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les ennemis ne puissent s'opposer à son passage s'il l'eût tenté sur un seul, il assura la position. Avant que cela eût lieu, Vercingétorix s'imaginant ne pas avoir à craindre César à cause du désastre que celui-ci avait éprouvé, alla porter la guerre chez les Allobroges. Comme César s'était dirigé au secours de ceux-ci, Vercingétorix le surprit à son arrivée chez les Sequani et le cerna; toutefois il ne lui fit aucun mal, bien au contraire il força les Romains à être intrépides en les poussant au désespoir, et succomba lui-même par suite de sa témérité. Son désastre fut même en partie l'ouvrage des Celtes qui combattaient dans les rangs des Romains qui par la fougue de leur attaque et leur taille colossale rompirent le cercle d'ennemis qui enveloppaient l'armée. César ayant trouvé cette chance ne la lâcha pas, et ayant enfermé les fuyards dans l'oppidum d'Alesia, il mit le siège devant cette place. Avant que les travaux d'investisse. ment fussent terminés, Vercingétorix renvoya les cavaliers, d'abord parce qu'il n'y avait pas de fourrages pour la cavalerie, ensuite afin que chacun d'eux, à son retour dans son pays, lui fissent envoyer des vivres et des renforts. Mais comme ils trainèrent le temps en longueur, et que les provisions commencaient à faire défaut, Vercingétorix fit sortir de l'oppidum les enfants, les femmes et, parmi les autres, ceux qui étaient inutiles à la défense; il espérait, mais en vain, soit qu'ils trouveraient le salut auprès des Romains qui verraient en eux un butin, soit que le reste des assiégés se nourrissant plus longtemps de vivres que cette foule aurait consommés, pourraient avoir le dessus.

César, qui n'avait pas assez de vivres pour nourrir des étrangers, repoussa tous ces malheureux, espérant que leurs compatriotes les laisseraient rentrer, et que la famine n'en deviendrait ainsi que plus pressante pour l'ennemi. Repoussée de part et d'autre, cette multitude erra entre les remparts et le camp et périt de misère. Cependant les secours demandés par les cavaliers licenciés ne tardèrent pas à arriver, mais ces renforts furent vaincus avec l'aide de la cavalerie germaine. Ils tentèrent ensuite de pénétrer de nuit dans la ville, à travers les ouvrages des Romains, et subirent de grandes pertes. Partout, en effet, où la cavalerie pouvait passer, les Romains avaient pratiqué des fosses dissimulées, dans lesquelles ils avaient planté des pieux aigus; l'abord de ces fosses était égalisé avec le terrain, et les hommes ainsi que les chevaux, sans voir le danger, tombaient dans ces pièges et y périssaient. Les Gaulois ne cédèrent que lorsque l'armée de secours et les assiégés eurent échoué dans une attaque simultanée sur les retranchements même.

Après ce désastre, Vercingétorix, ni pris ni blessé, pouvait se soustraire au péril; mais il espéra que le souvenir de son ancienne amitié l'aiderait à profiter de la clémence de César. Il se rendit vers lui, sans s'être fait annoncer, et parut tout à coup au moment où César siégeait sur son tribunal; quelques-uns des assistants furent effrayés, car Vercingétorix était d'une haute stature et d'une prestance imposante sous son armure. Il se fit un silence général; le Gaulois ne proféra pas une parole, mit un genou en terre, et pres

sant les mains du César, il le suppliait. Ce spectacle était saisissant pour les spectateurs qui se rappelaient l'ancienne fortune de cet homme, et le voyaient, ce jour, accablé d'un si grand malheur.César rappelant cette amitié même sur laquelle Vercingétorix fondait l'espoir de son salut, fit ressortir combien sa conduite en était plus odieuse; puis, sans même manifester une pitié passagère pour le suppliant, il le fit aussitôt enchaîner, et plus tard après l'avoir trainé à son triomphe, il le fit mettre à mort.

XI. Le grec Polyen, sous Marc-Aurèle, compila des récits pris un peu partout, et composa ainsi un livre qui relate des stratagèmes de guerre. Nous trouvons parmi ses extraits un passage où il est parlé de la dernière défaite des troupes confédérées accourues au secours d'Alesia.

