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maine. Enfin il résulte aussi du récit de ce dernier historien, qu'à la même époque le chameau était domestique chez les Maures voisins de l'Océan, bien que, d'après les détails où il entre sur les nomades du désert, il ne paraisse pas que les chameaux aient été alors aussi nombreux à beaucoup près chez eux que dans l'Afrique romaine.

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Or, nous savons positivement, par le témoignage de Salluste (Plutarch. Lucull.), qu'aux temps de la 3e guerre punique, de la guerre de Jugurtha, et très probablement au temps de JulesCésar, quand Salluste fut gouverneur de l'Afrique, le chameau n'existait pas dans tout le territoire de l'ancien empire de Carthage. On sait d'ailleurs par Athénée qu'au temps de Ptolémée Philadelphe, le chameau était une rareté en Égypte, même à Alexandrie, ce port du désert pour les nomades de la Libye. Ni les Carthaginois, ni (durant la puissance de ce peuple ) les Numides et les Maures du Sahra n'avaient donc pas de chameaux; car s'ils en eussent eu, ce ne serait les Romains pas en Asie que en auraient vu pour la 1' fois, puisqu'avant leurs guerres contre Mithridates et les rois de Syrie, ils avaient fait quatre guerres en Afrique, trois contre Carthage, et la dernière contre Jugurtha, qui avait appellé à son secours les Maures du désert. Ce n'est donc qu'après l'établissement de la puissance romaine, que le chameau fut introduit dans l'ancien empire de Carthage et dans la Mauritanie. Tout porte à croire que ce ne fut qu'après Auguste, et par le commerce maritime. Avait-il été introduit dans la Pentapole, avant le protectorat des Romains et par le commerce des Grecs? ou bien la médaille citée, de la famille Lolia, ferait-elle allusion à l'introduction du chameau dans la Cyrénaïque par un Lolius?

Quoiqu'il en soit, la grande multiplication du chameau comme animal domestique dans toute l'Afrique romaine, au commencement du dernier tiers du 4° siècle, et sa pénétration jusque dans le désert, au sud de la Mauritanie, à la même époque, impliquent nécessairement qu'il y était naturalisé depuis plus d'un siècle. C'est donc dans l'intervalle du 1er au 3° siècle que, si l'on en juge d'après la multiplication des chevaux et des bœufs en Amérique, dans une période à peu près égale, l'on peut approximativement fixer l'époque de la naturalisation du chameau à l'ouest du Nil. Ce n'est donc point avec les Arabes, et en tournant l'Égypte par le sud, que le chameau a pénétré dans le

Sahra, et par le Sahra dans l'Afrique romaine. C'est au contraire par les Grecs et les Romains, et peut-être seulement par le dernier de ces peuples qu'il fut introduit dans la Pentapole et dans toute l'Afrique romaine, comme auxiliaire de l'agriculture et du commerce. Il a donc passé du littoral dans le Sahra, et de là vers le Sénégal et le Niger, long-temps avant l'invasion des Arabes, comme le montrent les textes d'Ammien, de Synèse et de Procope.

Les textes précités de Synèse et d'Ammien, d'autres passages de ce dernier auteur (lib. 29 ), où il parle des mazices comme d'une nation maure, dominant depuis la Tripolitaine jusqu'à l'Océan, ne laissent plus de doute sur l'une au moins des deux nations, nommées par Vegetius quand il dit (lib. 3, cap. 23.) << Camelos aliquantæ nationes apud veteres in aciem produxerunt, ut Urcilioni in Africâ Mahetes hodieque producunt. » Vegetius, qui dédia son livre à Valentinien, était le contemporain de cette révolte de Firmus, dans laquelle des tribus maures, moins puissantes que les mazices, avaient des chameaux. A plus forte raison, les macizes ou mahetes macetes de Synèse), nation dominante dans tout le Sahra, et sur une immense frontière limitrophe de l'Afrique romaine où cet animal était si nombreux, devaient-ils en avoir et pouvaient-ils par conséquent l'employer à la guerre, comme Vegetius le dit positivement. Le chameau était dès-lors assez multiplié dans la Mauritanie; ou bien, il faudrait admettre que les mazices seraient allés en acheter dans les provinces romaines.

