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reprendre ceux qui ont identifié les noms de Pahouins et de Fân; la vérité, néanmoins, est qu'entre les deux noms il n'y a qu'une différence de prononciation, comme entre les deux peuples, les Fân et les Pahouins, il n'y a que la différence du corps principal à une branche dérivée, plus ou moins mélangée de sang nègre.

Les Pahouins, dit M. Roullet, ont la stature haute, élancée; l'ensemble de la physionomie est généralement fort intelligent. Le front est large, arrondi, l'angle aigu peu sensible (?), les yeux vifs, le nez épaté comme chez tous les autres noirs, les lèvres quelquefois minces; les membres sont vigoureux sans être énormes. La peau n'offre pas le beau noir que présente celle des Sénégalais, mais tient le milieu pour la couleur entre cette dernière et celle du mulâtre. Leurs dents sont ordinaires comme beauté, et la plupart ont l'habitude de les limer pour les rendre pointues. Leurs cheveux sont réunis en tresses agréables, entremêlés de petits coquillages disposés avec symétrie, et entourés à leur extrémité par des fils de cuivre roulés en spirale. Ils portent habituellement pour arme un sabre retenu à l'épaule. Le vêtement, chez la plupart d'entre eux, consiste en une bande d'écorce qui couvre par devant les parties sexuelles, et en arrière s'étale en éventail. Cependant quelques-uns commencent à se servir de pagnes d'étoffe, et même de pantalons, de gilets et de chapeaux que leur livrent les traitants. Les femmes, quand elles sont jeunes, sont jolies. Leurs traits sont fins, leur gorge est ferme et arrondie, les autres formes sont des plus gracieuses; mais à peine ont-elles atteint l'âge nubile que tout s'évanouit....

La langue des Pahouins est facile à apprendre; elle se rapproche beaucoup de celle des Bakalais, mais elle diffère totalement de celle des Gabonnais et des Boulous. « J'ai entendu dire à beaucoup de Pahouins, ajoute M. Roullet, que dans leur migration vers la côte ils avaient marché pendant trois lunaisons consécutives, et que pendant tout ce parcours le pays était occupé par des Pahouins. » Ce fait a une grande signification.

§ 4. Situation commerciale.

Nous tirons ce qui suit du dernier rapport adressé au Ministre de la marine par M. le vicomte Fleuriot de Langle, commandant de notre station navale à la côte occidentale d'Afrique :

Au Gabon, nos transactions s'effectuaient en toute liberté. Le mouvement qui entraîne les Bakalais et les Pahouins vers la côte, est continuel; ces derniers profitent en général des villages existants pour faire, à côté de ces villages, des établissements à eux, ce qui donne quelquefois lieu à des discussions bientôt apaisées par l'intervention des autorités locales. Ouassango et Pongiré ont manifesté le désir de nous voir ériger sur les bords de la rivière, à Shimchoa, une maison de pierre qui leur permette, au besoin, de résister aux attaques des Pahouins. Cette maison de commandement ne recevrait pas de garnison, mais assurerait la sécurité de nos caboteurs qui prennent leurs interprètes au village de Shimchoa. On trouve dans ce village, avec un bon accueil, une protection efficace. Shimchoa compte aujourd'hui à peine deux cents hommes. Ouassango a profité de l'espèce d'investiture qu'il a reçue de nous pour maintenir la paix et l'ordre dans le Remboë et ses nombreux affluents, qui nous fournissent aujourd'hui le commerce le plus lucratif de la rivière.

Les gens du haut Como, comme ceux du Remboë, tendent à se rapprocher de nous; ils sont moins turbulents que ces derniers, et manifestent le désir de venir apprendre, sous notre direction, les arts d'Europe, et se familiariser avec notre civilisation. Pour donner une satisfaction immédiate à ce désir, M. le contre-amiral Fleuriot de Langle a licencié les jeunes Congos qui avaient été placés sur le stationnaire la Thisbé en qualité de mousses, et les a remplacés par des enfants pahouins qui seront plus tard un lien précieux avec ce peuple étrange, qui, dit-il, << arrive sur nous comme un déluge de Goths ou de Vandales, avec cette différence qu'ils acceptent facilement notre autorité, et ne demandent qu'à se soumetre à notre arbitrage, dont ils reconnaissent la haute portée morale. »

X

COTES DE GUINÉE.

LE CALEBAR ET LE DELTA DU KOUARA

(vulgairement le Niger).

47. Charles GIRARD. Exploration au Nouveau-Calebar, extrait du journal du capit. C. Girard. Bulletin de la Soc. de géogr., juin 1867, p. 548-567, avec une carte.

Lettre de M. Ch. Girard, sur son exploration du Nouveau-
Calebar. Annales des Voyages, févr. 1867, p. 227-231.

