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exercé était en langue phénicienne. Un plus sérieux examen lui a fait abandonner cette opinion. Il pense maintenant qu'elle est écrite en caractères égyptiens, et que ces caractères sont, selon toute apparence, ceux qu'Hérodote appelle d'yμotixa ypaμμara, caractères populaires ou vulgaires, les mêmes probablement dont Plutarque veut aussi parler, et qui étaient, dit-il, au nombre de vingtcinq.

Quoique le copte moderne soit composé en grande partie des débris de l'ancien égyptien, cependant la connaissance de cette langue a fourni peu de secours pour déchiffrer l'inscription dont il s'agit ici. Le C. de Sucy s'était flatté d'y retrouver écrits en copte quelques-uns de ces mots les plus connus et les plus familiers qu'on remarque dans l'inscription grecque, tels que isTM, Dieu, Barihews roi, vos, fils; mais il a été encore déçu dans cette attente. Ce qui semble prouver que le langage de cette inscription est assez éloigné du copte moderne. D'ail leurs le copte moderne s'écrit de gauche à droite, au lieu que les ligues de l'inscription vont de droite à gauche.

En dernière analyse, le C. de Sacy ne croit pas qu'on ait jusqu'à présent des moyens suffisans pour déchiffrer l'inscription dite égyptienne, et plusieurs causes s'opposent à la réussite de cette entreprise. Aa nombre de ces causes, il faut mettre d'abord la groszièreté et l'inexactitude du travail du graveur. La maiu qui a tracé les caractères de l'inscription sur la pierre trouvée proche de Rosette, détache souvent les uns des autres les traits qui concourent à la formation d'un même caractère et les dépouille de leurs liaisons, ce qui doit les défigurer ou leur ôter leur vraie physionomie. La forme des mêmes lettres n'y est pas toujours constante; ce qui peut venir non-seulement de la faute de l'artiste, mais encore de diverses autres circonstances dépendantes de la nature et de la constitution des caractères propres à cette langue inconnue. On sait que dans quelques-unes des langues orientales, telle que l'arabe, les lettres qui composent leurs alphabets ac

quièrent ou perdent des parties accessoires suivant leur position, leur rapport ou leur voisinage avec d'autres lettres ; on peut encore supposer qu'il y a dans cette inscription des abréviations. Il est sûr qu'il s'y trouve des mots qui commencent par des lettres capitales ; il en est même quelques-uns dans lesquels une partie du mot est en lettres capitales ou majuscules, et le reste en minuscules. C'est ce que le C. de Sacy a reconnu d'une manière très-distincte dans les noms d'Alexandre et d'Alexandrie. Les quatre premières lettres de ces deux mots sont capitales. C'est une singularité digne de remarque, laquelle, en multipliant les caractères et en jetant de la variété dans leurs formes, ne contribue pas à simplifier et à faciliter le travail d'un curieux qui cherche à fixer la configuration des lettres d'une langue qu'on ne connait pas.

Enfin, et cette dernière considération est de la plus grande importance, les efforts que le C. de Sacy a faits en examinant l'inscription égyptienne du monument de Rosette, l'ont convaincu qu'elle n'est point la représentation fidelle de l'inscription grecque. Car si le texte de l'une était la traduction exacte du texte de l'autre, les mots et toujours les noms propres devraient se trouver en rapport les uns avec les autres. Ce qui n'est pas. Le C. de Sacy a encore remarqué que certains noms, tels par exemple que Ptolémée et Arsinoë sont plus souvent répétés dans le texte égyptien que dans le grec. Il ajoute qu'en faisant attention à la multitude des titres et des épithetes honorifiques que l'inscription grecque prodigue à Ptolémée Epiphanes, et qui, d'après ses combinaisons, ne paraissent pas dans l'inscription égyptienne, comme elles devraient y paraître, si ces deux inscriptions étaient parfaitement identiques, on sera porté à croire que le style de l'égyptienne est moins emphatique que. celui de la grecque. D'où il résulte qu'il ne faut plus tant compter sur les secours qu'aurait pu procurer cette correspondance présumée entre toutes les parties des deux inscriptions, correspondance qui faisait le principal fondement sur le

quel reposait l'espoir de réussir dans le projet d'expliquer, à la faveur de l'inscription grecque, l'inscription égyptienne.

Malgré toutes ces difficultés, le C. de Sacy ne désespérerait pas encore qu'on ne parvînt avec le tems et beaucoup de patience, à ajouter de nouvelles découvertes aux siennes, si on pouvait travailler sur l'original même, ou au moins sur une copie plus nette et plus soignée que celle qu'il a eue sous les yeux. Il ne doute point que l'inspection du monument ne fit disparaître plusieurs des nombreux obstacles qu'il a rencontrés et qui s'opposent au déchiffrement de l'inscription égyptienne.

A***, de l'Institut national.

LITTÉRATURE.

HÉLIOGABALE, ou Esquisse morale de la dissolution romaine sous les Empereurs. A Paris, chez Denta, imprimeur - libraire, Palais du Tribunat, galeries de bois, n° 240. Un vol. in-8°, avec gravure.

