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où ils avaient caché leurs richesses. La ville fut livrée au pillage. Les Mogols détruisirent le monument funéraire du sultan seldjoukide Sandjar, après avoir violé la tombe de ce prince, dans laquelle ils espéraient trouver des trésors. Les murailles et la citadelle furent rasées. Touloui laissa à Merve un commandant mogol assisté d'un des principaux habitants de la ville, dont il crut utile pour ses intérêts d'épargner la vie. L'armée assiégeante s'étant un peu éloignée, cinq mille personnes qui s'étaient cachées dans des souterrains sortirent de leur retraite. Mais c'était en vain que ces infortunés espéraient échapper à la mort. Quelques troupes mogoles qui passaient par Merve pour aller rejoindre l'armée les massacrèrent. Ces mêmes soldats tuèrent dans la campagne tous ceux des habitants qui s'y étaient enfuis et dont ils purent se rendre maîtres.

En quittant Merve, Touloui s'était dirigé avec son armée vers Nischabour, ville alors très-populeuse et située à une distance de douze journées de Merve. Les habitants, bien persuadés que tôt ou tard les Mogols voudraient venger la mort de Togatschar, et qu'ils ne pouvaient rien espérer de ces barbares, avaient combattu avec fureur tous les corps en nemis qui osaient se montrer dans les environs, et s'étaient préparés à la défense. Ils avaient etabli sur les remparts trois mille balistes et cinq cents catapultes. Les Mogols, qui prévoyaient toutes les difficultés du siége, avaient commencé, suivant leur usage, par rui ner complétement la province de Nischabour; puis ils dressèrent contre les remparts trois mille balistes, trois cents catapultes, sept cents machines à lancer des pots de naphte, quatre mille échelles et deux mille cinq cents charges de pierres. Ces préparatifs formidables intimidèrent les assiégés, qui envoyèrent à Touloui une députation composée des personnages les plus éminents de la ville et de la province, s'offrant de lui ouvrir les portes et de payer un tribut annuel. Touloui refusa d'écouter ces propositions; et sans égard pour le droit des gens, il retint prisonnier le grand juge de la province de Khorasan, chef de la députation. Le lendemain, 12 de safar de l'an de l'hégire 618 (7 avril 1221), les

Mogols donnèrent un assaut général. La lutte se prolongea pendant toute la journée et la nuit suivante. Le matin les fossés avaient été comblés. Les murailles étaient entamées par soixante et dix brèches, et dix mille Mogols venaient de les escalader. Les assiégeants entrèrent dans la ville de tous les côtés à la fois. Chaque rue, chaque maison devint le théâtre d'un nouveau combat. Dans la journée du vendredi 14 de safar, la veuvede Togatschar, fille de Gengiskan, entra dans Nischabour accompagnée de dix mille Mogols qui firent main basse sur toute la population. Le massacre dura quatre jours. Personne ne fut épargné. Les assiégeants tuèrent jusqu'aux chiens et aux chats. Touloui, ayant entendu dire que lors de la prise de Merve un nombre assez considérable d'habitants s'etaient sauvés en se couchant parmi les morts, fit couper toutes les têtes, dont les Mogols formèrent ensuite des pyra mides : les unes de têtes d'hommes, les autres de têtes de femmes, et les dernieres de têtes d'enfants. La destruction de cette ville florissante coûta quinze jours d'efforts, de travail et de meurtres. Ni schabour disparut, et l'on sema de l'orge sur le lieu où elle s'élevait auparavant. La population fut aneantie, à l'exception de quatre cents ouvriers, que les Mogois épargnèrent pour les employer à leur service. Quelques détachements de soldats furent laisses dans les environs pour mettre à mort les personnes qui auraient pu échapper au massacre général.

