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DES SAVANS.

JANVIER 1830.

A PARIS,

DE L'IMPRIMERIE ROYALE.

MONSEIGNEUR LE GARDE DES SCEAUX, Président.

M. DACIER, de l'Institut royal de France, secr. perp. de l'Acad. des
inscriptions et belles-lettres, et membre de l'Académie française.
M. le Baron SILVESTRE DE SACY, de l'Institut royal de France,
Académie des inscriptions et belles-lettres.

Assistans.. M. GOSSELLIN, de l'Institut royal de France, Académie des inscriptions et belles-lettres.

M. le Baron CUVIER, conseiller d'état, de l'Institut royal de France, secrétaire perpétuel de l'Académie des sciences, et membre de l'Académie française.

M. DAUNOU, de l'Institut royal de France, Académie des inscriptions et belles-lettres, éditeur du Journal et secrétaire du bureau. M. TESSIER, de l'Institut royal de France, Académie des sciences. M. QUATREMÈRE DE QUINCY, de l'Institut royal de France, secrétaire perpétuel de l'Académie des beaux-arts, et membre de celle des inscriptions et belles-lettres.

M. BIOT, de l'Institut royal de France, Académie des sciences. M. RAYNOUARD, de l'Institut royal de France, secrétaire perpétuel honoraire de l'Académie française, et membre de l'Académie des inscriptions et belles-lettres.

M. RAOUL-ROCHETTE, de l'Institut royal de France, Académie des inscriptions et belles-lettres.

Auteurs.. M. CHÉZY, de l'Institut royal de France, Académie des inscriptions et belles-lettres.

M. V. COUSIN, ancien maître de conférences à l'École normale, professeur - suppléant de l'histoire de la philosophie, à la Faculté des lettres de l'académie de Paris.

M. LETRONNE, de l'Institut royal de France, Académie des inscriptions et belles-lettres.

M. ABEL-RÉMUSAT, de l'Institut royal de France, Académie des inscriptions et belles-lettres.

M. CHEVREUL, de l'Institut royal de France, Académie des

sciences.

M. SAINT-MARTIN, de l'Institut royal de France, Académie des inscriptions et belles-lettres.

Le prix de l'abonnement au Journal des Savans est de 36 francs par an, et de 40 fr. par la poste, hors de Paris. On s'abonne à la librairie de M. Levrault, à Paris, rue de la Harpe, n.° 81; et à Strasbourg, rue des Serruriers. Il faut affranchir les lettres et l'argent.

Les LIVRES NOUVEAUX, les lettres, avis, mémoires, &c., qui peuvent concerner LA RÉDACTION de ce journal, doivent être adressés au bureau du Journal des Savans, à Paris, rue de Ménil-montant, n.o 22.

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JOURNAL

DES

SAVANS.

JANVIER 1830.

TRAVELS in Arabia, comprehending an account of those territories in Hedjaz which the Mohammedans regard as sacred, by the late John Lewis Burckhardt; published by authority of the association for promoting the discovery of the interior of Africa.

Voyages en Arabie, contenant la description des parties du Hedjaz qui sont regardées comme sacrées par les Mahométans, par feu J. L. Burckhardt; publiés par ordre de l'association formée pour le progrès de la découverte de l'intérieur de l'Afrique. Londres, 1829, xvj et 478 pages in-4.°

Le volume que nous annonçons est suffisamment recommandé à

l'attention du public par le nom du voyageur dont la mort prématurée a laissé de si vifs regrets; et les soins scrupuleux qui ont été apportés à la publication de cette partie importante de sa relation, sont parfaitement garantis par celui de M. William Ouseley, qui a consenti à s'en rendre l'éditeur. Nous nous dispenserons donc de faire valoir les considérations qui seroient propres à appeler sur ce nouveau volume des voyages de Burckhardt l'intérêt des lecteurs de ce journal, et nous commencerons immédiatement l'analyse que nous devons en faire.

Djidda, Taïf (ou Tayef), la Mecque, Médine et Yembo (ou Yambo), et les routes qui conduisent de l'une de ces villes à l'autre, tels sont les objets auxquels se rattachent toutes les descriptions et toutes les observations du voyageur, qui aborda à Djidda le 15 juillet 1814, et ne fut de retour au Caire que le 24 juin 1815. On sait que Burckhardt avoit adopté extérieurement la religion musulmane, et avoit acquis parmi les Bédouins une grande habitude de la langue arabe. A l'époque où

il voyagea dans le Hedjaz, cette partie de l'Arabie ne reconnoissoit plus d'autre autorité que celle du grand-seigneur, ou plutôt de son délégué, le pacha d'Égypte, Méhémet-Ali, qui, en poursuivant son expédition militaire contre les Wahhabites, s'étoit emparé de la personne du schérif de la Mecque, et avoit mis fin à son pouvoir, sacrifiant ainsi la justice et la bonne foi à son ambition et aux intérêts de sa politique.

