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Les chiffres ou les lettres seraient aussi indifférens que les portées ordinaires à l'exécutant. Mais c'est précisément ce qui n'a pas lieu.

Au surplus, si l'on voulait rendre usuelle la notation par chiffres, il faudrait faire de notables modifications aux principes de J. J. On ne pourrait pas, par exemple, ne noter qu'en ut, comme il l'entendait, toutes les phrases de divers tons qui se succèdent dans le cours d'un long morceau de musique, en sorte que l'ut fut continuellement mobile comme la modulation; car, comment l'instrument pourrait-il élever sans cesse ou abaisser cet ut à l'instar de la voix? Il faudrait pour cela une construction d'instrument particulière et jusqu'ici inconnue; ou bien, comme le voulait J. J., il faudrait que le joueur venant de voir l'ut dans le chiffre 1, le vit maintenant dans le chiffre 5, plus loin dans le chiffre 4, etc.; de façon que, seulement dans notre système tempéré, le même signe devrait lui représenter, selon le ton où il serait, douze doigters différens. Il est difficile de concevoir qu'il ne s'égarât pas bientôt au milieu de cette excessive mobilité de signes. Non, quoiqu'en ait dit le célébre J. J., la transposition n'est point facile sur les chiffres, même de la voix : l'œil a une peine extrême à voir un

chiffre dans un autre; au lieu que sur les portées, à cause de la similitude de position des notes sous les diverses clefs, la transposition est aisée quand on s'est accoutumé à ne dénommer les barreaux que par leurs intervalles respectifs. Or, j'ai fait voir par l'expérience de ma méthode, qu'il est facile de donner l'habitude de toutes les clefs en très-peu de temps.

Toutefois il faut convenir que si les chiffres ont du désavantage contre les portées, sous le rapport de la transposition, ils ont incontestablement l'avantage sur elles, quand il ne s'agit que de l'expression d'un ton unique la forme du chiffre est saisie de l'œil beaucoup plus vîte que la distance des barreaux; et s'il fallait franchir de grands intervalles, comme des sixtes, des octaves, des dixièmes, on le verrait plus distinctement et plutôt sur les premiers signes que sur les seconds.

En dernière analyse, la facilité de l'exécution instrumentale, je dirais presque la possibilité de cette exécution, exige une parfaite fixité de signes; elle exige que le chant soit écrit dans le ton même où il doit être joué. Ainsi, dès qu'on voudra écrire de la musique en chiffres pour les instrumens, il faudra nécessairement le faire de cette manière, c'est-à-dire, en

y exprimant les dièses et les bémols convenables à chaque ton, comme il est d'usage de le faire sur les portées ordinaires. C'est avec ces modifications qui la rapprochent beaucoup de notre écriture, que j'ai fait connaître à mes élèves une notation par chiffres ou par lettres. On sent que puisqu'ils savent solfier dans tous les tons, le motif qui portait J. J. à tout écrire en ut n'existe plus pour eux, et ce motif était précisément l'extrême difficulté de la lecture à divers tons provenant du changement de propriété des notes; difficulté qui a subsisté dans toute sa force jusqu'à l'époque actuelle.

Je viens à la distinction des mesures. Je les réduis toutes à deux espèces, savoir à deux temps ou à trois temps, qui se distinguent l'une de l'autre par la différente périodicité des temps forts. Mais j'observe que chacune de ces deux espèces peut offrir deux variétés, selon le mode de division binaire ou ternaire qu'on adoptera pour le temps, et qui est ordinairement uniforme dans le cours d'un même chant. J'indiquerais à la clef, s'il en était besoin, l'espèce de la mesure par le chiffre 2 ou 3, et sa variété par un tel chiffre écrit sous le premier. Ce qui me donnerait ces quatre sortes de désignations

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la première est celle qu'on connaît sous le nom de. On n'y rencontre de tiers de temps ou de triolets qu'accidentellement; car, s'ils y paraissaient constamment, ce serait la seconde désignation que j'aurais mise à la clef : et cette seconde mesure est celle qui est connue sous le nom de, mesure dans laquelle ne paraissent qu'accidentellement les moitiés de l'unité. La troisième est connue sous le nom de ; le temps y est soumis à la division binaire, comme l'indique le dénominateur 2, et par conséquent les tiers de temps n'y sont que de passage, au lieu qu'ils sont permanens dans la quatrième, qui est celle qu'on nomme mesure à 2.

La mesure, dite de dite de, est écrite dans l'usage comme mesure d'un seul temp sdivisé par tiers: je peux conserver cette écriture, qui est correcte, en la désignant à la clef par¦, conformément à l'analogie des précédentes; mais je peux aussi l'écrire comme mesure de trois temps, et de cette manière éviter un trait dans la notation.

Pourquoi, sur le modèle des mesures, n'at-on pas fait des mesures de, qui seraient de vraies mesures d'un temps divisé par demies? Si l'on veut employer de telles mesures, je les désigne par, mais je pourrais, en effaçant un trait, les écrire comme mesure de deux temps

Je n'ai pas fait une espèce séparée de la mesure à quatre temps, parce qu'elle n'offre pas un rhythme différent des précédentes, bien qu'on l'ait regardée comme fondamentale en lui comparant toutes les autres. Il ne faut pas confondre les effets qui naissent du mouvement avec ceux qui proviennent de la mesure : ceux-ci ont pour cause le mode d'opposition des temps forts et faibles, un contre deux ou un contre un; et ceux-là la durée absolue du temps pour telle fraction de minute ou de seconde. En séparant donc ces deux causes, je ne vois dans la mesure à quatre temps qu'une double mesure de deux temps, dont le but ne peut être que de réduire à moitié le nombre de barres verticales qui séparent les mesures dans la notation. Je conserve cette mesure, non comme espèce, mais seulement comme abréviation, telle que je viens de dire. On peut bien aussi la regarder comme de deux temps, si l'on réduit en un seul temps les deux premiers de la mesure, et en un autre les deux derniers; mais j'observe que l'écriture ne répond pas à cette supposition, puisque les deux premiers temps, ainsi que les deux derniers, sont séparés et non liés par un trait supérieur. Cependant il est aisé au lecteur de rétablir ce trait par la pensée, comme dans d'autres cas où il le verrait

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