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Droits de la comme une infraction au droit des gens tel que

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la religion pendant les guer- l'avait établi entre les Grecs et les Barbares. Les Perses fai

guerre observés

res médiques et

Péloponnèse.

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pendant celle du saient cette guerre en désolant le territoire grec. Les champs étaient ravagés; les villes avec leurs temples étaient pillées, incendiées et détruites de fond en comble, tandis que leurs habitants étaient entraînés en captivité. Pendant la guerre du Péloponnèse, les Spartiates et les Athéniens semblaient rivaliser de cruauté. Cette longue lutte pour la suprématie entre les deux principaux états de la Grèce eut ce caractère de férocité et de barbarie qui a été de tout temps commun aux guerres civiles. Pendant les suspensions d'hostilités même, les relations entre les différents pays de la Grèce étaient loin d'indiquer un état complet de paix, garanti par les lois. Le repos même de chaque état était sans cesse troublé par les dissensions de ses factions politiques. « Nous avons peine » à nous rendre compte, dit NIEBUHR, de cet esprit au » moyen duquel les oligarchies ont pu conserver une puis»sance dont elles ont cependant toujours abusé; l'existence >> de cet esprit est pourtant suffisamment prouvée par le ser>>ment que certains états exigeaient de ses membres, à savoir. » qu'ils haïraient les plébéiens et qu'ils leur feraient tout le mal » possible '.» Du temps d'Aristote, on prêtait encore ce serment dans quelques-unes des assemblées oligarchiques de la Grèce. Il faut dire, du reste, que les peuples leur rendaient bien cette haine, en commettant sans cesse des actes de vengeance contre ceux qu'ils regardaient avec raison comme leurs plus mortels ennemis. Le gouvernement lacédémonien était le protecteur armé de l'oligarchie dans tous les états, et comme le parti populaire considérait Athènes comme son protecteur, et qu'il n'y avait pas de pouvoir fédératif assez fort pour s'opposer aux rivalités de ces deux puissances, elles excitaient des désordres continuels dans les autres états, ce qui

1 Καὶ τῶ δημω κακόνους ἔσομαί, καὶ βουλεύσω ὅ τι ἂν ἔχω κακόν. ARIST., Pol., v. 7, 10.

les réduisait à la misère et affaiblissait leur population par les proscriptions et les massacres qui en résultaient 1.

La supériorité de la race hellénique sur toutes les autres races, était devenue pour les Grecs un axiome incontestable. Le plus habile de leurs philosophes, Aristote, assure gravement «que les Barbares étaient destinés par la nature à être >> esclaves des Grecs, et qu'on pouvait employer avec droit >> tous les moyens pour les réduire à cet état 2. » «La guerre éternel contre les barbares » était le shiboleth de la nation la plus civilisée de l'antiquité. Les Grecs appelaient les personnes qui leur étaient attachées par un pacte, voпovdo, ce qui veut dire littéralement personnes avec lesquelles on offre des libations aux Dieux. Celles qui n'avaient pas le droit de réclamer le bénéfice de cette espèce d'alliance étaient appelées zoлovdo, c'est-à-dire des proscrits. - Il paraît avoir été généralement reconnu parmi les Grecs que les hommes n'étaient tenus à aucun devoir les uns envers les autres, à moins qu'il n'existât un pacte entre eux. Thucydide cite cette maxime si répandue parmi ses compatriotes : «A un » roi ou à une république, rien de ce qui est utile n'est in» juste 3. » La même idée est ouvertement exprimée par les Athéniens dans leur célèbre réponse aux habitans de Mélos. Aristide distinguait sous ce rapport la moralité publique d'avec la moralité privée, et prétendait qu'entre les individus les lois de la justice devaient être strictement observées, tandis que dans les affaires publiques, l'utile pouvait souvent tenir lieu de justice. Aussi n'hésitait-il point de prendre sur lui la

'HUME'S Essays, XI. On the populousness of ancient nations. 2 ARIST., Polit., lib. I, cap. VIII.

3 Cum aliegenis, cum Barbaris, æternum omnibus Græcis bellum est. Liv. Hist., 34, 29.

* MITFORD'S History of Greece, vol. I, ch. 15, §. 7. Epic. par Diog. Apoth. XXXI.

* THUCYDIDE, Hist. lib. VI. Ανδρὶ καί τυράννω ἢ πόλις εχούση ουδέν ἄλογον ὅ τί συμφέρον.

Conduite des Spartiates à la

responsabilité d'une violation de foi qu'il conseilla au peuple d'Athènes pour faire triompher ses intérêts'. Il est vrai que Plutarque rapporte un fait un peu douteux d'un projet qu'aurait eu Thémistocle, d'incendier la flotte des Grecs, alliés d'Athènes, après la retraite de Xerxès, et que les Athéniens auraient refusé de le sanctionner parce qu'Aristide avait dit que quoique très-avantageux, ce projet était injuste. « Tant le >> peuple avait de respect pour la justice et tant sa con>> fiance en Aristide était grande 2! » Cicéron raconte aussi ce fait, avec une légère variante cependant; car il prétend que le projet de Thémistocle n'était dirigé que contre les vaisseaux des Spartiates. Il fait, à cette occasion, un parallèle entre la conduite des Athéniens et celle de ses compatriotes. «Les Athéniens pensèrent, dit-il, que ce qui est injuste ne » peut être utile, et repoussèrent ce projet, sur la seule autorité » d'Aristide, sans même en avoir pris connaissance. Ils ont agi >> plus sagement que nous, Romains, qui accordons l'impunité >> aux pirates et accablons nos alliés d'exactions 3. » Mais ce compliment que Cicéron fait aux Athéniens aux dépens de ses concitoyens, ne saurait se concilier avec la conduite constante des premiers en pareil cas, et avec le témoignage plus respectable de Théophraste, cité par Plutarque.

