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au moment où Bourbon souffrait de l'interruption de ses échanges avec Madagascar.

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La situation de notre nouvelle colonie de Tahiti n'avait encore subi aucune modification avantageuse. Dans les premiers jours de l'année, M. Bruat dirigea contre les petites îles insurgées, et en particulier contre Raïatea, où s'est réfugiée la reine Pomaré, une expédition infructueuse. La reine était toujours éloignée de se soumettre aux conditions du protectorat primitivement accepté par elle. Une proclamation publiée en son nom à l'occasion de cette lutte nouvelle contenait ces phrases:

La France se hâte de faire la guerre à ces petites îles, pour nous anéantir avant que nous ayons appris les résultats des mesures qu'on prépare. Alors tout lui appartiendra.

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Veillez sur les troupes francaises qui peuvent être envoyées pour nous massacrer; mais cependant, ayez bon courage et ne cessez pas d'invoquer le Tout-Puissant pour qu'il soit notre libérateur. J'ai appris que les Français continuent à vous molester et que vous avez été obligés de créer des gardes de nuit. Pourquoi donc cette conduite de leur part? Est-elle conforme au mode de gouvernement qu'ils m'ont imposé et que j'ai accepté? Il est bien avéré que, jusqu'à la mort, les Français ne cesseront jamais de persécuter mon peuple, et cela contrairement à l'esprit du gouvernement qu'ils m'ont imposé. Mais supportez ces fléaux et que l'iniquité ne retombe que sur eux, »

L'attaque dirigée contre les îles sous le Vent avait échoué à Huahiné, île située à 45 lieues de Tahiti: M. Bruat y avait perdu 18 hommes dont un officier, et avait eu 43 blessés dans un débarquement sans résultats. Malgré la situation fàcheuse de nos soldats, épuisés par la fatigue et les maladies, une nouvelle expédition allait partir pour Papenoo, lorsque le gouverneur donna contre-ordre. Une sorte d'armistice fut établi, des négociations furent entamées, et elles semblaient définitivement acceptées par la reine, lorsque, le 19 mars, la guerre éclata de nouveau à Tahiti entre les insulaires alliés et les insurgés. Les chefs des îles sous le Vent se révoltèrent en même

temps contre le commandant de l'Uranie, qui persistait à rester à Huahiné, où il devait établir un camp retranché.

M. le gouverneur Bruat crut devoir, dans ces circonstances, rappeler la frégate l'Uranie et enlever ainsi tout obstacle à un accommodement.

Il y avait, en effet, dans les dernières négociations, le commencement de la seule solution possible, la limitation du protectorat à une partie de l'archipel. Depuis 1845, les cabinets de Londres et de Paris avaient échangé une correspondance de laquelle il résultait que le gouvernement français était résolu à affermir et à maintenir le protectorat de la France, mais en le limitant et en laissant en dehors de son action les îles sur lesquelles la souveraineté de Pomaré était restée douteuse, à savoir: Huahiné, Bora-Bora, Raïatea et Maupiti.

Le ministre des affaires étrangères de France déclarait au ministre d'Angleterre qu'en transmettant ces instructions précises à ses agents, il devait être entendu que l'indépendance de la partie de l'archipel non soumise au protectorat de la France resterait entière, que, par aucune convention, ces îles ne pourraient être soumises à une autre puissance maritime; et cette base dut être établie préalablement, avec d'autant plus de raison, que le protectorat des îles situées à 45 lieues de Tahiti, telle que Huahiné, avait été offert par les chefs au commandant des stations navales anglaises dans la mer du Sud. Le cabinet britannique répondit à cette notification du cabinet français, en annonçant sa ferme intention de maintenir dans l'archipel la politique qui l'avait déjà guidé lorsqu'il refusa le protectorat des îles Sandwich. Il se trouva donc, sur tous ces points, parfaitement d'accord avec le gouvernement francais, et il fut convenu, en outre, que le gouvernement britannique retirerait définitivement son pavillon de guerre des possessions soumises à notre protectorat.

Ainsi, la question du protectorat de Tahiti se trouvait ramenée à ce qu'elle eût dû être dès l'origine, l'occupation d'un point de ravitaillement pour notre marine militaire, ou d'un

port pour notre marine marchande, et non une occupation déguisée. Les modifications survenues à cette politique n'y avaient été faites que sans l'aveu du gouvernement, par M. le contreamiral Dupetit-Thouars et par M. le gouverneur Bruat.