Touloui se dirigea ensuite sur Hérat, la seule place du Khorasan dont il ne fût pas encore maître. Un corps de troupes sous ses ordres alla pider Thous, et détruisit non loin de cette ville le tombeau du calife Haroun-al-Raschid et d'Ali Razi, descendant du calife Ati, pour lequel les schiites ont une grande venera tion. Touloui ravagea la province de Cohistan, et assit son camp devant Herat, à cinq journées au sud-est de Nischabour, dans une plaine bornee par des montagnes et couvertes de villages et de jardins. Le gouverneur de Hérat or donna qu'on mit à mort le parlementaire envoyé pour sommer la place de se rendre; et il engagea les habitants à faire une vigoureuse résistance. La lutte se prolongea avec acharnement de part et

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d'autre pendant huit jours. Mais le gou verneur ayant été tué en combattant, un parti qui s'était formé parla de se soumettre. Touloui, informé de la disposition des esprits, s'engagea à conserver la vie sauve aux habitants, s'ils voulaient se rendre sans différer. Ces propositions furent acceptées. Touloui fit cependant mettre à mort tous les gens attachés à la personne du sultan Djelalouddin, au nombre de 12,000 hommes, et il établit dans la ville un préfet mahométan et un commandant supérieur mogol.

Huit jours après, Touloui reçut l'ordre d'aller rejoindre son père dans le canton de Talécan. Après avoir détruit cette place, Gengiskan s'établit jusqu'à l'automne dans les districts montagneux situés aux environs. Informé que le sultan Djelal-ouddin se trouvait dans le pays 铝 de Gazna, il se dirigea vers cette contrée. Il prit, après un mois de siége, la forteresse de Kerdouan, puis il traversa l'Indoukousch, etalla mettre le siége devant Bamian. Moatougan, fils de Djagataï, ayant été tué par une flèche devant cette place, son grand-père, qui l'aimait tendrement, fit donner l'assaut à la forteresse, et l'ayant prise, il ordonna à ses soldats de massacrer toutes les personnes qu'ils y trouveraient, et de n'y faire aucun butin. La place fut détruite. Pendant qu'on démolissait Bamian, Djagataï, qui était absent, arriva. Quel ques jours après, Gengiskan se trouvant à un repas avec ses trois fils, leur reprocha avec une colère affectée de ne pas obéir à ses ordres. En parlant ainsi il regardait fixement Djagataï. Ce prince, effrayé, se jeta à genoux, et protesta qu'il mourrait plutôt que de désobéir a son père. Gengiskan renouvela ses reproches plusieurs fois. A la fin Djagatai, persistant toujours à répéter la même chose, Gengiskan lui dit : « Mais es tu sincère, et tiendrais-tu ta parole? Si j'y manque, répondit Djagataï, je consens à mourir. Eh bien! reprit alors Gengiskan, ton fils Moatougan a été tué, et je te défends de te plaindre. » Djagataï fut assez maître de lui pour retenir ses larmes.

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Cependant, Djelal-ouddin partit de Gazna au printemps de l'année 617 de l'hegire (1221), à la tête de soixante ou soixante etdix mille hommes de cavalerie,

