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nale et de la garnison de Nantes qui s'avançaient aussi contre eux n'eurent que la peine de ramasser les prisonniers.

Le 5, une troupe de 350 à 400 rebelles attaqua Montjean dans l'arrondissement de Beaupréau. Ce bourg n'avait aucune garnison. Les gardes nationaux que les chouans voulaient désarmer se retirèrent dans un vieux château en ruines d'où ils échangèrent des fusillades avec les assaillants pendant plus de trois heures. Ceux-ci furent forcés à la retraite après avoir eu plusieurs hommes tués ou blessés.

Un nouvel engagement eut lieu, le 7, entre deux compagnies du 29 et les insurgés, au château de la Penissière, à une lieu et demie de Clisson (Vendée), dans lequel ils s'étaient renfermés. Sur leur refus de se rendre, et après de vives fusillades qui coûtèrent la vie à cinq militaires et en blessèrent vingt autres, le feu fut mis au château : tous les chouans, à l'exception d'un petit nombre qui parvint à se sauver, furent brûlés ou passés à la baïonnette. Le château fut réduit en cendres; et, à la consternation que cet événement répandit parmi les légitimistes, il y eut lieu de croire que quelques chefs marquants étaient restés sous les débris.

Cette affaire est une des plus sérieuses de toutes celles qui s'engagèrent, dans l'Ouest, entre les gardes nationales et les troupes de ligne d'une part, et les rebelles de l'autre. Partout, au reste, les chouans vinrent se briser également contre les dispositions prises par le lieutenant général Solignac, commandant la douzième division militaire, et les généraux Ordener et Dermoncourt. Ils marchèrent eux-mêmes plusieurs fois à la tête des troupes contre les insurgés, qu'ils réussirent toujours à disperser et à détruire autant par l'habileté que par l'énergie de leur conduite.

Vers le milieu du mois de juin, l'Ouest était purgé de presque toutes les bandes de chouans, sinon pacifié complétement. L'état de siége les avait frappés d'une terreur salutaire; la défaite de l'insurrection républicaine à Paris avait heureusement réagi contre l'insurrection carliste; les chefs étaient

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abattus, les paysans découragés, et d'ailleurs l'approche de la moisson les rappelait chez eux. Les arrestations (1), les remises d'armes, les perquisitions à domicile, les soumissions volontaires signalèrent chaque jour la vigilance des autorités tant militaires que civiles, ainsi que le succès des moyens adoptés pour comprimer la révolte et en prévenir le retour. Le désarmement des communes se poursuivait avec une sévérité dont les patriotes remercièrent souvent le général Solignac. Toutefois, les vols, les pillagès, les assassinats de la part de quelques poignées de chouans isolées succédèrent à la désorganisation des bandes et désolèrent encore long-temps cette partie de la France.

(1) L'une des plus marquantes était celle de M. Berryer, membre de la Chambre des députés. Les troubles de la Vendée avaient aussi provoqué, à Paris, l'arrestation de MM. Hyde de Neuville, Châteaubriand et FitzJames. Mais ils ne tardèrent pas à être remis en liberté.

Causes politiques.

CHAPITRE X.

Amélioration dans l'état matériel du pays.

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Emprunt de 150 millions. Mariage du roi des Belges et de la princesse Louise. · Affermissement de l'ordre intérieur. - Extinction du choléra à Paris. - Affaires de Belgique. Changement de ministère. Convocation des Chambres. Création de pairs. — Opinion des journaux sur le nouveau ministère. — Administration. tión entre la France et l'Angleterre contre la Hollande. flottes française et anglaise pour les côtes de Hollande. armée française en Belgique. Arrestation de la duchesse de Berry à

Nantes.

· ConvenDépart des Entrée d'une

Les événements qui font presque toute la matière du chapitre précédent prouvent que les passions politiques n'avaient rien perdu de leur vivacité, que les hostilités contre le gouvernement étaient aussi fréquentes qu'audacieuses, en un mot, que la situation morale de la France n'avait jusqu'alors éprouvé aucune amélioration notable. Et, à défaut de ces troubles, de ces désordres, de ces insurrections à main armée que nous avons racontés, on eût trouvé un autre symptôme frappant de l'irritation et de la division des esprits dans la polémique des journaux. Aussi, les procès pour délits de la presse étaient plus multipliés que jamais (1), et à l'occasion des scènes sanglantes dont Paris et l'Ouest venaient d'être témoins, le garde des sceaux crut devoir encore stimuler le zèle des procureurs généraux à ce sujet, en les engageant à se servir de toutes les ressources de la législation contre les écrivains «qui, niant ou mettant en question le principe même du gou

