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devenues indispensables à l'un et à l'autre, il ne me serait pas possible d'exécuter le nouveau plan que je formais; mais je m'aperçus que ce Dictionnaire, après moins de douze années de publication, était déjà suranné; ce que j'attribuai à deux causes principales ; d'abord, aux progrès que les travaux de plusieurs savans distingués avaient fait faire depuis peu à la Bibliographie, et en second lieu à la révolution que les sciences avaient éprouvée dans ces derniers temps; révolution qui, en condamnant à l'oubli une foule d'anciens ouvrages, avait donné naissance à un grand nombre de productions estimables, qui, pour la plupart, devaient trouver place dans un Dictionnaire Bibliographique. Plus que tout cela, les nombreuses inexactitudes qui s'étaient glissées dans celui-ci, me parurent en réduire l'utilité à peu de chose (*). Ainsi le succès de ce livre ne pouvait être attribué qu'à la facilité qu'offrait, pour les recherches, l'ordre alphabétique dans lequel il était rangé, et à l'avantage de trouver réunie, presque à chaque article, une série de prix tirés des Catalogues des ventes faites depuis le commencement du 18. siècle.

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Il me fallut donc commencer un travail presqu'entièrement neuf dans lequel je n'adinis guère de l'ancien que quelques articles, qui me parurent les plus exacts. Je fus d'abord indécis sur la forme que je donnerais à mon ouvrage : car si l'ordre alphabétique me paraissait faciliter les recherches lorsqu'on veut avoir promptement un renseignement sur un livre dont on connaît ou le titre ou le nom de l'auteur; je ne pouvais me dissimuler que cette méthode n'était pas toujours satisfaisante: en effet, desire-t-on savoir quelles sont les productions qu'il est le plus essentiel de se procurer sur telle ou telle partie des sciences ou de la littérature, il n'est guère présumable qu'on aille consulter un Dictionnaire pour cela, parce qu'on ne voudra point passer son temps à le feuilleter entièrement, au risque d'y chercher inutilement les renseignemens que l'on demande; il sera plus naturel de recourir à un ouvrage, dans lequel les titres des livres sont classés méthodiquement, et où l'on pourra trouver facilement ce qu'on eût peut-être vainement cherché long-temps dans un Dictionnaire. D'après cela, j'ai pensé qu'un ouvrage qui réunirait, dans un cadre resserré, l'ordre alphabétique à l'arrangement méthodique, pourrait avoir quelque avantage sur ceux qui l'ont précédé, sur-tout s'il était le résultat de longues recherches et de nombreuses vérifications; en un mot, si, sans être une simple compilation, il offrait la substance de ce que contiennent de meilleur les ouvrages de Bibliographie les plus accrédités.

C'est dans cette idée que j'ai entrepris le Manuel du Libraire

(*) Quelqu'imparfait que puisse être le Dictionnaire Bibliographique de l'Abbé Duclos et de Cailleau, il mérite cependant des éloges, parce que, à l'époque où il parut, ses auteurs n'avaient pas les secours que l'on peut se procurer aujourd'hui abondamment.

et de l'Amateur de Livres, que je publie, et dont je vais tâcher d'exposer le plan en peu de mots:

Les deux premiers volumes de ce Manuel contiennent un Dictionnaire, dans lequel on trouvera indiqués les livres anciens qui sont à-la-fois rares et précieux, et un grand nombre d'ouvrages modernes, qui, par leur mérite bien reconnu, leur singularité, la beauté de leur exécution, les gravures dont ils sont ornés Ou pour quelques autres particularités, peuvent figurer parmi les livres précieux.

