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Lettre du Chevalier de Huerta au Chancelier de Suède. 1800

(Nouv. polit. 1801. Nr. 13. fuppl.)

99 Dis.

Espagnol

Monfieur, je viens de recevoir de ma Cour une Rep. dis réponse à la lettre, dans laquelle je lui ai rendu compte Miniftre des prémières ouvertures, que je fis au Cabinet Suédois, lorsque j'eus l'honneur de vous remettre ma prémière Note, relativement à la violence commife par les Anglois dans la Rade de Barcelone, Le Roi, mon Maître, a vù à regret la froideur, avec laquelle la Cour de Suède a reçu fes prémières réclamations, et qu'elle fe bornoit à des démarches foibles, dont Sa Maj. n'ofe fe promettre aucun résultat. La manière, dont on a envifagé ici ces démarches, a prouvé, en même tems, le peu d'énergie, que la Cour de Suède fe propofoit de montrer dans cette circonftance Je ne puis vous le cacher, Monfieur: Cette tièdeur, que l'on pourroit fuppofer à la Cour de Suède, dans fes réclamations près celle de Londres, donneroit lieu de croire, que l'on voudrait rapporter cette négociation à d'autres objets d'intérêt particulier, qui exigent des ménagemens peu conciliables avec cette énergie et ce zèle, que Sa Maj. Catholique fe feroit flattée de trouver dans Sa Maj. Suèdoife, lorsqu'il s'agit de maintenir l'honneur de fon pavillon, de prouver à l'Europe la part qu'elle prend à l'intérêt commun des. puiffances maritimes, et le prix qu'elle attache à l'amitié et à la bonne intelligence, qui n'ont ceffé de régner entre les deux puiffances. En conféquence d'un nouvel ordre de ma Cour, je réïtère mes repréfentations; et j'infifte formellement fur le contenu de ma Note du 17 Octobre. Je croirois avec plaifir, que Sa Maj. Suè-. doife fera des démarches plus actives, que je n'euffe ofé l'efpérer d'après fa réponse. Il n'eft pas vraisemblable, qu'elle veuille expofer les vaiffeaux Suédois à toute la rigueur des mefures, que préfcrivent les circonftances contre des vaiffeaux fufpects, et dont la conduite pourroit être regardée comme tolérée, fi la Cour de Suède n'obtenoit de l'Angleterre la réparation la plus éclatante, touchant l'affaire de Barcelone, J'ai l'honneur d'être &c.

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Stockholm, le 29 Décembre 1800.

Signé: Le Chevalier DE HUERTA.

Et

800

Lettre du
Chance-

Leer de

Et tandis que le Roi de Pruffe appuya la reclamation de l'Espagne en faifant faire à cet égard des représentations à la Cour de Stockholm par fon Miniftre Mr. de Tarrach, le Roi de Suède y fit faire la fuivante reponse par le Chancelier de Cour.

Lettre du Chancelier de Suède au Minifire de Pruffe dans le courant

1

(Nouv. polit. 1800. Nr. 99. fuppl.)

2 du
mois de Novembre 1800.

Ayant rendu compte au Roi de la manière, dont Sa Maj. Pruffienne s'intéreffoit dans la réclamation de la Suède au Cour d'Espagne, au fujet d'un abus fait par les Anglois Minire du Pavillon de Suède, le fous- figné, Chancelier de Cour,

Pruffien

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a été chargé d'exprimer à Mr. de Tarrach toute la reconnoiffance de Sa Majefté de l'attention conftante, que la Cour de Berlin portoit fur les intérêts des pavillons neutres, et toute la confiance qu'elle met dans fa manière de les voir. Le Roi a été très- furpris de la refponfabilité publique, à laquelle la Cour d'Espagne a appellé la Suède en cette occafion, et des menaces, qu'elle y a jointes. Après toutes les vexations, auxquelles les pavillons neutres ont été exposés pendant la préfente guerre, c'eft la mefure la plus oppreffive qu'ils aient encore éprouvée. De cette manière, placés fans ceffe entre l'offenfe et la réparation, ils devront bientôt fe laiffer entrainer dans la guerre, ou difparoître de toutes les mers où elle fe fait.

