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royale pour chercher à influencer le choix de la reine. Quant à la question du mariage, elle n'existait encore ni pour eux, ni pour la chambre, puisqu'elle n'était pas encore un objet de discussion. En résumé, le gouvernement s'engageait à porter à son temps la question devant les cortès, qui devraient la résoudre.

La majorité se montra satisfaite de ces explications, et plusieurs membres de la minorité accueillirent les paroles du président du conseil avec des témoignages dé la plus formelle approbation.

La discussion de la nouvelle loi électorale proposée par le gouvernement (voyez l'Annuaire précédent, p. 385) commença au congrès le 4 février.

M. Martinez de la Rosa s'attacha à prouver qu'il y avait un grand progrès dans la substitution de l'élection directe à l'élection indirecte. L'élection par districts réunissait, selon lui, tous les avantages : elle était la plus simple, elle exprimait plus clairement la volonté des populations, elle contribuait à mettre en lumière l'opinion publique et à vaincre cette indifférence électorale qui n'était que trop ordinaire.

La discussion des articles commença le 5.

L'article 1er constituait à lui seul toute la loi. Il substituait l'élection par districts ou collèges à l'élection par provinces jusqu'ici en vigueur.

A ce moment, éclata une complication attendue depuis longtemps. Les germes de désunion qui existaient entre quelquesuns des membres de l'administration enfantèrent une crise ministérielle. Le 10 février, le général Narvaez donna sa démission, qui fut acceptée. Les cinq autres ministres refusèrent d'imiter cet exemple, et, forts de la majorité qu'ils avaient obtenue dans les chambres, ils ne voulurent sortir du pouvoir que par une destitution. Le marquis de Miraflores, nommé président du conseil et ministre des affaires étrangères, fut chargé de former une administration nouvelle. Il s'adjoignit les généraux Topete et Roncali pour la marine et pour la guerre; M. Istu

ritz, président du conseil à l'époque de la révolution de la Granja, fut appelé à l'intérieur, MM. Peña-Aguayo aux finances, et Arrazola à la justice.

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Une position spéciale fut faite au général Narvacz. Il fut nommé commandant en chef de l'armée. Le général avait, au reste, constamment dominé la crise. Aussitôt après sa démis sion, la mission avait été donnée par la reine au marquis de Viluma de former un ministère : celui-ci n'avait pu y parvenir Alors le général Narvaez avait été rappelé, et ce n'avait été qué sur son refus d'entrer dans une combinaison nouvelle, que M. le marquis de Miraflorès avait accepté la tâche de re constituer une administration.

Mais la dignité conférée au général entraînerait-elle quel ques attributions réelles, quelque délégation du pouvoir exé cutif? Si cela devait être, quelques-uns exprimaient la craint que les habitudes d'indépendance et de domination, ainsi que la haute influence du général, ne rendissent cette position dan gereuse pour le pays.

Interpellé sur cette nomination, le nouveau ministère ré pondit que le titre de généralissime accordé au général Narvae était purement honorifique, et qu'il ne pourrait s'y rattacher au cune attribution, aucun commandement, si ce n'est dans des cas spéciaux, et en vertu d'un ordre royal contresigne du minis tère de la guerre. Ces réserves ne purent satisfaire le généa Serrano, qui soutint qu'une dignité semblable était contraire aux ordonnances et à toutes les règles de la hierarchie, el qu'elle ne pourrait avoir aucune valeur sans l'approbation des

cortès.

Dans la même journée (16 février) le ministère eut à s'expliquer sur les nécessités de sa formation, et à donner le programme de ses idées politiques et administratives. Sur ie premier point, le général Narvaez déclara qu'il avait donné sa démission parce qu'il n'avait pu s'entendre avec ses collègues. Il est vrai que toutes les questions visibles avaient été résolues d'un commun accord; mais il y avait eu entre lui et ses collè

gues des dissentiments sur lesquels le général refusa de s'expliquer d'une manière plus catégorique.

Quant aux idées de l'administration nouvelle, M. de Miraflorės ne sortit guère des généralités. Il déclara qu'il acceptait les bases du système tributaire, sauf quelques modifications indispensables qu'il ne fit pas connaître. Il annonça l'intention probable du gouvernement de retirer le budget de 1846, pour l'examiner à nouveau, et voir s'il ne serait pas possible de faire quelques réductions aux chapitres des dépenses. Pour la loi relative à la liberté de la presse, il se contenta de déclarer que le projet chercherait à concilier la liberté de la pensée et l'intérêt public.

Cette crise ministérielle amena quelque confusion dans les partis. L'ancienne minorité des conservateurs, réunie sous la -direction de M. Pacheco, renonça à se ranger du côté de l'opposition et s'apprêta à soutenir le ministère Miraflorès. L'ancienne majorité conservatrice, guidée par M. Bravo-Murillo, décida qu'il convenait de voir le gouvernement à l'œuvre avant de lui donner ou de lui refuser son appui.

