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(N.* 98.) İNSTRUCTIONS pour la Navigation aux attèrages et dans la rivière de Para, rédigées, d'après les ordres de S. Exc. le Ministre de la marine, par M. ARNOUSDESSAULSAYS, Capitaine de vaisseau.

INTRODUCTION.

PENDANT long-temps, le Portugal a tenu au monopole du commerce de ses colonies; il craignait que l'admission des étrangers ne devînt nuisible à ses vues politiques, et ne le frustrât des riches produits de ses mines.

Cette conduite du Portugal n'a pas mis les autres nations à portée d'acquérir de grandes connaissances hydrographiques de ses possessions. Depuis la fin des guerres de la Hollande contre les Portugais, ces derniers avaient été les seuls, non-seulement en position d'en obtenir, mais aussi de s'approprier toutes celles que les Hollandais possédaient.

La révolution française, et les événemens qui en ont été la suite, ayant amené des changemens dans la politique du Portugal, et forcé le gouvernement à se transporter au Brésil, il y a proclamé la liberté du commerce. Dès-lors toutes les nations maritimes et commerciales se sont portées vers ces contrées.

La côte orientale qui s'étend du nord au sud a été d'un abord facile, et, par cela même, la première qui ait été fréquentée. On en a amélioré peu à peu l'hydrographie : mais la côte située sur notre océan Atlantique, faisant face au nord-est, et se dirigeant sud-est et nord-ouest, est d'un attérage plus difficile. On n'en a qu'une connaissance imparfaite, et les documens qui la transmettent, n'offrent qu'une garantie douteuse ces documens se réduisent à deux cartes anglaises des capitaines Pedler et Ann, marit, II. Partie. 1822.

Heather de la marine du roi d'Angleterre, où la côte est tracée depuis l'île de San-Joao, à l'est, jusqu'audelà du cap Magoari, à l'ouest. Elles ont été copiées par les Américains. Ces deux cartes peuvent n'être pas d'une précision rigoureuse; mais elles ne présentent pas, à l'examen, des erreurs graves entre San-Joao et Salinas; et l'on peut s'en servir avec avantage pour se diriger sur cette partie de la côte, jusqu'à ce qu'on ait des travaux plus satisfaisans.

. Une fois à Salinas, les Portugais viennent éclairer sur les dangers des côtes à l'ouest. Une longue pratique les a mis à même d'en lever le plan avec assez de soins pour inspirer la confiance. Ce plan peut être susceptible de vérification dans ses détails; mais un long usage en a consacré les bases; et tous les bâtimens fréquentant les bouches de ia rivière de Para, se sont soumis, sans qu'il en soit résulté des inconvéniens, aux règles qu'il a tracées pour la conduite et les directions à suivre.

Le fleuve des Amazones est très-large à ses bouches; f'étendue qu'elles occupent se mesure sur une ligne droite de Salinas au cap nord, c'est-à-dire, sur une étendue de plus de soixante lieues; mais l'île de Joannes ou Marajo, dont la côte nord court est et ouest dans l'espace de quarante-cinq lieues, qui est située au milieu, le divise en deux branches.

La première, qui court entre l'ile de Marajo et la terre ferme, jusqu'au cap nord, est l'Amazone. Les Portugais seuls la fréquentent; elle est inutilé au commerce étranger; on ne peut y avoir aucune relation,

La seconde est la rivière de Para; elle coule le long de la côte sud, ayant la côte de Marajo à l'ouest.

C'est dans cette dernière qu'est située la ville de Para ou Bélem, lieu de toutes nos relations et de toutes nos espérances commerciales sur ce point du globe. C'est le centre vers lequel se dirigent toutes les denrées d'un pays

immense, mais dont la population est rare et disséminée; c'est le seul aussi où se déposent les produits du com merce étranger, pour être dirigés ensuite sur les divers rayons qui en facilitent la distribution dans l'intérieur du pays ainsi l'attérage, les dangers de cette rivière et la manière d'y naviguer, sont ce qu'il importe de faire connaître.

Son embouchure est entre Salinas, à la côte sud, et le cap de Magoari, pointe nord-est de l'île de Marajo, au nord. Des bancs semés dans cette ouverture la rendent dange reuse; cependant tous ces dangers disparaissent pour le marin expérimenté qui met à ses opérations une prudence tempestive.

Depuis la perte de Maranhan, les bâtimens français qui ont transporté à Para les Portugais évacuant Caïenne, sont, à l'exception de quelques caboteurs de cette colonie les premiers qui aient abordé cette contrée. Des pilotes portugais y étaient embarqués; ces derniers, habitués au cabotage de Maranhan à Para, connaissaient en détail toutes ces côtes; ils durent donc desirer d'en prendre connaissance le plutôt possible.

La facilité qu'ils avaient de reconnaître chaque point de cette terre, les mettait à portée, de juger leur position ; ils ne mouillaient qu'en cas de nécessité absolue, et dans les bons mouillages.

Ne venant pas de loin, ils n'avaient pas de grandes er reurs en longitude; ils attaquaient toujours entre San-Joao et Salinas. S'ils étaient plus à l'ouest, ils voyaient Bragance ou Magoari, qu'ils connaissaient encore. Cette navigation était toute fondée sur des connaissances pratiques.

Lorsque les communications sont devenues plus fréquentes, on a demandé des instructions nautiques à ceux qui avaient fait cette campagne; mais ils se sont trouvés dans l'impossiblité de transmettre les pratiques dont les pilotes portugais se servaient: ils n'ont pu parler de la connaissance

Ils ne peuvent sortir du petit port de Salinas qu'avec deux tiers ou trois quarts de flot.

Lorqu'un canot va à Salinas, il doit attendre le demiflot; il se dirige à l'ouest du village, et, une fois près de terre, il revient à l'est et tâche de découvrir la bouche de la crique, afin d'y entrer.

A Magoari, on appelle aussi les pilotes, ou on les envoie chercher, lorsqu'ils ne viennent point. Il faut, quand on ne connaît pas les lieux, prendre le meilleur mouillage possible, en les attendant.

Tous les bâtimens tirant plus de quinze pieds d'eau doivent fréquenter la passe de l'est et renoncer aux autres. Ils ne peuvent espérer, non plus, de remonter jusqu'à Para, quoique, rigoureusement, des frégates puissent y monter, et que les Portugais en construisent dans ce port, parce que la sortie en est très-difficile, et que des bâtimens, de cette capacité ont à parcourir près de treize milles à la touée; ils doivent se borner à prendre mouillage à la baie de SantAntonio, Les communications sont un peu plus difficiles; mais on évite tous les risques et des travaux très-pénibles sous un climat aussi chaud.

Les pilotes qui entrent les bâtimens, viennent les prendre pour sortir. On doit tenir à ne pas les laisser partir avant de s'être avancé au nord jusque par une latitude sud de 16 ou au moins de 18', ou avant d'avoir vu distinctement la pointe de Magoari, afin de pouvoir relever cette pointe et de connaître la distance dont on en est ou dont on en sera à l'est en la doublant. Ceci est de rigueur en débouquant au nord...

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On doit prévenir les marins qui arrivent à Para pour la première fois, qu'un phénomène étrange s'y voit assez régulièrement chaque jour.

Un grain très-noir se forme entre midi et deux heures vers le nord-est; il s'étend bientôt au sud-ouest; il vente, il pleut abondamment, et il tonne pendant une heure ou deux.

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