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sont des frimats qui tombent sur le toît du Panthéon et qu'un rayon du soleil fast fondre.

Il n'y a que le désoeuvrement, que l'absence d'une profession utile et laborieuse qui mette la plume à la main à tant d'individus si peu faits pour la manier. Ils se font fabricateurs de libelles et de feuilletons, comme des gens sans métier ou sans place se font fabricateurs de fausses monnaies ou voleurs de grands chemins. V. L.

POÉSI E.

TRADUCTION LIBRE

DE LA PREMIÈRE ÉLÉGIE DE TIBULLE.

Divitias alius, etc.

DE la richesse épris qu'un autre entasse l'or;
Qu'il joigue à mille arpens d'autres arpens encor :
Un ennemi voisin jour et nuit l'inquiète;

Il tremble et se réveille au son de la trompette.

Ma médiocrité, voilà tout mon trésor !
Je lui dois mon repos, ma douce insouciance.
Pourvu que le feu brille en mon humble foyer;
Que toujours la prodigue et flatteuse espérance
Du froment le plus pur remplisse mon grenier;
Qu'elle verse, à grands flots, le vin dans mon cellier :
Heureux, j'en crois jouir, et rêve l'abondance.
Je ne dédaigne point les rustiques travaux.
Tantôt, sans les blesser, ma main sure et légère
Enrichit mes pommiers d'une branche étrangère;
Tantôt, j'unis la vigne aux stériles ormeaux;
Quelquefois en mon sein, du vallon solitaire,
Je rapporte un chevreau délaissé par sa mère.
Maniant, tour à tour, la bèche et l'aiguillon,
Je romps la glèbe, ou j'aide à tracer un sillon.
Je révère les Dieux; soit, que sur mon passage,
Un monument orné de fleurs et de gazon,
Soit qu'en un champ désert un tronc miné par l'âge,
A mon culte pieux rappelle leur image.

Chaque année, on me voit, au retour du printems, Offrir un sacrifice aux déités des champs, Consacrer à Palès un tribut de laitage,

Purifier le toit, les brebis, le berger,

Et, quel que soit l'espoir que donne mon verger,
De Pomone, d'avance assurer le partage.

Blonde Cérès ! je veux de tes plus beaux épis,
Suspendre une couronne aux murs de ton parvis.
Armé, dans mes jardins, de sa faulx menaçante,
Que Priape aux oiseaux inspire l'épouvante !
Et vous aussi, gardiens, de mon petit enclos,
Qui le fûtes jadis d'un immense héritage ;
Je vous aurais alors immolé des taureaux,
Dieux Lares! maintenant un seul de mes agneaux
Sera, dans ma détresse, un magnifique hommage.
Qu'il tombe, et qu'aux accens des enfans du village,
Demandant de bons vins et de riches moissons,
Le ciel veuille sur nous verser de nouveaux dons!
Qu'il exauce nos vœux! que sa bonté facile
Accepte notre offrande, et ne dédaigne pas
Ces vases indigens, ces mets peu délicats!
Des premiers laboureurs Fart encor mal habile
En coupes façonna la molle et simple argile.

FUYEZ, loups et voleurs, épargnez mon troupeau!
Pour vous servir de proie, il n'est pas assez beau.

POURRAIS-JE regretter des trésors inutiles,
Les biens de mes aïeux, leurs domaines fertiles?
Une moisson légère à mes besoins suffit:

Il me suffit le soir de retrouver ce lit

Où des travaux du jour réparant la fatigue,
De ses pavots, pour moi, Morphée est si prodigue.
Qu'il est doux, quand au loin mugissent les autans,
La nuit, entre ses bras, de serrer sa compagne,
Ou quand l'humide hiver inonde la campagne,
De s'endormir au bruit de la pluie et des vents!
Que ne puis-je, à mon gré, savourer ces délices!...
Qu'il coure à la fortune arracher ses présens,
Celui qui peut de l'onde affronter les caprices!
Pour moi, content de peu, libre d'ambition,
Il ne me convient point de quitter le rivage.

L'été, pour me sous traire anx ardeurs du Lion,
Je cherche les ruisseaux et l'ombre d'un bocage.
Périssent à jamais l'or et les diamans,

Plutôt qu'à la beauté je cause des alarmes,
Plutôt que mon départ fasse couler ses larmes !

C'EST à vous, Messala, par des faits éclatans,
Sur la terre et les mers, de signaler nos armes,
Et d'orner vos palais d'immortels monumens.
Mais moi, qui dans les fers d'une jeune maitresse,
A sa porte attaché, veille et gémit sans cesse,
Je n'aspirai jamais à la célébrité.

