Sidor som bilder
PDF
ePub

La faiblesse et la langueur sont les moindres défauts de cet essai malheureux, dans lequel au surplus un talent du premier ordre aurait fort bien pu échouer. Non-senlement le traducteur n'est point familiarisé avec la langue poëtique, mais encore il lui arrive de pécher contre les régles du langage ordinaire. Les exemples se présentent en foule.

Le sein des creux marais ne gémit point encor
Sous les coups redoublés du long bec du butor....
Des arbres rajeunis monte jusqu'à la cime....
Le printems n'offre plus qu'une face attristée....
. Un nuage, au soleil exposé,

Réfractant de ses feux l'éclat décomposé. . . .

[ocr errors]

De cet âge heureux le spectacle enchanteur
Ne se retrouve plus que parmi (chez) les poëtes.
. . . Dans l'ancien tems, il survint un déluge.
D'une légère main que votre ligne mue. . . .
Que tous vos mouvemens soient proportionnés
Aux efforts du poisson qu'au bord vous amenez. . . .
Du chantre de Mantoue étudiez le livre. . . .

Dans un étang voisin où le canard nazille

[merged small][merged small][ocr errors]

Qui de cette hémisphère enrichissent les mers. Etc. etc. Supposez que ces vers soient fidèlement traduits, quel mérite peut-il y avoir dans une pareille fidélité? Mais s'il n'était pas inutile de s'appesantir sur une entreprise tout à fait manquée, il serait aisé de faire voir que M. Poulin, en croyant suivre de très près son original, s'en écarte aussi souvent pour le moins, que Mme Bontems qui a traduit Thomson en prose, et qu'il critique avec raison dans sa préface. O.

ETHELWINA, traduit de l'anglais de M. HORSTLEY, par OCTAVE SÉGUR. Deux vol, in-12, avec figures. A Paris, chez F. Buisson, impr.-libr., rue Hautefeuille, No 20. Prix, 3 fr. 60 cent., et 4 fr. 60 c. franc de port.

CE roman n'est point daus le genre de Mme Radcliffe; ce n'est pas non plus un roman de mœurs ou d'intrigue. C'est tout honnement une anecdote intéressante du dixième siècle, contée avec les embellissemens que l'ignorance et les préjugés d'alors n'auraient pas manqué d'y ajouter, et que l'amour du merveilleux aurait fait recevoir et croire sans examen depuis cette époque jusqu'à la fin du dixseptième siècle. On n'a qu'à se supposer un moment dans les tems reculés où se passe l'action, et l'illusion va toute seule. On se prête même avec une sorte de plaisir à voir un revenant, bien et duement constitué tel, intervenir dans la suite des événemens et amener la catastrophe. M. Horstley inérite d'ailleurs qu'on lui rende la justice de reconnaître qu'il a fait tout ce qui était en lui pour transporter l'imagination du lecteur au milieu de ses personnages, et que la situation où il les a placés, le charme qu'il a répandu sur les caractères d'Ethelwina, de ses frères et de son a:nant, émeuvent la sensibilité et captivent l'attention, au point de ne pas laisser le tems de réfléchir à l'invraisemblance du ressort principal.

Sauf quelques négligences, la traduction nous a paru bien écrite. C'est sans doute par distraction que M. Ségur a conservé en français les mots baronnesse et chieftain, et qu'il a rendu par salle d'Etat, les mots hall of state, qui signifient salle d'apparat ou de cérémonie.

L.

ECONOMIE DE LA VIE HUMAINE, traduit de l'anglais par le C. TAILLEFER. A Falaise, chez Brée frères, imprimeurs-libraires, et à Paris, chez Batilliot, le jeune, libraire, rue Hautefeuille.

DEPOUILLER la morale de son austérité, la revêtir des charmes du sentiment et substituer le langage du cœur à

celui d'une raison trop souvent sévère, tel est le but que semble s'être proposé l'auteur anglais. Il se livre quelquefois à l'enthousiasme; mais c'est celui qui inspire l'amour de l'ordre et de la vertu. Il a imité avec succès la manière orientale, et s'il s'élance dans des sphères éloignées, il a l'art d'y transporter son lecteur avec lui.

Le traducteur marche à côté de son modèle: son style est quelquefois véhément et rapide, toujours pur, élégant

et correct.

Ce petit ouvrage peut être utile encore à ceux qui étudieut la langue anglaise, puisque le texte est en regard de la traduction.

BEAUX-ARTS.

ARCHITECTURE.

DES POINTS D'APPUI indirects dans la construction des bâtimens; par CHARLES-FRANÇOIS VIEL, architecte de l'hôpital-général, etc. Chez l'auteur, rue du Faubourg Saint-Jacques, N° 113; et chez Perronneau, impr.-libr., quai des Grands-Augustins, No 43. Brochure in-4°. Prix, I franc 50 centimes.