Deux traits tirés de la guerre du Péloponnèse suffisent prise de Platée pour montrer la véritable nature des droits de la guerre, dans les luttes des Grecs entre eux. Le premier se rapporte à la conduite des Spartiates lors de la prise de Platée. Cette ville était assiégée par les Spartiates et les Thébains leurs alliés. Après une résistance opiniâtre, la garnison avait cependant été réduite à l'extrémité. Les assiégeants auraient pu prendre la ville d'assaut, mais les Spartiates désiraient voir terminer autrement le siége: ils voulaient conclure une paix

1 THÉOPHRASTE, cité par Plutarque, vie d'Aristide.

2 PLUTARQUE, vie d'Aristide.

3 CIC.., De officris. lib. III. 5. 44.

basée sur la restitution réciproque de conquêtes faites pendant la guerre. Dans ce cas, si Platée avait été prise d'assaut, ils auraient été obligés de la restituer à Athènes son allié, tandis que s'ils la forçaient à capituler, ils pourraient prétendre que ce n'était pas une conquête. Dans ce but, le général des assiégeants continua le blocus jusqu'à ce qu'il eut été convaincu que la garnison n'était plus en état de défendre la ville: alors il envoya un héraut pour leur proposer de se rendre, non pas aux Thébains, mais aux Spartiates, et sous la condition que des juges spartiates auraient seuls à prononcer sur leur sort. Cette proposition fut acceptée, la ville se rendit, et la garnison reçut des provisions. Peu de jours après, cinq commissaires arrivèrent de Sparte. Mais au lieu d'avoir recours aux formes de procédure usitées, ils se bornèrent à poser cette question aux prisonniers. «Pendant cette » guerre, avez-vous fait quelque chose pour le service de >> Sparte ou de ses alliés?» L'esprit qui présidait à un pareil interrogatoire était assez évident; les prisonniers obtinrent pourtant la permission de plaider leur propre cause; leur défense fut confiée à deux d'entre eux, dont l'un, Lacon, fils d'Aimnecte, était proxenus de Sparte.

Les Platéens soutinrent avec force leur cause. Ils pouvaient montrer, disaient-ils, l'absurdité qu'il y avait à envoyer cinq commissaires de Sparte, pour demander à la garnison d'une ville assiégée si elle était amie des assiégeants. Ils en appelèrent à leurs services et à leurs souffrances pendant les guerres médiques, lorsque seuls de tous les Béotiens ils étaient restés fidèles à la cause de la Grèce, tandis que les Thébains s'étaient rangés du côté des Barbares et avaient combattu pour eux, dans ce pays même dont ils espéraient maintenant s'emparer, avec le consentement de Sparte. Ils pouvaient démontrer, ajoutaient-ils, que l'alliance qu'ils avaient faite avec Athènes avait eu lieu avec l'approbation et même d'après le conseil des Spartiates; que la justice et l'honneur leur défendait éga

lement de renoncer à une alliance dont les plus grands biens étaient résulté pour eux, et que tant que cela avait dépendu d'eux ils n'avaient pas rompu la dernière paix, mais que les Thébains les avaient surpris par trahison, lorsqu'ils se croyaient en sûreté, grâce aux traités conclus; que si leurs services passés n'étaient pas assez considérables pour racheter ce qui pouvait leur être imputé à crime dans les derniers temps, ils réclamaient les droits de la guerre, qui défendaient de se porter aux dernières extrémités envers un ennemi qui s'était volontairement soumis; et que, comme ils avaient montré, par la patience avec laquelle ils avaient enduré les horreurs de la famine, qu'ils aimeraient mieux mourir que de tomber entre les mains des Thébains, ils demandaient comme un droit de n'être pas placés dans une condition pire que celle dans laquelle ils s'étaient trouvés, et que si leur capitulation ne devait produire pour eux aucun avantage, on les replacât dans la situation d'où ils étaient volontairement sortis.

Ce langage des Platéens était si juste et si touchant, que malgré l'engagement secret des commissaires spartiates de décider en faveur des Thébains, ces derniers demandèrent la permission de répondre. Ils soutinrent donc avec raison que c'était entre eux et les Platéens que devait se décider la question. Ils attribuèrent la conduite de leurs ancêtres pendant les guerres médiques, à la nécessité où l'on avait été de se conformer aux vœux d'une faction qui, quoique peu nombreuse, avait eu le pouvoir entre les mains, et ils invoquèrent en leur faveur les services qu'ils avaient depuis rendus à Sparte. Ils ravalèrent les actes patriotiques des Platéens, en affirmant qu'ils n'étaient que la conséquence de leur attachement à Athènes, qu'ils n'avaient cessé de soutenir dans ses nombreuses entreprises contre la liberté de la Grèce. Ils justifièrent leur attaque contre Platée en temps de paix, sous le prétexte qu'ils y avaient été conviés par beaucoup de citoyens parmi les plus riches et les plus illustres de cette ville, et ils

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