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que les circonstances, dirigées par la miséricorde de Dieu, vous traceront. Les infidèles, il est vrai, peuvent vous forcer à leur livrer bataille, et vous réduire à de terribles extrémités; mais, alors même, vous tuerez plusieurs d'entre eux, pour apaiser les ames bienheureuses de tant de chrétiens tombés sous leurs coups! Si, au contraire, vous vous livrez une fois aux étrangers, vous serez soumis à la volonté des autres; vous ne pourrez profiter d'aucune chance heureuse qui s'offrirait à vous; et vous aurez à jamais perdu le droit de défendre votre patrie, et même de vous ensevelir sous ses ruines, près des tombes sacrées de vos ancêtres. »

Malgré ces remontrances, la majorité de l'assemblée résolut d'accéder aux propositions des Anglais, et de signer la déclaration demandée. Le vieillard, refusant d'y joindre son nom, conseilla encore aux Parganiotes d'insister particulièrement sur la condition exprimée dans l'offre des Anglais; savoir que le sort de Parga serait toujours uni à celui des sept Iles. « Car, vous pouvez être certains, ajouta-t-il, que les Anglais emploieront tout l'art des sophismes, pour soumettre autant qu'ils pourront, la Grèce à la Porte Ottomane dans l'espoir de fortifier cette puissance contre la re doutable prépondérance des Russes. Peut-être que lorsqu'ils auront une fois reconnu votre dépendanc naturelle de Corfou, ils ne pourront vous trahir, sais sacrifier en même tems les sept Iles aux infidèles; scrifice qui les couvrirait d'infamie, quoique plus s hommes deviennent puissans, moins ils craignent le déshonneur. » Il fit alors enregistrer son avis dans les archives de la ville, et l'assemblée, sortant de l'église au point du jour, adressa au commandant anglas la déclaration suivante :

«Nous soussignés, primats de Parga, promettons, au nom de la population tout entière, qu'au moment où les frégates de Sa Majesté Britannique paraîtront devant notre forteresse, nous soumettrons notre pays et notre territoire à la protection des armes invincibles de la Grande-Bretagne, et que nous arborerons son glorieux pavillon sur les murs de notre citadelle; la détermination de notre pays étant de suivre le sort des sept Iles, comme ayant toujours été sous la même juridiction. » Le 17 mars 1814.

(La fin au prochain cahier.)

NOTICE BIOGRAPHIQUE

SUR

John PLAYFAIR, professeur à l'Université d'Edimbourg.

LE professeur John Playfair, dont nous avons déjà mnoncé la mort (tom. III, p. 569), naquit en 1749 : i était fils de James Playfair, ecclésiastique presbytéien, à Benvie, près de Dundée, en Écosse. Destiné, omme son père, à l'état ecclésiastique, il apprit, sous hi, les élémens de la langue latine, et acquit d'autres onnaissances préparatoires. A l'âge de douze ans, étant déjà fort avancé dans les humanités, il fut envoyé à l'université de Saint-André, où sa bonne condute et son exactitude à remplir ses devoirs lui concilièrent la bienveillance de ses professeurs. Il obtint une bourse et remporta plusieurs prix. L'étude des mathé matiques fixa principalement son attention. Des calculs astronomiques, destinés pour l'almanach d'Édimbourg, lui valurent sa première indemnité pécuniaire.

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Au sortir de l'université, en 1770, M. Playfair, ayant reçu la permission de prêcher, s'empressa d'aller assister son père, dont la santé était très délabrée. L'année suivante, il se rendit pour la première fois à Édimbourg, en qualité de précepteur du fils d'un homme opulent. Pendant son séjour dans cette capitale, il fit la connaissance de beaucoup de personnes distinguées leurs talens, et bientôt il acquit l'amitié du célèbre Robertson, à laquelle la mort de ce dernier put seule mettre un terme. On sait que M. Playfair l'aida dans son dernier ouvrage, intitulé: Recherches sur le commerce de l'ancienne Inde.

par

Au mois de mai 1772, M. Playfair père mourut, et dès ce moment son fils le remplaça auprès de ses quatre frères, dont trois n'avaient pas atteint leur quinzième année, et de ses deux sœurs, encore en bas-àge.

