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indécomposés; ici on reconnaît une des limites que la nature a placées entre elle et nos facultés. Si les réactifs chimiques opèrent quelques changemens dans les nuances des couleurs, ces changemens sont dûs plutôt à l'action du réactif sur l'excipient de la couleur, qu'à celle qu'il a sur la couleur même ; le réactif, en changeant la disposition des interstices et des molécules de l'excipient, détermine une réflexion différente de la lumière et modifie ainsi les couleurs, mais le principe colorant n'est pas changé intimement.

Il est un nombre infini de végétaux dans lesquels la matière colorante de la lumière n'est retenue que par la puissance vitale; elle diminue d'intensité dans la même progression que cette puissance vitale s'affaiblit; elle disparait tout à fait après leur mort. C'est ainsi qu'on voit les plantes annuelles, les corolles de toutes les fleurs et les moissons, perdre entièrement leur couleur verte, après leur fructification, parce qu'alors ces plantes ont parcouru le cercle de leur vie.

La matière coloraute obéit à cette loi (bien développée par M. Fourcroy dans son Systême des connaissances chimiques) par laquelle tous les principes constituans des corps organiques, lorsqu'ils cessent d'être réunis par les liens de la vie, tendent à se séparer et à rentrer dans les sources d'où la nature les a tirés.

La décoloration qu'éprouvent plusieurs tissus colorés, notamment ceux qui sont roses, lorsqu'ils sont exposés à l'action vive du soleil, prouve l'attraction que la lumière exerce sur les matières colorantes, et la tendance qu'elle a à les reprendre aux substances végétales, lorsque celles-ci ne sont plus animées de la force vitale.

De toutes ces propositions, il résulte que non-seulement les végétaux décomposent la lumière et en séparent les rayons colorés, mais encore qu'ils exercent sur tel ou tel rayon une attraction élective attachée à leur organisation et commandée par la nature; qu'ils retiennent la matière même de ces rayons colorans, qu'ils la condensent, qu'ils

la fixent, qu'ils l'identifient, qu'ils l'assimilent à leur propre substance, qu'ils la convertissent en principe constituant et intégrant de leurs couleurs.

En considérant l'ensemble des phénomènes que le contact de la lumière détermine dans les végétaux, soit par rapport à ceux dont les feuilles et les fleurs s'ouvrent à son aspect et se resserrent pendant la nuit, soit par rapport à l'ascension de la sève qui a lieu pendant le jour et s'arrête pendant la nuit, soit par rapport à la formation des substances qui constituent le corps des végétaux, soit enfin en comparant l'état de santé et de vigueur des plantes qui sont exposées à la lumière, avec l'état d'étiolement et de langueur de celles qui vivent dans l'obscurité, on est porté à regarder la lumière comme l'ame de ces êtres : et je crois que pour caractériser d'une manière précise l'influence de cette puissance, il faudrait la nommer puissance motrice de la vie des végétaux; parce qu'effectivement c'est elle qui, par son contact, dirige tous les mouvemens; c'est elle qui met leur vie en exercice; c'est elle qui, par son action stimulante, les meut pour ainsi dire.

S'il est nécessaire de rassembler un plus grand nombre de moyens pour appuyer ces vérités, transportons-nous dans les régions équatoriales entre les deux tropiques; là, nous verrons la lumière du soleil tomber plus directement sur la terre; nous verrons qu'elle est encore plus vive et plus énergique que celle de nos climats, et nous reconnaîtrons que les couleurs des végétaux y sont en raison directe de l'intensité de la lumière, qu'elles y sont plus foncées, plus riches et moins fugaces que celles des zones tempérées. Il est évident que cette prééminence des couleurs est occasionnée, 1° par la chûte plus directe des rayons du soleil, et 2o parce que les végétaux, plus fortement stimulés par l'éclat de la lumière, absorbent et condensent une quantité de matière colorante plus grande et relative.

L'action et la puissance de la lumière paraît être aussi la cause la plus certaine et la plus naturelle des couleurs

riches

riches et variées dont se parent les oiseaux et même les quadrupèdes qui habitent ces contrées. Car en rétrogradant de cette partie de la terre vers les pays septentrionaux, les animaux qu'on rencontre cessent successivement d'être colorés. Les oiseaux et les animaux de nos climats sont gris, ou bruns, ou fauves; en avançant davantage vers le pôle du nord, on en voit qui sont encore moins colorés. Cette rétrogradation des couleurs suit directement la marche de la lumière qui est d'autant moins intense et dont les rayons sont d'autant plus obliques, qu'on approche davantage des contrées septentrionales.

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Les phénomènes que présentent les plantes dont on a changé l'heure du sommeil en faisant réfléchir sur elles la lumière des lampes pendant la nuit, les signes de sensibilité que manifestent ces plantes au contact de cette lumière artificielle, sont aussi dignes de toute l'attention de l'esprit; ils font pressentir que la nature a établi une identité frappante entre la lumière directement émise du soleil et la lumière artificielle que nous dégageons de l'oxigène de l'air atmosphérique, à l'aide des lampes ou des corps combustibles.