Le premier soin du nouveau ministère fut la situation financière du pays. Le 23 février, M. Peña-Aguayo communiqua au congrès le budget de l'année. Le ministre avait fait subir au projet de M. Mon des modifications assez importantes : la contribution immobilière était réduite de 50 millions; la contribution dite de consumos était fixée à 150 millions; l'impôt sur les loyers était complétement supprimé; le droit d'hypothèque avait subi une réduction considérable; enfin, les contributions étaient divisées en nouvelles catégories qui rendaient la perception de l'impôt plus facile et plus équitable. Ces diminutions représentaient une somme de 76 millions, et pour combler ce vide, une somme égale était supprimée au budget des dépenses.

L'une des parties les plus importantes du nouveau budget était celle qui traitait de la dette publique. Les cortès avaient donné au ministère Narvaez l'autorisation de régler cette dette sous sa responsabilité. M. Peña-Aguayo déclara que l'adminis

tration actuelle renonçait à cette autorisation, et qu'elle n'entendait rien faire à cet égard qu'avec le concours des chambres et par une loi publiquement discutée. Le ministère demandait, en outre, à ètre autorisé à appliquer les sommes destinées à la caisse d'amortissement et celles que pourraient laisser disponibles les dépenses de l'État au payement des coupons échus du 3 et du 5 pour 100.

Le nouveau budget ne devant commencer à être en vigueur qu'à partir du 1er juillet. le ministère demandait l'autorisation de percevoir jusqu'à cette époque les contributions conformément au budget de 1845.

Mais le ministère Miraflorès ne vécut pas assez longtemps pour donner suite à ces projets. Le 13 mars, une crise nouvelle commença sous l'influence toute puissante du général Narvaez. Il fallait enfin reconnaître qu'une cause de dissension jusqu'ici tenue dans l'ombre avait existé entre les administrations différentes qui s'étaient succédé et le général Narvaez. Si des divisions personnelles avaient rendu difficile la coexistence du général et celle de M. Mon dans un même ministère, des causes bien plus graves et toutes personnelles au général devaient rendre impossible la durée d'un cabinet dont il ferait partie ou qu'il dominerait du haut de sa position.

L'éventualité d'un mariage entre la reine Isabelle et le comte de Trapani, frère du roi de Naples et de la reine Christine, n'était pas le moindre des obstacles à l'établissement d'un gouvernement calme et régulier. Déjà, pendant le ministère Narvaez, les collègues du général avaient paru craindre que le chef du cabinet ne travaillåt, à leur insu, à conclure une alliance semblable sans l'aveu de la nation, et à exposer ainsi la couronne et le pays aux complications les plus dangereuses. Une démarche de plusieurs députés qui se réunirent pour signer une protestation publique contre ce mariage, démarche qui, malgré son inconstitutionnalité, fut approuvée par les collègues du général Narvaez, avait été le véritable motif de la dissolution ministérielle du 10 février.

Aujourd'hui ces causes latentes agissaient encore contre le ministère Miraflorès. Mais ces crises, dont on ne pouvait expliquer la cause réelle, atteignaient profondément la sincérité du gouvernement représentatif. Le pouvoir parlementaire vit dans la retraite du cabinet une insulte à ses prérogatives, et, le 16 mars, le congrès fut convoqué pour s'occuper de la crise.

La séance fut une des plus orageuses qui aient jamais marqué dans l'histoire parlementaire de l'Espagne. M. Egaña interpella les secrétaires de la chambre, et les accusa d'avoir, par une convocation illégale, tenté une intervention illégitime dans des affaires qui ne regardaient que la couronne. Le général Pezuela adressa, dans ce sens, des paroles injurieuses au président. M. Egaña et quelques-uns de ses amis se retirèrent de la séance pour n'être pas, disaient-ils, complices du scandale qui allait s'y commettre, et le général Pezuela dut quitter la séance pour n'être pas arrêté par les huissiers, à qui M. Castro y Orozco venait de donner l'ordre de le faire.

Alors M. Posada Herrera proposa à la chambre de déclarer qu'elle approuvait la conduite de son président. La prise en considération de cette proposition fut adoptée à la majorité de 111 voix contre 26: après quoi la discussion s'engagea sur la légitimité de la convocation et de l'intervention parlementaire dans la crise ministérielle. Pour la première fois depuis l'établissement en Espagne du gouvernement représentatif. le vote ent lieu au scrutin secret; 111 voix contre 41 approuvèrent la convocation.

La chambre aborda enfin la véritable question, celle de la crise ministérielle. Aux interpellations qui lui furent adressées à ce sujet par M. Gonzalez-Romero, M. le marquis de Miraflorès répondit, premièrement, que la reine n'avait donné au ministère aucun motif de croire qu'il eût perdu sa confiance; secondement, qu'il régnait entre les membres du cabinet l'union la plus parfaite; troisièmement, qu'il comptait toujours sur la bienveillance du congrès. Par conséquent, aucun fait ne lui semblait menacer l'existence du gouvernement.

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