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12 AMMICARIS. F. LILVA, MILCHATONIS. F. LEG. 13ACT. A. D. VI. K. MAI. C. CÆSARE. L. EMIL.PAVLO CO.SS. Les restitutions que je propose sont fondées sur les considérations suivantes : 1o à la 11o ligne j'ai complété les dénominations du patron de Curubes par des noms supposés, ce C. Pomponius ne pouvant être reconnu parmi ceux qui ont été cités dans l'histoire et les monumens; je n'ai eu qu'une seule attention, c'est de n'adopter aucun des surnoms des Pomponius qui y sont nommés en agissant différemment, j'aurais attribué à un C. Pomponius un monument qui ne lui appartiendrait vraisemblablement pas; 2° la restitution ajoutée à la 6e ligne est obligée, Ameilhon l'avait très-bien reconnu; cette restitution contient 13 lettres; elle nous donne le nombre trèsapproximatif de celles que la restitution des autres lignes exige aussi; or, sur les 12 lignes du texte même de l'inscription, 5 de ma restitution ont tout juste 13 lettres; 5 autres en ont 14; une seule 12; une autre, la onzième, où un nom propre peut être facilement inséré, en a 15, et la dernière 16; mais celle-ci est plus longue que les précédentes dans le monument même.

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3o A la 7o ligne le complément du sens a exigé les abréviations qu'on y remarque; COOPT. pour cooptaverunt, terme en quelque sorte sacramentel dans tous les décrets d'élection de patronage F. C. pour faciundum coeraverunt, comme on le lit dans le décret du Pagus Gurzensis en Afrique (1), le plus analogue pour le temps, le lieu et l'orthographe, avec celui de Tunis. Tous les autres mots qui font partie des restitutions sont également tirés de monumens semblables.

Le texte des lignes 8, 9, 10, 11, 12, doit renfermer le nom des magistrats sous lesquels fut rendu ce décret, et les noms des citoyens qui le proposèrent devant le sénat et le peuple de Curubes, ou qui furent, en qualité de legati, chargés d'en suivre l'effet. Le mot SUFETES qui commence la 9° ligne montre que deux magistrats de cet ordre étaient nommés dans l'inscription; on n'en trouve qu'un seul de présent à chacun de 5 autres décrets semblables émanés des villes d'Afrique (2). (1) Marini, Fratelli Arvali, pag. 782, et no 1er à la suite du mémoire de M. Gazzera.

(2) Voyez les décrets numérotés I, IV, V, VI et VII de la collection de M. Gazzera.

Quant aux noms des legati, Ameilhon a dit, avec toute raison, que des noms propres ne peuvent se suppléer, et aucun monument, aucun écrivain, ne nous permet de le faire ici avec certitude; nous avons donc rempli ces lacunes avec des noms qui n'ont d'autre mérite que celui de convenir, par le nombre des lettres, à l'espace de la lacune, et d'avoir été tirés d'autres décrets d'Afrique, qui, comme le décret de Curubes, ne contient, dans cette partie, que des noms puniques. Il est, toutefois, une observation que nous ne devons point passer sous silence: d'après notre restitution, le nombre des legati auprès de Pomponius serait de sept, et ce nombre n'est dans aucun autre décret d'Afrique aussi considérable; il est vrai aussi que deux suffètes de Curubes sont indiqués dans notre tessère; que nous n'en avons trouvé ailleurs qu'un seul de nommé en pareille occasion, et ce nombre de suffètes et de legati destinés à C. Pomponius ferait supposer seulement, de la part du sénat et du peuple de Curubes, le désir de rendre à leur patron des honneurs extraordinaires. Ce nombre de legati serait toutefois diminué de trois au moins si les mots BARIC, ZECENOR, LILVA, qu'on lit aux lignes 10, 11 et 12, après les 3 sigles F., étaient des noms de lieux et non pas des noms propres d'homme comme nous le supposons: on voit, en effet, nommés sur des décrets semblables (no 1 à vii, Gazzera, pag. 73 à 79), Ammicar Milchatonis F. Cynasyn.; Boncar Azzrubalis F. Æthogursensis ; Azzrubal sufes Annobalis F. Agdibil ;,.... i Ammicaris F. Agdibil, et ces mots Cynasyn, Ethogursensis et Agdibil indiquent indubitablement la patrie des individus auxquels ils s'appliquent. De même les mots Baric, Zecenor et Lilva qui sont à la même place dans la 3o phrase de notre tessère, indiquent très-probablement des noms de lieux, toutefois si oubliés que nous n'en avons trouvé aucune trace nulle part.

