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ble sur la vie du professeur; dès-lors, la géologie devint l'objet spécial de ses recherches, quoiqu'il se fût livré de préférence, jusqu'à ce moment, à la science la plus exacte, et par conséquent la plus opposée à celle-là.

Peu de tems après l'assoupissement de l'affaire de Hutton, le professeur Playfair, s'embarqua dans une nouvelle controverse, et cette fois encore pour défendre un ami intime. M. Leslie, homme d'un grand mérite, à qui le monde savant est redevable de quelques découvertes importantes dans la chimie et dans la philosophie naturelle, avait été proposé pour la chaire de mathématiques, en remplacement de M. Playfair, lorsque celui-ci succédait à Robinson dans celle de philosophie naturelle. Les magistrats d'Édimbourg approuvèrent le choix, et la nomination était presque arrêtée, quand le clergé de cette ville accusa M. Leslie d'avoir, dans ses cours, fait usage d'expressions qui décélaient une tendance au matérialisme ou à l'athéisme; et, s'adressant à la conscience des magistrats, le clergé demandait si l'éducation de la jeunesse devait être confiée à un tel candidat.

M. Playfair, ne voyant dans cette imputation qu'une accusation calomnieuse, embrassa avec ardeur la cause de son ami, la défendit avec son habileté ordinaire, déconcerta la cabale des faux dévots, indiqua le motif réel de leur zèle hypocrite; et, après de longues contestations, la victoire se décida en faveur de la vérité: M. Leslie fut nommé professeur, place qu'il remplit fort honorablement, et à la satisfaction de son aud.toire.

Aucun homme n'était, de son naturel, moins disposé à ces espèces de controverses, que le professeur Playfair; mais, dans ces deux circonstances, il fut en

traîné par l'amitié; il ne suivit que la noble impulsion de son cœur, en sacrifiant son intérêt personnel et toute considération étrangère à l'honneur ou à la déli

catesse.

Le professeur Playfair avait débuté, comme auteur, en 1796, par ses Élémens de géométrie, ouvrage très estimé, qui fut suivi d'une nouvelle édition d'Euclide, qui n'est pas inférieure à celle de Simpson. Vint ensuite sa Défense de la théorie de Hutton (1802). Mais, dans l'intervalle, et depuis encore, il a fourni de nombreux et importans articles aux Transactions de la société royale d'Édimbourg. On assure qu'il a aussi contribué à la Revue d'Edimbourg.

Depuis 1808 jusqu'à 1813, il a fait paraître, en 5 vol. în-4°, un Système complet de géographie tant ancienne que moderne. Cependant, M. Playfair, loin d'être un auteur fécond, travaillait lentement; mais, tout ce qui est sorti de sa plume, est marqué au coin d'une sorte de perfection. La préface qu'il a mise en tête de la seconde partie du supplément de l'Encyclopédie britannique, est généralement regardée comme un chefd'œuvre. Sa dernière publication est intitulée : Esquisses de la philosophie naturelle; ouvrage précieux, recommandable surtout par l'ordre et la clarté.

Le professeur Playfair ne s'est jamais marié. Nous avons déjà vu qu'à la mort de son père, il prit soin de toute sa famille; son dévouement pour elle ne se démentit jamais. Sa mère termina ses jours près de lui et de ses sœurs, qui étaient chargées de la direction dú ménage de leur frère. Pendant l'hiver, il recevait et logeait souvent chez lui des jeunes gens, appartenant à des familles distinguées par leur naissance et par leur fortune. De ce nombre était lord John Russel, qui

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promet d'ajouter. encore à l'éclat du nom de sa famille. En 1794, un des frères de Playfair était mort inopinément et sans fortune, laissant une jeune veuve et deux fils en bas-âge. Aussitôt, M. Playfair les prit sous sa protection. L'aîné de ces deux enfans reçut une éducation soignée, dans la maison de son bienfaiteur; et l'autre, qui s'était appliqué à l'architecture, est aujourd'hui chargé de la construction du nouveau collége d'Édimbourg.