48. Chr. HORNBERGER, Missionar der Nord-Deutschen MissionsGesellschaft, Bremen. Das Ewe-Gebiet an der Sklavenküste von West Afrika. Mittheilungen de Petermann, 1867, janv., p. 48-54, avec carte.

Cette notice, à la fois géographique, ethnographique et physique, s'ajoute utilement à celle qu'un autre missionnaire allemand, M. Steinemann, a donnée il y a cinq ans sur le même pays. (Voir le précédent volume de l'Année, p. 297, no 260, et p. 298.) La carte très-intéressante de M. Hornberger embrasse le pays situé sur la gauche (ou à l'E.) du Volta inférieur, sur une étendue de 25 milles allemands environ du S. au N. (185 kilom ), à partir de la côte.

49. M. l'abbé BORGHERO. Notes sur le Yorouba. Annales de la Prop. de la foi, mars.

V. le précédent vol. de l'Année, p. 297, no 259.

50. J. Africanus B. HORTON. M. D., Staff-assistant surgeon of H. M. forces in West-Africa. Physical and medical climate, and Meteorology of the West Coast of Africa, with valuable hints to Europeans for the preservation of health in the tropics. Lond., 1867, in-8, 10 sh.

51. La colonie anglaise de Sierra-Leone et les pays circonvoisins. Revue marit. et colon., nov. 1867, p. 537-565.

Notice géographique, statistique et commerciale.

S 1. L'exploration française du Nouveau-Calebar (Delta du] Kouara). M. Charles Girard.

Le 7 mai 1866, un capitaine au long cours, M. Ch. Girard, quittait le port de Rochefort sur son navire le JosephLéon, en destination de la côte occidentale d'Afrique, et, après une double relâche au Sénégal et à Fernando-Po, il abordait, dans les derniers jours d'octobre, au village de Bonny, situé à l'extrémité orientale du delta du Kouara (que l'usage vulgaire désigne abusivement sous le nom de Niger), au fond du golfe de Benin.

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L'embouchure du Niger reconnue par Lander en 1830, et la crique d'Oëre découverte dix ans plus tard par Becroft, étaient, dit M. Girard, deux voies trop connues pour ne pas aiguillonner mon amour-propre et m'inspirer le désir de rechercher à mon tour s'il n'existait pas, dans le méandre du delta du Niger, un troisième déversoir de ce grand fleuve.

La bouche la plus orientale du delta, marquée sur les cartes sous le nom de Nouveau-Calebar, d'après un village situé non loin de la côte, n'avait jamais été reconnue; M. Girard avait résolu de tenter cette voie. L'objet qu'il avait en vue était à la fois scientifique et commercial.

L'exploration s'accomplit de la manière la plus heureuse, comme on peut le voir dans les notices que M. Girard en a données (no 47); mais, arrivé à un point qui doit, selon son estime, n'être plus qu'à une très-faible distance du corps principal du fleuve, il devint impossible d'aller plus loin. « Là, dit-il, le canal se resserre tellement, que le Joseph-Léon ne put passer qu'en élaguant les branches d'arbres à coups de hache. Les troncs d'arbres qui sont au milieu de la rivière sont enlevés à coups de caliorne; bref nous mettons quatre jours pour faire 5 milles. Te mouille

le navire devant et derrière en un lieu que j'appelle le Pas des Eléphants, et, accompagné de quatre hommes bien armés, je vais jusqu'au 2 Obovem, à 8 milles et demi dans le nord-ouest. Je réussis à pouvoir prendre deux angles horaires et une bonne méridienne. Mon calcul me donne les résultats suivants : longitude, 4° 17′ 00′′; latitude nord, 5° 17′ 28′′, ce qui me prouve que je suis à 3 milles à peine du Niger, presque sous le parallèle de l'Eboë de Glower et de Baikie; mais où passer? Partout de petits marigots, où une pirogue de petite dimension aurait peine à se frayer un chemin. Le cœur désolé, j'abandonne ces lieux. Le climat est pur, une eau limpide et délicieuse coule le long du bord. Les naturels viennent nous vendre du vin de palme; le lieu me plaisait, j'y restai les 4, 5 et 6 décembre pour y dresser ma carte et écrire mon rapport au ministre de la marine. Mon travail terminé je revins sur mes pas, faisant des observations astronomiques sur mon passage, rectifiant quelques erreurs.... »

M. Girard a relevé le cours du Calebar sur une étendue de 72 milles nautiques environ (de 60 au degré), et il en a construit la carte que publie le Bulletin de la Société de géographie. Cette carte s'appuie sur quatre déterminations astronomiques :

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M. Girard termine ainsi la notice communiquée à la Société de géographie :

J'ai tâché, dans cette notice, de résumer les faits principaux que j'ai pu constater dans mon voyage au Nouveau-Calebar. Cette exploration n'est encore qu'une simple reconnaissance, qu'une trouée dans une contrée jusqu'ici très-peu connue. Je me propose de décrire ce pays plus complétement lorsque j'au

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