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XI

LE SÉNÉGAL.

52. J. BRAOUÉZEC, consul de France à Sierra-Leone. Note sur la rivière Maneah et les montagnes de Soumbouyah. Bulletin de la Société de géographie, mars 1867, p. 241-256; avec une petite carte. (Communication du Ministère des affaires étrangères.)

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Lettre au Moniteur, n° du 10 août.

53. Dr Fl. THALY. Essai de topographie médicale du Haut-Sénégal. Archives de médecine navale, mars et mai 1867, p. 161-179, 349-364.

Le Pays. Climat. Localité. Eaux. Végétation. Animaux. Maladies des Européens et des indigènes. Voir notre précédent volume, p. 380.

54. E. MAGE. Relation d'un

voyage d'exploration au Soudan, 1863-66. Revue marit. et colon., mai 1867 et cahiers suivants jusqu'à décembre.

Sur l'expédition du lieutenant Mage et du Dr Quintin, dont nous avons ici la relation circonstanciée accompagnée d'une grande carte dressée par M. Mage (cahier de juin), voir notre précédent volume p. 380 et suiv.

55. Annuaire du Sénégal et dépendances pour l'année 1867. Suivi du journal des opérations de guerre et des traités de paix passés avec les divers Etats indigènes, de 1861 à 1866. Saint-LouisSénégal, 1867, in-18, 251 p. (Paris, Challamel), 3 fr. 50.

§ 1. Une excursion au pays de Sousou, vers l'extrémité sud
de la Sénégambie.

Dans une note communiquée à la Société de géographie et dans une lettre imprimée au Moniteur (ci-dessus, no 52), M. Braouézec, consul de France à Sierra-Leone, a donné des détails, également intéressants au point de vue géographique et au point de vue commercial, sur un pays de l'extrémité sud de la Sénégambie rarement visité par les voya

geurs. Cette courte relation mérite d'être reproduite et conservée ici :

Quand, en partant des établissement français du Sénégal et de Gorée, on se dirige au sud vers la colonie anglaise de Sierra-Leone, on longe une côte très-basse, que coupent de nombreux cours d'eau et des rivières parfois considérables descendues du centre du continent africain. On a sous les yeux une luxuriante végétation, entretenue par une humidité constante. De grandes forêts s'avancent jusqu'à l'Océan. Toute cette partie du littoral africain, à peine élevée au-dessus du niveau de la mer, reste pendant une partie de l'année noyée sous les eaux des fleuves, qui, à certaines époques, inondent la campagne. Ces eaux, ne trouvant pas de pente d'écoulement, restent stagnantes et forment de vastes marécages, d'où s'exhalent souvent des émanations insalubres. Ce n'est guère qu'en face du groupe des îles de Loss, un peu avant d'atteindre la grande rivière Mellacori, que le terrain commence à se relever, et qu'on entrevoit, à cinq ou six milles dans l'intérieur, le mont Kakoulimah, haut .de 880 mètres, les monts Balan et Fenka, reliés à une série d'ondulations et de montagnes, probablement les premiers contre-forts de la chaîne élevée qui supporte le plateau central africain.

Grâce à son élévation relative, la contrée que baignent les quatre rivières Manéah, Morébaiah, Forékaréah et Mellacori, communiquant toutes les quatre entre elles par des canaux naturels, est beaucoup moins marécageuse que d'autres parties du littoral. Elle semble à l'abri des fièvres qui rendent parfois dangereux le séjour de la côte africaine. Cette région porte le nom général de Soumbaya; mais elle se subdivise en plusieurs fractions distinctes que les indigènes désignent sous les noms de Moréah, Kalloum, Kaiki, etc. La population qui l'habite est un mélange de plusieurs peuplades noires appartenant presque toutes à la race des Mandingues. Ceux-ci ont conquis autrefois le Soumbaya sur les peuplades Boulam qu'ils dominent aujourd'hui. Quelques Maures, venus du nord, se sont même, parait-il, mêlés à eux, et ont introduit le mahométisme. Aussi le Soumbaya, comme toutes les parties de l'Afrique où est professée la religion du Coran, possède-t-il une demi-civilisation fort supérieure à la barbarie et aux grossièretés du fétichisme que l'on rencontre en d'autres points. Cette population, à qui oǹ donne parfois le nom de Sousou pour la distinguer du reste de

la race mandingue, m'a paru beaucoup plus vigoureuse que les nègres de Sierra-Leone, issus pourtant comme elle du croisement de plusieurs peuples. La plus grande salubrité du climat en est apparemment la cause. Elle obéit à plusieurs petits chefs, indépendants les uns des autres. Ils règnent les uns par droit d'hérédité, les autres par l'élection plus ou moins libre du peuple. Ces chefs se battent souvent entre eux. Ils ont mille sujets de querelles dans le peu de précision des limites respectives de leurs petits États. Souvent la mort est, pour le vaincu, la conséquence d'une défaite.

La traite des noirs, autrefois fort active dans le Soumbaya, a aujourd'hui totalement disparu, grâce aux efforts et à la vigilance des marines européennes. Ce n'est pas que les chefs n'achètent encore volontiers des captifs venus de l'intérieur, ou ne retiennent en esclavage leurs prisonniers de guerre; mais ils ne les vendent plus aux blancs. Ils les emploient à divers travaux, principalement à la culture très-productive des arachides et à l'exploitation des bois de charpente fournis par l'arbre connu sous le nom de chêne de Sierra-Leone.

