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Il nous faut, en outre, convenir de signes écrits pour désigner les mêmes choses, je dis

le

les dièses et les bémols. Cela est facile. Je fais connaître à l'élève les signes reçus pour cet objet; mais en même temps je lui en propose de plus simples: je lui dis que nous marquerons, en outre, le dièse par un petit trait oblique montant qui traverse la note, ou le chiffre, ou la lettre, ou le mot qui la désigne, en cette sorte; que nous marquerons le bémol par même trait oblique descendant, comme \. Les deux signes ordinaires sont mal imaginés parce qu'ils ne font pas corps avec la note, outre qu'ils tiennent trop de place; et quant à celui qu'on nomme bécarre, son usage est aussi mal entendu qu'il soit possible; car, si un ton n'est ni dièse ni bémol, il est bécarre nécessairement. Aussi, du consentement de tous les musiciens, on pourrait se passer de ce signe. Pourquoi donc s'en sert-on toujours? Pour nous, il n'y aura de dièses et de bémols que les sons qui en porteront la marque; et pour ceux qui n'auront aucune marque, quoiqu'ils soient, si l'on veut,

pose, un petit mécanisme dans la baguette qui pût faire paraître à son bout, et à volonté, deux signes distincts par le moyen de ressorts faciles à presser du doigt.

dans la même mesure, nous n'imaginerons pas de les soumettre à l'influence d'un signe dont ils ne sont pas couverts; c'est cette bizarrerie de notre musique, qui a mis le bécarre à la mode. Je sais bien qu'on croit avoir besoin du bécarre pour détruire, dans le cours du chant, l'un des dièses ou des bémols placés à la clef; mais qui ne voit qu'on peut faire la même chose par un bémol dans le premier cas, ou par un dièse dans le second? d'autant mieux qu'il y a des musiciens qui s'en servent de cette manière. Il est clair, en effet, que bémoliser une note déjà dièse, ou diéser une note déjà bémol, c'est, dans les deux cas, la remettre à l'état naturel. Pourquoi multiplier inutilement les signes?

Quoique je n'aie défini ci-dessus que le fa dièse à mon élève, on doit s'attendre qu'il généralisera d'abord cette définition, et l'appliquera de luimême à toute autre note. Il regardera comme un ut tout barreau au-dessous duquel sera demandé le dièse, et entonnera alors ce dièse sous la propriété de si. C'est ainsi qu'il trouve de lui-même les cinq dièses des notes fa ut sol ré la, je dis en attribuant respectivement la propriété d'ut aux cinq notes sol ré la mi si, qui leur sont immédiatement supérieures.

Une fois mis en train de généraliser, l'élève

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ne s'arrête plus, tant qu'il voit du chemin devant lui; il veut à présent faire le dièse sur le mi et sur le si. Mais alors son principe semble le conduire à cette singulière conséquence, qu'il n'y a pas de dièses sur ces deux notes, ou du moins qu'ils sont la même chose qu'elles; car, dit-il, si je donne la propriété d'ut à l'ut qui l'a déjà, celle de si tombe sur le si qui l'a pareillement; et si je donne au fa la première propriété, il se trouve que le mi luimême acquiert la seconde...... Je le laisse aujourd'hui dans cette idée, lui disant que nous ne ferons pas effectivement de dièses sur ces deux notes, mais que nous en reparlerons dans un autre temps. Le lecteur voit d'où elle lui vient; c'est que l'élève ne se doute pas encore que

les sons consécutifs de notre gamme fassent des intervalles de seconde qui soient différens les uns des autres; et il y pense d'autant moins qu'il les voit distribués sur les barreaux de l'échelle également espacés entr'eux. Cependant la remarque qu'il vient de faire le conduira inévitablement à cette vérité, ou, pour mieux dire, elle n'est pas autre chose qu'elle. Il apprendra facilement ensuite que c'est au fa dièse qu'il devait porter la propriété d'ut, pour faire le mi dièse contre lui sous la propriété de si;

et que c'est à l'ut dièse qu'il devait supposer la même propriété d'ut, pour prendre le si dièse de la même manière. Du reste il verra bien, et je le lui ferai remarquer, que jamais le mi dièse (ou le si dièse) n'entre dans le chant, que le fa dièse (ou l'ut dièse) n'y soit déjà entré.

Si nous venons aux bémols, nous en dirons des choses analogues; c'est-à-dire, que l'élève généralise d'abord la définition donnée du si bémol, et que, pour l'appliquer à toute autre note, il regarde comme un mi la note qui est inférieure à celle-là, et qu'alors il entonne le bémol demandé sous la propriété de fa. C'est ainsi que, pour trouver les cinq bémols des notes si mi la ré sol, il attribue une propriété de mi aux cinq notes respectives la ré sol ut fa qui leur sont immédiatement inférieures. Bientôt, voulant généraliser davantage, voulant faire aussi le bémol sur l'ut et sur le fa, et ne soupçonnant pas que c'est à une seconde majeure d'intervalle par-dessous le son proposé qu'il doit porter la propriété de mi, c'est-à-dire ici, sur le si bémol et sur le mi bémol, il se contente de la supposer sur le si et sur le mi, et de là il est porté à croire qu'on ne fait pas d'ut bémol ni de fa bémol, du moins différemment que ces notes naturelles, comme tout-à-l'heure il ne croyait

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pas qu'on pût faire de mi dièse et de si dièse. Mais il ne restera dans cette idée que le temps que je voudrai, c'est-à-dire, celui qui sera nécessaire pour faire assez d'exercice sur les cinq bémols fondamentaux. Je lui ferai connaître ensuite qu'on peut faire un fa bémol pourvu que le mi soit déjà tel, et qu'on peut faire un ut bémol pourvu que le si soit bémol d'avance; mais qu'autrement on ne peut faire l'un ni l'autre (1).

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(1) Il est nécessaire de nous arrêter un moment sur les idées précédentes, et de les comparer avec celles qui règnent à ce sujet. Tous les solfèges commencent 'ainsi : il y a cinq tons dans la gamme et deux demitons; il y a cinq dièses et cinq bémols, etc. On voit combien il y avait de chemin à faire avant d'en venir au point de comprendre ces paroles, et qu'il ne faut pas s'étonner si la plupart des élèves ordinaires ne les comprennent pas d'abord, et si bien souvent ils abandonnent la musique avant de les avoir comprises. C'est qu'au lieu de présenter à l'élève des observations à faire, on lui présente à retenir de ces principes généraux qui supposent en lui les observations faites, la science acquise, et ne sont que des formules pour se rappeler ce que l'on sait, que des étiquettes pour le retrouver au besoin. On lui dit que le dièse est un signe qui élève la note de demi-ton mineur; que le bémol en est un autre qui l'abaissé d'autant. C'est comme si on lui disait

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