(1) Suivant un journal, il y a eu en France, depuis la révolution de 1830 jusqu'au 1er octobre 1832, 281 saisies de journaux et 251 jugements; 86 journaux ont été condamnés,' dont 41 à Paris seulement. Le total des mois de prison encourus par les rédacteurs ou gérants montait à 1226, et celui des amendes à 347,550 fr.

vernement, provoquaient à quelque autre restauration du régime déchu et de la royauté de droit divin, ou appelaient l'établissement d'un système de république dont on travaillait à faire prévaloir les théories sur celles de la monarchie constitutionnelle. >>

En même temps, l'instruction judiciaire des complots et des soulèvements qui avait éclaté dans la capitale, dans le Midi, dans l'Ouest, se poursuivait et promettait des révélations importantes à l'histoire contemporaine. Déjà même, une affaire dont nous avons parlé plus haut, la conspiration de la rue des Prouvaires, amenait le 5 juillet devant la Cour d'assises de la Seine cinquante-six individus accusés d'y avoir pris part. Dix autres prévenus étaient absents. Le principal accusé, celui qui paraissait avoir été l'agent le plus actif de la conspiration et à qui le ministère public imputait en outre le meurtre du sergent de ville tué rue des Prouvaires, était un cordonnier, nommé Louis Poncelet. Les seuls faits que nous ayons à recueillir ici dans les débats de ce procès, qui dura dix-neuf jours et se termina par la condamnation de vingt-sept des accusés à diverses peines dont la plus grave était la déportation, c'est qu'un vaste système d'embauchage carliste avait été pratiqué à Paris et jusque dans les campagnes environnantes : des sommes d'argent avaient été répandues à profusion; plus de deux mille individus, presque tous sous l'impulsion de la misère, avaient été mis en mouvement pour l'exécution de ce complot; des dépenses considérables avaient été faites par des hommes dont la position de fortune était des plus médiocres; d'où l'on peut conclure que des conspirateurs de salóns, riches et puissants, s'étaient cachés cette fois derrière les conspirateurs de la rue.

Pendant que ce procès se jugeait, le choléra, qui avait fait une sorte de trève à ses ravages en maj et en juin, recommença à sévir dans Paris avec une nouvelle violence, à tel point que le nombre des morts, qu'on avait vu descendre à sept ou huit par jour, s'éleva successivement jusqu'à deux cents et au

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delà (1). Cette recrudescence du fléau, à laquelle s'attendaient les gens de l'art qui avaient étudié sa marche depuis sa première apparition au Bengale en 1817, faillit entraver les débats de la conspiration de la rue des Prouvaires. Quelques audiences s'ouvrirent au milieu des bruits les plus sinistres et d'un vif sentiment d'inquiétude. Des magistrats, des jurés, des témoins, atteints par l'épidémie, se trouvèrent dans l'impossibilité de se rendre à leur poste. Il y eut même deux accusés dont le président des assises fut obligé de disjoindre la cause, attendu leur état de maladie.

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A peine le jugement de la conjuration légitimiste était-il prononcé que les débats relatifs à l'insurrection républicaine des 5 et 6 juin commencèrent. Le premier accusé qui fut mis en causé était ce même Auguste Geoffroy, sur le pourvoi duquel la Cour de cassation avait rendu son arrêt du 30 juin. On se rappelle que le conseil de guerre avait appliqué à Geoffroy la peine de mort. Déclaré coupable par le jury d'une tentative d'homicide, avec des circonstances atténuantes, et absous sur les autres chefs d'accusation, il fut condamné à dix ans de travaux forcés, sans exposition. Après cette affaire vinrent successivement, et pendant plusieurs mois, toutes celles des individus qui avaient été arrêtés dans les troubles de juin. C'est dans une autre partie de cet ouvrage (voy. la Chron.), que nous recueillerons les particularités les plus remarquables de ces innombrables procès criminels. Quant à ce qu'ils ont offert de général et d'historique, il y a une remarque que nous devons faire dès à présent; c'est que, dans toutes ces causes politiques qui soulèvent presque toujours des passions si ardentes et présentent un nouvel aliment aux haines des partis, la justice exerça librement sa rigoureuse mission, et que ni les parents ni les amis des accusés n'essayèrent, ainsi

(1) Le nombre des décès par suite du choléra, pendant le mois de juillet, fut de 2,577; il n'avait été que de 812 en mai et de 868 en juin. (Voir à la fin de la Chronique.)

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