Ces vérités étant de trop de conféquence et pour la Suède et pour les autres puiffances neutres, Sa Maj. Suèdoife n'a pu en général fe charger d'aucune refponfabilité des abus, que les puiffances belligérantes pourroient faire des navires Suédois. dont elles s'emparent." Ce principe paroît à Sa Maj. fi fondé, qu'elle fe flatte, que la Cour de Berlin voudra lui donner tout l'appui, que la justice et les intérêts communs paroiffent également réclamer; il a été généralement reconnu jusqu'ici parmi tant de violences, qu'on s'eft permifes des deux côtés, fans quoi la guerre auroit été générale. Si la Porte Ottomane, la Ruffie et l'Angleterre avoient noté de cette refponfabilité tous les pavillons, qu'ils ont trouvés dans Alexandrie; fi elles avoient redemandé

l'Egypte

l'Egypte aux Gouvernemens refpectifs, parce que des 1800 navires marchands avoient été forcés de tranfporter des Troupes Françoifes pour la furprendre; fi elles y avoient mis ces formes, ce terme peremptoire, et ces.conditions; tout commerce, toute neutralité auroient été d'abord anéantis. Aili Sa Maj. a cru, que la violence, faite au pavillon Suédois à Barcelone, ne pourroit être traitée autrement que celles, dont elle a eu à fe plaindre auparavant; et elle s'eft réfervé la liberté de relever les torts faits à fes fujets ou à fon pavillon, dans tel tems et par tels moyens, que fa pofition particulière lui permettra.

Sa Majefté ne doit pas cacher cependant, que, dans le cas préfent, le dommage, qui en eft réfulté pour une puiffance amie, lui fait d'autant plus de peine qu'elle trouve la capture des Anglois très - illégale, et qu'elle défire vivement de pouvoir contribuer, par fes représentations, à en obtenir la reftitution. Sa Majefté ne négligera certainement rien, pour parvenir à un ar rangement, dont le prix eft devenu affez inopinément la continuation des relations amicales entre la Suède et, l'Espagne; mais elle ne peut à préfent faire pour les deux Frégattes, ce que même elle n'a pas fait au-paravant pour les propres Convois, ni donner à la Cour d'Espagne de meilleures efpérances, qu'elle n'en a elle, même. Le fous- figné profite de cette occafion &c.

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Pendant que la Cour de Berlin époufait la caufe, de l'Espagne auprès de celle de Stockholm contre l'An. gleterre, un nouvel incident menaçait de la brouiller avec la Cour de St. James it fut l'avant coureur de plus, grands événemens. Un navire Pruien d'Embden le Triton chargé de bois de charpente et destiné pour Amferdam, après avoir été pris par un vaiffeau de guerre Anglais à la hauteur du Texel avait été forcé par les dangers de la mer à entrer dans le port. de Cuxhaven dans les premiers jours de Novembre; le Miniftre du Roi de Pruffe à Hambourg le reclama, et quoique le Magiftrat de Hambourg fe foit peu après determiné d'acheter cette prife du capteur pour la faire rendre au propriétaire, cet evenement engagea la Cour de Berlin à perfifter dans Ja refolution une fois prife d'envoyer un détachement de

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1800 fes troupes à Cuxhaven pour prendre possession militaire du port et du bourg de Ritzebüttel fous le pretexte d'em pêcher qu'à l'embouchure de l'Elbe il ne fe commette des hoftilités contraires à la neutralité du Nord de l'Alle magne dont le Roi de Pruffe s'était rendu le garant. Voici la proclamation publiée lors de l'entrée des trou pes le 23 Novembre 1800.

mation.

Proclamation.

(Nouvelles polit. 1800. Nr. 103.)

