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TARTARIE.

comme l'incarnation de la déesse Bhavani; elle ne sort jamais sans être accompagnée d'un brillant et nombreux cortége. Lorsqu'elle se rend à Lassa, on la porte sur un trône au-dessus duquel est placé un grand parasol. La foule se précipite sur son passage pour recevoir sa bénédiction. Cette prêtresse a une cour; et sa juridiction s'étend sur tous les monastères d'hommes et de femmes qui existent dans l'île. La tradition porte que dans les temps anciens, voulant fuir les persécutions d'un chef de la contrée, elle se sauva sous la forme d'une truie. Lorsqu'elle a quitté son enveloppe terrestre pour renaître dans un autre corps, ou, pour parler plus exactement, lorsqu'elle est morte, on reconnaît la personne qui doit lui succéder à un signe particulier sur la peau de la tête et qui représente un groin de cochon.

On

PRODUCTIONS NATURELLES. cultive le riz dans les environs de Lassa, et on récolte dans tout le Tibet du froment, de l'orge d'une espèce particulière, des pois, des lentilles, des fèves, des choux, des oignons et d'autres légumes. On sème le blé et les pois à la fin du printemps et au commencement de l'été, et on les récolte en août et en septembre. La vigne vient bien dans différentes parties de la contrée. Les arbres fruitiers les plus communs sont le noyer, l'abricotier et le figuier; les fleurs que l'on cultive surtout dans les jardins sont le pavot double, la mauve, la pivoine, et la marguerite.

Le bois est rare dans presque tout le pays, et les habitants emploient comme combustible la fiente desséchée des bêtes à cornes.

RÈGNE MINÉRAL. Il existe au Tibet un grand nombre de mines que l'on laisse sans les exploiter. « Cette contrée, dit Turner, est celle qui, autant que j'en puis juger du moins, répond le mieux à la curiosité des physiciens et aux recherches des minéralogistes. Le hasard a plus contribué, jusqu'à présent, que l'esprit de recherche et d'entreprise, à faire découvrir dans le Tibet des mines très-riches. Et pour commencer par l'or, on y en trouve des quantités fort grandes et souvent d'une qualité très-pure. Ce métal se présente

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sous la forme de poudre dans le lit des rivières. On le trouve le plus souvent attaché à de petites pierres; et il paraît avoir fait partie d'une masse plus considérable. Les pierres auxquelles on le trouve le plus souvent attaché sont le quartz et le caillou. Je l'ai vu quelque. fois à moitié formé, comme une masse encore impure. En suivant le procédé d'usage, la poudre d'or ne me donna que douze pour cent de rebut; et en examinant le résidu je vis que c'était du sable et de la limaille de fer. Je présumai que cette dernière substance pouvait bien n'avoir été réunie à l'or que pour en altérer le poids.

« A deux jours de distance de Teschou-Loumbou (1), il y a une mine de plomb qui ressemble beaucoup à celle que j'ai vue dans le Derbyshire. Elle est minéralisée par le soufre, et on en obtient le métal par la simple fusion. Ce plomb contient souvent de l'argent, et dans une assez forte proportion pour engager les naturels à exploiter la mine. « On trouve encore dans le pays du cinabre qui contient une partie assez considérable de mercure. On pourrait l'employer avec avantage à l'extraction de l'argent. Le procédé parla distillation est très-simple; mais pour l'exécuter en grand il faudrait plus de bois que la contrée n'en peut fournir. J'ai vu quelques mines de cuivre, et je ne doute pas que ce métal n'existe en très-grande abondance dans le pays. Le fer paraît moins commun que dans le Boutan; mais quand même il le serait davantage, la difficulté de se procurer le bois nécessaire pour fondre la mine la moins riche empêcherait toujours l'exploitation. La fiente des animaux est le seul combustible dont les Tibétains se servent; et cette substance ne saurait produire le degré de chaleur nécessaire pour mettre le métal en fusion.

« Le tinkal (2), cette substance dont on ignorait la nature, est maintenant bien connue. Le Tibet, d'où nous le recevons, en contient des masses inépuisables. C'est un fossile que l'on apporte au marché dans l'état où on l'arrache

(1) Ou Djachi-Loumbou.

(2) Dans le Tibet, on donne ce nom au borax brut.

d'un lac. Les Européens le raffinent ensuite, et en font du borax. On trouve aussi le sel gemine en grande quantité dans le pays.

