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civiles et militaires n'avaient point contrevenu aux lois, mais qu'il y avait lieu à prévention contre deux commissaires de police pour n'avoir point fait les sommations légales. De plus, la cour renvoya devant la police correctionnelle cinq individus, comme prévenus d'avoir participé ou provoqué à des rassemblements tumultueux, et de s'être rendus coupables d'autre délits de même nature. On verra ailleurs (Chronique) les détails et l'issue de cette affaire.

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CHAPITRE VI.

Loi qui autorise la ville de Paris à emprunter 40 millions. position sur le Panthéon. Douzièmes provisoires.

céréales.

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Loi sur les

En reprenant la revue analytique des travaux législatifs, que nous avons interrompue pour raconter les troubles de Grenoble, quelques lois se présentent d'abord, qu'il a fallu laisser en arrière afin d'exposer d'un seul coup et dans tout son ensemble la discussion si importante du budget. Telle est en premier lieu la loi communiquée à la Chambre élective, le 2 janvier, par M. le ministre du commerce et des travaux publics, pour autoriser la ville de Paris à contracter un emprunt de 40 millions.

Entre les dispositions du projet, 'celle qui portait affectation d'une partie des intérêts à des lots et primes, et un amendement par lequel la commission des députés proposait (séance du 20 février) de soumettre dorénavant les voitures suspendues à la visite des employés de l'octroi, attirèrent plus particulièrement l'attention de la Chambre. Cet amendement ne passa qu'après deux épreuves douteuses. Toutefois, la loi dont la Chambre s'occupa dans les séances du 25 février et du 3 mars finit par y réunir 187 suffrages contre 82 opposants.

La Chambre des pairs l'adopta le 27, à la majorité de 93 voix sur 109 votants; mais non sans avoir entendu préalablement les observations critiques de M. le comte de Tournon, sur les articles concernant les primes et les voitures suspendues, et de M. le comte Roy qui blàma avec force l'insertion au projet de dispositions étrangères à une loi d'emprunt (1).

(1) Cet emprunt a été adjugé, le 28 mai, à MM. Rotschild et compagnie, à raison de 4 fr. 87 c. pour 100, On se souvient qu'en 1817 la ville. Ann. hist. pour 1832.

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C'est encore dans la période que la Chambre des députés consacra au budget des dépenses que se place la discussion d'une proposition développée par M. Salverte le 31 décembre, et qui reproduisait textuellement un projet de loi présenté dans la session dernière sur le Panthéon et les honneurs funèbres à décerner aux hommes illustres,

Prise en considération à l'unanimité, cette proposition reçut de la commission plusieurs amendements, qui toutefois ne la dénaturaient point dans son principé (Rapport fait par M. de Laborde le 11 février.) Mais quelque favorables que fussent ces préludes de la délibération, elle rencontra tout à coup des contradicteurs inattendus, guidés par des motifs divers, et eut, en définitive, après une des discussions les plus singulièrement remarquables de la session, une destinée bien différente de celle que tout concourait d'abord à lui promettre.

18 février. Le premier orateur (M. Pagès) employa toutes les ressources d'une haute éloquence, toute l'autorité d'une rai

grave et ferme, pour faire prédominer la proposition de M. Salverte sur le projet de la commission. Celle-ci 'voulait exclure les restes de nos grands hommes, et se bornait à retracer leurs images, à inscrire leurs noms sur les marbres du Panthéon.

Mais que ferez-vous, Messieurs, demandait M. Pagès, de ces bustes, de ces inscriptions? Est-ce un temple que la France veut élever aux grands citoyens, ou une salle nouvelle que vous voulez ajouter au Musée ? Quel empire pourraient exercer sur les spectateurs de froides paroles et des marbres muets? C'est tout ce qui reste de l'homme que la patrie doit adopter. Telle fut la noble pensée de l'assemblée constituante.

C'est la religion des hautes vertus, c'est le culte des grands services » qu'elle voulut introduire, Mais cette croyance ne s'établit que sur les tombeaux; c'est là que les haines s'apaisent, que les défauts privés disparaissent, qu'il ne reste de l'homme que le grand citoyen, ce que la patrie

de Paris n'avait trouvé à emprunter qu'à 8 pour 100. Aujourd'hui elle faisait une opération identique avec celle de la vente en détail de ses actions à 5 pour 100 au prix de 102 fr. 67 c. La rente perpétuelle 5 pour 100 s'était vendue, ce jour même à la Bourse, 97 fr. 20 c.; et la rente pour 100,70 fr. 40 c., revenant à 117 fr. 7 c. en 5 pour 160.