Procia- Par ordre exprès de Sa Maj. Pruffienne, Frédéric Guillaume III. mon très-gracieux fouverain, on fait (ça. voir, que l'occupation temporaire du District de Ritzebüttel et Cuxhaven, par les troupes que je commande, et qui font un détachement de l'Armée d'obfervation, chargée de protéger la Neutralité- Armée du Nord de l'Allemagne, a eu pour caufe l'enlevement d'un vaiffean Pruffien. Le différend, que cet enlèvement a occafionné, a enfin été arrangé après quelques explications d'ufage et quelques protestations d'amitié.

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Mais, comme la marche des troupes, devenuë né. ceffaire, après le peu fuccès qu'avoient eu les premières explications, étoit ordonnée et déjà en partie exécutée, Sa Majesté Pruffienne a jugé à propos d'en faire achever l'exécution, et de prendre poffeffion du Diftri& de Ritzsbüttel et de Cuxhaven, afin de prévenir de femblables conteftations à l'avenir, et de s'affurer, pour la plns grande fûreté et obfervance de la Neutralité, d'une place fi importante et fi néceffaire aux états, qui fe trouvent fous la ligne de démarcation.

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Tel eft l'unique objet de l'arrivée des troupes, qui font fous mes ordres. Comme leur chef, mon premier děfir eft de maintenir la fûreté et la tranquillité publi ques, particulièrement en tout ce qui refte attaché at Système de Neutralité; et non-feulement je foutiendrai de toutes mes forces l'autorité des Magiftrats, établis par la ville de Hambourg; mais je protégerai tous les habitans ou étrangers, qui arrivent ici, dans leurs droits, dans le cours de leurs affaires, et particulièrement dans leur commerce et la navigation, qui ne feront pas le moins du monde interrompus; mais, au contraire, mieux

pro

protégés et encouragés, fans la moindre altération dans 1800 la conftitution et les ufages du Diftri&, que j'occupe.

Il est donc enjoint à toutes les perfonnes, qui l'habitent ou qui s'y trouvent, d'avoir. pour les troupes que je commande, les égards et les difpofitions d'amitié, qu'elles apportent elles-mêmes, et d'éviter par-là les confequences inévitables et funeftes, qu'entraineroient des difpofitions contraires.

A la première nouvelle de cette refolution Mylord Carysford prefenta à la Cour de Berlin la fuivante note en date du 16 Novembre 1800.

(Nouv. polit. 1801. Nr. 7. fuppl.)

M. Ca

Berlin

Dans l'inftant que le Comte de Carysford, envoyé. Primiève extraordinaire et Miniftre-Plénipotentiairee de Sa Maj. Note de Britannique, ent appris, que Sa Majefté Pruffienne fe rysford a difpofoit à faire entrer un Détachement de fest troupes la C. de à Cuxhaven, et que la raifon, que le Public fe plaifoit à donner de cette démarche, étoit le refus, qu'avoit fait le Gouvernement de Hambourg, de faire relâcher un bâtiment, qui, après avoir été pris par un des vaiffeaux de guerre de Sa Maj, Britannique, avoit été obligé, pour éviter les dangers de la mer, d'entrer dans le fus - dit port; il crut de fon devoir de demander une audience Son Exc. M. le Comte de Haugwitz, Miniftre - d'Etat et du Cabinet, afin de s'informer de cette affaire. Il a reçu de Son Exc l'affurance, que les intentions de Sa Maj. Pruffienne n'étoient nullement hoftiles, ni contraires aux intérêts de la Grande Btétagne; mais que l'occupation, qu'elle avoit ordonnée, avoit pour but principal de maintenir l'autorité de Sa Maj. en fa qualité de Chef et de protecteur de la Neutralité du Nord: de l'Allemagne, et qu'elle étoit de l'aveu et du confentement de la ville de Hambourg même.

Lord Carysford n'étant pas exactement informé des circonftances, dans lesquelles le vaiffeau, dont il eft queftion, fe trouvoit, a remis à une autre occafion les obfervations, qu'il eût voulu foumettre à Son Excellence: Il a maintenant lieu de croire, que ce bâtiment, chargé de contrebande, a été pris par un des vaiffeaux de Sa Majefté Britannique, comme il entroit dans le Texel, c'est-à-dire, dans un port appartenant aux ennemis de

S. M.

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