Ce n'est donc pas une Bibliographie générale que j'ai voulu faire, mais un Dictionnaire composé de livres choisis. D'après' cela, je me suis vu en droit d'écarter de mon ouvrage une foule de livres anciens qui, malgré leur rareté, ne sont recherchés que de très-peu d'amateurs, et qui ne peuvent tenir leur place dans les Bibliothèques, ni comme ouvrages utiles, ni même comme objets de curiosité (1). J'ai dû pareillement ne point faire entrer dans ce Dictionnaire les ouvrages modernes qui, quoique bons et recherchés, n'ont qu'une valeur médiocre ; j'ai réservé ces sortes de livres pour la Table méthodique, dans laquelle ils doivent nécessairement être placés.

Si je me suis quelquefois écarté de ce plan, ce n'a été que pour compléter les articles de certains auteurs, pour donner la suite des éditions d'un même ouvrage, pour indiquer les traductions des écrits dont je faisais connaître les originaux, pour annoncer quelques recueils volumineux, enfin, par respect pour certains ouvrages estimables., qui, pour être tombés en discrédit dans le commerce, n'en sont pas moins recherchés des gens de lettres.

Les livres sont placés, dans ce Dictionnaire, ou sous le nom de l'auteur, ou d'après les premiers mots des titres, lorsqu'il s'agit d'ouvrages dont les auteurs ne se sont pas nommés (2); et pour ces derniers, j'ai eu souvent recours à l'excellent travail que M. Barbier a publié sur les ouvrages anonymes et pseudonymes.

Je me suis attaché à rendre avec précision les titres des livres, et ne pouvant les copier en entier, j'ai tâché de garder un juste milieu entre un titre trop long et un titre tronqué.

Dans les notes qui accompagnent les titres, je me suis presque

(1) Si j'avais admis indifféremment dans ce Manuel, tous les livres difficiles à trouver, il est certain, que j'aurais pu y faire entrer facilement plus de cent mille articles, puisque les seules Annales typographiques de Panzer, qui ne vont que jusqu'à l'année 1535, m'en auraient fourni au moins quarante mille, auxquels on ne peut pas refuser la qualification de rares.

(2) J'ai pensé qu'il était convenable de placer toutes les éditions de la Bible entière au mot BIBLIA; toutes celles de l'Ancien ou du Nouveau Testament, au mot TESTAMENT. J'ai placé les Romans de Chevalerie, qui n'ont point de nom d'auteur, au nom du héros du Roman, comme ARTUS, GYRON, LANCELOT, etc.

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toujours abstenu de porter des jugemens sur le mérite des livres. De quel droit, en effet, me serais-je érigé en censeur universel ? je me suis seulement permis de dire que tel ouvrage était estimé que telle édition était préférable à telle autre, parce qu'il est censé que ces observations sont plutôt le résultat de l'opinion générale que mon sentiment particulier.

Le but que je me suis proposé est de faire connaître principalement les livres précieux, de donner une idée de leur valeur, de signaler les contrefaçons, de faire remarquer ces ruses trop communes par lesquelles, au moyen de titres rafraichis, on a voulu faire passer d'anciennes éditions pour des nouvelles, et quelquefois même des ouvrages tombés dans l'oubli pour des productions récemment publiées. On doit trouver dans un livre du genre du mien, des renseignemens exacts sur les collections volumineuses, sur la manière de collationner les ouvrages composés de pièces séparées, sur le nombre de gravures contenues dans certains livres difficiles à vérifier, sur la quantité de feuillets dont se composent des volumes dépourvus de pagination ou de signatures; en un mot tout ce qui concerne le matériel d'un livre, et ce qui est essentiellement du ressort du Libraire.

