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qui s'y trouvent. A la demande du consul de France, M. de Lagau, Son Altesse a déclaré que tout enfant né d'une mère esclave est libre de plein droit. Aussi peut-on regarder comme prochaine l'extinction totale de l'esclavage dans la régence.

ÉGYPTE.

Les derniers jours de l'année 1845 et le commencement de l'année nouvelle furent remplis par les fêtes données par Mehemet-Ali, à l'occasion du mariage de sa fille avec S. Exc. KiamilPacha. Le vice-roi accorda une amnistie à un grand nombre de détenus. La Porte envoya des présents et un représentant du sultan destiné à le remplacer auprès de Mehemet-Ali.

Le 4 juillet, le prince partit pour un voyage à Constantinople. Le motif de cette visite faite au sultan était, disait-on, l'espoir d'obtenir de Sa Hautesse un firman d'indépendance.

GRICE.

CHAPITRE VII,

Ouverture de la session. Discours royal.

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Nomination du pré-
État du pays.

Discussion de l'adresse..

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sident. Situation politique. - Embarras financiers. Note du cabinet de Londres. - Réclamations de l'Angleterre et de la Russie. — Note du prince Wallerstein. — Exposé du Véritable situation financière. - Succès du ministère Colettis.

budget.

GRÈCE.

L'ouverture de la seconde session parlementaire de la Grèce eut lieu le 22 décembre 1845.

Le discours royal acceptait avec une évidente sincérité le nouveau mouvement constitutionnel qui place la Grèce au rang des peuples affranchis, et lui promet un si riche avenir après les premières et difficiles épreuves de la liberté. « Ce n'est point la tâche d'un seul jour, dit Sa Majesté, que de faire faire ses premiers pas à un gouvernement libre. Cette œuvre exige, de votre part et de la mienne, des efforts énergiques et persévérants. Une observation religieuse de la constitution facilitera cette tâche.

«Au début de cette carrière nouvelle, nous rencontrerons, il ne faut pas nous le dissimuler, quelques obstacles; mais nous parviendrons facilement à les lever, en ne doutant jamais de la sincérité mutuelle de nos intentions. >>

Quelques malentendus avaient fait craindre, à la fin de l'année dernière, que les bonnes relations ne fussent troublées sur la frontière du Nord; mais la sincérité des explications avait bientôt rétabli une confiance réciproque (voyez l'Annuaire précédent, Turquie, p. 337).

L'élection du président à la chambre des députés ne rencontra pas d'obstacles sérieux. M. Rigas Palamidès fut porté par 66 voix, contre 30 à M. Metaxas et 12 à M. Delyannis, candidat de M. Mavrocordatos.

Mais cette élection ne pouvait être considérée comme une démonstration politique. Sans doute, le ministère dirigé par M. Colettis avait la majorité, mais cette majorité n'était pas assez fermement constituée pour que l'avenir de l'administration fût complétement assuré. Des troubles graves menaçaient à chaque instant la propriété et la vie des citoyens. Des désordres regrettables avaient eu lieu en Laconie, et le nom de la France avait été mêlé aux sanglantes représailles des partis.

Que la situation politique s'affermit, sans danger pour la dignité de la France; que le ministère de M. Colettis renonçât à des violences dangereuses, incompatibles avec la marche régulière d'un gouvernement représentatif; qu'il rentrât dans cette voix de modération qu'il avait parcourue avec tant de succès au début de sa carrière, et la majorité dans le parlement, l'opinion publique à l'étranger, l'aideraient franchement à remplir la noble mission qu'il s'est imposée.

Le ministère obtint la majorité dans la commission de l'adresse, composée de quatre ministériels et de trois opposants. Immédiatement après la constitution de son bureau, la chambre des députés nomma plusieurs commissions pour discuter et délibérer sur plusieurs projets de loi d'intérêt public. L'opposition obtint une grande majorité dans la composition de ces commissions diverses. Cet échec engagea le parti ministériel à proposer, à l'exemple de la session dernière, l'adjonction à la commission de l'adresse de quatre députés choisis à la pluralité des voix. Cette proposition fut rejetée comme contrevenant à une disposition expresse du règlement de la chambre.

Dans le projet d'adresse du sénat fut inséré un blâme manifeste contre l'administration de M. Colettis.

