le fous-figné Chancelier de la Cour, ayant l'honneur de transmettre ces notions à M. le Chevalier de la Huerta, envoyé - extraordinaire de Sa Maj. Catholique, en réponse de fes communications du 17 Sept. profite avec plaifir de cette occafion &c.

Drottningholm le 22 Octobre 1800.

Signé : F. D'EHRENHEIM.

A cette reponfe le Miniftre d'Espagne à Stockholm fit la replique fuivante en date du 29 Déc. 1800.

Lettre

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