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qu'il était peut-être difficile, relativement à ces derniers, d'aller plus loin qu'on ne s'est avancé jusqu'ici.

Considérons, par exemple, les inscriptions étrusques, qui ont été l'objet des doctes et nombreux travaux des Bourguet, des Maffei, des Gori, des Passeri, et surtout du savant abbé Lanzi. En comparant ensemble les explications si différentes, et souvent si opposées, que ces hommes estimables ont données des mêmes monumens, n'est-on pas forcé de convenir que la langue étrusque et les différens dialectes de l'antique Italie nous sont à-peu-près inconnus? Je ne parle pas même ici des inscriptions tracées en lettres étrusques ou autres, dont la valeur est quelquefois encore un objet de controverse : mais qu'il me suffise d'indiquer ces belles tables de Gubio écrites en lettres latines parfaitement formées, et dont cependant les inscriptions offrent encore une véritable énigme.

Les médailles phéniciennes, attendu la briéveté de leurs légendes, présentent plus de difficulté que les inscriptions. D'ailleurs, elles offrent souvent ou des noms de villes obscures, ou, pour celles qui sont mieux connues, des noms indigènes qui n'ont aucun rapport avec les dénominations employées par les écrivains grecs et latins. En outre, plusieurs de ces légendes, quoiqu'elles soient écrites en caractères phéniciens ou puniques, offrent peut-être des mots appartenant aux langues des Numides, des Gétules ou d'autres peuples africains ou espagnols.

Mais si les monumens phéniciens recueillis jusqu'à présent n'offrent en eux-mêmes qu'un bien faible in

térêt, faut-il conclure de là que l'on ne puisse en découvrir de plus importans? On peut supposer, avec toute vraisemblance, que les Phéniciens et les Carthaginois, qui avaient étendu si loin leur empire et leurs colonies, avaient, à l'instar des autres peuples, fait graver des décrets publics, des traités de paix, et d'autres actes importans que leur orgueil national devait s'attacher à transmettre à la postérité. Je citęrai, en ce genre, outre les colonnes vues par Procope, et qui rappelaient l'arrivée des Cananéens dans cette partie du monde, l'inscription punique et grecque que le célèbre Annibal déposa dans le temple de Junon Laciniène, et qui contenait un précis des exploits guerriers de cet illustre général (1). Je crois pouvoir y ajouter le Périple d'Hannon, appendu à Carthage dans le temple de Saturne; car je ne saurais souscrire à l'opinion de Campomanes (2), qui croit que ce monument précieux a été primitivement écrit en grec. Je conviens sans peine que ce dernier idiome était connu, parmi les Carthaginois, des hommes d'un rang distingué qui s'adonnaient à des études littéraires ou à des travaux diplomatiques; mais je doute beaucoup que les marins de Carthage se piquassent d'une grande érudition; et, comme c'était pour eux principalement que le périple était écrit, il avait dû être rédigé, non pas dans un idiome savant, mais dans la langue vulgaire.

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(1) Livii Historiæ, lib. xxvIII, cap. 46.

(2) El Periplo de Hannon illustrado, p. 15 et suiv.

Ces peuples avaient également une littérature. Si l'on se rappelle l'ouvrage de Sanchoniathon, les annales de Tyr citées par Josèphe, les livres de Magon sur l'agriculture (1), les ouvrages en langue punique attribués à Hiempsal, roi de Numidie (2), on se convaincra que les Phéniciens et les Carthaginois, quoique livrés presque exclusivement au commerce, à la marine et à la guerre, ne négligeaient pas l'étude de l'histoire et de la littérature.

Ces ouvrages, et bien d'autres encore, sont probablement perdus pour toujours: mais enfin un hasard heureux et imprévu peut amener quelques découvertes inattendues, qui donnent à l'étude des monumens phé niciens et une marche plus assurée, et des résultats plus importans.

Dans la seconde partie de ce mémoire, je donnerai mes observations sur l'inscription bilingue publiée par M. Hamaker.

Fragmens d'un ouvrage intitulé Considérations sur les Peuples et les Gouvernemens de l'Asie, traduit du danois.

ON annonce, comme devant paraître incessamment, la traduction d'un ouvrage écrit originairement en danois, et qui contient des considérations sur les gouvernemens

(1) Columela, de Re rustica, lib. I, cap. 1. Plinii Historia natur. XVIII, 5, t. VI, p. 28, ed. Franz.

(2) Salustii Bellum Jugurthinum, cap. 17.

asiatiques et l'esprit de la civilisation orientale. Nous en détachons les fragmens suivans, qui pourront intéresser nos lecteurs par leurs rapports à des événemens récens auxquels l'auteur, qui écrivait il y a trois n'avait certainement pas songé.

ans,

LA décadence de l'islamisme n'a laissé subsister dans les parties de l'Asie qui touchent à l'Europe, que des états sans ressort et des trônes privés d'appuis. Leur faiblesse actuelle ne saurait faire oublier leur splendeur passée. Mais quoiqu'il y ait bien quelque chose à réformer dans les jugemens qu'on porte aujourd'hui sur les successeurs des califes et des sofis, d'Haroun-alraschid et de Saladin, sur les descendans des Arabes qui ont conservé les sciences de la Grèce, et des Maures qui ont introduit la galanterie dans l'occident, j'aime mieux porter mon attention sur ces contrées dont on peut encore étudier sans prévention l'état moral et la constitution politique: l'Inde, le Tonquin, le Japon. A moins de dire du bien des Turks, des sujets de Feth-Ali-schah ou du pacha MohammedAli, on ne voit pas qu'il y ait rien de bien neuf à apprendre au sujet de ces peuples, qui vivent d'ailleurs trop près de nous pour que chacun ne se croie pas en droit de les juger par soi-même, ou tout au plus en consultant la gazette d'Augsbourg et les correspondances de Trieste et d'Odessa. Trois mois de séjour à Constantinople ou à Smyrne, huit jours au Kaire ou à Tunis, ont mis des milliers de personnes en état

de n'avoir besoin d'aucun secours pour raisonner sur les nations musulmanes. Les nations au sujet desquelles on peut attendre encore quelques renseignemens intéressans, sont celles qui habitent bien loin, qu'on visite rarement, dont les journaux ne parlent presque jamais, et qui, par conséquent, sont à-peu-près inconnues de ceux qui ne sentent pas le besoin de recourir à d'autres sources d'instruction.

C'est après avoir traversé l'Indus, qu'on entre dans des contrées où s'est conservée cette empreinte native que n'ont pu effacer dans la réalité, ni dénaturer à nos yeux, les efforts et la persévérance des Occidentaux à les parcourir, à les subjuguer, à les dépouiller et à les décrire. Là se trouvent encore les disciples de ces Brahmanes dont aujourd'hui, comme au temps d'Alexandre, on vante la sagesse sur parole, et dont le mérite le plus incontestable est d'avoir su revêtir des idées communes des formes les plus extravagantes.

Là, trente nations auxquelles l'usage a attribué la dénomination d'Hindous, ont obtenu, d'une troupe de marchands chrétiens qui les a assujetties, l'autorisation provisoire d'adorer les idoles et de brûler vives les femmes qui ont eu le malheur de perdre leurs époux, à la charge de reconnaître comme suzerains quelques maisons de commerce de la cité de Londres, et d'alimenter de matières premières les filatures de Birmingham et de Manchester. Au-delà du golfe de Bengale sont les Barmans, qui couvrent de lames d'or des colosses de divinités et d'animaux, des ponts,

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