César assiégeait Alesia ',ville de la Gaule; les Gaulois s'assemblérent contre lui au nombre de 250,000. Pendant la nuit, César ayant détaché 3,000 fantassins et toute sa cavalerie, leur donna l'ordre de revenir le lendemain vers la deuxième heure en se divisant en deux lignes obliques, d'apparaître sur les derrières de l'énnemi et d'engager l'action. Lui-même, au point du jour, mène son armée au combat. Confiants dans leur grand nombre, les Gaulois reçoivent l'attaque en riant; mais à l'apparition de ceux qui venaient en arrière en poussant des cris, se croyant cernés et désespérant de pouvoir échapper, ils sont terrifiés. On assura qu'il en résulta un grand carnage de Gaulois.

XII. Voyons maintenant ce qu'a dit Paul Orose, au commencement du ve siècle, dans l'histoire qu'il composa à la demande de saint Augustin 2.

1 Καῖσαρ Αλαισίαν πόλιν τῆς Γαλατίας ἐπολιόρκει. Γαλατῶν ἐπ ̓ αὐτὸν ἀθροίζονται μάχιμοι μυριάδες εἰκοσιπέντε. Ὁ δὲ νύκτως ὁπλίτας τρισχιλίους, καὶ τοὺς ἱππέας πάντας διελών, ἐκ πλαγίου μέρους εκατέρωθεν ἐκέλευσεν ἀναχωρή σαντας, τῆς ὑστεραίας ἀμφὶ δευτέραν ὥραν κατόπιν τῶν πολεμίων ἐπιφανέντας, ἔργου ἔχεσται· οὐτὸς δὲ ἀρχομένης ἡμέρας ἐξῆγε τὴν στρατίαν ἐς μάχην, ὥστε οἱ βάρβαροι, τῷ πλήθει θαῤῥοῦντες, γελῶντες ἐδέχοντο. Τῶν δὲ κατὰ νώτου φανέν των, καὶ ἀλαλαξάντων, καὶ κυκλουμένων, φυγεῖν ἀπογνόντες ἐξεπλάγησαν· καὶ τότε πγεῖστος φόνος Γαλατῶν ὁμολογεῖται γεγενῆσθαι. (Stratagematum, cap. II, 11, édition Coray, 1809.)

2 ((

Igitur Cæsare in Italia reverso, Gallia rursus in arma conjurat, multique simul populi coeunt. Cum his Vercingetorix fuit, cujus consilio statim omnes Galli civitates suas ultro incenderunt, prius a suis incensa Biturigo. Inde ad Cæsarum, qui magnis itineribus per Narbonensem provinciam clam ad exercitum recurrerat, impetum faciunt. Cæsar tunc oppidum nomine Cenapum obsidione concluserat : quod diu oppugnatum, tandem, post multas Romanorum clades, pluvio die, quum hostilium machinarum amenta nervique languerent, applicitis turribus captum atque deletum est. Quadraginta millia ibi ho

César étant revenu en Italie, la Gaule s'arma de nouveau, et les peuples en grand nombre se liguent. Leur chef fut Vercingétorix, qui conseilla aux Gaulois d'incendier leurs villes; Biturigum, la première, fut brûlée par ses habitants. De là les confédérés se lancent contre César qui revenait à grandes journées et secrètement par la Narbonnaise vers son armée. César assiégea un oppidum nommé Cenapum après un long investissement et la mort de nombreux soldats romains, il arriva un jour de pluie où les cordages des machines de guerre des ennemis se détendirent, on approcha les tours et l'oppidum fut pris et détruit. On dit qu'il y avait là 40,000 hommes et que quatre-vingts à peine purent s'échapper et regagner le camp gaulois. En outre les Arverni, et leurs voisins, ayant attiré les Aedui dans leur parti combattirent César dans plusieurs rencontres; fatigués de cette guerre ils se retirèrent dans un castellum, et les soldats romains, avides de butin, s'acharnèrent à l'assiéger malgré César qui avait jugé le peu de succès que les lieux faisaient espérer. Accablé par les assaillants qui se précipitaient sur lui, César se retira vaincu après avoir perdu la plus grande partie de son armée. Pendant que ceci se passait à Alesia, Vercingétorix, élu roi à l'unanimité, appela tous ceux qui pouvaient porter les armes en Gaule à venir au plus vite; de cette guerre devait résulter la liberté ou la servitude éternelle, ou le trépas de tous. A l'armée très considérable qu'il avait déjà, il ajouta ainsi environ 8,000 cavaliers et 250,000 fantassins. Les Romains et les Gaulois s'emparèrent de deux collines situées l'une devant l'autre; après de nombreuses sorties et attaques, les Romains l'emportèrent enfin grâce au courage des cavaliers germains qui, alliés à eux depuis longtemps, étaient venus, sur leur demande, à leur aide. Le lendemain Vercingétorix rassemble