Cinq engagements différents, survenus entre les indigènes et nos soldats à Tahiti, du 19 mars au 30 mai, eurent une influence véritable sur les progrès de la soumission. Nos marins et nos soldats eurent, dans ces occasions diverses, à lutter contre des masses considérables que protégeaient les difficultés du terrain et des retranchements pratiqués sur des positions inexpugnables.

L'attitude de nos troupes, et l'attente de renforts promis par la Francee, devaient bientôt mettre fin à des luttes dommageables, sinon dangereuses.

SECONDE PARTIE.

HISTOIRE ÉTRANGÈRE.

BELGIQUE.

CHAPITRE PREMIER.

Ouverture des Chambres. Situation politique.

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Tendances du ministère nouveau. Discussion du projet d'Adresse à la Chambre des représentants. — Question de cabinet. — Attitude des partis. — Lutte nouvelle à propos de la question d'enseignement. Convention de Tournay. Projet ministériel. - Scission dans le cabinet. Crise ministérielle. Composition de la majorité. — Ministère catholique.

Projet nouveau. Convention commerciale conclue avec la France.. Historique des négociations avec la France et la Prusse. - Historique des relations de la Belgique avec la Néerlande.- Tentatives d'isolement. Représailles de la Prusse et de la Néerlande.

État du pays.

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Misère dans les Flandres.

Droits différentiels. Conclusion d'un traité.

Retour aux idées d'union

franco-belge. — Traité de commerce avec les Etats-Unis. — Résultats généraux du commerce extérieur.

BELGIQUE.

La session ordinaire des Chambres s'ouvrit à Bruxelles le 11 novembre. Des circonstances politiques nouvelles allaient donner à la discussion de l'Adresse un intérêt peu ordinaire. Il s'était passé un événement important dans l'intervalle des deux sessions: le ministère de 1841 s'était dissous; M. Van de Weyer était devenu le chef d'une administration nouvelle.

en

Déterminée par le résultat des élections du 10 juin, cette crise ne pouvait donner naissance à un cabinet définitif. Si, effet, les libéraux avaient eu l'avantage, la majorité parlementaire, quoique modifiée, n'était point déplacée; la situation n'exigeait pas encore l'avènement du parti libéral au pouvoir. Le ministère du 30 juillet était un aveu des progrès du parti

libéral, mais aussi une transaction entre les opinions opposées et la représentation provisoire, mais exacte, de la majorité parlementaire.

A la Chambre des représentants, M. Liedts fut nommé président par 64 voix. Le Sénat porta ses suffrages sur M, le baron de Schiervel.

La discussion générale du projet d'Adresse, commencée à la Chambre des représentants le 16 novembre, fut pour M. Van de Weyer l'occasion d'exprimer sa pensée sur la situation des partis.

Le dernier paragraphe du discours de la couronne avait rappelé le principe qui a fondé la nationalité belge et manifesté l'espérance que le gouvernement obtiendrait, pour continuer cette œuvre, la confiance et le loyal concours de la représentation nationale.

La commission proposait de répondre à ces paroles par une démonstration de sincère attachement à la personne royale; mais le gouvernement était écarté dans sa réponse, et M. Van de Weyer se demanda si, dans l'absence de ce mot, il n'y avait pas une intention politique. Peut-être serait-il difficile de voir là un blame implicite contre le gouvernement; mais, au moins, la rédaction du paragraphe de la commission était-elle conçue de manière à laisser un doute sur ses intentions. M. le ministre de l'intérieur proposait donc une rédaction plus claire et réclamait la déclaration du concours bienveillant que la Chambre serait disposée à prêter au gouvernement.

Et, à ce propos, le chef du cabinet s'expliquait sur la pensée qui avait présidé à sa composition. Il avait paru qu'il y aurait danger à laisser la Belgique se diviser en deux camps opposés, et qu'un ministère appuyé sur un seul côté de la Chambre serait fatal au pays. L'union des deux partis avait semblé la seule voie féconde dans laquelle on pût trouver le calme et le bien du pays. Mais cette union était-elle possible? n'était-ce pas à une union semblable qu'était due l'indépendance de la Belgique? La nationalité belge s'était faite, dans sa constitution, ce qu'il y a

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