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qu'en 1810, époque où il mourut en Angleterre, agé de quatre-vingt-trois ans. M. Gaillardet a enrichi son livre de très-curieux documents, parmi lesquels nous signalerons les lettres politiques extraites des archives des affaires étrangères, et les lettres de d'Eon à Beaumarchais et de Beaumarchais au comte de Vergennes. G. de B.

Les cahiers de 1789 dans la sénéchaussée de Castres, en Languedoc, publiés par le marquis de LA JONQUIERE, Paris, Michel Lévy, 1867, in-8° de xvIII145 p.

L'attention des publicistes de toutes les écoles est maintenant attirée vers les cahiers de 1789, et en attendant que soit édiée la collection complète de ces précieux documents, on ne saurait trop se féliciter de les voir reproduire dans des recueils particuliers à chaque province. Il appartenait au « petit-fils du secrétaire élu de l'une des assemblées des trois ordres de la sénéchaussée de Castres, >> de mettre en lumière l'expression authentique des vœux et doléances du clergé, de la noblesse et du tiers-état de cette circonscription. M. de la Jonquière s'est acquitté, avec un soin pieux, de la tâche qu'il s'était imposée, et il a fait précéder le texte des cahiers et procès-verbaux des assemblées des trois ordres, d'une analyse des cahiers des assemblées primaires, lesquels, autant qu'on en peut juger par des citations bien choisies et habilement groupées, ne le cèdent pas en intérêt à ceux du second degré, que l'éditeur reproduit intégralement.

« Les plaintes de ces assemblées du premier degré, » dit M. de la Jonquière dans une Introduction aussi simplement écrite que sagement pensée,« présentent un caractère et une physionomie d'une nature particulière;

certaines ne sont qu'un écho des idées de réforme parties de Paris et formulées dans les nombreux écrits des publicistes; d'autres, ce sont les plus originales, contiennent dans un langage empreint d'une sincérité parfois naïve, accentuée avec une énergie puisée dans le sentiment de la vérité, l'expression du malaise local, le tableau de la misère qui frappe la conmunauté... Tous ces cahiers indistinctement expriment les sentiments du plus profond dévouement à la personne du roi; ils sont pleins de cet amour du souverain dont s'honorat la vieille société, précieux élément de force et de durée à propager dans les sociétés modernes.... Mais autant les cahiers sont respectueux dans la forme, autant les plaintes et doléances sont affirmées avec fermeté... Aucune plainte, du reste, n'est articulée contre les membres des deux

ordres privilégiés ; on attaque les institutions du pays, mais nullement les personnes... L'instruction à ses divers degrés n'est l'objet d'aucune observation dans les assemblées prè maires de la sénéchaussée. On ne peut pas supposer cependant qu'elle fùt abandonnée ni même délaissée : le nombre des signataires de chaque procès-verbal est relativement considérable. »

Le rétablissement des États du Languedoc, « avec les antiques priviléges et libertés de cette province. altérés sous les règnes précédents; » l'allégement des charges qui accablent les campagnes; la diminution des travaux improductifs, ou seulement profitables à la population des villes, tels sont les vœux qui reviennent sous la plume de la plupart des rédacteurs des cahiers des assemblées primaires. Pas plus que dans les cahiers des Trois Ordres, on n'y trouve d'attaques, même indirectes, au pacte fondamental de la na

tion. Ce qu'on réclame unanimement, ce n'est pas une révolution politique, ce sont des réformes purement administratives, dont aucune n'est incompatible avec la constitution monarchique. A. D.

Histoire de la ville et de tout le diocèse de Paris, par l'abbé LEBEUF. Nouv. édit., annotée et continuée jusqu'à nos jours, par Hippolyte COCHERIS, bibliothécairetrésorier de la Bibl. Mazarine, etc., t. III; Paris, Aug. Durand, 1867, in-8°.