« Le lac d'où l'on tire le tinkal et le sel gemme est situé à environ quinze jours de marche au nord de TeschouLoumbou; il est entouré de tous côtés par des hauteurs couvertes de rochers, sans qu'on aperçoive un seul ruisseau, une seule fontaine à l'entour. Les eaux sont alimentées par des sources salées, dont les naturels ne font aucun usage. On arrache le tinkal en gros blocs, que l'on brise ensuite en petits morceaux, pour la facilité du transport, et on l'expose à l'air pour le faire sécher. Quoiqu'on tire du tinkal de ce lac depuis fort longtemps, on ne s'aperçoit d'aucune diminution sensible de la masse, comme les trous que l'on forme pour l'obtenir se remplissent et disparaissent aussitôt, c'est une opinion reçue parmi le peuple, que le tinkal se renouvelle continuellement. On le trouve dans les parties les moins profondes du lac et sur ses bords.

et

« C'est, au contraire, des endroits les plus profonds qu'on tire le sel gemme. Ce lac est gelé pendant une grande partie de l'année. Dès le mois d'octobre, la neige force les gens employés à l'extraction de ces deux substances à abandonner leurs travaux. On se sert du tinkal pour faire des soudures, et pour accélérer la fusion de l'or et de l'argent. Le sel gemme est d'un usage général dans le Tibet, le Boutan et le Népal (1). »

ASPECT DU PAYS. « Le Tibet, dit Turner, semble au premier aspect, un des pays les moins favorisés du ciel et les moins susceptibles de culture. Il est couvert de montagnes et de rochers, sur lesquels on n'aperçoit aucune trace de végé tation. Les plaines sont d'une aridité effrayante et toujours stériles pour la main qui tâche d'en défricher quelques parties. Le climat est excessivement froid, les habitants sont obligés d'aller chercher des abris dans les vallées les plus profondes, dans les gorges des montagnes, et au milieu des rochers où le

(1) Voyez l'Ambassade au Tibet et au Boutan, par M. Samuel Turner, traduit de l'anglais par J. Castéra; Paris, Buisson, an IX, 1800, tome II, pag. 251 et suivantes.

vent pénètre le moins. Cependant, ajoute le même voyageur, la Providence, en distribuant ses dons aux differentes parties de la terre, n'a sans doute pas été injuste. Si un pays peut se vanter de la fertilité de son sol, de l'abondance de ses fruits et de la beauté de ses-forêts, un autre possède d'immenses troupeaux et des mines d'une richesse inepuisable. Ici, la végétation est riche; la les animaux se multiplient avec une prodigieuse fécondité. Le Tibet est couvert d'oiseaux, de gibier, de bêtes fauves, de bêtes feroces et de bétail. Au Boutan on ne voit guère d'autres animaux que ceux que l'homme élève et entretient. Les seuls quadrupèdes et les seuls oiseaux que j'y aie vus à l'état sauvage sont les singes et les faisans (1). »

CLIMAT. Il existe une régularité remarquable dans la température de chaque saison: au printemps, depuis le mois de mars jusqu'au mois de mai, on y a toujours de la chaleur, du tonnerre, et des ondées rafraîchissantes; du mois de juin au mois de septembre le temps est humide, les pluies abondantes et continuelles, les rivières coulent à pleins bords et avec une rapidité incroyable; depuis le mois d'octobre jusqu'au mois de mars le ciel est clair, l'air pur, et on ne voit presque jamais ni brouillards ni nuages; durant trois mois le froid est extrêmement vif. Les sommets des montagnes sont couverts de neige pendant toute l'année, et l'on éprouve des vents d'une grande violence et tres-secs.

La sécheresse est telle que les habitants ont contracté l'usage de couvrir les colonnes des édifices et les chapiteaux qui sont de bois, et même leurs portes, avec de grosses pièces de toile de coton, pour les empêcher de se fendre. Les coffres, les boîtes, et en général tous les meubles, éclatent souvent avec un bruit aussi violent qu'un coup de fusil. Du reste, le bois paraît être exempt au Tibet de la pourriture et des vers.

RÈGNE ANIMAL. Parmi les animaux utiles qu'on remarque dans le pays le mouton mérite assurément la première place. Il sert à la nourriture et au vêtement des Tibétains. L'espèce semble

(1) Voyez l'Ambassade au Tibet et au Boutan, tome I, page 324.