Reste la date du décret : elle est du 25 avril de l'année de Rome où un Caius César fut consul. Ameilhon a hésité entre C. Jules César, C. César, fils d'Agrippa et de Julie fille d'Auguste, et l'empereur Caligula. Jules César peut être exclu de cette liste, puisque les monumens ne nous le montrent nulle part sous la seule dénomination de Cæsar. On le désigne toujours par les noms de Caius Julius Cæsar. Cependant l'orthographe de notre tessère où l'on lit Quom, beneficieis, preivatim,

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sibei, rapproche le monument d'une époque plus voisine du dic tateur que de Caligula. Les trois décrets relatifs à des villes d'Afrique, rapportés par M. Gazzera sous les nos Ier, IVe et Ve d'après Marini et Gruter, sont de deux époques différentes, le n° 1er de l'an 12 avant l'ère chrétienne, et les n°8 IVe et Ve de l'an 10 de la même ère. Dans le 1er, l'orthographe est absolument la même que celle de notre tessère, on y lit quom pour cum, postereis, sueis, faciundum coeraverunt (1). Dans les deux autres, au contraire, l'orthographe latine est celle des temps postérieurs aux premières années de l'empire, celle qui a été généralement en usage depuis: notre tessère, sous ce rapport, se rapproche donc de l'époque du n° Ier qui est de l'an 12 avant l'ère chrétienne, elle est donc aussi antérieure aux no9 IV* et V* qui sont de l'an 10 de la même ère, conséquemment d'un temps intermédiaire dans cet intervalle; ce sera donc, peut-être, avec toute raison qu'on pourra reconnaître dans le C. Cæsar de notre tessère, le Caius Cæsar, petit-fils d'Auguste, qui fut consul avec L. Æmilius Paulus l'an i' er de l'ère chrétienne. Telle est l'opinion que nous avons adoptée pour la restitution de la dernière ligne de notre Tessère : la véritable date serait donc le 25 avril de l'an 754 de Rome, 1 de J.-C.

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Nous terminerons cet article par trois observations relatives à la constitution matérielle du monument :

1o Dans tous les autres du même genre, la date par les noms des consuls est à la première ligne; dans le nôtre, elle est à la dernière.

2o Dans tous les autres décrets analogues, c'est la cité qui élit d'abord le patron, et celui-ci qui accepte la clientelle et promet sa protection; dans la tessère de Tunis, Caius Pomponius fait d'abord son traité d'hospitalité avec le sénat et le peuple de Curubes, et la cité l'élit ensuite pour son patron.

3o Il en résulte que notre tablette de bronze était tout à-lafois une Tessère d'hospitalité et de patronnage, et seulement l'extrait portatif du décret proprement dit qui avait réglé ces engagemens réciproques entre la cité de Curubes et Caius Pom

(1) Je ne fais pas remarquer le mot Sinatu, 3° ligne; il y a sur le bronze I pour E; mais par un oubli du graveur, la place des trois traits horizontaux de l'E existent évidemment sur l'original. J'ai donc écrit SENATU dans ma transcription.

ponius. Cette tablette avait été soigneusement coupée en deux moitiés; l'une était vraisemblement déposée dans les archives de la cité; et l'autre, celle que le hazard nous a conservée, a dù rester à l'usage de C. Pomponius et de ses héritiers pour l'exhiber au besoin aux magistrats des Curubites. C. Pomponius, et chacun de ses descendans, en arrivant à Curubes, pouvait dire comme l'Hannon de Plaute :

Deum hospitalem ac tesseram mecum fero.

