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au baron de Stürmer, à Constantinople, qu'à M. de Neumann, à Londres.

Néanmoins, cette solution était ajournée jusqu'après la reconnaissance de l'inefficacité d'une administration mixte par les deux divans. (Voyez les nombreux documents sur le Liban à l'Appendice, p. 154.)

Une révolte terrible éclata, au mois de juillet, dans le pachalik de Trébisonde. Ce mouvement avait pour cause les mesures prises par Halil-Pacha pour mettre à exécution les règlements relatifs au recrutement et aux quarantaines, règlements auxquels les habitans de ce pachalik n'avaient jamais voulu se soumettre sous leurs anciens gouverneurs, les Derebleïs. Des troupes commandées par Omer-Pacha furent immédiatement envoyées contre les insurgés, et eurent avec eux quelques rencontres dans lesquelles elles furent repoussées.

Dans un pachalik voisin, celui de Van, une levée de boucliers avait lieu en même temps sous le commandement de HusseinBey, chef des Tchilders récemment échappé des prisons de Constantinople, où il avait été enfermé pour avoir embauché des volontaires pour le cheik Schamil, chef des Circassiens. Hussein fit aussi éprouver quelques échecs aux troupes ottomanes envoyées dans le but de le saisir.

TUNIS.

Le bey de Tunis, on le sait, s'est toujours considéré comme indépendant de la Porte, malgré le droit de suzeraineté mis en avant par cette dernière puissance. L'année dernière, AhmedPacha avait refusé d'accorder l'exequatur au consul général envoyé à Tunis par l'Autriche, par le motif que l'agent autrichien s'était présenté avec un exequatur délivré par la Porte. Afin de vider cette querelle d'étiquette, le cabinet de Vienne avait dû employer sa propre influence à Constantinople, pour que l'indépendance du bey, établie de fait, fût aussi reconnue en droit par un hatti-cherif du sultan. Quoique ce hatti-cherif

n'accordât l'indépendance de la régence de Tunis que pendant la vie du bey actuel, il ne s'ensuivait pas moins que le principe de la souveraineté d'Ahmed - Pacha avait été admis par la Porte.

Une autre question d'étiquette s'éleva à propos d'un voyage en France entrepris par le bey de Tunis.

La France, on le sait, s'est plu à reconnaître l'indépendance d'Ahmed-Pacha, et dans un traité de commerce conclu avec Hussein-Bey, le 8 avril 1830, elle accordait déjà au bey de Tunis les qualifications suivantes : le prince du peuple, l'élite des grands, issu du sang royal, maître du royaume d'Afrique. Les mêmes titres furent admis par la Sardaigne et par la Belgique, l'une dans son traité du 22 février 1832, l'autre dans son traité du 14 octobre 1839.

Ces précédents donnaient à Ahmed-Pacha le droit d'espérer à la cour des Tuileries l'accueil dû à un prince souverain. Tel fut, en effet, celui qui lui fut fait par le roi des Français. Mais, le lendemain de la réception du bey de Tunis, l'ambassadeur de la Porte Ottomane à Paris parut disposé à demander ses passe-ports. Néanmoins, revenant sur une mesure aussi grave et qui ne pouvait être prise sans instructions particulières, il se borna à protester verbalement auprès du ministre des affaires étrangères de France, en se réservant d'en référer au sultan.

Le bey ayant manifesté l'intention de fixer un jour pour les réceptions du corps diplomatique, les ambassadeurs, et en première ligne celui d'Angleterre, lord Normanby, déclarèrent que le bey de Tunis, n'étant que le vassal du sultan, était tenu à rendre la première visite aux ambassadeurs. Ahmed-Pacha refusa de faire une démarche qui, de sa part, pouvait équivaloir à une renonciation indirecte à ses prétentions de souverain indépendant.

L'abolition de l'esclavage s'opère à Tunis sans bruit et sans secousse. Le premier acte du bey a été de prohiber toute importation d'esclaves dans la régence, soit par terre, soit par mer, et d'interdire en même temps la vente publique de ceux Ann. hist. pour 1846.

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qui s'y trouvent. A la demande du consul de France, M. de. Lagau, Son Altesse a déclaré que tout enfant né d'une mère esclave est libre de plein droit. Aussi peut-on regarder comme prochaine l'extinction totale de l'esclavage dans la régence.

