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pour servir d'ateliers et abriter l'outillage, qui semblait, à cette origine, plus précieux que les hommes mêmes. Car leur courage ne s'usait pas et ils retrempaient, au contraire, dans les privations et les épreuves de tout genre, l'acier de leur cœur. Mais la matière inerte, il était difficile de la remplacer; on y songeait donc avant tout. On l'abritait, on la ménageait, on la soignait avec la plus grande sollicitude. C'est elle qui eut les meilleurs enclos, les terrains les plus secs, les couvertures les plus impénétrables. Mais déjà une ligne de constructions pittoresques s'étendait en façade sur la mer. Les chalets des chefs, les maisons des employés, l'hôtel des voyageurs, quelques échopes proprement ornées bordaient le rivage à l'ouest de la digue occidentale, derrière un phare élevé pour éclairer la route des navires et pour révéler, dans la nuit, l'existence de la nouvelle cité sortie des eaux. Enfin, un bâtiment bien humble sans doute, mais consolant à voir, prit place au milieu des habitations et des usines: chapelle, école, hôpital, cette construction fut l'âme de la ville, et constata l'esprit d'une société chrétienne sur cette terre abandonnée jusqu'alors au fatalisme.

La présence des employés et des ouvriers aiguillonna la spéculation indigène. Les denrées fraîches furent apportées de l'intérieur; il y eut un marché, mal fourni d'abord et bien insuffisant pour alimenter les menus des journaux de Paris, mais où des estomacs tenus en santé par la sobriété et le travail trouvaient déjà une agréable et hygiénique variété d'aliments. Les gourbis de ces fournisseurs peu difficiles sur la qualité, la distribution, le mobilier, et, il faut le dire aussi, la propreté du logement, s'étendirent en longues rues bien alignées d'après les tracés des ingénieurs, derrière la façade des constructions aristocratiques de la plage. Puis, toute cette population se répandit au dehors, s'occupant de mille soins divers ou se livrant à la médisance, qui fleurit au désert, parmi les Arabes, tout comme dans les villages de notre bonne France.

C'est ainsi que fut fondée la première ville de l'isthme. Tel est l'aspect qu'elle offrit dès son origine. Aujourd'hui Port-Saïd est une jolie cité, moitié industrielle, moitié pittoresque. Le site en est charmant; car l'espect de la mer est toujours nouveau, et la vue du lac et des chalets est réjouie par une multitude d'iles vertes et par les grandes voiles des nombreux ba-. teaux pêcheurs qui exploitent le lac, dont le produit est affermé au prix d'un demi-million.

L'histoire de Port-Saïd est l'histoire de toutes les villes et chantiers de l'isthme.

Sur les travaux du centre et l'origine d'Ismaïlia, le même observateur donne les détails suivants :

La partie de l'isthme comprise entre Suez et Peluse est une dépression de terrain où des deux côtés la mer s'avançait au-trefois. Les eaux de la Méditerranée tendaient à joindre celles de la mer Rouge. Il est permis de supposer que les premières entraient jusque dans les lacs Ballah, tandis que les secondes, ainsi qu'on l'admet généralement, atteignaient l'extrémité septentrionale des lacs Amers.

Une barrière empêchait leur réunion. C'était une double élévation de terrain, contenant un bassin d'eau douce peuplée de crocodiles: le lac Timsah; ces deux hauteurs, nommées El-Guisr et Serapeum, ont été ouvertes par la compagnie de Suez et laissent passer aujourd'hui le canal. Le plateau d'El-Guisr est le plus élevé. Il a vingt mètres au-dessus de l'eau, et c'est lui qui fermait le passage du côté de la Méditerranée. Serapeum n'a que 8 mètres d'élévation; mais la masse en était infranchissable pour les eaux de la mer Rouge. El-Guisr a été percé, en grande partie, par les fellahs égyptiens. Serapeum est fouillé par des dragues, et les tranchées qui le traversent seront bientôt abaissées jusqu'au niveau du canal.

J'ai vu, il y a bien peu d'années, le lac Timsah; c'était un bassin sans eau, où croissaient quelques touffes de jonc brulées par le soleil, sur une vase séchée et fendue. Aujourd'hui le lac Timsah présente le riant aspect d'une vaste nappe d'eau. J'ai vu l'emplacement qu'occupe Ismaïlia; c'est un mamelon de sable, aussi nu et stérile qu'il est possible de l'imaginer. Aujourd'hui ce mamelon est couvert de riants édifices et de jardins. L'eau douce y circule, envoyée jusqu'à Port-Saïd, c'est-à-dire à 80 kilomètres, par une double conduite forcée et une double machine à vapeur pourvue de pompes élévatrices. Il y a deux mois, un navire autrichien, c'était le premier qui franchissait le canal de Port-Saïd à Suez, et, par hasard, il s'appelait le Primo, fit escale à Ismaïlia. L'équipage descendit à terre et put y réunir d'énormes bouquets, tant les fleurs y sont aujourd'hui nombreuses. Deux jours après, il entrait à Suez tout orné

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de guirlandes fraîches en fleurs naturelles. Timsah est situé au point de rencontre du canal maritime et du canal d'eau douce.

