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ont le plus d'affinité entr'eux, le plus de notes communes; en d'autres termes, il ne modulera que par le plus petit nombre possible de dièses ou de bémols, passant, par exemple, d'ut, mode majeur, en sol ou en fa, même mode, ou en la, mode mineur, etc., etc.; et se tiendrat-il toujours renfermé dans le cercle de ces modulations? Je ne le crois pas. Quand elles lui seront devenues faciles, il en voudra voir d'autres qui soient extraordinaires. Il trouvera apparemment quelque mérite à bâtir dans sa tête et à exprimer, de sa voix, des tournures bizarres que repousseront ses oreilles de tout leur pouvoir, et peut-être qu'il les proposera en défi à ses camarades. Mais heureusement il se fatiguera comme nous de ces tours de force, où le vrai beau se trouve rarement uni; il abandonnera ces difficultés après les avoir surmontées, et il reviendra enfin dans le style simple, non plus comme autrefois pour y chercher des combinaisons inconnues, mais à présent pour y observer des règles de goût, et retirer quelques beaux chants des combinaisons qu'il sait pratiquer.

Le voilà donc lancé dans le vaste champ des modulations : étude qui a toujours été annexée au domaine de l'harmonie, et qui ne se fait

ordinairement qu'avec celle-ci. Tous les maîtres avouent qu'elle en est la partie la plus difficile, ou, pour mieux dire, la seule partie difficile d'où le reste dépend. En effet, dès qu'on sait écrire et lire une mélodie, qu'on en sait faire l'analyse, qu'on l'a partagée en phrases de divers tons placées à la suite l'une de l'autre, que manque-t-il à cela que de faire passer sous ces phrases des accords pris dans le même ton qu'elles accords dont le nombre est borné dans chaque ton, et dont la succession est assujettie à un petit nombre de règles. Il ne faudra donc qu'exposer ici la division des accords en deux grandes classes, l'une d'accords consonnans, l'autre d'accords dissonnans; faire voir les dérivés ou renversemens que chacun fournit, et assigner les règles de leur succession, d'abord dans un ton unique, ensuite dans le passage d'un ton à un autre. On pourra dire en mêmetemps les différens noms de ces accords et la manière de les chiffrer sur la basse; mais ceci aurait besoin de quelques améliorations qu'on déduira, si l'on veut, des principes répandus dans cet ouvrage.

Toutefois ces règles doivent être entremêlées de pratiques pour se bien graver dans l'esprit. A l'école on pourra faire faire ces pratiques par

le concours des diverses espèces de voix ; mais chez lui l'élève ne pourra les répéter qu'à l'aide d'un instrument d'harmonie dont il serait bien, par conséquent, qu'il prît un peu l'usage. Cependant, comme la principale étude doit être ici dans les mouvemens de la basse plus que dans le remplissage des accords, on s'appliquera surtout aux effets qui résultent d'une simple basse mise sous un chant, et l'on apprendra à y reconnaître les accords pleins sous-entendus, ou qu'il est permis d'y sous-entendre, car les notes procèdent, quand l'accord est incomplet, de la même manière que quand il est entier.

Quel est maintenant le meilleur moyen de faire cette pratique ? ne faudra-t-il que mettre sous les yeux de l'élève une suite graduelle de divers chants écrits, accompagnés de leurs basses, pour lui faire remarquer comment on y a suivi les règles prescrites? Non : ces règles ne lui sont pas assez familières pour qu'il se livre avec le maître à cet examen; quand il sera capable de suivre une telle analyse, il sera bien près de la faire tout seul, et de continuer de lui-même son instruction: or, ce n'est là que le but qu'il faut atteindre. Voici le moyen d'y parvenir.

Il est un exercice que j'ai différé jusqu'ici de

décrire, quoique je l'aie fait faire dès les premiers mois de mes leçons, et qui a toujours produit une agréable surprise parmi les personnes qui en ont été témoins. Je tiens deux baguettes de différentes couleurs. Chacun se demande avec étonnement ce qu'on va faire. Jeunes élèves, c'est un nouveau plaisir que je vous offre pour récompense de votre application. Divisez-vous en deux sections: vous allez chanter en harmonie; ce nom vous réjouit. Vous êtes impatiens d'éprouver l'effet qu'il annonce, et vous ne regardez pas combien il étonne ceux qui vous entourent. On n'ose pas croire à la justesse de vos accords, ou du moins on cherche à s'en rendre raison. On se demande comment deux idées différentes ne vont-elles pas s'entredétruire, exprimées simultanément par des chanteurs de si fraîche origine. Mais à ce raisonnement nous répondons d'abord par un fait, qui est qu'elles ne s'entredétruisent pas ; et nous ajoutons qu'elles ne doivent pas s'entredétruire, parce que vos idées sont fortement attachées à leurs signes, parce que vous lisez et que vous ne récitez pas, que chacun de vous ne s'attend que sur lui-même, et qu'il exprime de lui-même son idée sans rien emprunter de son voisin qui non plus n'emprunte rien de lui.

Suivez donc cette baguette avec confiance vous souvenant que c'est elle qui vous fraya les premières routes que vous avez parcourues, et qu'à sa suite vous n'avez jamais trouvé, ni vous ne trouverez jamais d'obstacles. Chantez.... Eh bien! voilà purement exprimées toutes sortes de consonnances : des tierces et des sixtes, des quintes, des octaves. Continuez. Voyez-vous les baguettes suivre trois sortes de mouvemens qu'on appelle direct, oblique et contraire? Les deux baguettes montent ou descendent ensemble voilà le mouvement direct, ou semblable, ou parallèle. A présent une baguette monte tandis que l'autre descend: voilà le mouvement contraire. Une baguette reste en place tandis que l'autre continue sa marche ascendante ou descendante: voilà le mouvement oblique. Ces mouvemens ne se font pas au hasard, ils sont soumis à des règles qu'une longue observation a fait découvrir aux musiciens, et que je vous ferai connaître. Ici les deux baguettes font note contre note, point contre point. Là une baguette marque des temps uniformes, tandis que l'autre les divise. A présent elles échangent leur travail, le chant passe à la basse, les tenues sont dans le dessus. Voyez l'une d'elles parcourir les notes d'un même accord; elle

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