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bibliothèques populaires. Les cours d'adultes. - L'économie politique.

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Depuis quinze ans, l'instruction primaire a préoccupé beaucoup, et à des titres divers, le gouvernement impérial. Dans le principe, on se défiait des écoles normales et des instituteurs les souvenirs de 1848 et l'esprit de la loi de 1850 planaient sur la politique. Celle-ci décapitait l'enseignement primaire en supprimant le degré supérieur, sans organiser l'enseignement professionnel dont elle posait le principe. Elle augmentait le nombre des centimes obligatoires auxquels devaient s'imposer les communes; mais elle soumettait trop étroitement les instituteurs au contrôle du curé, et elle abaissait le niveau de leurs examens. Le décret du 9 mars 1852 confia leur nomination aux recteurs départementaux, « les conseils municipaux entendus. » La loi du 14 juin 1854, en transférant, sur le chapitre de l'instruction primaire, à un conseil départemental, les fonctions du conseil académique et les pouvoirs du recteur aux préfets, mit directement les instituteurs sous la main de ces der

niers, qui, exerçant des fonctions essentiellement politiques peuvent se laisser conduire trop souvent, dans les choix qu'ils font comme dans la direction qu'ils donnent, par les préoccupations qui leur sont le plus familières. On peut dire que la condition légale des instituteurs publics, violemment agitée en 1848, n'a pas encore, à cet égard, retrouvé son parfait équilibre1.

Cependant un autre sentiment a dominé. On avait reconnu et on a proclamé hautement la nécessité de l'instruction populaire dans un état démocratique. L'instruction jouit aujourd'hui d'une faveur que la politique conseillait autant que la morale, et qui s'est particulièrement manifestée depuis l'époque des grandes réformes économiques.

Les derniers préjugés se débattaient encore en 1848 contre l'évidence du bienfait de l'instruction répandue dans le peuple. On disait que l'instruction faisait naître des désirs disproportionnés à la condition du pauvre et engendrait le crime c'était une calomnie. Nous y avons déjà répondu. A mesure que l'instruction se répandait, le nombre des gens lettrés augmentait parmi les accusés de la cour d'assises et de la police correctionnelle: il était impossible qu'il en fût autrement. Mais dans quelle proportion figuraient-ils ? Dans une proportion toujours décroissante. Loin d'appeler le crime, l'instruction le répoussait et le reléguait de plus en plus dans les classes les plus ignorantes; celles-ci, en effet, qui forment aujourd'hui moins du tiers de notre population, fournissent, à elles seules, plus de la moitié des accusés.

S'il est certains crimes dont le nombre augmente dans notre société, on peut quelquefois en demander compte aux

1. Un amendement ayant pour objet de faire changer ce mode de nomination et soutenu par MM. J. Favre, J. Simon, le marquis d'Andelarre, a été proposé au Corps lég. dans la séance du 9 mars 1867. Il n'a réuni que 60 voix. 2. Sur 10 000 hommes, âgés de 21 à 40 ans, on en comptait, en 1828, 3518 sachant au moins lire; en 1846, 5331, et 7000 environ en 1860. Or, sur 10000 accusés, on en comptait .4519 sachant lire, en 1828; 5335, en 1846, 5500, en 1860. (Voir plus haut, p. 158.) De 1861 à 1865, sur 22 752 accusés de cour d'assises, 8998 (39 p. 100) étaient complétement illettrés et 9761 (42 p. 100) ne savaient qu'imparfaitement lire et écrire. Sur les 108 condamnés à mort de la même période, 50 étaient complétement illettrés.

excitations de la débauche ou aux mauvaises passions que fait naître le spectacle de la richesse, jamais au développement de l'instruction.

D'autre part, on se plaignait que la loi de 1833 n'eût pas porté tous les fruits qu'on en espérait, et que la génération qui, en 1848, arrivait à l'âge d'homme fût encore très-ignorante1. Il était légitime de désirer le mieux, injuste d'accuser: les conscrits de 1847 avaient quitté les écoles au moment même où elles commençaient à s'organiser. Aujourd'hui, on peut mieux mesurer la route parcourue. En 1827, 420 conscrits sur 1000 savaient lire ou lire et écrire ; 580 étaient complétement illettrés; en 1863, 274 seulement étaient illettrés; presque tous les autres savaient lire et écrire, quelques-uns seulement s'arrêtaient à la lecture. Même proportion à peu près dans les fabriques; sur 2586 ouvriers et ouvrières employés à la filature, au tissage et à l'impression dans la maison Dollfus-Mieg et C, de Mulhouse, il y en avait seulement 656 ou le quart d'illettrés, et 1713, c'est-à-dire plus des deux tiers savaient lire et écrire. Les femmes sont pourtant moins bien partagées que les hommes; M. Passy faisait remarquer récemment que, dans la génération élevée sous le bénéfice de la loi de 1833, plus de la moitié des jeunes mariées déclaraient ne pouvoir signer, et, bien que le nombre ait

1. En 1848, sur 100 jeunes gens appelés par la loi du recrutement, 36 étaient entièrement illettrés.

2. Sur 1000 jeunes gens de la classe de 1863, il y avait :

Ne sachant ni lire ni écrire.....

Sachant lire seulement..

Sachant lire et écrire...

Dont on n'a pu vérifier l'instruction.....

274

282

670

25

Le calcul, fait après le tirage et portant seulement sur les jeunes gens compris dans le contingent, ne donnait qu'une proportion de 254 illettrés; c'est qu'il y a des jeunes gens qui déclarent ne savoir rien, croyant par là échapper plus facilement au service.

3.

Ne sachant ni lire ni écrire.

