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"Si les Anglois avoient demandé a la france une Cession de tous ces droits sur les pays occupés par Eux dans la Nouvelle france Il y a apparance que le Roy leur auroit fait cession a des Conditions raisonnables. Ils nont pas demandés cette cession, ou sy ils lont demandeé, elle ne leur a pas esté accordeé les droits de la france subsistent donc Toujours et Elle pretend presentement que les Anglois qui en usent sy mal avec Elle, luy restituënt Tout ce quelle a usurpé dans la Nouvelle france depuis le 30: jusquau 50° degré."

"Mais disent les Anglois Commant pouvoir restituer un sy vaste pays ou nous avons une Infinité d'habitans et un trés grand nombre de belles et riches villes? Une Telle restitution N'Est pas practicable."

RESPONSE.

'Javouë qu'il est bien difficile de sy resoudre même aux personnes qui font profession d'aimer L'Equité et La

Justice.

"Mais Le Roy aime trop la nation Angloise, a trop de Consideration pour Elle, desire trop luy faire plaisir, et est trop généreux pour exiger d'Elle une Telle restitution Voulant luy donner Un Exemple de la moderation dont il souhaite que Langleterre use a son Egard.

"Il se désistera Volontiers de tous ces droits et consentira que Toute la Coste jusqua 20 Lieuës dans l'Enfoncement des Terres Depuis le 32° degré jusqua la Rivierre de Quinibequi demeure en toute proprieté et souveraineté a perpetuité a Langleterre a condition quelle Sobligera par un traitté solennel et décisif de ne jamais passer ces limites. Que la france ne sera jamais Inquieté par Langleterre dans la Jouissance en proprieté et souveraineté de Ce qui est au

dela de ces 20 lieuës dans lenfoncement des terres et de Tous les pays qui sont a L'Est de la rivierre de Quinibequi, qui de Ce Costé la servira de Limites aux deux Nations, et que Langleterre rendra a la france Le port Royal et la Cadie avec leurs dependances, Enfin Tout ce que la france luy a Cedé par le traité d'Utrecht sans en rien Excepter.

"Cet offre du Roy doit estre agreable a Langleterre et luy faire plaisir, parceque sy elle l'accepte elle possedera a juste Titre cette grande partie de la Nouvelle france, qu'Elle possedera Toujours injustement sy Elle Naccepte pas un offre sy raisonnable que Luy fait Le Roy qui sans cette acceptation Ne renoncera jamais a ses droits de souveraineté sur une sy grande et sy belle partie de la Nouvelle France, droits que les anglois doivent Craindre qu'il Ne fasse Valoir Tost ou tard, Car si puissante que soit Langleterre, Ils ne doivent pas croire que la france ne luy cede rien en puissance ny en quoy que ce soit, et qu'on ne la meprise et maltraitte pas Impunement.

"Sy Les Anglois ont quelques autres titres et quelques autres raysons a alleguer en leur faveur, sy on me veut faire L'honneur de me les Communiquer, Je moffre d'y repondre d'une maniere a les obliger d' avouër qu'ils ont tort, sils sont de bonne foy et si ils aiment La justice et la paix.

ADDITION.

"On vient de me faire voire une carte de la nouvelle france presenté au Roy par les Anglois sur la quelle est tracé par une ligne tout ce qu'ils pretendent en vertu du traitté d'Utrecht.

"Ils y etendent sy loin leurs pretentions dans Les terres, qu'il y a tout lieu de Croire que cette Ligne na pas eté traceé, Ny Cette carte presenteé par ordre et au scû du Sage et judicieux ministre dangleterre, mais par quelqu'Un

que donne a penser qu'il veut broüiller L'angleterre avec La france.

"Ce qui donne encore plus de lieu a avoir de luy cette penseé C'est que le traitté d'Utrecht ayant determiné les Limites des deux Nations pour la pesche, par desairs de vent, quoyque par toutes les nations les airs de vent se tracent en Ligne droite, il les a tracé en Ceintre a L'Est de Lisle de Sable, en quoy il semble avoir Intention de se mocquer de la france et de L'Irriter.

"La prise d'un vaisseau françois dans Le passage de Camceau, La Construction d'un fort a Canceau, Le nom d'albanie donné a la partye de la Nouvelle France qui est entre quinibequi et la ville de Port Royal pays qui n'a point esté Cedé par le traitté d'Utrecht, Les forts Construits, et Les Concessions donneés, Les Nations sauvages, et Les missionnaires maltraités dans ce pays appartenant a la france, ou du moins pretendu et Contesté par Elle.