PRESQUE tous les journaux ont parlé de ce livre nous n'en connaissons point qui n'aient rendu au talent de l'auteur une justice honorable. La plupart ont blamé la liberté de son pinceau. C'est un hommage qu'il est toujours bon que des censeurs publics rendent aux mœurs. Mais dans la vérité, a-t-on réfléchi, avant de le critiquer, à la tâche que l'écrivain avait à remplir et à l'impossibilité de peindre les empereurs de Rome, sans rappeler leur dissolution abominable? C'est ce qui rend leur tyrannie si hideuse ! En partant de cette première donnée, l'auteur nous paraît mériter précisément les éloges opposés au blâme qu'il a essuyé, car il est infiniment plus châtié que les historiens originaux et même que leurs traducteurs. Il a montré beaucoup de souplesse de talent dans la description de la monstrueuse lubricité de ces maîtres du monde

et en rendant supportable aux oreilles françaises des dé tails très-difficiles à traduire dans une langue peut-être plus prude que chaste. Mais cette observation n'appartient qu'à la forme, venons au fond de l'ouvrage :

Le titre n'en donne point une idée exacte. C'est un précis de l'histoire des Césars disposé dramatiquement. Héliogabale règne et tous les vices avec lui; un sage élève le jeune Alexandre-Sévère, autrement Alexien, qui annonce devoir consoler Rome et l'Univers. Ainsi le tableau des vertus se trouve naturellement en opposition avec celui des vices. Ulpien, c'est le nom du sage instituteur d'Alexandre, fait passer en revue à celui-ci tous les Césars, depuis Jules jusqu'à Caracalla. La substance de Tacite, de Suétone, de Dion Cassius, de Pline le jeune, etc. se trouve fondue dans ce précis avec fidélité. Le burin de Tacite y conserve sa trempe acérée. On ne dirait pas que l'auteur écrit d'après des types connus, tant ses copies conservent de couleur. Ceux qui ont étudié les originaux sentent souvent leur présence dans ce volume qui a d'ailleurs le mouvement du drame et quelque chose de piquant qui tient à la manière de l'auteur.

Comme production littéraire, il serait possible de critiquer le plan et d'en supposer un autre. Mais si on juge le livre d'après l'impression qu'il fait à la lecture, il faut avouer qu'il intéresse, qu'il captive l'attention, qu'il occupe la pensée, qu'il remue les passions généreuses, telles que la haine de la tyraume, l'amour de la liberté, l'admiration pour les grands caractères, la pitié pour les peuples livrés à d'aussi plats tyrans.

Quelle indignation n'éprouve-t-on point pour la bassesse habituelle du sénat! On pardonne presque à la tyrannie, quand on voit que quelque atroce, quelque ridicule que puisse être le tyran, il est toujours invité à le devenir davantage. Les sénateurs furent vils, avant que Tibère se füt montré tyran. Ils le fatiguèrent de leur bassesse. On sait qu'il s'écriait souvent, en sortant du sénat: Troupeau lâche et fait pour l'esclavage! « Leur prompte servitude

» lui déplaisait autant que la liberté publique. » Ils l'avaient invité à maintenir l'accusation de lèze majesté. Il y résista d'abord et répondit : : «Si vous ouvrez une fois la porte à »ces accusations, elles deviendront générales: vous armez » toutes les haines; chacun perdra son ennemi par ce » moyen.... » Et quand ils lui proposèrent de donner son nom à un des mois de l'année, il dédaigna cette flatterie: « Vous seriez, leur dit-il, bien embarrassés par la suite, » quand il y aura treize Césars. » Peut-on s'étonner, après cela, de voir ces mêmes sénateurs devenus espions, se tapir pour surprendre des secrets, dans des caches non moins infâmes que leur espionage?»

Sous l'imbécille Claude, le sénat ne fut pas moins vil, quoique le tyran fût moins sanguinaire: il déféra les ornemens de la préture au plus insolent des affranchis, Pallas: il pria l'empereur de le contraindre à porter un anneau d'or, tandis que c'eût été un affront pour le sénat qu'un ancien préteur eût porté un anneau d'airain; il (le sénat) lui décerna une gratification de quinze millions de sesterces (3,000,000 de livres ). L'on afficha dans Rome un sénatus consulte par lequel cet affranchi possesseur de trois cents millions de sesterces (60,000,000 liv. ) recevait les éloges dus à l'ancienne frugalité. Un sénateur, qui ne manquait ni d'esprit ni de talent, obtint les premiers honneurs, pour récompense de sa bassesse envers Messaline et les affranchis. Il demanda à la première la permission de la déchausser et plaça respectueusement son brodequin entre sa toge et sa tunique; il la portait toujours comme un gage précieux qu'il couvrait de baisers. En même tems il plaçait parmi ses dieux domestiques les images en or de Narcisse et de Pallas.

Les règnes de Vespasien, de Titus, de Trajan, de Marc-Aurèle, reposent l'ame fatiguée de tant d'horreurs et de bassesses. Mais ces repos sont bien courts! Que peuvent la vertu et les talens dans un systême de gouvernement où l'empereur vertueux peut être remplacé par un monstre ou un imbécille? Jules-César s'attendait-il, quand

il

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