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M. Cocheris poursuit son œuvre avec le même zèle et le même soin. Le t. III de son édition de l'abbé Lebeuf termine le second volume de cet historien. La part de l'éditeur est ici encore plus considérable que dans les précédents volumes on en jugera par une brève analyse des matières contenues dans ces 650 pages. Nous avons d'abord le ch. I de Lebeuf, consacré à l'abbaye de Saint-Germaindes-Prés et à ses dépendances (pp. 140). Les additions de M. Cocheris à ce chapitre (désigné fautivement ici, si je ne me trompe, comme chapitre premier), comprennent les pages 43324, et donnent les renseignements les plus complets et les plus circonstanciés sur l'abbaye, sur son budget, sur le régime de la congrégation. Nous avons remarqué de curieuses Observations sur les droits de justice, censive, foires et marchés de l'abbaye, reproduits intégralement (pp. 53-73). La partie des sources est également très-développée et très-précieuse. L'éditeur n'a pas eu seulement à continuer Lebeuf; il a encore eu ici à le compléter. Une foule de communautés, d'établissements charitables ou scientifiques ont pris naissance dans ce quartier depuis le commencement du siècle, et il a fallu retracer brièvement leur histoire. Citons,

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dans ces additions qui forment à elles seules un livre, de curieuses indications bibliographiques sur des plaquettes sorties du collège Mazarin (pp. 226-230), et un très-intéressant inventaire des biens meubles du collége d'Autun en 1462 (pp. 291-308). Le chapitre II de Lebeuf concerne le monastère de Saint-Laurent et ses dépendances (pp. 325-40). M. Cocheris y a joint 31 pages d'additions; le chap. iv est consacré au monastère de Saint-Martial et aux églises qui en dépendaient (pp. 375-409). Dans ses additions (p. 413-569), le savant éditeur donne de précieuses indications tirées du cartulaire de Saint-Éloi, du cartulaire de Saint-Maur-des-Fossés, des Fondationes Cœlestinorum, des Annales manuscrites de l'ordre des Minimes. Signalons aussi ce qui concerne les sépultures des Jésuites à Saint-Paul-Saint-Louis. Ce tome III se termine par le ch. v de Lebeuf (Saint-Victor et Saint-Nicolas) et par 41 pages d'additions. C'est une mine inépuisable que ces additions. Nous ne saurions trop insister sur leur variété et sur leur importance. On retrouve encore ici ces longues listes nécrologiques que nous avons déjà signalées dans les précédents volumes; mais nous regrettons de n'y pas rencontrer encore cet ordre chronologique ou alphabétique qui permettrait de les consulter avec plus de facilité. G. DE B.

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d'avoir un historien spécial, M. Meynis n'est pas précisément cet historien; il esquisse, plutôt qu'il ne peint, le passé religieux de la grande cité, et l'on regrette de voir dans son livre, indépendamment d'une opinion trèsdiscutable sur les origines du christianisme dans les Gaules, des lacunes graves : le pouvoir temporel des évèques et chanoines de Lyon n'est pas suffisamment vengé des attaques dont il a été l'objet; la liste des grands hommes de l'Eglise lyonnaise est à peine ébauchée; le mouvement littéraire et artistique qu'elle fit briller au moyen-âge et dans les temps modernes est à peu près passé sous silence; rien sur le jansénisme, qui fit de regrettables conquêtes dans le clergé de Lyon; rien sur la persécution du premier Empire; une appréciation très-superficielle du cardinal Fesch, oncle de l'empereur; par contre, une critique ultra-sévère de la Restauration, et des jugements politico-religieux trop vagues ou contestables sur la période qui s'étend de 1830 jusqu'au moment actuel. Louons maintenant l'esprit de religion et de patriotisme dont toutes ces pages s'inspirent, la critique discrète et sagace qui préside aux recherches, la vie et l'éloquence des descriptions, la bonne distribution des matières, et tout un ensemble de considérations et de faits habilement mêlés, qui plaît, instruit et édific. M. Meynis partage son travail en neuf époques, qui embrassent tout l'historique de l'Eglise de Lyon, depuis le jour où saint Pothin vint consacrer au-dessous du vieux Lugdunum le premier autel à la sainte Vierge, jusqu'au moment où la commotion de 1848 donna au sanctuaire de Fourvière, foyer incessant de la piété lyonnaise, un nouvel éclat. L'auteur, dans sa course rapide à travers les siècles, s'arrête spécialement à décrire, et toujours avec bonheur, les

œuvres de foi et de charité de la ville des aumônes. C'est justice, et tous ses concitoyens lui en sauront gré. G. G.

