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latine, qui disciplinam ejus libenter accipientes, au lieu, dis-je, de répondre sur ce point important, il soutient que l'ancienne langue albanienne ressemblait à l'arménien, chose que j'avais déclarée assez indifférente dans cette discussion, et il cite, en faveur de son opinion, le témoignage de Ciamcian (Hist. d'Arm. t. I. p. 496), dont l'autorité est, en pareil cas, aussi concluante que celle de M. C., puisque cet auteur vit encore à Constantinople.

peu

C'est encore sur le compte de son imprimeur que notre professeur rejette une faute que j'ai relevée, p. 310, en disant : « Je n'imagine pas où l'auteur a » trouvé que jamais en arménien le mot fun ait » eu le sens de délire ». J'ai supposé, pour l'expliquer, qu'il avait cru le dictionnaire du P. Avker fautif en cet endroit, et qu'il fallait y lire délire au lieu de délivre, ce qui' suppose aussi peu l'habitude du français que de l'armenien. En faisant cette remarque, je savais quelle serait la réponse de M. C.; il est curieux de voir toutes les lamentations ́touchantes qu'il fait à cette occasion : malgré tout cela, son excuse n'est pas recevable, son erreur ne peut être attribuée à l'imprimeur, et ce n'était pas ici le cas de faire un errata, car le mot fun ne signifie pas plus délire que délivre; pour qu'il ait ce dernier sens, il faut y joindre quaj, et alors il ne peut être cité comme exemple du sens de un au singulier. Son imprimeur ne pouvait faire cette faute; elle doit

venir d'un Arménien qui ne sait pas l'arménien.

Je n'insiste pas davantage sur le reste de cette brochure qui ne présente rien d'important; pourquoi irai-je chercher à prouver à M. C. que les Arméniens n'ont pas d'article, et que les particules qu'il lui plaît d'appeler ainsi, sont de véritables prépositions destinées à marquer les cas? Ces prétendus articles et les prépositions elles-mêmes sont appelées en Arménien de la même façon fuqhp; s'il en veut une preuve, il la trouvera dans le dictionnaire qu'il aime à citer; il y verra funt préposition, particule mise devant les mots pour marquer les cas. Ce sont les expressions mêmes dont je me suis servi; si M. C. les avait vues, il n'aurait sans doute pas dit, p. 19, « avant de quitter ce point de chicane, où son auteur s'exprime en ré» gent de collége, je ne puis m'empêcher de le pré» venir que les expressions de particule ou de préposi» tion, dont il s'est servi en parlant des articles, prou>> vent qu'il ne connaît pas même les termes techni» ques de la grammaire, et qu'il est absolument étran »ger à la théorie et à la pratique du langage sur lequel il prétend dicter des règles et donner des leçons ».

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Je ne sais si ce singulier docteur, qui donne des avis avec tant de modestie, a jamais été à l'école ; à coup sûr, il ne fait pas honneur à son maître, et il ferait bien d'y retourner encore, plutôt que de donner des leçons aux autres. Je crois en avoir dit assez pour faire voir combien sont vaines et futiles les réponses

de M. C., sans préjudice cependant des observations que je dois encore donner sur sa grammaire: si j'avais eu à parler à des Arméniens, je n'aurais pas été aussi long, je n'aurais pas eu besoin de leur prouver que M. C. n'a jamais étudié notre langue, il suffit de l'entendre parler pour en être convaincu; il serait bien embarrassé s'il était obligé de nous dire avec vérité, quand, comment et avec qui il a étudié, quel grade littéraire il a obtenu. Quarante ans de travaux, les nombreux ouvrages que j'ai publiés, l'estime qu'ils ont obtenu chez les Arméniens, le titre éminent de Vartabied, plus élevé et moins commun que celui de docteur chez les Européens, me donnent le droit d'avoir une opinion sur un objet qui intéresse l'honneur de ma nation. Je ne fais qu'user du droit qui appartient à tout le monde de dire et de publier son opinion sur des ouvrages imprimés. Personne ne prétend ravir à M. C. le titre de professeur, comme il affecte de le craindre pour se rendre intéressant. Il pourrait se défendre sans recourir à une aussi infàme calomnie, bien digne de ceux qui ont pu l'imaginer et la mettre dans sa brochure; il n'a rien à redouter de mes critiques; qu'il se console, jamais on n'a tourmenté un auteur pour de mauvais livres : je ne demande rien à la France, et tous mes amis savent que je suis venu à Paris pour lire les manuscrits arméniens de la Bibliothèque du Roi, dont j'ai rédigé pour mon usage un catalogue raisonné, et non pour me faire professeur. ZONRAB, Docteur arménien.