La ressemblance des couleurs de la lumière artificielle avec celles des rayons solaires réfléchies par les verres prismatiques, confirme cette identité, et cette analogie doit fixer la pensée.

Il semble que l'auteur de la nature ait dérobé au soleil une partie de sa lumière, pour en faire un des principes constituans de notre atmosphère, et qu'il ait voulu coërcer son éclat et soumettre son émission à la volonté de l'homme et à ses besoins, en la combinant avec l'oxigène par l'attraction.

La lumière, combinée avec l'oxigène de l'air atmosphérique, est réduite à l'état de lumière latente ou invisible; mais nous avons la faculté de la dégager de ses entraves et de lui rendre sa clarté et son expansibilité, An XI. 1. Trimestre.

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en

en présentant à l'oxigène des corps avec lesquels il a plus d'attraction que pour elle; c'est pour cet usage que les corps combustibles ont été créés et nous sont donnés,

ÉCONOMIE PUBLIQUE.

CONSIDÉRATIONS sur les Enfans trouvés, lues à la séance. publique de la Société philotechnique, le 26 floréal an X.

LA France ayant établi sa gloire militaire sur les bases de la paix générale, contemple avec orgueil son territoire et la population qui l'habite. Elle consulte les lois de son agriculture, de sou commerce et de son industrie, quel que soit le siècle ou l'année qui les ait produites, et lear demande compte des abus qui les ont contrariées ou paralysées.

C'est à cette époque, si rare dans l'histoire, que les bons Français doivent s'empresser de faire connaître ce qu'ils savent de l'économie publique dans des tems antérieurs, afin que les bons esprits, chargés de la réorganisation sociale, soient avertis.

C'est au moment où l'on s'occupe sérieusement de l'instruction publique, de la bonne instruction publique, de cette source qui ne doit pas inonder, mais donner à chaque plante sociale la fraicheur qui convient à sa vie et le développement attaché à ses facultés, de cette corne d'Amalthée que la sagesse ne verse pas, mais dans laquelle elle trie les germes du bien, de la paix et de la prospérité publiques pour les confier au sol qui les réclame, c'est alors qu'il faut parler d'une portion intéressante de la société, des enfans trouvés par la pitié, recueillis par la sensibilité, adoptés par la divinité suprême des Français, par la Patrie.

Et dans quel lieu plus propice exposerais-je mes observations sur une matière aussi touchante, que devant un auditoire composé de savans qui n'oublient point que la

première de toutes les sciences est l'art de rendre l'espèce humaine heureuse; d'administrateurs dont le but est d'af faiblir, par la prévoyance, l'action des lois pénales; de magistrats dont l'occupation la plus chère est de ramener l'inconséquence à la raison, les passions au repentir et la jeunesse bouillante et inconsidérée à la moralité et aux charmes des vertus? - De qui serais-je plus complaisamment écouté que de ces mères de famille qui par l'effet de leur tendresse pour leurs propres enfans, les revoient, les entendeut et les plaignent dans tous ceux qui pleurent, qui souffrent, qui sont orphelins; dans tous ceux qui ont le malheur d'avoir été abandonnés par leurs parens ? — C'est la maternité que j'implore, cette déesse domestique, union des ménages, lien des familles, ciment des nations entre elles; qui embouche la trompette des guerres légitimes, qui mène aux combats les défenseurs de la patrie, qui bénit leurs boucliers, qui lave de ses pleurs le sang ou la poussière de ses héros, et qui chante l'hymne des embrassemens des peuples à l'époque de leur réunion.

Je serais bien coupable si, m'arrêtant dans mon enthousiasme, je faisais quelques exceptions. J'appelle ici, comme dans son sanctuaire, et la mère des Gracches et la mère de Coriolan; et la mère d'Henri IV qui chantait dans les douleurs de l'enfantement et la mère de Jean-Jacques qui mourut en mettant au jour cet illustre apôtre de la maternité; toutes celles qui ont allaité leurs enfans ; toutes celles qui ont partagé leur lait entre l'enfant du ménage et l'enfant du dehors! J'invoque enfin, dans tous les cœurs, la mère par excellence, la Nature.

Les enfans délaissés n'ayant d'autre famille que l'Etat, et d'autre appui que les lois, n'appartiennent à aucune division de la société. Les beys de l'Egypte en feraient des mamelucks; de grands instituteurs en feront des citoyens. Instruits du secret de leur naissance, ils apprendront, de bonne heure, à ne compter que sur eux-mêmes, à n'espérer que de leur courage, à ne jouir du repos que par le travail, à n'obtenir de considération que par la vertu.

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