et se dirigea vers le canton de Bamian. Il remporta un avantage sur un corps de troupes mogoles auquel il tua un millier d'hommes. Dès qu'il apprit la nouvelle de ce succès, Schiki Coutoucou, qui se trouvait à la tête de trente mille Mogols sur la frontière montagneuse du Caboul et du Zaboulistan, marcha contre Djelal-ouddin. Les deux armées se rencontrèrent dans les plaines de Pérouan; nombre de soldats furent tués; la victoire resta indécise, et la nuit sépara les combattants. Le général mogol, voulant persuader aux ennemis qu'il avait reçu des renforts, ordonna que chaque cavalier plaçât sur son cheval de main un mannequin de feutre, en ayant soin de le soutenir par derrière. Le lendemain, les généraux de Djelal-ouddin, voyant l'armée mogole rangée en bataille, crurent qu'elle avait été renforcée, et ils parlaient déjà de battre en retraite. Mais le sultan refusa de se soumettre à cet avis, et il ordonna à ses soldats de combattre à pied, comme ils avaient fait la veille. L'élite de la cavalerie mogole se lança contre l'aile gauche de Djelal-ouddin ; mais ces troupes, reçues par une nuée de flèches, tournerent bride presque aussitôt. Elles revinrent encore à la charge. Alors le sultan ordonna à ses soldats de remonter à cheval; et ils se précipitèrent sur les Mogols, qui prirent la fuite en désordre. Une grande partie de cette armée fut taillée en pièces. La victoire, qui pouvait être si avantageuse à Djelalouddin, lui devint funeste. Deux chefs de son armée se disputant la possession d'un superbe cheval arabe, l'un frappa de son fouet la tête de l'autre. Celui-ci, outré d'une pareille injure, et ne pou vant obtenir de Djelal-ouddin aucune satisfaction, quitta le camp pendant la nuit à la tête des troupes qu'il commandait. Djelal-ouddin, voyant ses forces considerablement réduites, se retira vers le Sinde, afin d'éviter la rencontre de Gengiskan, qui s'etait avancé pour venger l'échec qu'avaient reçu ses troupes. Le conquérant mogol arriva à Gazna quinze jours après le départ du sultan, et il atteignit bientôt ce prince sur les bords du Sinde, au moment où il se disposait à le passer. A l'aurore, les Mogols attaquèrent leurs ennemis. Djelal-ouddin et ses troupes combattirent avec

courage jusqu'au milieu du jour; mais, voyant qu'il ne pouvait parvenir à entamer les ennemis, le sultan sauta sur un cheval vigoureux, courut vers le fleuve, et s'y précipita d'une hauteur de vingt pieds, son bouclier sur le dos, son étendard à la main, et il traversa ainsi le fleuve. Gengiskan arrêta ses soldats, qui voulaient poursuivre le sultan dans les eaux, et appelant ses fils, il leur proposa ce prince pour modèle. Les Mogols tuèrent à coups de flèches un grand nombre de cavaliers qui s'étaient précipités dans le fleuve à la suite du sultan, et détruisirent les débris de son armée. La famille de Djelal-ouddin tomba au pouvoir de Gengiskan, qui fit périr tous les enfants mâles.

Deux généraux chargés de poursuivre Djelal-ouddin, ayant d'abord perdu ses traces, allèrent investir Moultan. Mais les chaleurs étant devenues insupportables aux Mogols, ils levèrent le siége, et, après avoir ravagé plusieurs contrées voisines, ils repassèrent le Sinde et pour rejoindre l'armée de Gengiskan, qui retournait en Tartarie.

Au printemps de l'année 1222, Oktaï, fils du conquérant mogol, détruisit la ville de Gazna et en massacra les habitants, à l'exception de quelques gens de métier qu'il envoya en Tartarie.

Un autre général fut chargé de détruire Hérat, qui s'était soulevé. Le chef mogol attendit pour mettre le siége devant la ville l'arrivée de 50,000 hommes de milice qu'il avait levés dans les pays environnants. Le siége dura six mois et dix-sept jours, et peut-être les Mogols ne se seraient-ils pas rendus maîtres de la place, si la discorde ne se fut mise parmi les habitants. Pendant une semaine entière les assiégeants ne firent que tuer, piller et détruire par le fer et le feu. Quelques jours après, un corps de deux mille Mogols fut renvoyé pour mettre à mort tous ceux des habitants qui avaient pu se soustraire au massacre général.

La ville de Merve s'était un peu repeuplée. Un officier du sultan de Kharizme, s'en étant rendu maître, fit mettre à mort un chef persan qui y avait été placé par Touloui. Cet événement amena une nouvelle catastrophe. Cinq mille hommes reçurent l'ordre d'entrer dans la ville

pour la détruire de nouveau, et en tuer les habitants. En s'éloignant, les Mogols laissèrent un officier et quelques soldats chargés de massacrer les habitants qui auraient pu échapper à la destruction générale.