Obituarium Lugdunensis Ecclesiæ, nécrologe des personnages illustres et des bienfaiteurs de l'Eglise métropolitaine de Lyon du 1x au XVe siècle, publié pour la première fois avec notes et documents inédits par M. C. GUIGUE, ancien élève de l'Ecole des Chartes. Lyon, N. Scheuring, 1867, in-4°.

On sait que les obituaires ou livres des morts sont des registres, conservés au moyen åge dans les églises ou les monastères, où l'on inscrivait le décès des bienfaiteurs, des personnages illustres, de tous ceux que certaines circonstances recommandaient d'une manière particulière aux prières des fidèles. Ces recueils, si longtemps oubliés, que l'universel du Cange interrogea le premier au point de vue philologique, constituent un abondant répertoire de renseignements relatifs à l'histoire ecclésiastique, à la généalogie des antiques races féodales, aux usages de ces temps si éloignés. L'importance exceptionnelle du rôle qu'a joué autrefois l'Église de Lyon fait pressentir l'intérêt présenté par son nécrologe, qui touche non-seulement au Lyonnais, au Forez, au Beaujolais, à la Bresse et à la Dombes, à une partie du Bugey et de la Franche-Comté, formant ensemble l'ancienne circonscription de ce vaste diocèse, mais encore aux provinces voisines. L'Obituaire de Lyon est, en outre, par sa date reculée, un des plus précieux monuments de ce genre. Déjà connu par de bons travaux d'archéologie et d'histoire provinciale, M. Guigue ne s'est pas contenté de collationner entre eux avec soin les quatre manuscrits existants, ce qui lui a permis d'établir

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Port, depuis ses origines jusqu'à nos jours, d'après des documents originaux et la plupart inédits, par M. l'abbé L.-A. CHAIX, curé de Saint-GermainLembron, membre tit. de l'Acad. de Clermont. Clermont, 1866, in-12 de 352 pages.

L'Histoire de Notre-Dame du Port est un travail très-recommandable. L'auteur, s'appuyant toujours sur les meilleurs témoignages et notamment sur les chartes et sur les autres documents conservés aux archives de Clermont, a su, d'un livre de piété, faire un ouvrage que les érudits ne dédaigneront pas. M. l'abbé Chaix nous entretient d'abord de la fondation de Notre-Dame du Port par saint Avit, de l'incendie de l'église par les Normands, de sa restauration par saint Sigon. Il décrit ensuite, en habile archéologue, tout l'édifice et particulièrement la crypte et les chapiteaux du chœur; il fait connaitre aussi les autels, les reliques du sanctuaire; il signale l'importance qu'avait déjà ce pèlerinage au XIe siècle; il montre Urbain II et les Pères du Concile à Notre-Dame du Port; il énumère les personnages illustres qui furent, au moyen âge, les protecteurs et les bienfaiteurs de cette église, seigneurs, évèques, papes, etc. Le docte historien n'a pas moins bien retracé les annales

de Notre-Dame du Port à partir des temps modernes, et chacun, en voyant combien de livres et combien de manuscrits il n'a pas craint de consulter, répétera l'éloge qui lui a été si justement donné: « On ne peut qu'admirer la patience de l'auteur dans les recherches qu'il a été obligé de faire. » Ajoutons que le pur et élégant style de M. l'abbé Chaix mérite non moins de suffrages que son érudition; aussi nul de ceux qui auront lu l'Histoire de Notre-Dame du Port ne se refusera certainement pas le plaisir de lire l'ouvrage plus considérable que le même écrivain nous promet sous le titre de: Saint Sidoine Apollinaire et son siècle, et dont nous parlerons prochainement. T. de L.

Notice sur l'abbaye de la CroixSaint-Leufroy, par M. l'abbé LEBEURIER. Evreux, 1866, in-8°.