être indigène. Presque tous ces moutons ont la tête et les jambes noires, et sont de petite taille; leur laine est douce et fine, et leur chair exquise. On les fait paître partout où l'on peut trouver de l'herbe. On préfère cependant le versant des collines et les vallées froides, où il ne pousse qu'une herbe excessivement courte, mais, à ce qu'il paraît, fort nourrissante. On emploie ces moutons comme bêtes de somme; et l'on peut en voir de grands troupeaux chargés de sel et de grains. Chaque bête porte de douze à vingt livres. La peau des moutons que l'on tue est préparée avec la laine, et sert pour les vêtements d'hiver. Les peaux d'agneaux, également préparées avec la laine, sont l'objet d'un commerce considérable.

Le daim qui fournit le musc aime une température glaciale; et on le trouve dans les montagnes couvertes de neiges. Il est armé de deux dents longues et recourbees, qui sortent de sa mâchoire supérieure, et semblent lui avoir été données pour déterrer les racines dont il se nourrit. Ce daím ne vit jamais longtemps lorsqu'on l'éloigne de ses déserts et de son rigoureux elimat. Il est d'ailleurs impossible de l'apprivoiser. Sa taille approche de celle d'un cochon ordinaire; et il ressemble beaucoup à cet animal pour la forme du corps. Il a la tête petite, la croupe large et ronde, les jambes extrêmement fines, et point de queue. Son poil est très-touffu, long de deux où trois pouces et toujours hérissé, excepté sur la tête, les oreilles et les jambes, où il est uni et court. Turner compare les poils du daim à musc à des plumes ou plutôt aux piquants d'un porc-épic. Le musc se trouve dans un sachet ou vessie, semblable à une petite loupe, qui se forme à côté du nombril de l'animal. Le mâle seul en produit. Les chasseurs vendent le musc au poids, et souvent ils l'altèrent avant de le porter au marché. Mais il est très-facile de reconnaître la falsification. Le musc pur est noir, homogène, et séparé par de très-minces pellicules. Dans le Tibet, les daims à musc sont censés appartenir à l'empereur de la Chine, et nul ne peut aller à la chasse de ces animaux sans une permission expresse émanée de lui. Il résulte de là

que la plus grande partie du musc passe par les mains des agents du gouvernement. Toutes les vessies qui sont munies du sceau de l'État doivent être considérées comme pures.

VILLAGES. Au Tibet, les villages n'ont point en général un aspect agréable. Les maisons en sont fort mal construites, et ressemblent, pour la forme et la grandeur, à des fours à briques On les bâtit avec des pierres placées les unes sur les autres sans mortier. Les vents, qui règnent presque toujours dans le pays, engagent les habitants à n'y pratiquer que trois ou quatre petites ouvertures pour donner du jour. Le toit forme une terrasse entourée d'un para. pet de deux ou trois pieds de haut. On y place quelques piles de pierres sur lesquelles on plante un petit drapeau, une branche d'arbre ou bien encore une corde à laquelle sont attachés des chiffons de toile blanche assez semblables à la queue d'un cerf-volant. Ce sont là, suivant les Tibétains, des charmes infaillibles contre le pouvoir des mauvais génies. Dans quelques parties de la contrée, les maisons des villageois sont régulières et fort propres.

MALADIES. Les maladies syphilitiques sont très-fréquentes au Tibet; on les soigne par le mercure, que l'on prépare de la manière suivante : On met une certaine quantité d'alun, de nitre, de vermillon et de vif-argent dans un pot de terre que l'on bouche avec un autre pot plus petit renversé dessus, et on lute. On met du feu dessus et dessous, ayant soin de l'entretenir pendant quarante minutes. On n'a d'autre règle pour juger du degré de chaleur que le poids du combustible consumé; car il n'est pas possible de voir la matière pendant l'opération. Quand l'appareil est refroidi, on le débouche, et on retire le médicament pour en faire usage. Le vif-argent ainsi préparé perd sa forme métallique, et devient, si nous en croyons Turner, un remède aussi sûr qu'efficace. Cette préparation répond très-bien, dit ce voyageur, à l'usage que l'on veut en faire, et les médecins ne l'emploient qu'avec beaucoup de réserve. La poudre obtenue de cette manière forme la base de leurs bols, et ils l'appliquent aussi à l'extérieur. On

la mêle avec des pruneaux ou des dattes pour en faire des pilules. Les malades en prennent deux fois par jour, et deux ou trois à la fois. Ordinairement la salivation commence le quatrième ou le cinquième jour. Quand elle est bien établie, on met un bâton dans la bouche du malade, et on l'assujettit par derrière. Les médecins du pays prétendent que ce bâillon possède, entre autres vertus, celle d'empêcher les dents de tomber. On entretient la salivation pendant dix ou douze jours. Durant tout ce temps, le malade ne prend pas d'autre nourri ture que de la bouillie ou des liqui

des.