ÉGYPTE.

Les derniers jours de l'année 1845 et le commencement de l'année nouvelle furent remplis par les fêtes données par Mehemet-Ali, à l'occasion du mariage de sa fille avec S. Exc. KiamilPacha. Le vice-roi accorda une amnistie à un grand nombre de détenus. La Porte envoya des présents et un représentant du sultan destiné à le remplacer auprès de Mehemet-Ali.

Le 4 juillet, le prince partit pour un voyage à Constantinople. Le motif de cette visite faite au sultan était, disait-on, l'espoir d'obtenir de Sa Hautesse un firman d'indépendance.

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Embarras financiers. Note du cabinet de Londres. Réclamations de l'Angleterre et de la Russie. Note du prince Wallerstein. - Exposé du budget. Véritable situation financière. Succès du ministère Colettis.

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GRÈCE.

-

L'ouverture de la seconde session parlementaire de la Grèce eut lieu le 22 décembre 1845.

Le discours royal acceptait avec une évidente sincérité le nouveau mouvement constitutionnel qui place la Grèce au rang des peuples affranchis, et lui promet un si riche avenir après les premières et difficiles épreuves de la liberté. « Ce n'est point la tâche d'un seul jour, dit Sa Majesté, que de faire faire ses premiers pas à un gouvernement libre. Cette œuvre exige, de votre part et de la mienne, des efforts énergiques et persévérants. Une observation religieuse de la constitution facilitera' cette tâche.

«Au début de cette carrière nouvelle, nous rencontrerons, il ne faut pas nous le dissimuler, quelques obstacles; mais nous parviendrons facilement à les lever, en ne doutant jamais de la sincérité mutuelle de nos intentions. >>

Quelques malentendus avaient fait craindre, à la fin de l'année dernière, que les bonnes relations ne fussent troublées sur la frontière du Nord; mais la sincérité des explications avait bientôt rétabli une confiance réciproque (voyez l'Annuaire précédent, Turquie, p. 337).

L'élection du président à la chambre des députés ne rencontra pas d'obstacles sérieux. M. Rigas Palamidès fut porté par 66 voix, contre 30 à M. Metaxas et 12 à M. Delyannis, candidat de M. Mayrocordatos.

Mais cette élection ne pouvait être considérée comme une démonstration politique. Sans doute, le ministère dirigé par M. Colettis avait la majorité, mais cette majorité n'était pas assez fermement constituée pour que l'avenir de l'administration fût complétement assuré. Des troubles graves menaçaient à chaque instant la propriété et la vie des citoyens. Des désordres regrettables avaient eu lieu en Laconie, et le nom de la France avait été mêlé aux sanglantes représailles des partis.

Que la situation politique s'affermit, sans danger pour la dignité de la France; que le ministère de M. Colettis renoncât à des violences dangereuses, incompatibles avec la marche régulière d'un gouvernement représentatif; qu'il rentrat dans cette voix de modération qu'il avait parcourue avec tant de succès au début de sa carrière, et la majorité dans le parlement, l'opinion publique à l'étranger, l'aideraient franchement à remplir la noble mission qu'il s'est imposée.

Le ministère obtint la majorité dans la commission de l'adresse, composée de quatre ministériels et de trois opposants. Immédiatement après la constitution de son bureau, la chambre des députés nomma plusieurs commissions pour discuter et délibérer sur plusieurs projets de loi d'intérêt public. L'opposition obtint une grande majorité dans la composition de ces commissions diverses. Cet échec engagea le parti ministériel à proposer, à l'exemple de la session dernière, l'adjonction à la commission de l'adresse de quatre députés choisis à la pluralité des voix. Cette proposition fut rejetée comme contrevenant à une disposition expresse du règlement de la chambre.

Dans le projet d'adresse du sénat fut inséré un blame manifeste contre l'administration de M. Colettis.

La discussion de l'adresse fut terminée le 28 février. Les deux chambres l'avaient votée à une majorité satisfaisante pour le ministère. Ce n'avait pas été, toutefois, sans une vive opposition, et le président de la chambre des députés, M. Rigas Palamidès, avait vivement critiqué la conduite du ministère dans certains points de sa politique intérieure.

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