Pourvu qu'on me permette, ô ma chère Délie,
De passer près de toi le reste de ma vie,
Qu'importe qu'on me juge avec sévérité,
Qu'on blâme et ma paresse et mon oisiveté ?
Avec toi, je crains peu le travail le plus rude;
Je puis moi-même au joug atteler les taureaux;
Sur les monts escarpés conduire les troupeaux;
Du plus affreux désert braver la solitude;
Et si le soir enfin je t'enlace en mes bras,
D'un lit dur et grossier, je ne me plaindrai pas.

Sans l'amour, sous un dais brillant d'or et de soie,
Des chagrins dévorans sommes-nous moins la proie?
Le duvet, les tapis, le murmure des eaux,
A l'amant malheureux rendent-ils le repos?
Quel est le cœur d'airain qui pourrait à tes charmes
Préférer les hasards, la guerre et les alarmes;
Dut-il, des ennemis, forçant les bataillons,
Au milieu de leur camp planter ses pavillons;
Dut-il, rayonnant d'or, sur son char de victoire,
Eblouir tous les yeux de l'éclat de sa gloire!

Je veux encor, Délie, en mourant attacher
Sur les yeux attendris ma paupière tremblante;
Je veux presser ta main de ma main défaillante.
Tu pleureras alors, en voyant mon bûcher;
Tu pleureras, ton cœur ne pourra s'en défendre.
Tes larmes, tes baisers rechaufferont ma cendre.
On verra, l'œil en pleurs, l'amant s'en approcher;
L'amante en reviendra plus sensible et plus tendre.
De mes manes surtout ne trouble point la paix !
Frends garde que tes mains n'offensent tes attraits....
Epargue l'or flottant de cette chevelure. ...

DÉLIE, en attendant, profitons des beaux jours!
Des Parques hâtons-nous de prévenir l'injure!
Livrons-nous aux plaisirs, livrons-nous aux amours!
Trop tôt, hélas! viendra l'âge de la sagesse ;
Trop tôt les cheveux blancs et la froide vieillesse
Viendront nous interdire et les ris et les jeux.
En amour, chef habile, et soldat courageux,
Tandis qu'il m'est permis de suivre ses bannières,
Je me plais à forcer les portes, les barrières.

LOIN d'ici les drapeaux, les clairons belliqueux!
Bellone vend toujours ses faveurs meurtrières.
Content de mon destin, je vis exempt de soins,
Au-dessus des trésors, au-dessus des besoins.
KERIVALANT.

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UNE poule couvait; son coq était près d'elle:
Madame, lui dit-il, avant la fin du jour
Vous allez donc offrir à mon heureux amour
Les nobles rejettons d'une tige si belle :
Issu de ces héros fameux

De ces coqs autrefois si vantés dans la Grèce,
J'espère que es fils, imitant mes aïeux
S'honoreront un jour comme eux
Par leur courage et leur adresse;
Il me semble les voir, intrépides guerriers
Dans les cirques anglais signalant leur vaillance
Fixer tous les regards par leur mâle assurance,
Combattre, vaincre et cueillir des lauriers:
Quant à mes filles,

Je veux les allier à d'illustres familles.

A peine achevait-il ce fastueux propos,

Que la poule lui dit: - Vos petits sont éclos;
Rendons grace à la Providence:

Embrassez vos enfans. Alors le coq s'avance;
Hélas! par un de ces hasards,

Ailleurs aussi communs qu'en France,

Ses enfans étaient des canards.

PIERY.

LE CONGÉ ABSOLU.

UN fat, habile au seul jargon d'amour,'
Le menton enfoncé dans sa cravate immense,
Cheveux à la Titus, luisans d'antique essence,
En botte, en pantalon, à la mode du jour,
A Cydalise un matin demandait

Comment avec elle il était ;

Et de ses soins d'un jour voulait la récompense.
Je vous vois, lui dit-elle (excusez-moi, monsieur )
Si je vous parle avec franchise)

Ainsi qu'un bénitier placé dans une église,
Près de la porte et loin du chœur.

GUILLEMARD.

SPECTACLES.

Théâtre Français de la République, rue de la Loi.

ON annonce encore plusieurs débuts. Mlle Georges Veimer, dans l'emploi des reines, est élève de Mlle Raucour: elle débute par le rôle de Clytemnestre. On la dit àgée de seize ou dix-sept ans. C'est au moins avoir devant soi un long espace pour perfectionner son art. On la dit belle; tant mieux ; car au théâtre la première illusion est celle des yeux : mais la jeunesse et la beauté ne sont que les accessoires du talent.

Après Mlle Georges Veimer doit aussi débuter Mile Hordé. Quant aux nouveautés dramatiques, on parle enfin de donner incessamment Ysule, tragédie. Puisse le long sommeil de Melpomène et de Thalie finir par un réveil éclatant !

Théâtre de l'Opéra-Comique, rue Faydeau.

La Boucle de cheveux.

Il n'est personne qui n'ait cru voir sous ce titre, l'élégant badinage de Pope, mis en scène. Les auteurs auraient dû, je

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