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nomme cette note ut ou autrement; il prend le ton, soit d'après la clef, soit d'après les limites observées du chant qu'il va exécuter; il prend le mouvement de la mesure de la manière qui sera dite ci-après; il lit (c'est-à-dire il chante): s'il rencontre des dièses ou des bémols, il sait les entonner; s'il rencontre des bécarres pour détruire l'armure de la clef, il les traite comme bémols quand la clef est armée par dièses, et il les traite comme dièses quand la clef est armée par bémols: il remarque, à l'oreille, les changemens de tons et de mode par le changement de propriété des notes; même il les remarque, s'il y a lieu, avant l'apparition du dièse ou du bémol qui doit les confirmer, et il sait alors que ces signes se trouvent dans les autres parties de l'harmonie. (1) En un mot, on ne s'attend

(1) Quant aux bécarres employés pour détruire les dièses ou les bémols d'une mesure antérieure, et quant aux dièses ou bémols employés pour rentrer dans le ton de la clef d'où quelque bécarre aurait fait sortir, ces signes-là sont d'abord inutiles, puisque les musiciens ont posé pour principe qu'un dièse ou un bémol n'a d'effet que dans la mesure actuelle (encore vaudrait-il mieux que ce ne fût que sur la note actuelle), et n'en saurait avoir sur les mesures ultérieures. En second lieu, ils sont nuisibles à la lecture, puisqu'ils trom

pas qu'il lui soit plus difficile de chanter sur une suite de points noirs écrits que sur une suite imprévue de coups de baguette.

Dès qu'il connaît la destination des touches blanches du piano, l'élève me demande comment on fait les dièses sur cet instrument; je lui réponds que c'est par les touches noires.— Et les bémols, continue-t-il? - Par les touches noires aussi.-Comment! dièses et bémols par les mêmes touches!....-Oui, lui dis-je ; et que · faut-il en conclure?— En conclure, dit-il, que l'instrument est faux; la chose est évidente, car les dièses ne ressemblent point aux bémols. Et pourquoi donc veut-on les faire ressembler? -Ce n'est pas, lui dis-je pour la pureté de l'harmonie, mais c'est, sans doute pour sim

pent le lecteur en l'avertissant de chercher une note qu'il avait sans cela sur les lèvres ou sous les doigts. Par cette double raison ces signes doivent être exclus d'une écriture correcte et régulière, outre qu'ils ne sont pas d'un usage universel; car, il faut le dire, ces signes-là ne sont que de pur caprice, et se sont glissés dans la musique contre toutes les règles. Pourquoi est-on si facile à laisser corrompre la pureté des bons signes, tandis qu'on est si sévère sur la conservation des mauvais ?

plifier le jeu de l'instrument.-Et n'a-t-on pas cherché quelque moyen de rendre l'instrument juste sans en compliquer le jeu? par exemple, puisque par des pédales on pourrait assourdir ou éclaircir les sons, ne pourrait-on pas, par des moyens analogues, faire passer le système des touches noires de l'état de dièses à celui de bémols, et vice versâ ?-C'est ce qu'il faut proposer aux facteurs d'orgues, lui dis-je. Au reste, il se pourrait que ce fût par des moyens analogues qu'on a fait autrefois en Angleterre, et je crois même en France, des pianos à clavier courant, au moyen desquels on pouvait tout exécuter par le doigter naturel, et où, par conséquent, tous les tons étaient justes. Il semble que cette invention devait abréger beaucoup l'étude de cet instrument, puisqu'un seul doigter en remplaçait une quinzaine d'autres. Je ne sais pas au juste pourquoi on l'a abandonnée : peutêtre est-ce parce qu'elle exigeait une connaissance profonde de la musique, au-delà de ce qu'en enseignaient les méthodes alors connues, et de plus une égale facilité à lire toutes les clefs, condition décourageante, quand on n'en apprenait qu'à grand'peine une couple, à quoi on les avait insensiblement toutes réduites pour s'épargner un excès d'ennui. Mais si, par la

méthode que j'expose, on se convainc qu'il est aisé d'apprendre toutes les clefs et le reste en moins d'une année, on sera moins éloigné, peut-être même on sera désireux de voir renaître le piano sous cette forme dont je parle, qui en doit rendre l'étude beaucoup moins longue pour ceux que ma méthode aura préparés à savoir s'en servir.

Enfin, continue-t-il, que fait-on des touches noires? sont-elles toutes dièses, ou toutes bémols, ou partie en bémols et partie en dièses ? laquelle de ces trois choses a lieu?- Peut-être aucune, lui dis-je, car cela dépend du système de l'accordeur : les uns, voulant conserver la justesse des tons les plus voisins d'ut, comme ceux de sol et de fa, de ré et de sib, accordent juste les deux dièses fa et ut, ainsi que les deux bémols si et mi; or, quand viennent les troisièmes tons de ces deux séries, le ton de la d'un côté et le ton de mib de l'autre, le premier demande le sold et le second demande le lab; mais, comme on s'impose la condition de les faire par une seule et même touche, il est clair que le problème est insoluble sous ce point de vue on est donc réduit à choisir; alors on préfère le sold, parce qu'il appartient aussi au mode mineur de la, dans lequel on passe plus

fréquemment que dans le mineur d'ut, qui demanderait le lab. Les choses étant ainsi arrangées, on a donc trois dièses justes et deux bémols, et l'on peut jouer juste en cinq tons majeurs, mais non pas dans tous leurs mineurs relatifs; car il faudrait avoir le réd pour le ton de mi, et le lad pour le ton de si. Somme toute, on est bien à l'étroit entre si peu de tons.

Mais ne voulant pas abandonner encore le système de l'unité des touches noires, et ne pouvant pas réussir dans ce système à rendre tous les tons justes, d'autres ont imaginé de les rendre tous faux. Il est vrai qu'ils ont su présenter leur idée d'une manière assez spécieuse, en faisant envisager le problème comme une petite erreur à répartir sur un grand intervalle, tel qu'est la somme de douze quintes; car, disaient-ils, si l'on accorde juste la suite des quintes en montant depuis l'ut, on arrive en douze quintes au sid, qui ne diffère que trèspeu de l'ut auquel on voudrait qu'il fût égal; donc, si l'on augmente chaque quinte (1) d'une

(1) Je dois relever ici une erreur grossière dans laquelle tombent quelques partisans de ce système, quand ils disent qu'il faut affaiblir les quintes pour aller atteindre l'ut supérieur, sous prétexte que la suite de douze quintes

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