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vailler à point nommé de ruiner leur estomac pour acquérir les pâles-couleurs. Pour faire un corps bien espagnolé, quelles gênes ne souffrent-elles, guindées et senglées avec de grosses coches sur les côtes, jusqu'à la chair vive, quelquefois à en mourir? »

Lorsque la coquetterie se combine avec la vanité et les petites passions qui naissent de l'oisiveté et de la richesse, elle prend alors tous les caractères de l'ambition la plus exclusive, et en pervertissant cette sensibilité vive et profonde qui forme le plus bel attribut de la femme étouffe en elle le germe de ces passions affectueuses et de ces vertus aimables qui servent de base à la félicité domestique et au bonheur de la société.

QUATRIÈME CLASSE. — Les passions comprimantes et concentrées: telles que la tristesse et ses formes variées, l'envie, la jalousie, la crainte, la haine, la défiance.

Le sentiment de ces passions, qui d'ailleurs présentent une foule de nuances et de modifications, consiste dans une compression pénible, dans un resserrement plus ou moins douloureux, et tel que les forces de la vie paraissent abandonner la surface pour se diriger de la circonférence vers le centre (7). L'éducation, la condition. sociale, le tempérament et la nature de la femme sont autant de causes qui disposent aux affections 'que nous comprenons dans cette quatrième classe, et sans la mobilité nerveuse, et l'inconstance de la constitution féminine, la vie entière du sexe, qui est à la fois le plus faible et le plus affectible, serait entièrement occupée par ces passions oppressives. Deux de ces passions, surtout, la défiance et la crainte, sont plus inhérentes au caractère de la femme; et Racine qui avait fait une si profonde étude du cœur humain, nous montre Britannicus confiant au point de ne pas soupçonner Néron et Narcisse, tandis

(7) Dans ces passions le pouls est petit, concentré, profond, irrégulier; il a en partie les caractères de celui qui décèle ordinairement les maladies lentes et organiques des viscères du ventre.

que Junie, également jeune et sans expérience, est livrée aux alarmes et aux plus noirs pressentimens.

« La confiance du jeune prince, dit Louis Racine, est aussi conforme à la nature que la méfiance de la jeune princesse (8).

La dissimulation, qui n'est pas une passion mais une habitude de concentrer et de cacher ses sentimeus, quelle que soit d'ailleurs leur nature, agit comme les passions comprimantes. Ainsi que la crainte et la défiance, elle doit être et se trouve en effet plus inhérente à la nature de la femme et à celle des animaux paisibles et faibles en général, qu'à la nature de l'homme et à celle des autres animaux dont la franchise est le résultat du courage et de la force physique.

Cette différence est une circonstance notable et fait que souvent des passions expansives et agréables, deviennent pour les femmes des sentimens concentrés et pénibles, par la nécessité d'en dissimuler l'expression.

CINQUIÈME CLASSE.-Les passions expansives: l'amour, la tendresse maternelle, la piété filiale, l'amitié et toutes ces passions affectueuses qui sont le charme et le lieu de la société. On comprend aussi dans cette classe plusieurs affections moins circonscrites dans leur objet telles que la religion, la philantropie, le patriotisme, la bienfaisance.

Chacune de ces passions devrait être successivement considérée dans ses rapports avec la nature de la femme.

L'examen de l'amour, considéré sous ce point de vue, présente plusieurs résultats importans. Cette passion est en général le sentiment que les femmes éprouvent avec le plus d'énergie. Elle leur appartient d'une manière toute particulière; elle est en quelque sorte l'ame, le charme, le bonheur et le tourment de leur vie. Chez l'homme, cette même passion est éphémère, en seconde ligne, liée

(8) Vid. un mémoire sur l'imitation des mœurs, dans la poësie, par Racine. Inscr. et belles-lettres, vol. XIII, page 348.

en quelque sorte à l'ardeur de la jeunesse, fugitive. Comme le printems de la vie, elle fait ordinairement place à des passions plus fortes et plus durables.

On peut ajouter à ces réflexions que les femmes ont en amour mille nuances, mille délicatesses que notre sensibilité impétueuse ne counut jamais; que cette passion, qui tient tant de place dans leur existence, qui devient presque toujours l'affaire la plus sérieuse de leur vie commence chez elles d'une manière plus prompte, moins motivée en apparence et plus sympathique.

Rien n'égale peut-être la sensibilité profonde d'une femme véritablement pénétrée d'amour. Une demoiselle de la Chaux, que Diderot a connue et dont il a consacré le souvenir dans ses ouvrages, fut éperduement amoureuse d'un M. Gardeil, petit homme bourru, taciturne et caustique, le visage sec, le teint basané, en tout une figure mince et chétive, laid si un homme peut l'être, avec la physionomie de l'esprit. Après avoir sacrifié à son amour son honneur, sa fortune et sa famille, Mlle de la Chaux, pour soulager son amant dans ses travaux littéraires, apprit l'hébreu, le grec, l'anglais et l'italien, passa des nuits entières à transcrire ou à interprêter des lambeaux d'anciens auteurs, et en se consacrant ainsi à des occupations aussi pénibles, détruisit dans peu d'années ses charmes et sa santé.