Le schérif de la Mecque reconnoissoit de nom l'autorité du grandseigneur, et Djidda étoit le siége d'un pacha à trois queues; mais peu à peu le schérif étoit parvenu à s'assurer dans le fait la possession de cette ville, et à percevoir seul pour son compte tous les droits que le commerce payoit. Le pachalik de Djidda étoit réduit à n'être plus qu'un titre honorifique, et le titulaire ne résidoit même pas dans cette ville. Le schérif Galeb, incapable de résister aux Wahhabites, avoit feint d'embrasser leur doctrine, et les habitans de Djidda l'avoient imité en cela. Au moyen de cette soumission, la ville avoit échappé au pillage; le schérif, devenu vassal des Wahhabites, avoit conservé tous les revenus qu'il en tiroit, et les Turcs n'y avoient plus aucun pouvoir ni aucune garnison.

L'expédition du pacha d'Égypte et de son fils Toussoun, nommé par la Porte pacha de Djidda, et par suite la destitution du schérif et son bannissement, avoient entièrement changé l'état des choses, à l'époque du voyage de Burckhardt. Ce voyageur assure qu'au total les habitans et le commerce de Djidda avoient plutôt gagné que perdu à ce changement, en passant sous la puissance des Osmanlis, et néanmoins il atteste qu'on n'auroit pas trouvé un seul Arabe qui ne regrettât le gouvernement du schérif. La principale cause de cette disposition d'esprit, c'est la fierté naturelle aux Arabes Bédouins, fierté qui se retrouve, quoique dans un moindre degré, chez les Arabes domiciliés. Ils n'ont en général que du mépris pour tous les peuples qui ne parlent point leur langue, et qui ont des mœurs différentes des leurs, et les Turcs sont en outre pour eux l'objet d'un mépris spécial. L'étiquette et le faste qui environnent un pacha turc, sont pour les Arabes un spectacle étrange et rebutant. Le schérif, à l'époque de sa plus grande puissance, ressembloit à un grand schéïkh bédouin, à qui chacun peut parler hardiment, et même avec une sorte de brutalité, tandis qu'on n'ap. proche d'un pacha turc qu'avec toutes les formes de la plus abjecte servitude. « Lorsque le schérif, disoit à Burckhardt un des plus riches négo»cians de Djidda, avoit besoin d'emprunter une somme d'argent, il » faisoit venir deux ou trois de nous. Nous passions une couple d'heures » en conversation avec lui, sans aucune gêne; souvent même nous dis» putions à très-haute voix, et toujours nous finissions par rabattre

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quelque chose de la somme qu'il nous avoit d'abord demandée. Quand nous allions chez lui pour des affaires ordinaires, nous lui parlions » comme je vous parle avec le pacha, il faut que nous nous tenions » debout, dans une humble attitude, comme si nous étions autant d'es» claves abyssins; et à la manière dont il nous regarde, on diroit que >> nous sommes des êtres d'une nature inférieure à la sienne. J'aime» rois mieux, ajoutoit-il, payer une amende au schérif, que de rece» voir une faveur du pacha. >>

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Une chose qui influe beaucoup sur le sentiment de haine et de mépris que les Arabes éprouvent pour les Turcs, c'est l'ignorance de la langue arabe, que les Turcs ne savent que très-imparfaitement et qu'ils prononcent mal, et celle des usages particuliers à l'Arabie: les Turcs, de leur côté, n'ont pas un moindre mépris pour quiconque ne parle pas leur langue et ne porte pas leur costume, et ils détestent sur-tout les Arabes, parce que ceux-ci ne sont pas d'humeur à souffrir patiemment leur insolente tyrannie, comme font les habitans de l'Égypte, et qu'on ne les frappe pas impunément.

Méhémet-Ali pacha et son fils Toussoun ont bien senti tous les ménagemens qu'exigeoit d'eux le caractère fier des habitans de Djidda. Aussi ont ils soin, dit Burckhardt, de prévenir et de réprimer par une sévère discipline l'insolence brutale de la soldatesque turque, et ne se permettent-ils aucune de ces avanies si communes par-tout ailleurs sous le gouvernement des pachas.

Les Arabes ont sur-tout en horreur la mauvaise foi et la perfidie qu'ils regardent comme des qualités inhérentes au caractère des Turcs, et qui forment un contraste frappant avec la bonne foi et l'inviolable fidélité à leur parole dont se piquent les Bédouins. Ils ne sauroient pardonner aux Turcs la trahison dont ils se sont rendus coupables envers le schérif, en s'einparant de sa personne et l'envoyant en Turquie, après qu'il s'étoit déclaré en faveur du pacha, et qu'il avoit consenti à laisser occuper la Mecque et Djidda par des troupes turques, lesquelles, à ce qu'ils prétendent, foin de pouvoir gagner un pied ferme en Arabie, n'auroient jamais pénétré dans cette contrée sans l'assistance du schérif.

Djidda est une ville assez bien bâtie, riche et peuplée. Elle doit être considérée, non pas seulement comme le port de la Mecque, mais comme l'entrepôt commun de l'Égypte, de l'Inde et de l'Arabie, toutes les marchandises exportées de l'Arabie et de l'Inde pour l'Egypte passant d'abord par les mains des négocians de Djidda. Aussi le commerce est-il la principale ou plutôt l'unique profession de ses habitans, parmi lesquels il se trouve des maisons qui possèdent de très-grands capitaux.

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