Vers le milieu de l'année 1223, Gengiskan, dont l'armée venait de souffrir les ravages d'une maladie épidémique, résolut de retourner dans la Mongolie, en passant par l'Inde et le Tibet. Avant de partir, il ordonna aux prisonniers, qui étaient extrêmement nombreux, de monder une grande quantité de riz pour ses soldats. Če travail étant achevé, on egorgea tous les captifs, et l'armée se mit en marche pour le Tibet. Au bout de quelques jours, Gengiskan reconnut toutes les difficultés qu'il éprouverait à traver ser ce pays montagneux et couvert de forêts. L'armée retourna à Peischaver, pour de là rentrer en Perse par la route qu'elle avait déjà suivie. Gengiskan éta blit ses quartiers d'été dans le canton de Bacalan, où il avait laissé ses bagages, et il se remit en route à l'automne. Se troevant dans les environs de Balkh', il fit égorger tous les gens qui étaient venus habiter cette ville. On prétend que les hommes, en fort petit nombre, qui resterent dans la province, furent réduits, pour vivre, à manger des chiens et des chats; car les Mogols détruisaient partout les grains, en sorte que les habitants qui avaient pu éviter le fer mouraient par la famine.

à

Gengiskan repassa le Djihoun. Arrivé Boukhara, il ordonna au principal magistrat de la ville de lui envoyer un théologien profondément versé dans la connaissance de la loi musulmane, et il se fit expliquer les dogmes et les préceptes moraux de l'islamisme. Il les approuva tous, à l'exception du pèlerinage de la Mecque; car, disait-il, le monde entier appartient à Dieu; et les prières parviennent jusqu'à lui en quelque lieu qu'on les fasse. Arrivé devant Samarcandé, il fut salué par les notables de la ville qui s'avancèrent à sa rencontre. Il ordonna qu'on y fît la prière publique en son nom.

Le souverain mogol passa l'hiver de l'année 1223 dans la province de Samarcande. Au retour du printemps il continua sa marche, et fut rejoint sur les bords du Sihoun par ses fils Djagatai

TARTARIE.

et Oktaï, qui avaient chassé durant la saison froide dans les environs de = Boukhara. Toutes les semaines ils envoyèrent à leur père cinquante charges de gibier. Pendant l'été de l'année 1224 Gengiskan s'arrêta dans le canton de Colantaschi. Le prince Djoutschi dirigea vers cette contrée d'immenses troupeaux de bêtes fauves et d'ânes sauvages. Gengiskan se livra alors au plaisir de la =chasse. Quand il se fut lassé de cet amusement, les soldats tirèrent des flèches contre les ânes sauvages, qui étaient telle ment excédés de fatigue qu'ils se laissaient prendre sans résistance. Après que Gengiskan et son armée eurent satisfait leur passion pour la chasse, on rendit la liberté aux ânes sauvages qui restaient. Mais les Mogols imprimèrent auparavant leur marque sur chacun de ces animaux. Gengiskan passa en voyage le reste de l'été et de l'hiver. Deux de ses petits-fils, Koubilaï et Houlagou, dont les noms devinrent plus tard si célèbres, allèrent à sa rencontre près de la rivière d'Imil. Le premier de ces princes, âgé de onze ans, avait tué en route un lièvre. Le second, qui n'avait encore que neuf ans, avait pris un cerf. C'était alors l'usage, parmi les Mogols, de frotter avec de la chair et de la graisse le doigt du milieu aux enfants la première fois qu'ils allaient à la chasse. Gengiskan pratiqua lui-même cette cérémonie sur la personne de ses petits-fils. Il continua ensuite son voyage, et arrivé dans un lieu appelé Bouca Soutchicou, il y donna une fête à l'armée, et se trouva de retour à sa horde au mois de février 1225.