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doit revendiquer, ce qui appartient à la gloire du passé, à l'exemple de l'avenir. Pensée politique, puisqu'elle suscite des émules aux grands citoyens, qu'elle invite aux nobles actions, au sacrifice de la fortune, au dévouement de la vie pour le salut ou la prospérité du pays. Pensée morale, puisqu'elle apprend aux jeunes générations ces vertus politiques dont la science est difficile et la pratique parfois périlleuse, puisqu'elle les convie de porter avec honneur le nom honoré de leurs aïeux ou d'attacher quelque gloire au nom encore inconnu de leur père. Pensée religieuse enfin, car la voix de la patrie sort du cercueil des grands citoyens, car c'est sur la tombe des grands hommes qu'il est facile de croire à l'immor talité, Ces hautes leçons ne se trouvent sur la pierre que lorsque la pierre recouvre la cendre des morts. »

Ces considérations conduisaient l'orateur à voter contre les amendements de la commission et pour la proposition de M. Salverte, en y joignant le nom du maréchal Ney: « De ce grand capitaine, disait-il, dont la vie nous avait frappés d'admiration, dont la mort nous avait frappés de douleur. >>

M. Étienne trouvait dans l'histoire même du Panthéon, où furent jetées pêle-même les cendres les plus illustres et les plus ignobles, un avertissement salutaire contre cette précipitation à créer des renommées qui n'appartiennent qu'à l'avenir... ¡¡

Je vous en conjure, Messieurs, disait l'orateur, défendons-nous contre ce sentiment, plus honorable que réfléchi, qui nous porte à décerner des couronnes qui pourront se flétrir sur les fronts que nous en aurons décorés. Prenez garde de faire des grands hommes provisoires (rire général); persuadons-nous bien que nous en sommes juges, mais juges en première instance, et craignons le tribunal d'appel. Ce tribunal, c'est l'histoire. Nous ne pouvons pas faire des lois pour elle, mais elle peut rapporter les nôtres. Tacite a renversé bien des statues qu'avait élevées la flatterie; Plutarque en a érigé aux victimes de l'ostracisme et de la jalousie des contemporains, et le véritable Panthéon de l'antiquité, c'est Plutarque. (Approbation.) Ne mettons donc pas le nôtre en contradiction avec celui de l'avenir, et ne ressemblons pas à ces Romains dégénérés, qui avaient élevé ce peuple de statues, objet de la dérision et du mépris public; et qui, par économie sans doute autant que par prévoyance, ne plaçaient sur 1.48 grands hommes du moment que des têtes mobiles qu'on pouvait facilement détacher, et auxquelles on en substituait de nouvelles, qui étaient bientôt remplacées par d'autres. (Hilarité approbative.)

M. Étienne pensait donc qu'il fallait étendre à dix ans le terme fixé pour les honneurs du Panthéon, et avouait même qu'il le trouvait à peine suffisant, Ce n'est pas tout : il craignait aussi que la grandeur et la beauté de l'idée première ne souffrissent beaucoup des précautions minutieuses consacrées par

les formes réglémentaires pour la présentation et la discussion des projets de loi, appliquées à ce grandiose que doit porter avec elle la haute et historique discussion des titres d'un grand homme aux honneurs d'une apothéose.

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Et ce renvoi dans les bureaux; et cette lecture qui, n'étant adoptée que par la minorité, serait déjà un préjugé défavorable; et ces débats auxquels donnera lieu la prise en considération, qui peut n'être pas approuvée; et la nomination d'une commission spéciale pour chaque proposition; et son rapport, et la discussion de ce rapport qui peut devenir telle, qu'un grand homme ne puisse être proclamé qu'après deux épreuves douteuses (éclats de rire. M. Dupin: Et par amendement); cet envoi obligé à une autre chambre, qui peut briser le moule de la statue qu'a façonué la première; n'est-ce pas s'exposer à tourmenter des cendres qui dormaient paisibles et qui ne réclamaient pas des honneurs si orageux? Ne sont-ce point là les inconvénients inséparables de cette proposition de votre commission, qui, au premier aspect, paraît si grande et si noble; et qui, lorsqu'elle aurait passé par le creuset de vos épreuves parlementaires, deviendrait si peu imposante, et, j'ose même le dire, si mesquine? »

Pour éviter ces inconvénients, M. Étienne réclamait des formes plus nobles et plus solennelles. C'est ainsi que s'établiraient de grandes institutions. Celle-ci était digne d'un peuple libre et il y donnerait volontiers son suffrage, si on la fondait sur des bases solides et durables, si on ne l'asseyait pas sur le sable mouvant des passions contemporaines.

.M. Kératry repoussait la proposition comme incomplète et pouvant, en certains cas, devenir dangereuse pour l'ordre public. M. Virey, qui l'adoptait avec les amendements de la commission, demandait en outre que le gouvernement fùt investi du droit de proposer les noms des hommes illustres à l'assentiment des Chambres faisant fonction de grand jury national.

M. le maréchal Clauzel déplorait que, dans notre époque de dérision et de moquerie, nulle chose ne fût restée sacrée. Les grandes vénérations populaires s'effaçaient une à une; bientôt il n'y aurait plus parmi nous d'autel devant lequel on inclinerait la tête.

Déjà la loi elle-même, ajoutait l'orateur, s'impose mal au respect du peuple, désaccoutumé qu'il est de ce pieux sentiment. Les noms les plus saints ne lui sont plus rien, et les mots d'honneur, de patrie et de liberté, qui lui faisaient battre le cœur autrefois, le trouvent maintenant insensible.

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