Cette notice, que l'auteur qualitie trop modestement d'article d'almanach, offre un résumé court mais substantiel de l'histoire d'un monastère normand, où les faits parlent seuls et ne laissent place ni à ces observations ni à ces digressions qui, bien souvent, grossissent les opuscules de ce genre. Une préface, où se trouve critiquée d'une manière un peu acerbe un essai historique précédemment publié par M. Renault sur cette même abbaye, et des pièces justificatives assez étendues, accompagnent la notice. En tête se trouve une charte de l'an 860, émanée du comte Nebelong, à laquelle, sur la foi de l'inexact et systématique du Bouchet, M. Lebeurier assigne la date de 788 et donne l'intitulé de Charte de Nebellon, comte de Madrie, qualification qu'il serait bien difficile de justifier. Il est regrettable que par un défaut d'attention l'auteur ait ainsi reproduit des assertions dont l'inexac

titude est depuis longtemps démontrée. L. de N.

Histoire de la ville de Lignyle-Châtel (département de l'Yonne), par le R. P. CORNAT, de la Société des Missionnaires de Saint-Edme de Pontigny, membre de la Soc. arch. de Sens. Sens, 1866, in-8° de VII-408 p.

L'ouvrage du R. P. Cornat, qui a d'abord paru dans les Bulletins de la Société archéologique de Sens, est divisé en trois parties. L'auteur considère Ligny-le-Châtel au point de vue religieux, au point de vue civil, enfin au point de vue archéologique. Dans la première partie, nous trouvons les plus amples renseignements sur la paroisse de Ligny, sur le culte local, la liturgie, les fêtes, les dévotions populaires, les confréries, les établissements religieux, la léproserie, etc. On y remarque une liste chronologique des vicaires et curés de Ligny depuis 1448 jusqu'à nos jours, liste suivie de notices sur quelquesuns de ces vicaires et curés. Dans la seconde partie, l'auteur s'occupe des seigneurs de Ligny; de la terre de Ligny et de ses dépendances; de la commune; des familles nobles et des personnages de quelque distinction. Le chapitre consacré aux seigneurs de Ligny (les comtes de Tonnerre, la famille Milon, les comtes de Nevers, la famille de Courtenay, la famille de Bourgogne, la famille de Châlons, la famille de la Baume-Montrevel, la famille de Saulx-Tavannes, la famille Colbert et la famille de Montmorency), est des plus intéressants, Le R. P. Cornat a retracé avec un soin extrême la biographie de chacun de ces seigneurs, profitant de tout ce qu'avaient déjà dit d'eux Moréri, le P. Anselme, dom Plancher, etc., et y ajoutant une foule de particularités qui lui ont été révélées par le dépouillement de nom

breux manuscrits provenant, soit du cartulaire de l'abbaye de Pontigny, soit des archives du département de l'Yonne, soit enfin des archives locales. Dans le chapitre qui roule sur la terre de Ligny et ses appartenances, l'auteur signale tous les anciens fiefs dont la réunion constitue aujourd'hui Ligny-le-Châtel, et complète cette curieuse étude par d'excellentes observations sur la valeur et les droits féodaux de la terre et sur la justice et ressort de la châtellenie. Le chapitre sur la commune de Ligny nous fait connaître l'administration de cette commune, ses archives, sa population en général, la variation du nombre de ses habitants depuis 1570, les noms des principaux habitants, comme ils apparaissent siècle par siècle dans les chartes et actes divers depuis 1100 environ, etc. La dernière partie de l'ouvrage nous met en présence des souvenirs des temps celtique et galloromain, des souvenirs et des monuments religieux de l'époque chrétienne, des souvenirs et des monuments civils de la même époque. Là aussi l'auteur a réuni les notes les plus exactes et les plus complètes sur les antiquités de tout genre de Ligny-le-Châtel. Le livre, que précède un plan de la ville, est accompagné de quelques pièces justificatives, parmi lesquelles j'indiquerai un procès-verbal d'information sur un incendie qui dévora Ligny, en 1611. La monographie que vient de nous donner le R. P. Cornat est une des plus précieuses qui aient jamais paru. On voit bien que, pour recueillir cette prodigieuse masse de renseignements si divers, l'auteur n'a reculé devant aucune fatigue, et cela pendant une longue suite d'années. Il nous apprend lui-même (Préface, p. 4) qu'en publiant son Histoire de Ligny, il accomplit une promesse qui remonte à près de quarante ans, et que depuis le jour où il prit l'engagement de faire

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