J'ai apporté une attention particulière aux éditions princeps des auteurs classiques grecs et latins, et aux premières productions typographiques des plus anciens imprimeurs; mais n'ayant que fort peu d'espace à consacrer à mes notes, et me trouvant resserré dans des colonnes étroites, je n'ai pu figurer exactement les souscriptions de ces anciennes éditions. Je me suis donc contenté de composer les titres que j'en donnais, de fragmens pris soit au commencement, soit à la fin des volumes, d'en conserver exactement l'orthographe bonne ou mauvaise, et de donner, dans de courtes notes, les signes caractéristiques qui distinguent ces sortes de livres. Cependant je me suis quelquefois étendu davantage au sujet de certains articles très-précieux qui étaient échappés aux recherches des Bibliographes, ou qui n'avaient été qu'imparfaitement décrits. Je n'ai pas cru nécessaire de répéter à chaque édition publiée avec date dans les premières années de la Typographie, qu'elle était imprimée sans chiffres, réclames ni signatures, parce qu'on sait bien qu'à cette époque ces signes nécessaires pour indiquer l'ordre des feuillets d'un livre, n'étaient que très-rarement mis en usage. J'ai réservé ces détails pour les éditions sans date, ni nom d'imprimeur, ni désignation de lieu, qu'il était essentiel de décrire de manière à les faire reconnaitre facilement.

Ces indications doivent mériter d'autant plus de confiance qu'elles out presque toujours été prises sur les livres même. Qu'il me soit permis, à cette occasion, de témoigner à M. Van Praet, toute ma reconnaissance pour la complaisance qu'il a bien voulu avoir de me communiquer les livres les plus précieux que possède la Bi

bliothèque Impériale, dont il est l'un des Conservateurs ; si mon ouvrage contient quelques notes intéressantes relatives aux premiers monumens de la Typographie, c'est principalement à la facilité d'avoir eu sous les yeux ces précieux objets que j'en suis redevable. Cependant, comme il ne m'a pas été possible de me procurer toutes les éditions anciennes dont je parle, j'ai cru pouvoir m'en rapporter, pour celles qui me manquaient, aux ouvrages du P. Audiffredi aux Annales Typographiques de Panzer, et quelquefois même au Dictionnaire de M. la Serna Santander (*).

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D'après les recherches que j'ai faites sur cette intéressante partie de la Bibliographie, j'ai lieu d'espérer que mon ouvrage pourra, à cet égard, être regardé comme un Supplement nécessaire de la Bibliographie Instructive, et même des Annales de Panzer.

Quoique les éditions du quinzième siècle m'aient paru mériter une partie de mes soins, je n'ai pas négligé les livres plus modernes; aussi les auteurs classiques grecs et latins, les ouvrages qui servent à leur intelligence, l'ancienne Littérature française, les Sciences et l'Histoire ont partagé mon attention, et ont été tour à tour l'objet de mes recherches. J'ai donné une étendue raisonnable à ce qui concerne les Littératures italienne, espagnole et anglaise et l'on verra que j'ai fait, au sujet de cette derniere, tout ce qu'il m'etait possible de faire dans un moment où les communications avec l'Angleterre sont interrompues.

La Littérature orientale n'a pas non plus été oubliée ; mais sachant que M. Langlès s'occupait d'un travail étendu sur cette partie, je n'ai pas cru devoir en faire un des objets essentiels de mes recherches.

(*) En faisant usage de ces ouvrages, j'ai eu grand soin de ne m'y arrêter qu'à des éditions bien avérées, et de rejeter celles dont l'existence n'est pas confirmée par de bonnes autorités; cette défiance était d'autant plus essentielle, que si l'on adoptait sans examen toutes les notes qui se trouvent dans les ouvrages de Bibliographie, même dans ceux qui sont justement estimés, on serait souvent induit en erreur. Par exemple, je trouve dans le Catalogue de Crévenna, édition de 1775, tome 3., 1.ere partie, page 246, l'indication bien circonstanciée d'une édition du Commentaire de Caldérin sur Juvénal. Rome, Kal. Septembris 1474, pet. in-fol.; qui ne croirait, d'après cela, que cette édition a été véritablement imprimée à Rome, en 1474; cependant le P. Audiffredi (Catalogus Romanarum edit. sæculi XV, pages 157 et 158) a prouvé que cette édition, publiée par Calphurnius Brixiensis, avait été imprimée à Venise, postérieurement au Commentaire de Caldérin sur Martial, sorti des presses de Jac. de Rubeis, Idib. Sept. 1474, et que la date Kal. Septembris, 1474, était relative à la composition de l'ouvrage et non pas impression. Convaincu par le raisonnement du savant Bibliographe romain, le rédacteur du second Catalogue de Crévenna, tome 3, n.o 4055, a terminé le titre qu'il donne de cette édition, de la manière suivante: Editi Romæ, Kal. Septembris 1474, sine anno, et loco typogr. (sed Venetiis, per Antonium Moretum, circa 1490); et d'après cette annonce, ce volume n'a été vendu qu'un florin (2 liv. 4 s.), ainsi qu'on peut le voir dans la liste imprimée des prix de la vente de Crévenna.