Le père de M. Playfair avait toujours joui de la protection du principal propriétaire (heritor) dans la pa roisse de Benvie. Lord Gray, ayant en cette qualité le droit exclusif de nommer au bénéfice vacant, s'empressa de le conférer au fils. Celui-ci ne négligea rien pour donner à ses jeunes frères une éducation soignée. Il s'appliqua particulièrement à leur enseigner les élémens des mathématiques; et, quand arriva l'époque où ils pouvaient débuter dans le monde, ce bon frère pourvut libéralement à tout ce qu'exigeait leur nouvelle situation.

En 1782, M. Playfair alla voir, à Londres, un de ses frères; et quoiqu'il ne pût y rester que quelques mois, il parvint à se mettre en rapport avec la plupart des savans qui faisaient l'ornement de la capitale. Avant de retourner en Écosse, M. Ferguson, de Raith, homme d'une fortune immense, lui proposa de se

charger de l'éducation de ses fils, dont l'un s'est rendu célèbre dans la carrière militaire. Il y consentit, moyennant une pension viagère qui fût proportionnée à son mérite puis, ayant cessé l'exercice de ses fonctions ecclésiastiques, il alla s'établir à Édimbourg, où il se trouvait plus convenablement placé que dans le petit village qui lui avait d'abord été assigné.

Dès la fondation de la société royale d'Édimbourg, non-seulement il en devint un des premiers membres, mais il en fut nommé secrétaire. On comptait alors dans cette ville un grand nombre de personnages chers aux sciences et à la littérature, parmi lesquels le professeur Robertson, dont il a déjà été question ; les docteurs Blair, Black, Cullen; M. Adam Smith, auteur de la Richesse des nations ; le docteur Hutton, fameux géologiste; et plusieurs autres savans moins connus. M. Playfair jouissait de l'estime de ces hommes distingués, et quelques-uns même lui avaient accordé toute leur amitié. Cependant, M. Ferguson, professeur de philosophie morale et auteur de l'Histoire de la république romaine, venait d'abandonner la place qu'il avait si long-tems honorée. Il fut remplacé par le professeur Stuart, qui remplissait la chaire des mathé matiques. Alors, les magistrats d'Édimbourg, protecteurs nés de l'université, appelèrent M. Playfair à cette dernière chaire devenue ainsi vacante il s'acquitta de ses nouveaux devoirs avec autant de zèle que d'habileté, jusqu'à la mort de M. Robinson, professeur de philosophie naturelle, dont la place lui fut donnée; il l'occupa pendant le reste de ses jours. C'est à cette époque, qu'il se fit surtout remarquer par l'introduction d'un ordre nouveau dans la méthode de ses cours, et par les grands résultats qu'il en obtint. Outre

la perfection de ses nouveaux procédés, le charme de ses manières lui conciliait aussi tout son auditoire : cette circonstance contribua beaucoup à la rapidité des progrès que firent les étudians sous sa direction.

L'hommage public rendu à la mémoire de cet homme illustre par tous ceux qui ont eu le bonheur d'assister à ses leçons, nous dispense de rien dire de plus sur la manière dont il a rempli ses fonctions de professeur; mais il nous reste à faire connaître les sentimens généreux qui l'animaient nous nous bornerons à deux traits caractéristiques.

Parmi les personnes avec lesquelles le professeur était plus particulièrement lié, se trouvait le docteur Hutton, auteur de la Théorie géologique, qui ne survécut que très peu de tems à son ouvrage, où se développait une science nouvelle; mais les principes de cette science étant encore incertains, et les théories qu'on en peut déduire étant aussi nombreuses que les phénomènes mêmes sur lesquels elles s'appuient, l'ouvrage de M. Hutton fut attaqué avec violence, et les personnalités ne furent point épargnées. Cet acharnement contre un écrivain de mœurs douces et d'un caractère inoffensif, révolta le professeur Playfair, qui, joignant la chaleur du cœur aux ressources du génie, entreprit de défendre à la fois la théorie et la mémoire de son ami. Toutefois, comme dans une contestation géologique, conjecturale de sa nature, il n'est guère possible de remporter une victoire bien décisive, M. Playfair devint à son tour l'objet d'une attaque dirigée par M. de Luc; les débats furent vifs et prolongés de part et d'autre. Cependant, le but principal de M. Playfair fut rempli; il avait vengé la mémoire de son ami.

Cette guerre littéraire eut une influence remarqua

TOME VII.

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