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principe insurrectionnel. On nous reproche de nous être adressés au gouvernement français; Messieurs, je ne partage point l'aversion que quelques orateurs ont montrée pour le parti doctrinaire. J'aime autant les doctrinaires que nos chauds amis du mouvement, vu que, s'ils pouvaient nous prendre dans leurs bras pour nous étouffer, ils n'y nanqueraient pas, dussent leurs bras s'étendre jusqu'aux frontières naturelles du grand empire (Mouvements en sens divers). Mais, Messieurs, tout en appelant l'intervention du gouvernement français, nous nous sommes réservé le droit de nous défendre nous-mêmes. La moindre agression contre les propriétés belges, et elles seront défendues par l'armée belge; si une seule bombe est lancée sur la ville d'Anvers, l'armée belge reprend son droit de défense; si un seul soldat hollandais met le pied sur le territoire belge, toute l'armée s'ébranle à l'instant pour le défendre. » (Vive interruption.)

La discussion s'était ainsi continuée pendant trois séances avec une vivacité de part et d'autre et une égalité de force qui laissait encore incertaine la question de savoir si le ministère ou l'opposition l'emporterait. On avait épuisé tous les arguments qu'il était possible de faire valoir pour et contre. Le désir de passer à la discussion des paragraphes devenait de plus en plus général. Aussi, M. Gendebien, quoique l'un des adversaires les plus décidés du ministère, se borna-t-il à ce peu de mots :

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Depuis deux ans l'intrigue et l'égoïsme l'ont emporté sur la raison. Le ministère a constamment changé de système, et chaque fois, et depuis trois jours encore, on a voulu en rejeter sur vous la responsabilité. Si l'évacuation préalable d'un territoire occupé par quatre cent mille Belges devait être consentie par nous, ce serait une absurdité, une monstruosité dont il n'y aurait jamais eu d'exemple. Tout ce qui se fait est assassinat, et de l'espèce la plus infâme. J'ai dit!» (Profond silence.)

La discussion des paragraphes ne prit un intérêt réel qu'en arrivant au passage destiné à répondre à la phrase du discours royal qui avait annoncé l'intervention de l'armée française. Ce passage dans le projet d'adresse de la commission était rédigé de cette manière :

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Si, pour le repos de l'Europe, V. M. a pu amener les puissances garantes du traité du 15 novembre à en assurer l'exécution, nous ne doutons pas que, fidèles à leurs engagements, elles ne se borneront pas à un simple commencement d'exécution. V. M. aura eu soin de s'assurer que le commencement d'exécution ne sera pas funeste à la Belgique; elle se sera également assurée que l'abandon de Venloo et le morcellement du Limbourg et du Luxembourg n'auront pas lieu avant l'adhésion de la Hol

lande à l'exécution du traité; dans ce cas, la nation accueillera avec reconnaissance les fruits de la politique du gouvernement. S'il en était autrement, le ministère aurait méconnu les intentions de la Chambre, qui ne pourrait que protester contre l'évacuation préalable du Limbourg et du Luxembourg. »

Plusieurs amendements et sous-amendements conçus dans un sens beaucoup plus hostile furent proposés par divers membres de l'opposition. Quant au parti ministériel, il se rallia à un amendement de M. Dumont, dont voici le texte :

Après des délais interminables, l'obstination de la Hollande a amené l'emploi des moyens coërcitifs de la part des deux alliés de V. M.; comme vous, Sire, ils savent que depuis long-temps la mesure des concessions est comblée de notre part, et nous avons la certitude que le roi des Belges défendra avec la dernière énergie, et nos droits, et nos intérêts, et l'honneur national.

« Au milieu des circonstances qui nous pressent, et dans l'état incomplet des négociations qui nous ont été communiquées, la Chambre des représentants croit, dans l'intérêt de l'État, devoir s'abstenir de se prononcer sur la marche suivie par le ministère.

La lutte recommença avec une nouvelle vigueur, mais sans faire ressortir aucun fait, aucun argument nouveau, et dégénéra bientôt en une mêlée pleine de confusion et de violence, à laquelle le public des tribunes prit part par ses sifflets et ses huées contre les orateurs ministériels.

Enfin le moment de voter arriva: 44 membres contre 42 se prononcèrent pour l'amendement de M. Dumont, qui fut ainsi adopté à une majorité de 2 voix. Aussitôt M. de Robaulx prit la parole: «Afin que le public sache, dit-il, comme nous le savons tous, que les ministres ont pris part à leur propre jugement, et que, sans cela, ils eussent été condamnés, je demande que les noms des votants soient consignés dans le procès-verbal. » L'opposition en masse adhéra à cette proposition qui montrait que le triomphe des ministres était une véritable défaite; ils le sentirent eux-mêmes, et, à l'issue de la séance, ils allèrent chez le roi pour offrir leur démission.