Quant aux Urciliens, ne seraient-ce pas le même peuple que les Ausuriens de Synèse, dont le nom est écrit Auxoriens dans Philostorge, (lib. XI, cap. 8), et, comme on vient de voir, Austuriens dans Ammien, orthographe qui a pu être altérée encore davantage dans Vegetius? Alors la phrase de cet auteur devrait être ponctuée comme je l'ai fait ici. Si, au contraire, on place la virgule après urcilioni, la position de ce peuple resterait inconnue; mais le sens serait encore conforme à l'éclaircissement que j'ai donné sur les mahotes.

193. HISTOIRE DE LA DÉCADENCE et de la chute de L'EMPIRE ROMAIN, traduite de l'anglais d'Ed. Gibbon. Nouv. édit., entièrement revue et corrigée etc.; par M. F. Guizor. Tom. II. In8o de 30 feuilles ; prix, 6 fr. Paris, 1827; Ledentu.

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194. DER STERN DER WEISEN. L'étoile des Mages; Recherches sur l'année de la naissance de J. C.; par D. F. MÜNTER. In8o, de 117 pp., avec une planche. Copenhague, 1827. ( Gotting. gel. Anzeigen; oct. 1827, no 157, p. 1566. )

L. D. L.

Déjà, en 1821, le célèbre auteur avait développé, dans un programme, l'idée que l'étoile des Mages n'était point une étoile isolée, mais bien une constellation, formée par la conjonction de Jupiter et de Saturne dans le signe des Poissons. Cette même idée avait déjà été établie par un docteur juif, Abarbanel, dans son commentaire sur Daniel. L'auteur s'appuie principalement sur les calculs astronomiques de Kepler et d'autres astronomes, d'après lesquels une conjonction de ces deux planètes aurait eu lieu vers l'époque de la naissance de J. C., tel qu'en 1609 et en 1821. D'après les savantes recherches de l'auteur, J. C. est né vers la fin de l'an de Rome 747, ce qui ferait une différence de 6 ans, d'après la chronologie ordinaire, qui place cet événement dans l'an 753. 195. TABLE CHRONOLOGIQUE pour servir de base a l'ENSEIGNEMENT DE L'HISTOIRE ECCLÉSIASTIQUE; par M. MATTEr. In-8°, cartonné, de 28 p.; prix, 1 fr. 50. Paris, 1827; Levrault. Le titre de ce petit manuel de l'histoire ecclésiastique en indique suffisamment l'objet. Tous les événemens qui intéressent à un haut degré les annales de l'église chrétienne y sont successivement et sommairement indiqués à leur date; mais, pour soulager la mémoire des lecteurs, ou plutôt de ses auditeurs, M. Matter ayant rédigé ces Tables pour son propre cours, a distribué l'espace qu'elles embrassent, (de la naissance de J. C. à l'an 1826), en cinq périodes: le 1er de l'an 1er à l'an 312, époque de l'adoption du christianisme par Constantin; le 2o de 312 à 622, de Constantin à Mahomet; le 3o de 622 à 1096, de Mahomet à la première croisade, sous Pierre l'hermite et Godefroi de Bouillon; le 4o, de 1096 à 1517, de Godefroi à Mahomet, époque de l'asservissement de l'église grecque par les Mahométans, et de la division de l'église latine par la réforme; le 5° enfin, de 1517 à 1827, temps que remplissent les luttes des trois églises chrétiennes entre elles, et les attaques des doctrines antireligieuses contre toutes les trois. Le dernier trait de ces Tables est l'insurrection de l'église grecque contre l'oppression musul

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mane. A la fin de chaque période, M. Matter indique, pour chacun des siècles qu'il renferme, les princes, les pontifes, les docteurs, les écrivains, les philosophes célèbres, soit orthodoxes, soit scissionnaires, mot adopté avec toute raison par l'impartialité de l'annaliste. Il la montre dans tous ses procédés; au sujet des conciles généraux, par exemple, il rappelle que l'église occidentale en reconnaît 20, y compris ceux de Pise et de Bâle selon les docteurs français, qui rejettent le 5o de Latran, tandis que les Italiens n'en comptent que 19, admettant ce 5o de Latran, et rejettent à leur tour ceux de Bâle et de Pise; l'historien fidèle les inscrit tous dans ses tables: permis au lecteur de les admettre ou de les refuser. On voit donc que tout est réuni dans un volume de 30 pages pour en faire un livre très-utile et trèsbien fait. Le nom de l'auteur est d'ailleurs une garantie de toute l'exactitude nécessaire en pareille matière.