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262

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69

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Voir le coton, par M. L. Reybaud, pièces justificatives, A.

quelque peu diminué, celui des femmes reste supérieur à celui des hommes 1.

L'instruction était-elle plus avancée autrefois ? En pareille matière, on peut dire que nous sortons à peine de la barbarie; si l'ignorance, combattue par la civilisation, se défend encore, c'est moins dans les villes manufacturières qu'au fond des campagnes, qui conservent le cachet des temps anciens 2.

Le nombre des établissements affectés à l'instruction primaire, écoles, publiques ou privées, de filles et de garçons, était de 63028 en 1848, et leur population comprenait 3 530 135 enfants; au 1er janvier 1866, le nombre s'était élevé à 69 696 et la population à 4442421 enfants *: différence, environ 25 p. 100. Six cent quatre-vingt-quatorze communes étaient encore dépourvues d'écoles; mais c'étaient de petites communes. La statistisque est sujette, comme

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2. Une statistique, recueillie au commencement de 1866 par les préfets, d'après les contingents du recrutement, classe les départements en cinq catégories dans la première, sont ceux où le nombre des illettrés était audessous du vingtième du contingent. Ce sont huit départements de l'est, région de filatures, de tissages, de broderies et de forges; dans la seconde catégorie, qui comprend 11 départements, sont : Seine, Seine-et-Oise, HautRhin, Marne; au contraire, la cinquième catégorie, celle des départements où le nombre des illettrés dépassait le tiers ou la moitié, comprend les régions agricoles de la Bretagne, du Poitou (moins les Deux-Sèvres), du centre de la France, quelques parties des Pyrénées et les Alpes-Maritimes. La moyenne générale des illettrés était de 25,73, en 1865, de 24,32, en 1866 la décroissance continue.

3. Sans compter 15 211 enfants dans les ouvroirs et écoles d'apprentis. Rapp. du comte de Salvandy.

4. 1° 38 629 écoles publiques de garçons ou mixtes, avec 2 424 454 élèves.

2° 14 721 écoles de filles avec 1 053 888 élèves. 3° 3289 écoles libres de garçons et 13057 écoles libres de filles, avec 964 079 élèves.

5. 36 854 communes avaient des écoles. Les départements les plus mal partagés à cet égard sont la Haute-Garonne, qui avait en 1864, 104 communes dépourvues de tout moyen d'enseignement; la Dordogne, 58; l'Eure, 57; la Charente, 45; l'Aude, 45; les Pyrénées-Orientales, 45. Quelques-uns de ces départements, l'Eure entre autres, sont loin d'être dans les derniers rangs sous le rapport du développement intellectuel; mais ils renferment un grand nombre de très-petites communes dont les enfants vont en général à l'école du village voisin.

toute chose humaine, à des infirmités et à des excès de zèle1. Aux quatre millions et demi d'enfants enregistrés, il faut ajouter ceux qui reçoivent l'instruction primaire dans leur famille, ou dans des établissements d'instruction secondaire'; or comme la génération des écoles, c'est-à-dire les enfants de 7 à 13 ans, ne dépasse pas 4 millions, il est évìdent qu'on ne saurait aujourd'hui constater qu'un nombre fort restreint d'enfants échappant entièrement à l'instruction primaire.

Le service des écoles communales est partagé entre les instituteurs et institutrices laïques et les communautés religieuses; les premiers dominent dans les écoles de garçons, les secondes dans les écoles de filles3. Dans les écoles de garçons, la plupart sont munis du brevet de capacité"; mais il en est autrement dans les écoles de filles, où la majorité des institutrices est simplement pourvue de la lettre d'obédience. C'est une condition fâcheuse pour l'enseignement. Ce brevet pourrait n'être exigible de personne dans une école privée. Mais il faut tendre à en faire promptement une

1. Toutes les statistiques de l'instruction primaire, ont dû, pour les mêmes causes, subir, à toutes les époques, l'influence de ces excès de zèle (Voir t. II. p. 108). Mais l'exagération apparaît manifestement lorsque les écoles sont en réalité près de renfermer toute la jeune génération. Voir sur ces statistiques les observations de M. Fayet. Journ. de soc. de statist., juillet 1866. Les chiffres donnés dans l'Exposé de la situation de l'Empire (Mon. du 17 fév. 1867, p. 154, col. 4), et dans le rapport à l'Empereur (Mon. du 21 fév. 1867), ne concordent pas tous.

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2. Le rapport à l'Empereur (20 fév. 1867) en évalue le nombre à 250 000. 3. En 1863, il y avait 35 348 écoles publiques de garçons, dirigées par des laïques (dont les 17 683 mixtes), et 3038 par des congréganistes, 5998 écoles publiques de filles, dirigées par des laïques, et 8061 par des congréganistes. Les écoles congréganistes semblent rechercher particulièrement la population des grandes villes et des fabriques. Ainsi elles sont en très-grande majorité dans la Seine-Inférieure, dans la Somme, dans la Loire. A Paris (document de 1865) il y avait 65 écoles de garçons laïques et 53 congréganistes, 59 écoles de filles laïques et 59 congréganistes. 4. 39 666 instituteurs avaient le brevet de capacité; 886 exerçaient avec une lettre d'obédience et 874 avec autorisation provisoire délivrée par le préfet (renseignements de 1862).

5. 12 114 institutrices étaient munies du brevet de capacité; 12 335 exerçaient avec une lettre d'obédience et 1443 avec autorisation provisoire (renseignements de 1862). Un amendement ayant pour objet d'ôter à la lettre d'obédience le privilége de tenir lieu de brevet de capacité, et pré

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