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il veut comparer par la même méthode l'accord de la avec celui d'ut; mais il sent d'abord qu'ils diffèrent. Il s'en étonne; il les compare de nouveau : il est surpris à présent de rencontrer des différences, comme il l'était auparavant de trouver des similitudes. Confirmez-le dans sa découverte, en lui disant que vous sentez comme lui que ces deux accords ne se ressemblent point, et que c'est pour cela, sans doute, qu'on appelle majeur l'accord d'ut, et mineur celui de la. Dites-lui aussi que ces deux noms sont mal choisis pour exprimer cette circonstance, mais qu'on les emploiera plus à propos dans d'autres occasions. Voilà donc, continuerezvous, trois accords qui sont majeurs, puisqu'ils se ressemblent accord de fa, accord d'ut, accord de sol; en voici trois autres qui sont mineurs, puisqu'ils se ressemblent aussi entr'eux et qu'ils sont différens des premiers: accord de ré, accord de la, accord de mi.

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Et l'accord de si, va-t-il vous demander, qu'est-il ? majeur ou mineur? - Il n'est ni l'un ni l'autre. Oh! ce n'est pas possible. Voilà les idées de l'enfance: elle veut rattacher à ce qu'elle sait tout ce qu'elle ignore, et croit que les idées nouvelles qui lui viennent doivent être dans l'analogie de celles qu'elle a acquises; elle

tombe bien des fois d'un étonnement dans un autre opposé, avant de s'apercevoir que la cause en est dans la précipitation de ses jugemens. Vous lui démontrerez donc que l'accord de si ne ressemble ni à celui d'ut, ni à celui de la, auxquels vous le ferez comparer successivement. Il faudrait donc donner à cet accord un nom différent qu'aux autres; vous le ferez appeler accord de quinte mineure, pour des raisons qui seront dites plus tard.

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Ces comparaisons, d'un genre entièrement neuf, méritent toute l'attention du lecteur; c'est sans doute la première fois qu'il en voit faire de telles aussi jé tâche de les décrire avec toute la précision dont je suis capable. On en verra ci-dessous bien d'autres exemples; mais, dès à présent, l'on doit remarquer que je fais superposer les intervalles et les phrases musicales pour en reconnaître l'égalité, tout comme en géométrie on superpose les lignes et les figures qui en sont formées.

Il est temps de faire chanter des airs à changement complet de ton, c'est-à-dire, dans le courant desquels surviennent des dièses ou des bémols; l'élève va le faire à la première fois aussi facilement, aussi bien que s'il l'eût toujours fait.

Dieses et bémols.

Il faut ici que l'élève connaisse à fond les changemens de clefs, c'est-à-dire, qu'il sache marquer avec une égale célérité un air à la baguette, quelque place qu'on assigne à l'ut sur les barreaux de l'échelle. Or, on a vu combien il est aisé de le rendre indifférent à cette position de l'ut; fort de cette habitude et de toutes celles qu'il a déjà acquises; bien affermi sur l'intonation dite naturelle, ainsi que sur la mesure (du moins jusqu'aux sous-divisions par quarts du temps), on va lui faire changer à souhait le ton avec la clef sans aucun effort.

En effet, que faut-il pour cela, que lui dire de nommer ut le son quelconque où il sera parvenu sur l'échelle, et où l'on voudra que s'opère la transition; on pourra convenir, pour cela, d'une certaine situation de baguette, comme, par exemple, de la relever perpendiculairement à l'échelle dans ce moment-là.

On sait que tous les degrés ne sont pas égalément favorables à la transition; mais, par cette manière, j'assure qu'il n'y en aura aucune de difficile. Néanmoins, il est clair qu'il faudra premièrement habituer l'élève aux transitions les plus communes en musique, qui sont de

passer au ton de la dominante et de la sousdominante, c'est-à-dire, de porter le nom d'ut au cinquième degré, ou au quatrième, de la gamme que l'on quitte, pour faire de ce degré le premier de la gamme que l'on prend: il sera cent fois plus aisé que je ne puis dire, de promener ainsi l'élève sur tous les tons où l'on voudra passer.

Or, s'aperçoit-on que mon élève sait désormais tous les dièses et les bémols imaginables? Cela étonne peut-être, mais rien n'est plus vrai néanmoins; car, qu'est-ce qu'un fa dièse, par exemple, sinon une note sensible? Et quand l'élève vient d'appeler ut le son qu'auparavant il appelait sol, le si de ce nouvel ut, qu'il entonne sans hésiter, est-il autre chose qu'un fa dièse, relativement au ton du départ?..... De même, qu'est-ce qu'un si bémol, sinon une sous-dominante? Et quand il vient d'appeler ut le son qu'il appelait d'abord fa, le fa de ce dernier ut, qu'il entonne pour ainsi dire à la course, est-il autre chose qu'un si bémol, en le rapportant à l'ut primitif?.........

Mais, dira-t-on peut-être, l'élève faisant un dièse ou un bémol de cette manière, le fait sans le savoir. Que veut dire cela? Peut-il faire une opération nouvelle, sans savoir qu'il

fait une opération nouvelle? Et qui donc le saurait pour lui? Mais on veut dire qu'il ne sait pas qu'on appelle dièse ou bémol le nouveau son qu'il exprime. De cela j'en conviens; et c'est précisément ce que je n'ai pas voulu qu'il sût encore. Lequel vaut mieux de savoir, la chose ou le nom qu'elle porte, et par lequel faut-il commencer? Croit-on que le nom doive entrer avant la chose dans son esprit ? Croit-on que les noms aient existé avant les choses autour de nous ?

Mais qu'on soit sans inquiétude; je vais lui apprendre sur l'heure ce que c'est qu'on appelle fa dièse, et ce que c'est qu'on appelle si bémol. Le lecteur, qui m'a suivi jusqu'ici, prévoit que je n'y aurai pas grand'peine, puisqu'il ne me faut qu'imposer un nom nouveau à une nouvelle idée que vient d'acquérir l'élève. Cependant il faut la saisir au passage, cette idée, pour lui jeter le collier qui doit la retenir. Voici comment je procède :

Je rappelle à l'élève la comparaison déjà faite des deux hexacordes de sol et d'ut; je lui fais remarquer qu'il manque au premier le tricorde sol fa mi, et au second le tricorde ut si la, pour compléter l'octave. Je lui demande s'il croit çes deux tricordes soient égaux; il me répond

que

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