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mesure à trois ou à quatre temps différemment dans un cas que dans un autre, sous prétexte que le mouvement en soit plus ou moins rapide; je n'écris pas un menuet par trois noires et une valse par trois croches, mais je les écris chacun par trois temps; je n'écris pas une marche lente par deux blanches, et un pas redoublé par deux noires, mais j'écris l'une et l'autre par deux temps. Non plus je n'attribue pas aux notes une durée absolue à raison de leur figure, pas. plus qu'un degré absolu d'intonation; mais je leur attribue une durée relative à celle du temps de la mesure, qui est mon unité fondamentale; et celle-ci est toujours annoncée en tête de la mélodie, à la clef, comme le ton, par un signe clair et simple or, ce signe n'est pas un mot italien, tel que largo, adagio, andante, allegro, presto, qui ne porte avec soi qu'une idée vague de mouvement, sur laquelle les musiciens disputent tous les jours dans les concerts; c'est le degré du point de suspension d'un chronomètre, c'est-à-dire, la longueur mesurée d'une pendule simple qui est sous nos yeux, non pas pour faire battre la mesure aux élèves, mais pour leur faire prendre le juste mouvement de chaque mor ceau, leur apprendre à se le rappeler d'euxmêmes à la vue du nombre qui en est l'indice

véritable, et à juger s'ils le conservent sans al

tération.

Un infaillible moyen de n'omettre à l'étude aucune coupe du temps, c'est d'en calculer le nombre à l'avance, et de les classer dans un tableau général sur lequel on les désignera à la baguette, les faisant succéder l'une à l'autre et revenir sous toutes sortes de combinaisons. Il faut convenir que l'esprit est satisfait de pouvoir mesurer d'un premier coup-d'œil le champ qu'il aura à parcourir, et de prendre, en partant, l'assurance qu'il ne va pas errer sur un océan sans rives, où l'accompagnerait l'inquiétude de voir s'effacer derrière lui les routes qu'il aurait suivies. Mais on verra que l'écriture vulgaire ne reposait pas sur des principes assez généraux, pour qu'on ait pu entreprendre jusqu'à ce jour cette énumération analytique; et néanmoins, tant qu'on ne l'a pas faite, on n'est jamais sûr, dans le sens étroit de ce mot, d'avoir passé par toutes les coupes praticables du temps, même quand on a lu, en plusieurs années, plusieurs volumes de solfèges. Or, voyons s'il est possible d'en manquer une seule par le calcul que j'en

vais faire.

D'abord je classerai ces coupes par le nombre de traits qu'elles peuvent offrir dans l'écriture,

nombre qui est en même-temps celui des divisions et sous-divisions qu'on aura faites dans l'unité de temps. Ainsi, par exemple, l'expression des et des n'offrira qu'un seul trait couvrant deux ou trois sons, parce que 2 et 3 sont des nombres premiers, indécomposables en facteurs plus simples; mais l'expression des, et, offrira deux traits l'un sur l'autre, parce qu'on n'arrive à ces fractions que par deux divisions faites l'une dans l'autre, savoir par de, ou de, ou de : c'est-à-dire, que les dénominateurs 4, 6 et 9 sont décomposables chacun en deux facteurs, ou par 2 fois 2, ou par 2 fois 3, ou par 3 fois 3. Mais, plus loin, l'expression des,,et, présentera trois traits, parce qu'il y a trois facteurs dans chaque dénominateur, savoir : 2 f. 2 f. 2, ou 2 f. 2 f. 3, ou 2 f. 3 f. 3, ou 3 f. 3 f. 3 : de sorte qu'en général, si l'on veut connaître de combien de traits sera surmontée l'expression d'une fraction donnée du temps, il n'y a qu'à voir de combien de facteurs simples ou premiers se compose le dénominateur quelconque de cette fraction: se rappelant d'ailleurs, que pour être une coupe praticable en musique, ces facteurs ne doivent être que des 2 et des 3, ou que la fraction proposée ne doit pouvoir s'engendrer que par la

division continuelle du temps en deux ou trois parties; car l'oreille, telle que le peuple, ne connaît que les fractions simples et ¦ (1).

Cela posé, je considère qu'il n'y a que deux

(1) Le lecteur sera peut-être bien aise de voir, dans un seul tableau, quelles espèces de fractions peuvent être représentées par un nombre donné de traits; et, réciproquement, combien de traits exige une fraction proposée de celles qui sont praticables, ou qui sont dans l'analogie de celles qu'on pratique. C'est pourquoi je le place ici :

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Je borne ce tableau à ces six colonnes qui sont bien plus que suffisantes. Le numéro de la colonne indique le nombre de traits; et les nombres qui sont dans cette colonne désignent les dénominateurs des fractions auxquelles ces traits conviennent. Ainsi, dans la quatrième colonne, y ayant les dénominateurs 16, 24, 36, 54, 81, cela signifie qu'il faut quatre traits pour représenter les

divisions primitives du temps, savoir : la division binaire, ou en deux moitiés, et la division ternaire, ou en trois tiers. Je numérote ces deux ou trois parties, et je les couvre d'un trait comme ceci :

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Ce sont les deux seules coupes qu'un seul trait puisse offrir. Les chiffres d'ordre qu'on y voit tiennent la place, soit des sons, soit des silences, soit des points de prolongation ou de syncope; et il en sera de même dans ce qui va suivre.

I

I

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1642362 34 ou parties du temps. Réciproquement, la fraction, appartenant à la cinquième colonne, il s'en suit qu'il faut cinq traits pour l'exprimer; ainsi des

autres.

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On ne voit pas dans ce tableau les fractions du temps ,,,, etc., parce qu'elles sont impraticables, que l'oreille ne sait point diviser le temps de cette manière. Si l'on trouve dans les œuvres de quelques compositeurs cinq notes pour un temps, ce qu'ils appellent des cinq ou cinquièmes, c'est abusivement, car ils savaient bien, en écrivant de tels passages, qu'on ne les exécuterait pas en cinq notes égales, ou cinq cinquièmes, mais qu'on ferait à la place deux quarts et trois sixièmes, tels qu'on les voit écrits à la page suivante, classe C.

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