minum fuisse referuntur: e quibus vix octoginta per fugam elapsi ad proxima Gallorum castra venerunt. Præterea Arverni ceterique confines, solicitatis etiam ad se Æduis, multis adversus Cæsarem præliis bellaverunt. Qui quum se pugnando fatigati in quoddam castellum recepissent, milites prædæ inhiantes, ad expugnationem oppidi animum intendunt, frustra Cæsare de loci iniquitate causante. Itaque ibi Cæsar erumpentibus desuper hostibus pressus, multa exercitus sui parte perdita, victus aufugit. Dum hæc ad Alesiam geruntur, Vercingetorix, quem omnes consensu pari regem præoptaverant, suadet uti ex tota Gallia omnes qui arma ferre possent, huic bello præsto sint. Hoc enim unum esse bellum, quo aut perpetua libertas, aut æterna servitus, aut mors omnium consequatur. Itaque absque eo numero quem infinitum ante contraxerat, equitum circiter octo millia, peditum ducenta quinquaginta millia contracta sunt. Dehinc duo colles sibi invicem obversos Romani Gallique ceperunt. Unde multis sæpe eruptionibus et variis proventibus præliantes, tandem Romani præcipua Germanorum equitum, quos sibi jamdudum amicos nam in auxilium adsciverant, virtute vicerunt. Vercingetorix alia die congregatis omnibus, qui fuga evaserant, dixit se auctorem bona fide defendendæ libertatis, atque rumpendi fœderis fuisse, et nunc sive Romanis sese ad mortem omnes offerant, sive se solum pro omnibus dedant, paratum animo fore. Itaque Galli voluntatem, quam pudore aliquamdiu texerant, quasi ex consilio regis assumerent, illico sibi veniam precantes, eum solum quasi auctorem magni sceleris dediderunt. » (P. Orosius, lib. VI.)

ceux qui avaient survécu au désastre, et annonce qu'il est prêt à marcher à la mort avec tous ceux qui veulent l'accompagner, ou à se sacrifier seul pour tous; il confesse qu'il a voulu de bonne foi sauver la liberté, et qu'il est le seul promoteur de la révolte. Les Gaulois s'empressant sur la proposition de leur roi d'adopter une résolution qu'une certaine honte leur avait fait dissimuler, demandent à obtenir le pardon du vainqueur, et livrent Vercingétorix comme seul coupable d'un grand forfait.

XIII. Vers la fin du ve siècle, Constance, prêtre lyonnais, cédant aux demandes réitérées de Patient, évêque de Lyon, composa une vie de saint Germain d'Auxerre qui est le plus. connu de ses ouvrages. Cel auteur raconte que le pieux évêque se rendit à Arles, résidence d'Auxiliaris, préfet des Gaules, afin d'obtenir pour ses diocésains un dégrèvement des charges qui pesaient sur eux; partant d'Auxerre, il alla s'embarquer sur la Saône pour gagner Lyon'. Dans ce trajet, il traversa Alise, où il séjourna 2.

XIV. Ce fut Aunaire, évêque d'Auxerre vers 575, qui engagea Étienne à écrire la vie de saint Amatre (Amator), mort en 418, document dans lequel nous trouvons encore une mention d'Alise.

Étienne, surnommé l'Africain, probablement à cause de son origine, faisait partie du clergé auxerrois : il écrivit en vers la vie de saint Germain, et en prose la vie de saint Amatre.

1 Je note en passant que ce voyage offre quelque analogie avec l'itinéraire suivi au XIe siècle par le sire de Joinville, se rendant avec sa suite à Lyon pour de là gagner le port de mer où il devait s'embarquer pour la Palestine. Joinville prit la Saône à Auxonne.

