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nombre d'idées exprimées dans les langues que l'on veut comparer entr'elles. Il ne nie pas toute fois l'utilité de ces rapprochemens; il en reconnaît au contraire toute l'importance, quand ils sont bien exécutés. Cette méthode de comparaison a le double inconvénient de négliger entièrement les rapports grammaticaux qui unissent les élémens du discours, et de prendre dans une langue des mots isolés, non d'après leurs affinités, mais d'après les idées qu'ils expriment.

La comparaison de deux langues, ajonte M. de Humboldt, exige que l'on examine si et jusqu'à quel point les racines et les dérivés leur sont communs à l'une et à l'autre. Ainsi ce n'est point par des termes exprimant des idées générales, tels que soleil, lune, homme, femme, etc., que l'on doit commencer cette opération, c'est par un examen approfondi du vocabulaire de chacune de ces deux langues. Souvent des mots que l'on veut rendre dans une autre langue, ne peuvent se traduire que par une circonlocution; ainsi dans quelques idiômes, le soleil s'appelle le père, l'auteur, l'astre, etc., du jour. Il est évident que dans ce cas et d'autres semblables on ne compare plus des mots identiques, mais des mots, tout-à-fait différens; ou, pour mieux dire, ce ne sont pas des mots, mais des idées que l'on compare.

Il est impossible de former un jugement exact sur la ressemblance des sons " sans avoir préalablement étudié avec soin le système de prononciation des deux langues comparées. Il se rencontre souvent entre deux idiômes, et plus souvent entre deux dialectes, des permutations régulières de lettres, dont la connaissance peut servir à reconnaître l'identité de mots qui, au premier abord, ne paraissent avoir entre eux qu'une très légère ressemblance de prononciation. D'un autre côté, il peut arriver qu'une prononciation identique ne prouve rien, ou laisse le jugement dans une grande incertitude, si elle n'est soutenue d'un certain nombre d'analogies dans la permutation des mêmes lettres.

M. de Humboldt est persuadé, au reste, que, sans un examen attentif de la grammaire des langues, on ne peut se prononcer d'une manière définitive sur leur affinité. «Si, dit-il, deux langues telles, par exemple, que le sanscrit et le grec, présentent des formes grammaticales et une syntaxe

identiques, et ont une étroite analogie dans leurs sons, c'est une preuve incontestable que ces deux idiomes appartiennent à la même famille. Si, au contraire, deux langues renferment un grand nombre de mots semblables, mais n'offrent aucune identité grammaticale, cette affinité devient l'objet d'un doute sérieux. Dans ce dernier cas, si les grammaires présentent, comme celles du basque et du latin, un caractère essentiellement différent, il est certain que les deux langues ne descendent pas de la même souche. »>

Enfin, il paraît démontré au savant philologue, 1o que toute recherche sur l'affinité des langues, faite sans entrer dans l'examen, soit du matériel des mots, soit du système grammatical, ne saurait produire aucun résultat concluant; 2° que les preuves de l'affinité réelle des langues, c'est-à-dire, la question de savoir si deux langues sont de la même famille, doivent être déduites principalement et peuvent même l'être exclusivement du système grammatical, puisque l'identité des mots ne prouve qu'une affinité qui peut n'être qu'historique ou accidentelle.

W.

2. VENDIDAD ZEND AVESTA PARS XX ADHUC SUPERSTES. E codd. Mss. Parisinis primum edidit, varietatem lectionis adjecit Justus OLSHAUSEN. Partic. I. Hambourg, 1829; Perthes. Depuis que la traduction française du Zend Avesta, d'Anquetil Duperron, et les travaux de Kleuker ont fixé l'attention du monde savant, et que l'étude des religions de l'Orient a reçu une si grande impulsion en Allemagne, on n'a cessé de sentir le besoin d'une connaissance approfondie des livres sacrés des anciens Perses. C'est au moyen des secours et des libéralités du gouvernement danois, et de la facilité accordée à tous les savans de puiser dans les précieux matériaux réunis à la bibliothèque royale de Paris, que l'on doit cette première édition originale du texte persan du Zend Avesta. La 20o partie, la seule qui ait été complètement conservée et appelée Vendidad par les Perses, a déjà paru. L'auteur s'est attaché à conserver fidèlement le texte reçu par les Parses, et a placé au-dessous toutes les variantes qui lui ont paru de quelque importance. De cette manière 6 à 7 livraisons compléteront non-seulement le texte de ce livre, mais comprendront une notice détaillée sur les manuscrits de Paris. Le texte est écrit par l'auteur Ini-même et autographié à