à son

Pour les éditions sorties des presses des Aldes, je m'en suis presque toujours rapporté à l'ouvrage de M. Renouard, dont j'ai reconnu, par expérience, toute l'exactitude. L'ouvrage d'Ang.-Mar. Bandini m'a offert les mêmes secours à l'égard des éditions des Juntes.

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J'ai puisé de bons renseignemens dans la Bibliothèque de D. Clément, dans la Bibliothèque de la France du P. le Long, dans la Bibliographie de de Bure, dans les Catalogues du Duc de la Vallière par MM. de Bure et Nyon; de Crévenna; de Pinelli, par M. Morelli'; de M. Bancks; de la Bibliothèque du Conseil d'Etat, par M. Barbier, etc. J'ai aussi fréquemment consulté les Bibliothèques italiennes de Fontanini et d'Haym, la Serie de' testi de M. Gamba, le Répertoire de M. Schoell, le Journal des Savans, l'Esprit des Journaux, le Magasin Encyclopédique, le Journal de la Littérature étrangère, et plusieurs autres Journaux littéraires ; je ne dois pas oublier non plus, parmi les ouvrages qui m'ont été utiles, ceux d'Harwood. de M. Dibdin, et le Bibliographical Dictionary de M. Clarcke, récemment publié en Angleterre; enfin je n'ai fait usage que des ouvrages de Bibliographie les plus accrédités, et je me suis toujours tenu en garde contre ces compilations suspectes dans lesquelles je n'aurais pu trouver que des renseignemens inexacts.

Pour me conformer au goût des Amateurs et des Libraires, j'ai apprécié les livres que j'indique; mais ces appréciations sont basées différemment, selon le genre de livre auquel elles ont rapport.

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Ainsi, comme il eût été ridicule de vouloir assigner une valeur fixe à des livres qui ne passent que très-rarement dans le commerce et dont le prix dépend entièrement de la volonté des vendeurs ou de celle des acquéreurs, j'ai cru plus raisonnable d'indiquer les prix auxquels les livres de ce genre ont été portés dans les ventes les plus connues, faites depuis 40 ans, tant en France qu'en Angleterre et en Hollande; par ce moyen, non-seulement je fais voir la variation que ces sortes d'objets peuvent éprouver dans leur prix, mais encore, citant les Catalogues où ils sont indiqués, je donne une garantie de leur existence. Il est certain que si tous ceux qui ont publié des Dictionnaires Bibliographiques avec des prix, avaient suivi cette méthode, ils n'auraient pas apprécié des livres qui n'existent pas ou qui ne se sont jamais présentés dans le commerce.

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Quant aux livres qui, sans être communs, se rencontrent assez fréquemment pour qu'une longue expérience du commerce et l'habitude des ventes puissent en faire connaître la valeur, je les ai appréciés d'après un terme moyen qui, toute-fois, ne peut être regardé que comme approximatif. En faisant cette appréciation, j'ai supposé les livres en bon état, mais sans reliûre de luxe, et j'ai dû citer (pour faire voir combien la belle conservation et l'élégance de la reliûre d'un livre en augmentent la valeur) quelques

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