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opinions pour des vérités; ce qui ne devrait jamais être dans aucun genre d'enseignement.

Si maintenant je fais remarquer à l'élève les propriétés concomittantes des sons à l'octave, à la quinte et à la tierce, le voilà naturellement introduit à l'étude de l'harmonie. Je pourrais donc partant de ce point lui enseigner les règles générales de la succession des accords, sur lesquelles j'établirais facilement celles du contrepoint à deux parties, puis à trois et à quatre. Mais s'attend-on que j'emploîrai encore des procédés nouveaux pour ce complément d'instruction? Je vais en faire rapidement l'esquisse. Avant tout, le lecteur doit considérer que c'est la matière d'un second cours que j'aborde. L'année me semble assez bien remplie par ce qui précède, pour qu'on n'exige pas de moi que j'y ajoute autre chose.

DE L'HARMONIE.

L'étude de l'harmonie se présente d'abord avec un désavantage que n'avait pas celle de la mélodie, parce que la voix ne saurait exprimer simultanément les sons qui composent un accord, comme elle les exprime l'un après l'autre. Si cette opération était dans les facultés de l'organe vocal, l'étude dont il s'agit ici serait

toute tracée dans ce qui précède; d'abord, nous choisirions des mots pour représenter tous les accords, et nous lierions ces mots, par une pratique facile, aux idées harmoniques qu'ils devraient rappeler à l'esprit. Quand cette liaison serait suffisamment formée, nous représenterions à leur tour les mots par des signes écrits, et nous arriverions enfin à lire une suite d'accords et à les écrire sous dictée, aussi bien que nous savons lire et écrire une suite de simples

sons.

Mais comme l'hypothèse sur laquelle je raisonne n'a pas lieu, il a fallu recourir à d'autres moyens, quoique plus pénibles, pour arriver au même but. On étudie donc en particulier les divers instrumens qui entrent dans la composition de toute harmonie, et l'on observe la marche propre à chacun d'eux, ou bien l'on cultive de préférence un instrument d'harmonie, tel que le clavecin ou le piano, sur lequel on observe la marche régulière des accords. Cependant on ne peut bien faire de telles observations que quand on est assez maître de son instrument pour en tirer avec facilité les pensées écrites qu'on a sous les yeux; car, tant qu'on l'étudie pour lui-même, qu'on y est occupé de la mécanique des doigts, qu'on s'aheurte à des

difficultés qu'il faut vaincre, et qui naissent à le temps n'est pas venu d'y étudier

chaque pas,

les lois de l'harmonie.

D'un autre côté, tant que la voix n'intervient pas dans cette pratique, et qu'elle attend au contraire son éducation de celle des doigts et de l'instrument, on conçoit combien il doit être difficile de se représenter une idée harmonique à la seule vue des signes écrits. Il faut long-temps recourir à l'instrument pour concevoir cette idée, parce qu'étant réellement le seul signe auquel elle se soit liée, il est aussi le seul qui puisse la rappeler à l'esprit. Mais de quoi ne vient-on pas à bout par un travail obstiné? Un temps arrive enfin, et c'est quand l'éducation de la voix est faite, un temps arrive, dis-je, où l'on est capable de sous-entendre une partie sous une autre que l'on chante, et réciproquement d'exprimer la première en sous-entendant la seconde. De là à sous-entendre l'effet d'un trio, ou d'une harmonie complète, il n'y a plus qu'un pas à faire. C'est donc encore par l'intervention de la voix qu'on devient harmoniste; je dis que c'est par elle, quand même on l'aurait peu sonore, peu étendue, en un mot, quand elle serait dépourvue des qualités brillantes qui font celle d'un chanteur.

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Que si l'on veut voir de plus près la raison de cette nécessité, on n'a qu'à considérer combien de momens sont perdus pour l'étude de la musique, quand on la fait par un instrument, qui ne le seraient plus si l'on y employait l'instrument vocal une fois mis aux ordres de la pensée qu'il accompagne par-tout. On n'a pas toujours la force de volonté ou le temps nécessaire pour se mettre au piano qu'on serait obligé de quitter dans quelques minutes. Cependant ces minutes suffiraient pour faire, sur des phrases vocales, plusieurs opérations de l'esprit qui se répéteraient tous les jours dans mille circonstances pareilles. Bien plus, ces opérations s'entremêieraient à d'innombrables petits emplois du temps qui ne sont nullement incompatibles avec elles, pas plus qu'ils ne le sont avec des réflexions de toute autre espèce dont nous les accompagnons involontairement. C'est-à-dire, que nous pensons toujours, et même à toute autre chose souvent qu'à ce que nous faisons; et, si l'on y réfléchit bien, on verra que c'est par là, plus qu'au cabinet, que nous avons acquis la meilleure part de nos connaissances. La vie est une éducation continuelle.

Je tire parti de ces considérations pour le

progrès de mes élèves. Je veux que mes leçons les poursuivent jusque dans leurs amusemens, et que toutefois elles ne leur soient pas importunes. Je m'assure que, tant qu'ils auront des effets physiques sous les yeux, ils en feront des rapprochemens, des comparaisons, des combinaisons continuelles, sans que personne les y aide ou les y invite; car c'est ce qu'ils font tous les jours sur toute matière, et c'est ce que nous faisons nous-mêmes à notre âge et que nous avons toujours fait. Or, pour rendre permanentes les sensations sonores, il n'est que de leur donner la voix pour cause et des mots pour signes. Voyez ce qui en résulte; voyez cet enfant de huit ans jouer à la balle contre un mur; il cherche à la pousser en mesure, il se propose pour difficulté de lui faire subdiviser le temps aussi régulièrement qu'il le divise de la voix ; il traîne une baguette contre les barreaux d'une grille dans le même dessein. En même-temps il solfie des phrases qu'il enchaîne sous diverses modulations. Là il s'arrête un moment pour regarder quelle est cette difficulté qui gêne ses in tonations ordinairement si faciles: il la découvre et la surmonte. Je m'approche, et je l'interroge dans quel ton solfies-tu? Je solfie en sol, mode mineur. - De quel ton y es-tu yenu?

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