NOUVELLES.

SOCIÉTÉ ASIATIQUE.

Séance du 1er septembre 1823.

Les personnes dont les noms suivent sont présentées et admises comme membres de la Société;

MM. BEAUFORT (Eugène de), attaché à la marine royale. COLLOT, directeur de la Monnaie.

DIDELOT DE LA FERTÉ.

L'abbé LANCI (Michel-Ange), professeur d'arabe au collége de la Sapience à Rome.

Une lettre de M. Kosegarten, professeur à l'université d'Iéna, annonce le prochain envoi de la traduction d'un Voyage fait par un Arabe dans l'ile de Ceylan, au quator

zième siècle.

M. Klaproth lit ensuite un mémoire sur les Khazars, inséré dans ce cahier, et M. Stanislas Julien communique un fragment de sa traduction de l'ouvrage chinois de MengTseu.

M. Langlès a bien voulu nous faire parvenir, pour la Bibliothèque de la Société, le Specimen du double caractère arabe qui a été gravé et fondu sous sa direction par M. Molé jeune. On sait ce que la typographie orientale devait déjà au zèle actif et éclairé de M. Langlès: c'est lui qui, dès 1787, a le premier fait graver un corps de mandchou, caractère jusqu'alors presque inconnu en Europe. Il y a joint depuis un autre corps plus petit et plus élégant encore que le premier, et il a fait exécuter, d'après les plus beaux livres du Cabinet des manuscrits, des poin

çons bengalis, ouïgours et mongols qu'il serait à désirer de voir completter et mettre en œuvre. En offrant à un artiste habile les modèles d'un caractère arabe correspondant à notre Saint-Augustin, et d'un autre analogue au Petit-Romain, M. Langlès a voulu que ces deux caractères pussent servir à imprimer aussi le persan, le turk, l'hindoustani, le malais et le pouschto ou idiôme des Afghans; et il a fait graver ou frapper tous les signes particuliers à ces diverses langues, de manière à réunir dans une même casse les élémens de l'écriture des six peuples qui font usage de l'alphabet arabe. Le style d'écriture qu'il a adopté, et qu'il nomme Nestaalik, est une sorte de Neskhi, qui comporte un plus haut degré de liberté et d'élégance que le caractère ordinaire. Personne n'ignore les difficultés qu'on rencontre en voulant assujétir les formes variables et les combinaisons multipliées de la calligraphie arabe aux procédés réguliers de notre typographie. M. Langlès n'a pu les surmonter entièrement qu'en portant à 175 le nombre des poinçons, et à plus de 300 celui des cassetins où plombs. On doit savoir à M. Langlès d'autant plus de gré de l'achèvement de cette belle entreprise, que les avantages n'en sont pas concentrés dans une seule imprimerie, et que cette nouvelle richesse typographique entrera effectivement en circulation. Déjà nous nous sommes empressés de nous procurer une fonte de ce nouveau caractère, et les rédacteurs de ce journal croient exprimer un sentiment commun à tous les amis de la littérature orientale, en remerciant M. Langlès de leur avoir procuré un secours qui leur manquait, et au moyen duquel la Société pourra publier plus facilement des ouvrages utiles, et donner plus d'importance et de développement aux discussions littéraires dont son Journal s'enrichira chaque jour de plus en plus.

A. R.

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