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Une armée de Hioung-nou ( Turcs) très-considérable vint faire une invasion dans le royaume de Khotan. Le roi de ce pays n'avait par de forces suffisantes pour s'opposer à l'ennemi. Il fit donc préparer un sacrifice aux rats du désert, et les supplia d'être ses auxiliaires. La même nuit il vit en songe un gros rat qui lui dit : « Vous avez réclamé notre secours ; >> disposez vos troupes pour livrer bataille demain >> matin, et vous serez vainqueur. » Le lendemain, le roi attaqua à l'improviste les Hioung-nou. Ceux-ci surpris voulurent monter à cheval et endosser leurs armures; mais il se trouva que les harnois de leurs chevaux, les habits des soldats, les cordes des arcs, les courroies de leurs cuirasses, tout ce qui était fait d'étoffe ou de fil, avait été entièrement rongé et mis en pièces par les rats. Ainsi, privés de tout moyen de défense, ils tombèrent sous les coups de leurs ennemis. Leur général fut tué, et l'armée entière faite prisonnière. Le roi de Khotan voulut témoigner aux rats sa reconnaissance pour un service si important : il construisit un temple, fit des sacrifices, et depuis ce tems on n'a cessé d'y faire des offrandes. Voilà l'extrait du récit asiatique, entendons à présent celui des Égyptiens, rapporté par Hérodote (II. 141).

« A la mort d'Anysis, un prêtre de Vulcain, nommé Sethos, lui succéda. Ce roi négligea beaucoup l'ordre des guerriers..... Lorsque peu de tems après, une armée nombreuse, commandée par Sannacharib, roi des Assyriens et des Arabes, vint attaquer l'Égypte, aucun des guerriers égyptiens ne voulut marcher. Le

prêtre-roi, inquiet de ce refus, et incertain du parti qu'il devait prendre, entra dans le temple de Vulcain, et vint déplorer aux pieds de la statue du dieu, les malheurs qui le menaçaient. Pendant qu'il exhalait ses plaintes, le sommeil s'empara de ses sens, et il lui parut voir en songe le dieu debout, près de lui, qui le rassurait, et lui promettait qu'avec le secours qu'il allait recevoir il n'aurait rien à craindre de l'armée arabe. Le roi se confiant à cette vision, rassembla tous ceux qui consentirent à le suivre, il marcha vers Peluse, qui est le point par lequel on peut pénétrer en Egypte, n'ayant avec lui aucun soldat, mais seulement un ramas de marchands, d'artisans, et de journaliers. Il était à peine arrivé, qu'un nombre infini de rats champêtres se répandit dans le camp ennemi, et, pendant le cours d'une seule nuit, rongea si bien les cordes des arcs, les carquois, et jusque aux attaches des boucliers, que l'armée, privée de toute espèce d'armes, fut contrainte de prendre la fuite le lendemain. Poursuivie par les Égyptiens elle perdit beaucoup de monde. En mémoire de cet événement, on voit dans le temple de Vulcain une statue de pierre qui représente Sethos tenant dans sa main un rat, avec cette inscription : « En me voyant, apprenez à révérer les dieux. »

Pendant mon séjour à Irkoutsk en 1806, on reçut un rapport du commandant d'Okhotsk, qui portait qu'une troupe innombrable de rats, ayant traversé la mer, était venue manger non seulement tout ce qui se trouvait dans les magasins du gouvernement, mais

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les magasins eux-mêmes. Il paraît cependant que dans cette circonstance les rats n'étaient pas des alliés, mais qu'ils furent aidés dans leur entreprise contre les magasins.

La seconde partie de l'ouvrage de M. Abel-Rémusat est une dissertation très-savante sur la pierre de Yu des Chinois, appelé kach ou gach par les peuples turcs et mongols. C'est le yechem, yeseb ou yechef des Persans et des Arabes, et le jaspis des anciens. L'auteur a recueilli, avec beaucoup de soin, tout ce qu'il était possible de trouver sur cette production des hautes montagnes de l'intérieur de l'Asie. Il démontre avec une rare sagacité, qu'elle ne pouvait être la matière des précieux vases murrhins, et que ceux-ci devaient être du spath-fluor (fluate de chaux). Nous adoptons volontiers cette opinion qui nous paraît réunir en sa faveur le plus grand nombre de probabilités désirables. Nous remarquons en même tems, que ceux qui ont cru que les vases murrhins étaient de la porcelaine chinoise ignoraient, vraisemblablement, que l'invention de la porcelaine est d'une époque postérieure à celle où l'on fesait usage des vases murrhins à Rome; puisque cette invention ne date que du quatrième siècle de notre ère..

KLAPROTH.

NOUVELLES.

SOCIÉTÉ ASIATIQUE.

Séance du 3 Novembre 1823.

Les personnes, dont les noms suivent, sont présentées et admises comme membres de la Société :

MM. Le Chevalier BERNARDINI, ancien officier-supérieur de la marine et géographe.

Le Comte DE BRAY, ministre plénipotentiaire, en-
voyé extraordinaire de S. M. le roi de Bavière.
Le Comte DE CLARAC, conservateur du Musée.
CELSNER, conseiller de légation de S. M. le roi de
Prusse.

Le Comte DE PILLE, lieutenant-général.

Le Chevalier QUINQUE.

Le Révérend Marck WILKS.

Un membre fait observer que le nombre des associés correspondans s'est considérablement accru depuis l'établissement de la Société; qu'il comprend maintenant la plupart des personnes qui cultivent avec succès, hors de France, quelques parties du domaine de la littérature orientale, et qu'il est à désirer que, conformément à ce qui s'observe dans les autres sociétés savantes en France et à l'étranger, le conseil ne confère à l'avenir le titre d'associé correspondant qu'à des personnes qui auraient formellement marqué le désir de l'obtenir; et qui, par des ouvrages utiles, ou par des services rendus à la littérature

asiatique, mériteraient qu'il leur fût accordé. En eonséquence, il propose d'adopter un article destiné à modifier la partie du réglement relative à la nomination des associés correspondans, en tant qu'elle dépend du conseil. Cet article est ainsi conçu :

<< Les associés correspondans sont nommés par le conseil, sur une présentation faite par deux de ses membres. L'examen des titres de la personne proposée est renvoyé à une commission de trois membres, non compris ceux du bureau, laquelle, dans une séance subséquente, fait un rapport sur les travaux littéraires du récipiendaire, et les services qu'il a rendus ou qu'il peut rendre aux lettres orientales. >>

Les conclusions de ce rapport sont mises en délibération dans le conseil qui prononce l'adoption ou le rejet de la proposition.

La proposition est appuyée par plusieurs membres. L'article, qui en est l'objet, est soumis à la délibération, mis aux voix et adopté.

M. le comte de Lasteyrie annonce que, dans la vue d'augmenter l'utilité de la traduction de Mencius, faite par M. Stanislas Julien, et dont l'impression a été arrêtée dans la séance du 4 août dernier, il a fait lithographier et imprimer à ses frais le texte même de cet auteur chinois, dans le but de contribuer à répandre et à faciliter l'étude de la langue chinoise.

Il propose au conseil d'arrêter que le texte et la traduction seront vendus ensemble, et que la traduction sera vendue au prix coûtant aux membres de la Société qui voudront l'acquérir, conformément aux réglemens; en s'engageant lui-même à leur donner le texte au prix réduit, tel qu'il sera fixé pour les libraires. Cette proposition est agréée par le conseil, dont plusieurs membres expri

« FöregåendeFortsätt »