C. F. 196. STORIA ECCLESIASTICA etc.—Histoire ecclésiastique du cardinal Gius. Agost. ORSI, membre de l'Académie della Crusca. 2 vol. gr. in-16, avec pl.; prix de chaque volume, 3 liv. it. Cette nouvelle et belle édition a été heureusement conduite à fin. Le dernier volume, qui en contenait la table des matières, quoique portant la date de 1826, ne nous est parvenu que cette année. Cet ouvrage valut à Agostino Orsi, de l'ordre des dominicains, les honneurs de la pourpre romaine. Il mérite particulièrement des éloges sous le double rapport de la pureté du style et de l'érudition; mais on lui reproche avec raison d'ètre par trop prolixe, de ne point assez répandre le sel de la critique sur les objets qui en sont susceptibles, et de se livrer parfois à un excès d'adulation qui pourrait faire douter de la sincérité et de la candeur de ses opinions; défauts dont le plaisanta poliment le pape Lambertini. L'ouvrage est précédé de la dédicace à M. Pirker, ancien patriarche de Venise. Vient ensuite l'éloge historique du cardinal Orsi, puis la préface de l'auteur; préface dans laquelle il rend compte de la méthode qu'il a suivie dans la distribution et l'ordonnance du plan de l'ouvrage, s'étend sur les difficultés et les préceptes qui tiennent essentiellement à la manière d'écrire l'histoire, et nous offre un vaste champ de doctrines sacrées et profanes. Il serait bien à désirer que cette édition fût suivie de la réimpression de la continuation du même ouvrage, faite par Becchetti. (Bibliot, ital.; août 1827, p. 282.)

197. HISTOIRE DE L'ÉTABLISSEMent, des progrÊS ET DE LA DÉCAdence du chriSTIANISME DANS L'EMPIRE DU JAPON; par le R. P. de CHARLEVOIX. 2 vol. in-12, ensemble de 36 feuill. . Paris, 1828; rue St.-Guillaume, no 15.

198. DES PEUPLES DU CAUCASE et des pays au nord de la mer Noire et de la mer Caspienne dans le Xe siècle, ou Voyage d'Aboul-el-Cassim; par M. C. d'OнSSON. In-8° de 19 feuill. ; prix, 7 fr. Paris, 1828; Firmin Didot.

voyageur

M. d'Ohsson fait l'énumération de 24 auteurs arabes, turcs et persans, qui ont donné quelques détails sur les peuples du Caucase, particulièrement sur les Alains, les Khazares, les Boulgares, les Gouzes, etc. ; ce sont Ebn-Haoukal, Massoudy, Firdouzy, Yakouty etc. Un grand nombre de ces ouvrages sont encore inédits. L'auteur en a extrait tous les passages relatifs aux peuples du Mont-Caucase, et les met dans la bouche d'un arabe supposé, Abou-el-Cassim, qui part de Bagdad, traverse le Caucase, prolonge son voyage jusqu'au Volga, et revient par le Turkestan dans sa patrie. Ces auteurs débitent beaucoup de fables sur les pays éloignés; cependant ils donnent aussi des notions vraies et curieuses sur les peuples et sur les contrées du Caucase. M. d'Ohsson rapporte à peu près textuellement les passages de ces auteurs, et c'est dans les notes qu'il en examine la valeur, et les compare aux témoignages des auteurs arméniens et grecs, et des voyageurs occidentaux. Massoudy a employé un chapitre entier à la description du Caucase : M. Klaproth en a donné une traduction dans son Magasin Asiatique, tom. I. M. d'Ohsson assure avoir comparé les divers manuscrits arabes, pour les passages qu'il a extraits du Mouroudj-uz-Zeheb de Massoudi. A l'égard de Yakout, n'ayant point eu à sa disposition le dictionnaire géographique de ce marchard arabe du 13° siècle, il s'en est rapporté aux citations de M. Fræhn qui a déjà tiré de Yakout le sujet de 3 dissertations; 1o De Baschkiris, 2° de chasaris excerpa ex scriptor, arab, Pétersbourg, 1822, et 3° notice d'Ibn Foszlan et d'autres arabes, sur les anciens Russes. Pétersbourg, 1823, in-4o. M. d'Ohsson a ajouté ce que les auteurs arabes qu'il a consultés disent sur les pays des Francs, au sujet desquels ils ont les notions les plus confuses. Cette es

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