L'opposition avait atteint son but: toutefois, elle ne tarda pas à ne savoir que faire de sa victoire. Il ne fut plus question que de la difficulté de former un nouveau cabinet'; car, chose

étrange! ceux qui avaient le plus contribué à renverser le ministère, catholiques ou libéraux, étaient très éloignés de vouloir des portefeuilles. Il faut dire que c'est moins contre lui que contre l'armée française qu'ils avaient voté, les uns dans la conviction que l'armée belge viendrait facilement à bout des Hollandais, les autres par un secret dépit de la nouvelle obligation que la Belgique allait contracter énvers la France, ou par un esprit de catholicisme étroit qui redoutait pour les Belges le contact de ce qu'ils appelaient l'impiété des Français. Mais comme, en succédant aux ministres démissionnaires, il aurait fallu mettre un nouveau système en pratique, renvoyer l'armée française, et prendre la citadelle d'Anvers au risque d'un échec ou tout au moins de voir la ville écrasée sous le canon hollandais, personne n'osa assumer une pareille responsabilité. Après trois semaines environ de négociations infructueuses pour composer un cabinet, les anciens ministres rentrèrent en place, sans que l'opposition y mît obstacle.

Pendant ce temps le siége de la citadelle avait fait des progrès signalés. Bientôt la capitulation de la place conquise au prix du sang de l'étranger (voy. p. 291) avec le désintéressément le plus généreux, malgré une résistance qui avait changé pour beaucoup de Belges l'opinion que le siége présenterait peu de difficultés, rallia l'estime et l'admiration de la Belgique à l'armée française. Le service était trop considérable pour ne pas triompher des antipathies, des jalousies les plus enracinées. Toutes les prédictions de l'opposition se trouvèrent démenties; les ultra - catholiques et les indépendants quand même furent réduits au silence. La satisfaction fut d'autant plus vive que la résolution du roi de Hollande de ne point évacuer les forts Lillo et de Liefkensoëck donnait au gouvernement belge le droit de garder long-temps encore Venloo, le Limbourg et le Luxembourg. Les Chambres, pour s'associer à l'élan de la reconnaissance nationale, votèrent des remerciments à l'armée française, en rendant hommage à sa bravoure, à sa discipline, et une épée d'honneur au maréchal

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Gérard. Mais elles ne crurent pas devoir aller jusqu'à décréter la destruction du monument de Waterloo, comme l'avait proposé M. Gendebien dans la Chambre des représentants.

Dans la discussion, on entendit des orateurs qui soutiorent que l'événement de Waterloo était un pas immense fait vers la liberté, bien loin qu'il eût imposé un joug à la France et à la Belgique (M. Félix de Mérode); que la bataille de Waterloo était précieuse à l'Europe, à la Belgique et à la France même (M. de Robiano); qu'il fallait conserver le monument de Waterloo comme un trophée national, que Waterloo avait fondé l'ère constitutionnelle et l'indépendance du pays (M. Nothomb). Si tout cela est vrai, on doit avouer qu'on ne sait plus sur quoi reposent les plaintes si vives de la Belgique pendant quinze ans contre son union avec la Hollande, ni quels sont les motifs de la révolution de septembre 1830.

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CHAPITRE II.

Diète; GermaniqUE. État général de l'Allemagne.'

Résolutions de

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la Diète contre les assemblées populaires et les adresses collectives. Suppression de trois journaux. Décret du 28 juin, Décret du 5 juillet. Sensation produite en Europe par ces décrets. Reconnaissance du prince Othon comme roi de la Grèce. Notification faite - par la Prusse de l'établissement d'un corps d'armée sur la Meuse. AUTRICHE. Affaires extérieures. Nouvel édit sur l'émigration. sures de précaution à l'intérieur. - Mort du duc de Reichstadt. - Ten'tative d'assassinat sur le prince impérial.—Arrivée de l'ex-famille royale de France en Autriche, Ouverture de la Diète de Hongrie.

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PRUSSE. Changement ministériel. —Introduction de l'organisation municipale dans plusieurs villes. Affaires extérieures. Formation d'une

21 armée l'observation sur la Meuse.

-

BAVIÈRE. Lutte de la presse contre le gouvernement. Saišie de journaux. - Arrestations des écrivains. — Voyage du roi en Italie. Fête de Hambach. Mesures sévères prises par le gouvernement. Publication des décrets de la Diète. Nomination du prince Othon au Composition d'ne régence pour gouverner pen

trône de la Grèce.

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dant sa minorité. - Une députation grecque vient prêter serment de fidélité au nouveau roi. Traité d'alliance perpétuelle entre le roi de

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Bavière et le roi de la Grèce. — Départ de ce dernier.

WURTEMBERG. Élections. - Interdiction des associations. -Déclaration

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remarquable sur les décrets de la Diète. universelle.

Suppression de la Gazette

BADE. Établissement de la liberté de la presse. berté. Fermeture de l'université de Fribourg.

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NASSAU. La Chambre des députés est dissoute.--Situation de l'opinion.Ouverture des États. Retraite de la majorité des députés. - Vote du budget par la minorité. — Graves désordres à Wisbade. Frocès des députés dissidents.

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HESSE. Insurrection dans les deux Hesses. Émeute militaire à Hanau. Travaux des États dans la Hesse électorale. Lois sur le recruteinent, sur la garde bourgeoise, sur la presse. Protestation des États contre l'ordonnance qui prohibe les assemblées populaires. sion sur les décrets de la Diète. nouvelles dans les deux Hesses. Darmstadt.

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