Des exemples d'une exaltation de sensibilité aussi marquée et d'un abandon aussi absolu de sa propre existence, ont souvent été donnés par des femmes qu'animait dans toute sa plénitude le sentiment de l'amour.

Les homines n'aiment pas avec autant de continuité et de dévoûment; ils sont plus impétueux, plus violens : les femmes sont plus tendres, plus profondément sensibles. Un amant qui perd sa maîtresse se tue au premier instaut ou se console. Une femme ne se tue pas : elle s'éteint; elle meurt d'un chagrin silencieux et prolongé (9).

(9) Ces différences n'ont pas échappé à l'observation des grands

La tendresse des parens, qui prend le nom d'amour maternel chez les femmes, se manifeste ordinairement avec une force, une expression et une profondeur dont les sentimens de l'homme ne paraissent pas se rappro cher. Cette différence tient évidemment à la manière dont la mère contribue à la reproduction et au déveJoppement de son produit. La piété filiale et les autres vertus domestiques, quoique moins liées avec la nature du sexe, sont plus souvent et mieux éprouvées par les femmes que par les hommes. Il n'en est pas ainsi de l'amitié: « Leur ame, dit Montaigne, ne semble pas assez ferme pour soutenir l'étreinte d'un noeud si pressé et si durable; et certes, sans cela, s'il se pouvait dresser une telle accointance libre ou volontaire, où non-seulement les ames eussent cette entière jouissance, mais encore où les corps eussent part à l'alliance, où l'homme fut engagé tout entier, il est certain que l'amitié en serait plus pleine et plus comble; mais ce sexe, par nul exemple, n'y est encore pu arriver, et par les écoles anciennes en est rejeté. »

En effet, sans adopter entièrement cette opinion un peu trop rigoureuse du célèbre auteur des Essais, on ne peut dissimuler que plusieurs circonstances s'opposent à ce que

pcëtes, ni aux écrivains qui ont considéré l'étude des mœurs dans leurs rapports avec les compositions littéraires. Louis Racine s'exprime ainsi à ce sujet : «Comme les femmes ne sont point distraites par les passions plus sérieuses qui occupent les hommes, elles se livrent entièrement à l'amour, qu'elles savent exprimer avec cette vivacité et cette variété de sentimens qui font l'ornement des ouvrages poëtiques. Virgile semble être glacé quand il fait parler Enée ; il a épuisé tout son feu pour faire parler Didon. Le poëte qui a la réputation d'avoir le mieux connu les ressorts du cœur humain, ne fait jamais mieux jouer ses ressorts que dans le cœur des femmes. Xipharès, Titus, Bazajet sont froids lorsqu'on les compare à Monime, Bérénice, Roxane et Atalide; et auprès d'Hermione, Oreste luimême paraît tranquille. Voyez Mémoires des inscr. et belles-lettres, T. XIH, page 338.

les femmes éprouvent aussi bien que les hommes le sentiment de l'amitié. Leur mobilité extrême, leur imagination ardente ou inconstante, et surtout cette concurrence cruelle et continue, cette uniformité dans l'objet des desirs et des prétentions, sont autant de circonstances qui permettent difficilement aux femmes de se livrer à une véritable amitié, et qui rendent peut-être ce sentiment contraire à leur nature. Du reste quand cette passion généreuse et consolante est éprouvée par une femme, elle est plus délicate, plus tendre, plus caressante et plus aimable, etc., etc. (10).

JURISPRUDENCE.

DE L'EXPERTISE, par J. B. M. JOLLIVET, Conseillerd'Etat. A Paris, chez Goujon fils, imprimeur-libraire, rue Tarane, No 737. An X. - 1802.

CETTE question, très - importante par son application au cadastre et au systême des contributions, est toute neuve. Personne ne l'a encore traitée sous ses vrais rapports avec l'économie publique. La méthode rigoureuse et parfaitement analytique du C. Jollivet, ne permet pas de Tabréger; nous donnerons donc ce morceau, sans y rien changer.

NOTIONS PRELIMINAIRES.

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1. Il semble d'abord que le mode de réglement des intérêts privés, connu sous le nom d'Expertise, n'offre

(10) Cet article est extrait d'un ouvrage actuellement sous presse, et qui a été annoncé dans les précédens numéros de ce journal, sous ce titre: HISTOIRE NATURELLE ET PHILOSOPHIQUE DE LA FEMME, suivie d'un Traité d'hygiène appliqué à son régime physique et moral, aux d'fférentes époques de la vie. Trois vol. in-8°, avec dix gravures en taille-douce. La publication de cet ouvrage, dont quelques circonstances particulières ont retardé l'impression, aura lieu vers la fin du mois de frimaire an XI, chez Duprat, Letellier et compagnie, rue Saint-André-des-Arcs, no 46.

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