Note additionnelle sur l'Abyssinie.

Les feuilles précédentes étaient écrites et imprimées, lorsque nous avons reçu le n° 11 (cahier de novembre) des Mittheilungen de Petermann. Ce cahier, consacré presque tout entier à l'Abyssinie, a trop d'importance, et une importance trop actuelle, pour ne lui pas consacrer ici une mention spéciale, avant de sortir d'Afrique pour entrer en Asie. Les deux cartes qu'il renferme en sont la partie capitale. La première, à l'échelle du 300 000°, est consacrée à la partie N. E. de l'Abyssinie, et aux passes conduisant de la côte au plateau, depuis Massâoua et la baie d'Arkiko au nord, jusqu'à la baie profonde d'Ansley (autrefois le golfe d'Adulis) et au site ruiné de Zoullah, le port d'Adulis des anciens, au sud. Cette première carte montre la configuration topographique du pays qui sera nécessairement le théâtre du débarquement et des premières opérations de l'armée anglaise. La seconde carte, à une échelle plus réduite (elle est au 1000 000e), conduit plus avant dans l'intérieur du pays; elle s'étend au sud-ouest jusqu'à la ville d'Adoua, capitale actuelle du Tigré, et au site un peu plus occidental de la célèbre cité d'Axoum, l'ancienne ville royale de l'empire éthiopien. Un carton représente l'Abyssinie tout entière. Ces cartes ne sont pas seulement des œuvres de circonstance, des Théâtres de la guerre, » comme on dit en style de commerce; ce sont des productions scientifiquement étudiées, exécutées d'ailleurs avec la supériorité artistique à laquelle nous ont accoutumés les ouvrages sortis de l'Établissement géographique de Gotha; en un mot, les meilleures et les plus complètes, sans contredit, que l'on ait jusqu'à présent sur l'Abyssinie orientale.

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Outre une Note spéciale sur ces cartes et sur les matériaux qui ont servi à les construire, le cahier contient deux morceaux étendus relatifs à la même contrée : une « Étude géographique, physique et sociale sur l'Abyssinie, par M. Werner Munzinger, actuellement consul britannique à Massâoua, et un fragment du voyage de M. de Heuglin dans le nord de l'Abyssinie en 1862, relation restée jusqu'à présent inédite parce que l'on n'avait pas réuni encore tous les éléments des cartes qui la doivent accompagner. La relation complète paraît en même temps à Iéna, chez Costenoble, en un volume grand in-8° de trente feuilles, avec huit planches imprimées en couleur, et une grande carte de l'Abyssinie à l'échelle du 2 000 000o, dressée par M. de Heuglin lui-même. (Reise nach Abessinien, den Gala-Lændern, Ost-Sudan und Chartum, in den Jahren 1861 und 1862. Mit Vorwort von A.-E. Behm.)

ASIE.

I

ASIE OCCIDENTALE.

PAYS EN DEÇA DU TIGRE ET DU BAS EUPHRATE

(TURQUIE ASIATIQUE).

SYRIE. ARABIE. KOURDISTAN. ANATOLIE. CAUCASE.

S 1er. Syrie et Palestine.

96. Carl RITTER. The comparative geography of Palestine and the Sinaitic Peninsula. Translated and adapted to the use of biblical students, by W. L. Gage. Edinburgh, 1867, in-8, 1709 pages, 32 sh.

97. J. DEREN BOURG. Essai sur l'histoire et la géographie de la Palestine, d'après les Talmuds et les autres sources rabbiniques. Première partie. Histoire de la Palestine depuis Cyrus jusqu'à Adrien. Paris. Impr. impériale, 1867, in-8, Iv-490 pages.

98. Capt. C.-W. WILSON, R. E. Report of the Palestine Exploration Fund (Extract). Athenaeum, no 2082, 21 sept. 1867, p. 373.

Du même. Recent discoveries in and around the site of the
Temple of Jerusalem. Ibid.

99. Lieut. ANDERSON, R. E. Notes of a reconnaissance of some portions of Palestine, made in 1865-66, for the Palestine Exploration Fund. Ibid.

Extraits analytiques de trois communications faites à l'Association britannique pour l'avancement de la science.

100. Capt. C. W. WILSON, R. E. The Ordnance Survey of Jerusalem; with notes by capt. Wilson. Southampton, Ordnance

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