Hambourg, sur beau papier, du format petit in-4°. Pour faciliter l'intelligence d'un livre écrit dans une langue presque inconnue jusqu'à présent, l'auteur de cette édition ajoutera une grammaire et un dictionnaire, en latin, de la langue des anciens Perses dans laquelle le Zend Avesta est écrit. Cette grammaire et ce dictionnaire paraîtront aussitôt que possible, après la publication du Vendidad. Plus tard, les débris des autres parties du Zend Avesta seront traités de la même manière et publiés comme la première. On y joindra le Vistasp-Jescht d'après un manuscrit de la bibliothèque de Copenhague. Ce livre, qui n'a pas été traduit par Anquetil, manque à la bibliothèque de Paris. L'éditeur est le libraire Perthes, à Hambourg. (Allg. Repertor. der N. În-und auslænd. Literat.; 1829, vol. 2, cah. 3, p. 238).

G.

3. DICTIONNAIRE FRANÇAIS ARABE; par ELLIOUS-BOCTHOR, égyptien, professeur d'arabe vulgaire à l'école royale des LL. OO. vivantes, de Paris; revu et augmenté par A. CAUSSIN de PERCEVAL, professeur d'arabe vulgaire à la même école, Ve et VIR livraisons (Pan-Zyt.) 2 cah. in-4°, ensemble de 55 feuilles; prix de chaque livraison, 12 fr. Paris, 1829; F. Didot.

Il sera rendu incessamment un compte très détaillé de cet important ouvrage.

4. TARAFE MOALLACA CUM ZOUZENII SCHOLIIS, ou Moallaca de Tarafa avec le commentaire de Zouzeni; par M. VULLERS. In-4°. Bonn, 1829; Baaden.

Le mot arabe moallaca signifie suspendre. Les Arabes appellent ainsi certains de leurs anciens poèmes qui, ayant obtenu le suffrage universel, furent, suivant l'opinion commune, suspendus à la porte de la caaba, et présentés au respect des siècles. Ces poèmes sont tous antérieurs à l'établissement de la religion musulmane et nous offrent le tableau des mœurs des Arabes, lorsqu'ils étaient encore plongés dans les erreurs de l'idolâtrie.

Les uns comptent 7 moallacas, les autres 9; quoiqu'il en soit, celle de Tarafa a toujours été regardée comme une des plus remarquables, par la hardiesse des pensées et le choix des expressions. Tarafa vivait vers le milieu du 6 siècle de notre

ère, et appartenait à une des branches les plus distinguées de sa tribu, Suivant l'usage des nomades, il fut d'abord mis à la tête d'un troupeau de chameaux; mais déjà le feu de la poésie et les passions les plus impétueuses s'étaient emparés de lui. Au lieu de s'occuper de ses chameaux, il s'amusait à chanter des vers; ou bien se réunissant avec quelques jeunes gens de son âge, il allait boire du vin et se livrer à la débauche; ou bien enfin, s'animant au récit des exploits de quelques-uns de ses compatriotes, il prenait part aux guerres qui s'élevaient parmi les tribus. Bientôt les chameaux qui lui étaient confiés, s'égarèrent dans le désert ou furent la proie des voleurs, et le poète eut à essuyer les plus vifs reproches; alors il s'adressa à un de ses oncles qui refusa de le secourir. Ce fut à cette occasion qu'il composa le poème qui fait l'objet de ce rapport.