Souvent on emploie la poudre mercurielle à l'extérieur. On la fait alors dissoudre dans de l'eau chaude, avec laquelle on lave les plaies et les bubons. Les médecins appliquent ordinairement pour faire disparaître ceux-ci des cataplasmes de feuilles de turneps, auxquels ils ajoutent du vermillon et quelquefois du musc. On emploie encore assez souvent du nitre à l'intérieur dans cette même affection comme rafraîchissant. Les médecins recommandent de se tenir chaudement et de ne point prendre l'air tant qu'on fait usage du mercure. Lorsque les bubons sont prêts à percer, ils y pratiquent une large incision que l'on ne ferme qu'après que la douleur et l'enflure ont entièrement disparu.

La toux, les rhumes et les rhumatismes sont fort communs au Tibet. Ces maladies tiennent moins encore au climat, qu'à la difficulté de se procurer du bois comme combustible et pour planchéier les appartements. Les fièvres sont rarement dangereuses dans ce pays. Il y existe quelques maladies du foie, et les douleurs d'entrailles y sont assez communes. Ce dernier mal tient, à ce qu'il paraît, à l'alimentation grossière des habitants. Leur malpropreté est la cause de graves affections. La plus dangereuse de toutes est l'hydropisie. Turner eut communication de soixante et dix remèdes en usage au Tibet. Les habitants emploient plusieurs espèces de pierres et de pétrifications savonneuses, spécialement dans les tumeurs et les douleurs des articulations. Ces maladies, ainsi que les maux de tête, cèdent souvent à des fumigations de fleurs et

de plantes aromatiques qu'ils font sur la partie affectée.

Les médecins ne prennent jamais aucune information sur l'état du malade, et se contentent de lui tâter le pouls. Ils prétendent que ce moyen suffit pour permettre de juger du siège du mal. La plupart des remèdes auxquels ils ont recours appartiennent au règne végétal, et sont doux et peu actifs. Dans la toux, le rhume et les affections de poitrine, ils emploient les aromates et les carminatifs, tels que la centaurée, le carvi, la coriandre et la cannelle. Ils prennent aussi en décoction l'écorce, les feuilles, les grains et la tige de plusieurs autres arbres et arbrisseaux. Quelques-unes de ces décoctions ont l'amertume de nos remèdes les plus violents, et sont destinées à fortifier l'estomac et à purger. Leurs principaux médicaments sont apportés de la Chine à Lassa. Ils ne connaissent guère l'usage des vomitifs.

Les Tibétains attachent une grande importance à pratiquer la saignée à telle ou telle partie du corps, plutôt qu'à telle autre. Ils saignent au cou pour les maux de tête, à la veine céphalique pour les douleurs de bras ou d'épaule, à la médiane pour les maux de poitrine ou des épaules, à la veine basilique pour les maux de ventre. La saignée du pied est bonne, suivant eux, pour les maux des extrémités inférieures. Ils regardent comme dangereux de saigner par les temps froids, et les symptômes les plus graves ne sauraient les engager à enfreindre cette règle qu'ils ont établie. Ils font un grand usage des ventouses: on applique sur la partie du corps où l'on veut les poser une corne large comme un verre à ventouser, et par un trou pratiqué à l'autre extrémité, on attire l'air avec la bouche; on scarifie ensuite au moyen de la lancette; souvent on applique les ventouses sur le dos, principalement contre l'enflure du genou. Les Tibétains sont extrêmement adroits à toutes ces opérations. Un chirurgien anglais ayant fait cadeau de quelques lancettes à des gens du pays, ils essayèrent aussitôt d'en fabriquer de semblables. Les médecins emploient dans les fièvres la noix de kuthullega, dont l'efficacité a été reconnue au Bengale. Ils ont aussi plusieurs remèdes contre

l'hydropisie; mais ils ne guérissent ja mais ce mal. La gravelle et la pierre sont inconnues ou du moins extrêmement rares dans cette contrée.