La discussion de l'adresse fut terminée le 28 février. Les deux chambres l'avaient votée à une majorité satisfaisante pour le ministère. Ce n'avait pas été, toutefois, sans une vive opposition, et le président de la chambre des députés, M. Rigas Palamidès, avait vivement critiqué la conduite du ministère dans certains points de sa politique intérieure.

Le vote de l'adresse, bien que vigoureusement disputé, donna au ministère de M. Colettis plus de confiance dans son avenir politique, et il en profita pour travailler à assurer la sécurité publique à l'intérieur, améliorer l'état des finances et ouvrir à l'activité de tous de nouveaux moyens de richesse et de prospérité. Sans doute, la tâche était difficile; quoique le jeu des ressorts constitutionnels devint de plus en plus régulier, la situation de la Grèce était loin encore de se consolider et de se raffermir. L'agriculture et l'industrie se développaient lentement; l'avenir était incertain; chaque jour des nuées de brigands faisaient invasion dans les campagnes. Ce n'est pas que le ministère ne s'efforçât de réprimer un pareil état de choses; mais il ne pouvait en un jour changer ces habitudes de pillage contractées par la majeure partie de la population des campagnes pendant quinze ans de guerre civile.

Ces brigandages donnèrent lieu à une note sévère adressée par lord Palmerston à sir Edmond Lyons. Le ministre du gouvernement britannique, dans sa haine aveugle contre le ministère actuel, faisait injustement remonter jusqu'au gouvernement la responsabilité de ces désordres. M. Colettis, dans une réponse ferme et digne, repoussa ces accusations de la manière la plus énergique, et s'étonna qu'un gouvernement portât ainsi atteinte à l'honneur d'un pays dont la dignité et l'indépendance devaient intéresser les puissances qui avaient contribué à son établissement.

Les embarras financiers de la Grèce, et l'impossibilité dans laquelle elle se trouvait de servir les intérêts de la dette qu'elle a contractée envers les trois puissances protectrices, furent pour le gouvernement anglais l'occasion de remontrances plus graves encore.

Une note du cabinet de Londres, adressée au ministère grec dans les derniers jours de l'année 1845, avait témoigné des mauvaises dispositions du gouvernement britannique à l'égard de la Grèce. Cette note avait pour but d'obtenir du gouvernement grec que l'excédant de recettes annoncé au budget fût consacré

au service de l'emprunt garanti par les trois puissances, du moins en ce qui regardait la portion garantie par l'Angleterre. Il y était fait une critique assez violente de la situation intérieure et de la marche de l'administration.

Le cabinet d'Athènes dut répondre par des explications sur des faits qui, dénaturés par l'esprit de parti, avaient été mal jugés par le gouvernement britannique. Tout en rétablissant la vérité sur tous les points, le gouvernement grec accepta la proposition du cabinet de Londres, non pas qu'il la crût de nature à amener un résultat satisfaisant, mais parce qu'il reconnaissait que l'Angleterre, en tant que créancière, avait le droit de fixer le mode de payement, et qu'il voulait prouver sa disposition à tous les sacrifices possibles pour faire honneur à la dette de l'Etat envers les puissances bienfaitrices.

L'opposition s'empara de cette note comme d'une arme. Ses journaux en dénaturèrent le langage, et montrèrent dans cette manifestation le commencement d'une lutte systématique de l'Angleterre contre le ministère Colettis. Elle prédit que bientôt la Russie se joindrait à l'Angleterre dans cette croisade dirigée, selon elle, non pas contre la Grèce, mais contre un chef de parti.

En effet, une nouvelle note du cabinet de Londres fut accompagnée cette fois d'une note semblable du cabinet de SaintPétersbourg. Seule, la France continuait au gouvernement grec une bienveillance honorable pour les deux pays.

Les cabinets de Saint-Pétersbourg et de Londres, quoique ayant accepté la promesse de l'excédant des recettes à compte du service du 1er mars 1846, mais craignant, et non sans motif, que cette promesse ne fût illusoire, sollicitèrent du ministère des garanties à cet égard.

Une note, rédigée sous forme de rapport, et adressée au roi de Bavière par le prince Wallerstein, vint tout à coup surexciter ces craintes, et raviver des haines éteintes. Les dangers de la situation actuelle y étaient peints avec des couleurs exagérées. «La minorité, y disait le prince, devient opposition, et en Grèce, l'opposition se fait moins par les paroles que par le

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