(Act. v, s. 1, v. 25). Dans ce même drame latin, Agorastoclès et Hannon se reconnaissent comme appartenant à deux familles liées par les engagemens d'une réciproque hospitalité : Si tu es le fils d'Antidamas, dit Hannon, et si tu veux vérifier notre tessère d'hospitalité, voici la mienne que j'ai apportée. Soit, montre-la, répond Agorastoclès; oui, elle est bien semblable; j'ai la mienne ( ou ma moitié) chez moi. —Salut, mille fois salut, ô mon cher hôte! s'écrie alors Hannon, ton père, oui, ton père Antidamas fut mon hôte, et voilà ma tessère d'hospitalité avec lui (1).

Sans nul doute Plaute fait ici allusion à une tessère absolument semblable à celle qui est le sujet de nos observations, et les acteurs qui jouaient sur le théâtre de Rome les deux personnages, Hannon et Agorastoclès, devaient avoir dans leurs mains, sur la scène, une tablette semblable à celle de bronze que nous venons d'essayer d'expliquer plus complètement. C. F.

186. ANTIQUITÉS MEXICAINES; par AUGUSTIN AGLIO. (Traduction du Prospectus publié à Londres.)

De tous les objets divers des recherches sur l'antiquité, aucun n'a été moins exploré, et par conséquent aussi peu expliqué que ceux qui ont rapport aux mœurs, aux coutumes, aux arts et à la religion de l'ancien Mexique. Les conquérans de ce vaste empire, afin d'effacer dans les générations futures toute idée de la religion de leurs prédécesseurs, et tout sentiment d'orgueil (1) AG. Antidamæ gnatum me esse (Audis ). HA. Si ita est, Tesseram Conferre si vis hospitalem, eccam attuli.

AG. Agedum huc ostende. Est par probe. Nam habeo domi.
HA. O mi hospes salve multum. Nam mihi tuus pater,

Pater tuns ergo, hospes Antidamas fuit :

Hæc mihi hospitalis Tessera cum illo fuit,

national ou d'indépendance, détruisirent ou mutilèrent, autant qu'il fut en eux, les archives de son histoire et les monumens de sa grandeur. La même politique barbare qui hâta cette œuvre de destruction, avait empêché jusqu'ici toute recherche de ces antiquités mexicaines, dont l'étonnante magnificence avait défié la main du dévastateur, ou dont quelqu'accident ou quelqu'abri avait encore préservé l'existence. Les sujets seuls du roi d'Espagne engagés dans des relations commerciales, ou ceux qui tenaient des emplois du gouvernement, pouvaient pénétrer au Mexique, tandis qu'il était sévèrement défendu de rien publier de ce qui aurait pu éclairer sur l'histoire et les antiquités des premiers possesseurs. De là, les anciens Mexicains ont été considérés, excepté par leurs conquérans, plutôt comme des tribus de sauvages non civilisés, que comme un peuple qui avait cultivé laborieusement et avec succès et les sciences et les arts; qui avait une religion et des lois ; et qui était avancé dans ces coutumes et ces institutions qui signalent l'existence des sociétés policées.

Telle a été la sentence extraordinaire à laquelle a été condamnée la grandeur du Mexique. Les antiquités de l'Égypte ont été pendant des siècles familières au monde; ses sculptures, ses peintures, ses hiéroglyphes, ainsi que les débris vénérables de ses temples et de ses palais, n'ont jamais été cachés aux recherches des voyageurs. Tandis que les diverses collections de documens que l'industrie avait accumulés pendant ce temps, et que les savans avaient déchiffrés, avaient jeté un vif éclat sur l'histoire et les débris de ce pays autrefois si célèbre : combien le sort du Mexique a été différent. Il reste peu de traces de son premier état, encore sont-elles imparfaites, et ce que l'on en donne sous le nom d'histoire, n'est guère qu'un roman; tandis que l'opinion trop dominante qu'aucune nouvelle source de renseignemens n'est ouverte aux recherches des antiquaires, est parvenue à ralentir les progrés ultérieurs de toutes recherches sur cet intéressant sujet.

Les collections comparativement en petit nombre des hiéroglyphes mexicains qui existent encore sont tellement éparses dans toute l'Europe, que l'étude la plus persévérante et la collation des divers manuscrits n'ont pu encore parvenir à en pénétrer le sens; et quoiqu'ils aient été conservés avec le soin le

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