De tous les maux qui affligent l'humanité il n'en est aucun qui cause autant de terreur aux Tibétains que la petite vérole. La présence de cette maladie les frappe d'un si grand effroi, qu'ils perdent le jugement nécessaire pour la combattre, et ne songent qu'à fuir les malades. Toute communication avec ceux-ci est interrompue, au point qu'ils sont souvent exposés à mourir d'inanition. On rase la maison, ou même on détruit tout un village infecté. Ces précautions sont cruelles; mais elles empêchent la maladie d'exercer au loin ses ravages. On voit peu de Tibétains marqués de la pe tite vérole. Les personnes attaquées de cette maladie succombent ordinairement. L'inoculation est pratiquée à la Chine, où plusieurs Tibétains en ont fait l'essai; ils n'ont cependant pas jugé à propos de l'introduire dans leur pays. «Nous traversâmes, dit Turner, les ruines de plusieurs villages qui étaient restés déserts, à cause des ravages de la petite vérole, maladie que les Tibétains redoutent à l'égal de la peste, parce qu'ils ne connaissent et n'emploient aucun moyen pour en arrêter les effets. Dès que cette maladie se déclare dans un village, ceux des habitants qui n'en sont pas encore attaqués fuient leurs maisons et abandonnent les malades. En même temps on ferme tous les chemins qui aboutissent à ce village, afin que les étrangers ne cherchent pas à y pénétrer, et que les malades ne puissent pas en sortir et propager le fléau. Il n'est pas étonnant, d'après cela, que les cas de guérison soient rares dans ce pays (1).

Les maux d'yeux et la cécité sont trèscommuns au Tibet. On les attribue à la violence des vents, au sable qui entre dans les yeux, enfin à la réverbération du soleil et de la neige.

Les bains chauds sont en usage dans les douleurs d'entrailles et les irruptions cutanées. Il existe dans une montagne, près de Lassa, une source dont l'eau est excessivement chaude. Suivant un

(1) Ambassade au Tibet et au Boutan, tom. I, page 327.

préjugé populaire répandu dans le pays, ces eaux n'ont de vertu que pour les gens pieux et justes ; les profanes ne sauraient en supporter la chaleur. Turner explique cette opinion par l'habitude où sont les prêtres du lieu d'endurer une température qui serait intolérable pour les personnes qui n'y sont point accoutumées (1).

CARACTÈRE DES HABITANTS. Les
Tibétains sont, en général, très-doux et
très-humains. Turner cite plusieurs
exemples de leur bonté. Un jour que,
couché dans sa tente, il était en proie
à un mal de tête des plus violents, son
conducteur se glissa près de lui, et, pre-
nant un manteau et une pièce de toile,
il les étendit sur le corps du voyageur avec
le plus grand soin. Turner, qui souffrait
extrêmement, fit semblant de ne pas s'a-
percevoir de ce qui se passait, afin de n'ê
tre pas obligé de parler. Cet homme sortit
ensuite. « Peu d'instants après, dit-il,
un autre Tartare entra, et souleva dou-
cement ma tête avec sa main, pour rem-
placer par un coussin le banc sur le-
quel j'étais appuyé. Son attention m'é-
tait assez désagréable, car je m'étais
déjà installé sur le banc; mais je ne lui
adressai aucun reproche, car j'étais sûr
que sa conduite était dictée par des
sentiments d'humanité. Ces marques
d'attention ont laissé dans mon âme une
impression qui ne s'effacera jamais, et
je me plais à les rappeler, pour montrer
combien la conduite de ces hommes est
loin de ce caractère de férocité que l'on
attache communément au nom d'un Tar-
tare (2). »

DIVISIONS Géographiques et ADMI-
NISTRATIVES.

Le Tibet est partagé en quatre grandes provinces: l'Oui, le Zzang, le Kham et le Ngari.

PROVINCE D'OUI. On y remarque Lassa ou H'lassa, Botala, Jigagounggar.

PROVINCE DE ZZANG. Jikadze; Djachi-Loumbo (Tissou-Loumbou et Teschou-Loumbou); Guiandze ; Phari, petite forteresse près du mont Chamoulari; Tchakakote, ville assez commerçante,

(1) Ambassade, etc., t. 1, p. 212.
Ibid., ibid., pag. 312 et 313.

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