Le professeur Playfair avait l'habitude, dans ses dernières années, de voyager, pendant l'été, avec quelques-uns de ses amis, pour faire des recherches géologiques. En 1816, comme il allait atteindre sa soixantedixième année, il visita encore les Alpes et l'Italie. A son retour, il passa par Paris, où il fut reçu avec distinction par les savans et les hommes de lettres de cette capitale. Il put y contempler à loisir la réunion des objets les plus rares et les plus précieux de la nature et de l'art. Plus d'une fois on l'a entendu dire, depuis, que, sous ce rapport, Paris surpassait toutes les autres villes du monde.

Ce dernier voyage lui avait fait un plaisir extrême; mais, à son retour à Édimbourg, vers la fin de 1817, sa santé commença à s'affaiblir, à s'affaiblir, au point que, pendant la plus grande partie de l'année suivante, il se trouva hors d'état de faire son cours. Vers le milieu de juin 1819, il fut attaqué d'une violente maladie intestinale, qui mit fin à son existence, le 20 du mois de juillet.

Tous les habitans d'Édimbourg, à l'exception peutêtre de quelques ecclésiastiques, témoignèrent de grands regrets de la perte que l'université venait de faire par la mort de cet illustre et aimable savant. Ses

obsèques furent des plus solennelles ; le convoi funèbre, composé d'environ six cents personnes, réunissait tout ce qu'Édimbourg renferme de plus distingué. Un morne silence régnait dans toute la ville. Les croisées des maisons devant lesquelles le cortège devait passer, étaient garnies de dames, la plupart vêtues en noir, et qui donnaient des marques encore plus expressiyes que leur costunie, de la part qu'elles prenaient à la vive douleur des étudians. Ceux-ci se réunirent, après la triste cérémonie, pour se concerter sur le meilleur moyen d'exprimer les sentimens que leur inspirait ce triste événement, et pour consigner, d'une manière durable, le témoignage de leur vénération, de leur gratitude, de leur fidélité à la mémoire d'un professeur si chéri. Mais, quel que soit le monument que l'on puisse ériger à cet homme célèbre, aucun ne saurait avoir le prix du souvenir touchant qu'il a laissé dans le cœur de tous ceux qui ont profité de ses leçons, ou qui ont eu le bonheur de le connaître.

HENRICHS.

SCIENCES PHYSIQUES.

DES FOSSES PROPRES A LA CONSERVATION DES GRAINS, et de la manière de les construire; par M. le comte DE LASTEYRIE (1). (On peut consulter l'article relatif aux cuves en plomb pour conserver les grains, ci-dessus, pag. 402.)

M. de LastEyrie a voulu appeler l'attention publique sur un sujet digne de l'exercer. Depuis quelque tems, l'administration avait porté ses vues sur le mode le plus simple, le plus économique et le plus efficace de conserver les grains. L'expérience a montré l'insuffisance et les inconvéniens des magasins de blé ordinaires ; et cependant, la prudence veut qu'on prévienne les maux d'une disette réelle ou factice. C'est donc fort à propos que l'auteur indique un moyen de résoudre ce difficile problème. Il remplit la tâche qu'il s'était proposée, avec tout le succès qu'on pouvait attendre de son zèle éclairé, actif et infatigable pour ce qui tient au bien public, et surtout de ses connaissances en agriculture.

L'auteur appuie, avec raison, ses recherches sur l'expérience des tems passés. Ici, l'autorité du tems n'est point à dédaigner, puisque le but qu'on veut atteindre, est la conservation et la durée. Or, on sait aujourd'hui, que les Romains construisaient des fosses à grains où le blé se conservait indéfiniment. De nos jours, on a trouvé du grain encore intact dans plusieurs de ces fosses, qu'ils avaient pratiquées dans les Gaules, afin de mettre leurs troupes à l'abri des chances de la guerre et de celles

(1) In-4o, de l'imprimerie royale. 1819.

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