Tout le long des trois affluents de la rivière Manéah, on rencontre de nombreux villages. Le plus considérable est le village appelé Manéah, comme la rivière. Il est situé presque aux pieds du mont Kakoulimah. Manéah entretient, avec les peuplades de l'intérieur venues par la vallée facilement accessible de Korirah, un commerce très-étendu. Ces peuplades viennent y chercher du sel, des produits de fabrique européenne, et des noix de kola très-estimées par les nègres mahométans; SierraLeone a exporté en 1865 une quantité de ces noix dont la valeur représente 7564 livres sterling. C'est aussi de Sierra-Leone que se répandent dans le pays les marchandises européennes, venues, pour les trois quarts au moins, d'Angleterre, l'ambre et le corail, les étoffes de coton et de laine, la poterie, le tabac, les armes à feu et les munitions, la quincaillerie, la mercerie, et aussi le genièvre et le rhum, que les indigènes achètent volontiers, sans trop s'astreindre aux prescriptions de la loi musulmane. La proximité a permis à l'Angleterre de placer, en 1865, ces divers produits jusqu'à concurrence d'une somme de 1 million 796 000 francs. Ce sont aussi les relations fréquentes nées du voisinage qui ont introduit dans le Soumbaya l'usage de la langue anglaise. Presque tous les indigènes y parent aujourd'hui l'anglais fort couramment. Il n'est pas un petit chef qui ne soit en état de correspondre en cette langue. Celui

qui ne sait pas écrire lui-même entretient un secrétaire, jeune négrillon venu de Sierra-Leone, qui rédige plus ou moins habilement sa correspondance.

Le commerce français dans ces parages a déjà une assez grande importance. Si on laisse à part nos établissements du Sénégal, Gorée, la Casamance, Gabon, Assinie et Grand-Bassam, on trouve encore que l'ensemble des opérations de la France avec les pays indépendants de la côte occidentale d'Afrique a atteint en 1865 un total de 24 millions 600 000 francs, et a servi à affréter 161 navires français. 53 de ces navires, jaugeant 13 629 tonneaux, lé tiers environ, sont entrés dans les quatre rivières qui arrosent le Soumbaya. Ils vont y chercher surtout des arachides que la contrée produit en abondance, et dont on fait en France une grande consommation. Il en est venu, en 1865, de la côte d'Afrique pour plus de 16 millions. Cette précieuse amande donne des huiles excellentes, propres à la fabrication du savon, au graissage des machines, etc. Les tourteaux qu'elles laissent en résidu sont très estimés comme engrais. Les nègres, enfin, regardent la plante d'arachides comme un excellent fourrage. J'ai entendu parfois parler de la possibilité d'introduire en France, dans les terres pauvres et sablonneuses, la culture de ce végétal, et prétendre qu'il pourrait s'accommoder de nos climats, mais j'ignore si l'expérience en a déjà été faite.

§ 2. Le Sénégal. Situation politique et économique.

Le Tableau de la Situation de l'Empire, présenté aux Chambres au mois de janvier 1867, donne les renseignements suivants sur la situation économique de notre colonie du Sénégal.

Le Sénégal est en voie de progrès. La paix intérieure n'a pas été troublée depuis un an. Sans doute les populations, après dix années de lutte, reconnaissent les avantages de notre administration.

Offrir notre appui aux tribus qui gravitent vers notre civilisation; respecter leur religion, leurs mœurs; n'intervenir que pour assurer la paix et protéger les échanges dans le rayon de

nos possessions ou celles de nos alliés, telle a été notre politique, et elle commence aujourd'hui à produire ses résultats.

C'est dans ce but qu'ont été établis le poste d'Aéré, sur les bords du Marigot de Doué, et celui de N'diagne dans le Cayor.

Cette dernière contrée, débarrassée des Tièdos, relevée, grâce aux secours que nous lui avons accordés, de la misère causée par plusieurs fléaux simultanés; l'Oualo préservé des Maures, le Dimar et le Toro dégagés des tributs arbitraires qu'ils payaient au Fouta, sont à nous et nous resteront fidèles. Nous n'avons plus à conquérir, mais à protéger, pour recueillir les fruits de nos sacrifices.

L'arrondissement de Gorée présente une situation très-prospère. Dans les territoires compris entre le cap Vert et la rivière de Saloum, habités par les Sérères, nous perçons tous les ans de nouvelles routes à travers les immenses forêts qui isolaient ces populations laborieuses de nos comptoirs. Nous avons créé là des relations commerciales susceptibles d'un grand développement.

Dans la Casamance, les cultures s'étendent chaque année; la dernière récolte, quoique contrariée par les sécheresses, a été aussi abondante que celle tout à fait exceptionnelle de 1865.

Le Rio Nunez, le Rio Pongo, la Mellacori, riches cours d'eau où l'on charge annuellement environ cent bâtiments français, ont été, en 1866, placés sous notre protection et donnent à notre colonie une importance nouvelle.

En présence des charges que lui impose la protection à exercer sur ces divers points, et de la nécessité de couvrir un jour la totalité de ses dépenses à l'aide de ses propres ressources, la colonie se préoccupe justement d'accroître celle-ci en établissant des taxes modérées, qui ne sauraient mettre obstacle au développement de nos transactions dans ces parages.

Quand on remarque qu'il y a vingt ans la plupart des rivières situées entre le Sénégal et Sierra-Leone n'étaient que des foyers actifs pour la traite des nègres, et qu'il a suffi de quelques années d'un commerce licite pour faire apprécier les bienfaits de l'agriculture et de la civilisation, créer un commerce de 25 millions de francs, alimentant près de trois cents bàtiments, on doit avoir confiance dans l'avenir de ces entreprises,

Le port de Dakar est à peu près terminé. Une jetée de 400 mètres assure un abri parfaitement sûr aux grands paquebots

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