Le poète commence par célébrer les charmes de sa bienaimée. Il fait une brillante description du chameau avec lequel il avait coutume de franchir les sables du désert. Il parle ensuite du genre de vie qu'il avait adopté, et se vante d'avoir dissipé tous ses biens dans les tavernes et avec les femmes de mauvaise vie. En vain ses parens et ses amis cherchaient à lui inspirer le goût d'une vie régulière; il répond que cette vie est passagère, et qu'il n'y a rien de mieux que d'en dérober une partie pour la consacrer aux plaisirs. Il se plaint vivement de celui de ses oncles qui avait refusé de le secourir, et il prétend que luimême, quand quelqu'un a eu recours à lui, a tout abandonné pour lui porter aide.

H existait déjà une édition de la moallaca de Tarafa accompagnée d'une traduction latine, par Reiske, Leyde, 1742, un vok in-4°. Cette édition était même enrichie du commentaire d'un grammairien arabe, appelé Ibn-Nahas, et de notes latines. En effet les moallacas, par l'ancienneté de leur origine et le style dans lequel elles sont écrites, présentent de très-grandes difficultés, et les Orientaux eux-mêmes, sans le secours d'un commentateur, auraient souvent beaucoup de peine à les entendre. Mais à l'époque où vivait Reiske, la littérature orientale n'avait pas fait les progrès qu'elle a faits de nos jours. Reiske, quoique d'ailleurs fort instruit, ne connaissait pas la métrique des arabes, et s'est plus d'une fois trompé dans la coupe et la transcription des vers; il n'était pas bien familiarisé avec les termes

de grammaire, genre de mots qui reviennent souvent dans un commentaire. Enfin il n'avait pas eu à sa disposition tous les manuscrits qui lui auraient été nécessaires.

M. Vullers, déjà connu par une édition de la moallaca de Hareth, Bonn, 1827, un vol. in-4°, a eru devoir reproduire la moallaca de Tarafa, en conservant toute la portion du travail de Reiske qui lui paraissait digne d'estime, et en s'aidant de tous les moyens que la critique actuelle mettait en son pouvoir. Reiske avait surtout fait usage des gloses d'Ibn-Nahas. M. Vullers s'est principalement servi des gloses de Zouzeni, qu'il a trancrites en entier. On trouve en tête du volume, une introduction faisant connaitre le but que s'est proposé l'éditeur, la personne et la vie de Tarafa, et les sources où l'éditeur a puisé; viennent ensuite le texte de la moallaca avec les gloses de Zouzenì, la traduction latine et des notes fort étendues.

Le travail de M. Vullers nous paraît de beaucoup préférable à celui de Reiske. Il y reste encore cependant quelques taches. Par exemple, l'auteur, dans son introduction, p. 21, parlant de la mosquée d'Ahmed Ibn-Thouloun, bâtie aux environs du Caire, prend cette mosquée pour une ville. Dans la traduction du poème lui-même, partie principale de l'ouvrage, M. Vullers ne se sert pas toujours du mot propre, ce qui peut embarrasser les lecteurs hors d'état de recòurir à la glose arabe. R.

5. THE GULISTAN. Le Jardin des Roses; par SADI de Shiraz. (En persan.) In-8°. Londres, 1827.

Cet ouvrage est une nouvelle et très-exacte édition du Gulistan, réimprimé dans sa langue originelle.

Les perfectionnemens introduits dans cette nouvelle édition, peuvent être définis en peu de mots : ils mettent à l'abri de tout reproche de négligence le littérateur habile qui dirigea la première. Dans le fait, un nombre considérable de fautes de style, que l'éditeur n'avait guères pu éviter, ont été rectifiées, et quelques centaines de fautes typographiques corrigées.

Un avantage essentiel que le lecteur trouvera dans l'usage de cette édition, c'est l'accentuation des voyelles, dont était dépourvue la première édition, dans laquelle la diction offrait en- ' core des imperfections qui embarrassaient un lecteur peu versé dans cet idiôme. ( Asiatic Journ. ; mars 1827, p. 372.)

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