Nous allons quitter Gengiskan et reprendre les événements de plus haut pour suivre ses lieutenants. Deux généraux de ce prince, Tchébé et Souboutai, ravagèrent l'Irak-Adjémi. Reï, Kom et Zendjan furent successivement pillées. Les habitants de Casbin, dont la ville avait été prise d'assaut, se défendirent dans les rues à coups de couteau avec le plus grand courage, et tuèrent un grand nombre de Mogols; ils succombèrent ensuite. Tauris, où commandait un prince turc nommé Euzbeg, obtint la paix, moyennant une contribution très-considérable en argent, en vêtements et en chevaux. Les deux armées mogoles quittèrent alors l'Aderbidjan, et

allèrent établir leurs quartiers 'd'hiver dans les plaines du Mogan, sur les bords de la mer Caspienne. Tchébé et Souboutaï firent une incursion dans la Géorgie, et détruisirent un corps d'armée géorgien fort d'environ dix mille hommes. Ils pénétrèrent ensuite jusqu'à une petite distance de Tiflis, mettant tout à feu et à sang sur leur passage.

Au printemps de l'année 1221 les Mogols évacuèrent la Géorgie, et se dirigerent sur Tauris. Cette ville fut obligée de se racheter une seconde fois par de fortes contributions. Ils allèrent ensuite assiéger Méraga, dont ils se rendirent maîtres au bout de quelques jours. Les habitants furent massacrés suivant l'usage, et la place incendiée. Les généraux firent annoncer alors leur retraite, et les personnes qui s'étaient tenues cachées ayant reparu furent toutes mises à mort. Les Mogols se portèrent de là sur Hamadan, et demandèrent, pour épargner la ville, une contribution considérable en argent et en étoffes. Les habitants, qui avaient déjà été rançonnés l'année précédente, coururent chez le principal magistrat, et se plaignirent de ces nouvelles réquisitions, disant qu'il ne restait plus rien pour satisfaire les barbares. «Que faire, répondit le magistrat? nous sommes les plus faibles, et nous n'avons pas d'autres ressources que de sacrifier nos biens. » Alors ces gens lui reprochèrent d'être plus dur que les infidèles eux-mêmes. Le magistrat, les voyant fort irrités, se montra disposé à faire ce qu'on exigerait de lui. Il fut décidé que l'on chasserait le gouverneur mogol, et que l'on se préparerait à la défense. Mais le peuple, furieux, massacra le gouverneur. La place fut aussitôt investie. Les habitants firent plusieurs sorties, et combattirent avec tant de courage pendant les deux premiers jours, qu'ils firent éprouver aux Mogols des pertes considérables; le troisième, privés du secours de leur chef, ils furent vaincus et passés au fil de l'épée. Quand le carnage eut cessé, les Mogols incendièrent la ville.

Se dirigeant ensuite vers le nord, ces barbares saccagèrent Ardebil, exigèrent de Tauris une troisième contribution en argent et en étoffes. Ils prirent ensuite Sérab et Bailecan, et en tuèrent les habi