2 << Præteriti silentio impium puto, in Alisiensi loco absens quantum virtutis operatus est. Erat illic presbiter, Senator nomine, natalibus nobilis, religione nobilior. Conjux illi Nectoriala, similis sanctitate: quos præteriens, pro studio antiquæ caritatis, expetiit. Advenienti præparant mansionem; et quanto major persona aderat, tanto minor impenditur apparatus. Matrona furtim stramen in lectulo subdidit sacerdotis; quo ille inscius cubitavit deductaque nocte oratione vel psalmis, die reddito, iter quo agebatur, ingreditur. Illustrato hospitio familia tota gaudebat. Strati reliquias fidelis matrona collegit et condidit. Accidit post dies aliquot, ut Agrestius quidam bene ingenuus, habens uxorem, filios et parentes, possessio fieret invadentis inimici, suorumque omnium fletibus non minus Germani absentia, quam infelicis captivitas lugebatur. Et quum nihil remedii posset adhiberi, præsumpsit virtutem fidei matrona venerabilis. Stramen conditum profert, quo furiosus circumdatus colligatur. Qui per spatium noctis unius, quasi apposito vallatus incendio, inclamato semper nomine sacerdotis (qui quum labesset præsentia virtute non deerat) divino purgatur auxilio; neque unquam postea in omni vitæ suæ spatio periculum tentationis incurrit. »>

Avant que le premier n'embrassat la vie religieuse où il devait succéder au second, saint Amatre, qui craignait la vengeance de saint Germain, vivant alors dans le siècle, et qu'il avait irrité, se réfugia à Autun. Comme il se rendait dans cette ville, il rencontra Suffronius, personnage considérable, qui venait d'Alise', et se désolait d'avoir été dépouillé de son argenterie. Suffronius fit route avec le prélat, qui le consola en lui donnant l'espérance d'une prompte restitution : les voleurs furent rencontrés à trois milles plus loin; la restitution eut lieu, et saint Amatre obtint de Suffronius le pardon des coupables, à la condition qu'ils jureraient sur le tombeau des saints Andoche et Thyrse de changer de vie.

XV. Nous allons transcrire maintenant un diplôme qui n'a pas encore été publié et dont la date est facile à déterminer. Nous lisons que cet acte fut donné le 2 des nones de décembre, qui tombait un jeudi l'an 21 du règne de Lothaire en Italie. Or, l'an 838, le 2 des nones de décembre remplissait cette condition si de 838 nous retranchons 21, nous remontons à l'an 817, année où Louis le Débonnaire associa son fils aîné, Lothaire, à l'Empire, et fit un premier partage de ses États. La date est complétée par l'indication de l'an 1er du règne de Lothaire en France. Un texte de Nithard, que je donne en note, et qui se rapporte aussi à l'an 838, paraît expliquer ce détail chronologique 2. - Jusques à présent, on a daté de 841 ce

1 «Illo autem proficiscente, Suffronius quidam, generoso sanguine creatus, ex oppido Alisensi, moerore confectus, carisque acrioribus sauciatus, iter carpebat: qui elevatis oculis prospexit Amatorem recto tramite gradientem; et equo dissiliens citius, licet tristis ac lacrymans, pontificis est amplexatus vestigia. Cui pontifex cur tristis est insolito facies tua..... Pergentibus autem illis, pariter transmeati sunt spatium pene trium passuum: et ecce occurrit visibus eorum noctivagus fur..... His ergo et talibus beneficiis lugentem exhilarem reos damnationis culpa absolvens, pernix ad urbem Augustudunensium venit.

2 « Cumque necessitate instante, ac per hoc assiduis meditationibus in hac electione versarentur, universorum sententia consensit, si Lodharius certum se in hoc negotio præbere vellet, cum eo fœdus iniri debere. Nam, uti præmissum est, idem olim patri matrique ac Karolo juraverat, ut partem regni quam vellet pater eidem daret, et eamdem se consentire et protegere illi contra omnes inimicos omnibus vitæ diebus deberet. Quamobrem missos deligunt, et in Italiam ad Lodharium mittunt, promittentes, si patris voluntatem deinceps erga Karolum conservare vellet, omnia quæ in illum hactenus deiiquerat, remitti, et omne regnum, absque Baioria, inter illum et Karolum dividendum. Quæ quoniam Lodhario et suis rata videbantur, utraque ex parte sic velle, ac sic se perficere juraverunt (1. 6). »

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