Le mérite de l'ordonnance et celui d'une composition heureuse dans toutes les parties d'un édifice, peuvent sans doute se manifester dans un dessin fait avec précision. Il n'est pas même nécessaire, pour qu'on puisse juger de tout ce qu'il a d'excellent, que ce dessin offre un fini qui atteigne celui d'une estampe, où tout est rendu, jusqu'aux moindres ornemens, aux simples nuages et aux terrasses. Ce travail laisse à regretter un tems précieux pour l'artiste qui s'y astreint, en supposant qu'il soit capable d'autre chose que d'un métier de patience. Ajoutons que ce métier est dangereux en ce qu'il a du mérite pour ceux qui ne peuvent saisir que le talent de la main, et que par-là il trompe bien des juges peu éclairés et des propriétaires. qui estiment et adoptent aveuglément ce

qui aux yeux des estimateurs du vrai talent, démontre l'absence du génie. En effet, présumerait-on que ce nouvel art fût essentiel dans l'homme qui exerce l'art de bâtir, lorsque Perrault, les Mansard, Servandoni, Palladio, Delorine, P. Fontana, Michel-Ange, Bramante ont été de grands architectes sans avoir su autrement exprimer leurs vastes et solides conceptions que par des traits de feu? C'est dans leurs dessins, comparés avec les monumens admirables qu'ils ont élevés, et que nous avons sous les yeux, qu'on peut se convaincre combien est puérile la recherche que nous combattons ici. Et cependant, au lieu d'apprendre l'art de la construction, c'est à quoi se livrent aujourd'hui nos jeunes architectes.

Notre ancienne académie d'architecture avait pris une délibération qui prévenait les suites fâcheuses que pouvaient avoir ces efforts de la séduction dans le tems où ils commençaient à influer sur ses jugemens. Elle avait arrêté qu'aucun artiste ne serait admis dans son sein, s'il ne soumettait à l'examen de ses commissaires, des bâtimens construits par eux. Avec quelle honte pour ce corps éclairé aurait-on vu jouir un architecte non constructeur, d'une distinction due à un véritable artiste ! N'eût-ce pas été abuser de la confiance du gouvernement, exposer la fortune publique et celle des particuliers, enfin contribuer à la décadence de l'art? On conçoit qu'alors on n'eût pas vụ sans peine un homme, dont les bâtimens dégradés ou menaçans, dès le tems de leur élévation, auraient démontré l'ignorance, siéger à côté d'architectes consommés, quelqu'élégance qu'on eût pu remarquer dans la composition de ses ouvrages.

Attachons-nous donc à ce principe: un homme qui n'est pas savant dans la construction, n'est pas architecte. Nous disons savant, parce que cette partie est spécialement la science de l'art, bien que le mérite de l'invention lui fournisse des ressources infinies; et ce grand moyen de succès rend encore plus nécessaires les connaissances de la construction. Sans elles, l'architecte le plus ingénieux se trouve

réduit à se confier à des ouvriers sans goût comme sans probité. Ne peut-on pas craindre en effet que ceux-ci suivent des dessins mal conçus, ou parce qu'ils ne savent pas y lire les inconvéniens qui doivent résulter de leur exécution, ou parce qu'ils s'y attachent dans l'intention. perfide de recommencer en tout ou en partie un ouvrage qui s'écroulera bientôt après qu'il sera élevé?

C'est faire sentir l'avantage du traité que nous annonçons que d'être entré dans quelques détails sur les vérités positives en architecture dont on paraît aujourd'hui légè rement occupé. Le C. Viel combat pour ces vériés dans tous ses écrits; et celui-ci lui a été inspiré, comme il l'annonce dans sa première phrase, par l'emploi dangereux qu'il voit faire des appuis indirects qui, dit-il, exposent aux accidens les plus graves. Aussi est-il convaincu que l'on pourra tirer de son travail des conséquences utiles pour les constructions les plus importantes, et pour » celles ordinaires que le service public ou particulier » peut exiger. »

Ensuite il rappelle la nécessité de bien connaître toutes les parties de la construction pour produire un projet capable d'être exécuté solidement et d'une manière iuva– riable. Ecoutous-le: « L'art de construire les édifices est, » comme je l'ai dit (1), intimément lié à leur ordonnance, » et sa perfection est subordonnée à celle de cette pre»mière partie de l'architecture. » Ainsi il faut que l'architecte, en imaginant tout ce que l'édifice qui lui est confié peut offrir de caractère, de grandeur et d'élégance, prévoie en même tems ce qui peut en assurer la solidité. L'auteur prétend, avec raison, que pour obtenir cet accord important, on ne doit puiser les exemples à suivre que dans le petit nombre des nations qui se sont illustrées dans les arts et à qui l'on doit la vraie science de bâtir. « Chez » les ancieus, les Grecs et les Romains ont seuls exécuté » des monumens propres à une instruction complette dans

(1) Principes de l'ordonnance, chap. 34, 36, 41, etc.

« FöregåendeFortsätt »