tants. Ils firent alors une nouvelle incursion dans la Géorgie, d'où ils sortirent chargés de butin. Ils entrèrent dans le Schirvan, s'emparèrent des villes de Schamakhi et de Derbende, et traverserent le Caucase. Là, ils trouvèrent les Alans ou Ases, les Lezguis, les Circassiens et les Kiptchacs, qui s'étaient ligués pour les combattre. La victoire resta indécise. Alors les Mogols eurent recours a leur moyen habituel, la perfilie. Iis engagerent les Kiptchacs à abandonner leurs alliés et à se retirer chez eux, leur promettant à cette condition de riches presents et de nombreux avantages. Les Kiptchacs consentirent; et, après avoir reçu le prix de leur désertion, ils retour nèrent par petits détachements dans leur pays. Les Mogols se mirent alors à leur poursuite, les dépouillèrent et les tuè rent. Les Alans, les Lezguis et les Circassiens, n'étant pas assez forts pour ré sister seuls aux efforts des soldats de Gengiskan, furent complétement battus. A la suite de cette expédition, les Mogols entrèrent dans le pays de Kiptchac, qui s'étendait au nord de la mer Noire, du Caucase et de la Caspienne, depuis les bouches du Danube jusqu'à celle du Jaïk. Les habitants se retirèrent vers les extrémités de leur territoire, abandonnant les meilleurs pâturages. Les Mogols établirent leurs quartiers d'hiver au centre du pays. Dix mille familles de Kiptchacs passèrent le Danube et entrèrent sur le territoire de l'empire grec. Plusieurs chefs de la Russie méridionale résolurent alors de faire cause commune avec les Kiptchacs contre les Mogols. Ceux-ci, prévoyant un danger dans cette alliance. envoyèrent aux princes russes des députés chargés de leur porter des paroles de paix, et de les engager à se venger des déprédations des Kiptchacs. Les princes russes, voyant hien où tendaient ces propositions insidieuses, firent mettre à mort les députés mogols et passèrent le Dnieper. Les deux armées se trouvèrent en présence le 31 mai 1223. Les Mogols remportérent une victoire complète sur les forces combinées des Russes et des Kiptchacs. Un corps de troupes russes renfermé dans un camp fut bientôt obligé de se rendre. Le prince de Kiev, qui commanJait ces troupes, demanda la vie pour lui

et pour deux de ses gendres, moyennant rançon. Le général mogol accepta ces conditions sous serment. Mais des que les Russes se furent rendus, il les fit tous massacrer. Les trois princes furent condamnés à souffrir une mort lente et douloureuse. On les fit étendre par terre, et l'on plaça sur leurs corps des planches qui servirent de siéges aux vainqueurs pour célébrer un festin. Les Mogols entrerent ensuite en Russie. Les habitants de Novogorod et de Seviatopol sortirent avec des croix à la rencontre des barbares, et implorèrent leur compession. Ils furent massacrés au nombre de dix mille, et les Mogols mirent à feu et à sang toute la Russie méridionale. Des bords du Dnieper, ils s'avancèrent jusqu'a la mer d'Azow, entrèrent dans la Cirimée, et prirent la ville opulente de Soudac

Vers la fin de l'année 1223, ils firent une invasion dans le pays des Bulgares, qui habitaient des contrées situées entre le haut Volga et la Cama. Les Bulgares marchèrent courageusement à la rencon tre de l'ennemi; mais, ayant donne dans une embuscade, ils furent défaits. Après cette expedition, les généraux de Gengiskan passerent par le pays des Khazars pour rejoindre le conquérant mo gol, qui traversait alors la Perse.

Au commencement de 1224, un corps de trois mille Mogols parut tout à coup devant Reï, surprit une petite armée de six mille Kharizmiens campés près de cette ville, et massacra tous les habitants qui étaient venus la repeupler. Kom, Cachan et Hammadan furent détruites par ces Mogols, qui se portèrent ensuite sur l'Aderbidjan, où ils rançonnèrent de nouveau le prince Fuzbeg et les habitants de Tauris; puis ils s'éloignèrent. Les déprédations, la cruauté et la perfidie des Mogols avaient répandu l'é pouvante jusqu'en Europe. L'empereur Jean Ducas, craignant pour ses Etats, fit fortifier les places les plus importantes, et les pourvut de munitions de bouche et de guerre. Les Grecs éprouvaient une horreur telle pour les Mogols, qu'ils admettaient comme véritables toutes les fables qu'on débitait sur ces barbares. On disait d'eux, comme nous l'atteste l'historien Pachymère (1), qu'ils

(1) Voyez tonie 1, p. 87.

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