"Tout cela pourroit bien Venir de quelque Anglois qui voudroit brouiller les deux Nations. C'est aux Anglois pacifiques a le punir et a la france a sopposer a de telles entreprises jusqu ce que les Limites soient regleés d'Une Maniere Equitable.

"Collationné et figuré sur une Copie de Mémoire ou notte en papier non Signeé ni dattée estant au Secrétariat du Chateau St Louis de Quebec ou elle est resteé Par Le Notaire Royal en la prevosté de Quebec y resident soussigné ce jourdhuy Vingt cinq Juillet mil sept cent cinquante. DU LAURENT.

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François Bigot, Conseiller du Roy en ses Conseils, Intendant de justice, Police, finances et de la marine en la Nouvelle france.

"Certifions a tousqu'il appartiendra que M Dulaurent qui a signé la Collation de L'autre part Est notaire Royal en la prevosté de Quebec Et que foy doit Estre ajouteé

VOL. II.-18

a sa signature En la de qualité; En temoin de quoy nous avons signeé et fait Contresigner ces presentes par nôtre secretaire et a Icelles fait apposer le Cachet de nos armes, fait en nôtre hotel a Quebec Le per Aoust, mil sept cent Cinquante.

Cachet

BIGOT

PAR MONSEIGNEUR

DESCHENAUX."

Endorsed. "Envoyé par M: Bigot Intend du Canada avec sa lettre au Mis de Puyzieulx du 1er aoust 1750. No 25, 1723."

B.

CHAPTERS XIX., XX., XXI.

THE SIEGE OF LOUISBOURG AS DESCRIBED BY FRENCH WITNESSES.

Lettre d'un Habitant de Louisbourg contenant une Relation exacte et circonstanciée de la Prise de l'Isle Royale par les Anglois. A Québec, chez Guillaume le Sincère, à l'Image de la Vérité. MDCCXLV. [Extraits.]

[Literatim.]

"... Le mauvais succès dont cette entreprise (against Annapolis) a été suivie, est envisagé, avec raison, comme la cause de notre perte. Les Anglois ne nous auroient peut-être point inquietés, si nous n'eussions été les premiers à les insulter. Notre qualité d'aggresseurs nous a été funeste; je l'ai oui conter à plus d'un ennemi, & je n'y vois que trop d'apparence. Les habitans de la nouvelle Angleterre étoient interressés à vivre en paix avec nous. Ils

l'eussent sans doute fait, si nous ne nous étions point avisés mal à propos de les tirer de cette sécurité où ils etoient à notre égard. Ils comptoient que de part & d'autre, on ne prendroit aucun parti dans cette cruelle guerre qui a mis l'Europe en feu, et que nous nous tiendrions comme eux sur la seule défensive. La prudence le dictoit; mais elle n'est pas toujours la régle des actions des hommes: nous l'avons plus éprouvé que qui que ce soit.

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"... L'expedition de l'Acadie manquée, quoiqu'il y eût tout à parier qu'il reuissiroit par le peu de forces que les ennemis avoient pour nous résister, leur fit faire de serieuses réflexions sur notre crainte, ou notre faiblesse. Selon tous les apparences, ils en conclurent qu'ils devoient profiter d'une aussi favorable circonstance, puisque dès-lors ils travaillerent avec ardeur à l'armement qui leur était necessaire. Ils ne firent pas comme nous: ils se prêterent un secours mutuel: on arma dans tous leurs Ports, depuis. l'Acadie jusqu'au bas de la Côte: on dépêcha en Angleterre, & on envoya, dit on, jusqu'à la Jamaïque afin d'en tirer tous les secours qu'il seroit possible. Cette entreprise fut concertée avec prudence, et l'on travailla tout l'hiver pour être prêt au premier beau tems.

"Les préparatifs n'en pouvaient être si secrets, qu'il n'en transpirât quelque chose. Nous en avions été informés dès les premiers instans, & assez à tems pour en pouvoir donner avis à la Cour.

...

"Nous eumes tout l'hiver à nous, c'était plus qu'il n'en falloit pour nous mettre en état de défense; mais la terreur s'étoit emparée des esprits: on tenait des conseils, dont le résultat n'avoit rien que de bizarre et de puérile; cependant le tems s'écoulait, nous perdions de precieux momens en déliberations inutiles, & en résolutions presque aussitôt détruites que prises. Quelques ouvrages demandoient qu'on les parachevât: il en falloit renforcer quelques-uns, aug

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