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comparaisons un ouvrage qui porte à un très-haut degré la marque de l'inspiration personnelle, et le génie lui-même ne ferme pas les routes où il a laissé sa trace.

S 7. L'homme sous l'action des climats. M. Foissac.

Un professeur distingué de la Faculté de médecine de Montpellier, M. Fonssagrives, a écrit sur le livre du docteur Foissac (n° 582), une très-intéressante étude à laquelle j'emprunte quelques passages.

Il est des esprits qu'attirent les grands côtés des choses et qui se meuvent avec une sorte de sérénité pleine d'aisance dans les questions les plus élevées comme dans une atmosphère qui leur est naturelle. M. Foissac est de ceux-là, et après avoir écrit l'hygiène philosophique de l'âme, c'est-à-dire après avoir envisagé l'homme en rapport avec le milieu moral dans lequel il s'agite', il était naturel qu'il revînt en l'élargissant sur une œuvre déjà vieille de trente ans, et qu'il s'occupât magistralement du milieu physique avec lequel l'homme, étre passif et actif à la fois, entretient des échanges réciproques et incessants d'influences.... M. Foissac est profondément hygiéniste; il l'est d'instinct et de fait, et il a tourné ses aptitudes vers cette voie à une époque où elle était un peu dédaignée et où l'on s'imaginait volontiers que l'hygiène est, dans le plan des études médicales, chose de pur agrément et d'introduction facultative soit qu'il étudiât la météorolgie dans ses rapports avec la science de l'homme, soit qu'il s'occupât de la somascétique chez les anciens et chez les modernes, il a mis dans toutes ses études le souffle de la grande médecine. Qu'on partage toutes ses opinions ou qu'on les discute, on n'en éprouvera pas moins un sentiment de considération pour une vie médicale qui s'est passée dans la sphère d'idées aussi hautes.

1. L'ouvrage auquel il est fait ici allusion est l'Hygiène philosophique de l'âme, 2 vol. in-8, dont une nouvelle édition a paru en 1860. Parmi les autres publications du savant physiologiste, je citerai : de la Météorologie dans ses rapports avec la science de l'homme, Paris, 1854, 2 volumes; de l'influence du moral sur le physique, 1857, 1 vol.

Le livre de M. Foissac s'ouvre comme de raison par de larges considérations sur les climats. L'affirmation du cosmopolitisme humain, déduite de preuves élevées et démonstratives, et celle de sa subordination relative aux conditions physiques dans lesquelles il vit, forment une sorte d'introduction philosophique à une classification des climats.

L'auteur les répartit en cinq groupes : 1° climats polaires; 2o climats froids; 3° climats tempérés; 4° climats chauds; 5o climats intertropicaux. L'hygiène souscrit à cette division, car chacune de ses catégories correspond à un groupe bien délimité d'influences hygides et morbides. La dernière, entre autres, a certainement sa raison d'être, et c'est pour avoir trop souvent confondu les climats chauds avec le climat des tropiques que de si longues controverses ont été soulevées par le mémoire remarquable de M. Jules Rochard, relatif à l'influence des climats sur la phthisie. La zone intertropicale est certes aussi distincte, au point de vue des modifications qu'elle imprime à la vie, de la zone des pays chauds, que celle-ci l'est de la zone tempérée. Les météorologistes trouveront sans doute son étude incomplète, et je partagerais l'avis des météorologistes si je ne me rappelais que M. Foissac a écrit un ouvrage spécial sur la matière. Toutefois cette science a marché depuis 1854, et je regrette qu'un résumé substantiel et précis de la météorologie, dans ses rapports avec la science de la santé et des maladies, ne soit pas entré dans le plan de l'auteur.

La première partie du livre est consacrée à l'étude des influences que les climals exercent sur les fonctions, c'est-à-dire sur la vie physiologique normale. Fidèle à ses habitudes généralisatrices, l'auteur envisage l'homme non pas isolé, mais fonctionnant dans la série des êtres; et s'il montre les relations matérielles de structure qui le lient au monde inférieur de la création sur lequel il exerce sa providentielle royauté, il revendique nettement pour lui les prérogatives d'un règne à part, du règne humain. «En dépit de tous les sophismes, dit-il, Lous regardons comme attributs spéciaux de l'homme la raison, la conscience et la réflexion. A la raison éclairée par l'intelligence, il doit la parole, la sociabilité, la civilisation, les gouvernements, la perfectibilité. De la conscience découlent le libre arbitre, la distinction du bien et du mal, le mérite et le démérite des actions, et par conséquent la responsabilité des actes, la morale et la justice. De la réflexion enfin proviennent

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la science avec ses progrès, l'invention des arts, la connaissance des causes, des principes, des lois, des rapports, de tout ce qui éclaire l'homme, de tout ce qu'il voit, de tout ce qu'il fait. » C'est bien cela : vaine est la philosophie qui prétend démontrer par l'analogie structurale l'identité de rang ou l'évidence de filiation. Dieu, qui est le souverain artiste, a ménagé avec un soin infini les transitions corporelles; mais il a mis entre l'intelligence de l'homme et l'instinct de la brute un abime que le chimpanzé ne franchira jamais.

Un chapitre entier est consacré à la distribution géographique des animaux et des végétaux, en tant qu'elle est soumise aux influences des climats. L'auteur a donné le titre de Géographie zoologique à cette étude, qui embrasse à la fois les plantes et les animaux. L'auteur a voulu sans doute montrer combien est artificielle la barrière établie jadis entre les deux grandes catégories d'êtres, aussi distincts par leur structure qu'ils sont rapprochés par la communauté de la vie qui les anime. Cette étude n'est pas un hors-d'œuvre; elle prépare en effet l'esprit à la pleine conception de la puissance modificatrice des climats sur l'économie humaine. Au reste, l'homme, objet spécial de ce livre, se dégage bien vite du fonds commun de la création.

La dernière partie de l'ouvrage attire par le double attrait du titre qu'elle porte et de l'intérêt qu'elle offre.

Le moral! L'auteur ici a dû poser sa plume, prendre sa tête à deux mains, et peser, dans l'intimité de sa conscience et de sa réflexion, l'énormité du problème qui se dressait devant lui. Cabanis lui montrait une route, elle n'était pas la sienne; il en a pris une autre, et à notre avis il a bien fait. « En traitant des rapports du physique et du moral, dit-il, on ne saurait méconnaître et passer sous silence l'activité du principe immatériel par lequel nous vivons, nous pensons, nous agissons. Ce principe devient le contre-poids qu'opposent aux passions la raison, la conscience, le libre arbitre, et par suite les lois, les institutions et les croyances religieuses. Que l'on compare l'état ancien et l'état moderne de l'Égypte, de la Perse, de la Macédoine, de la Grèce, de la Phénicie, de l'Asie Mineure: le sol, la latitude sont restés les mêmes; quelle différence cependant entre le courage, les vertus et le génie des mêmes peuples à quelques siècles de distance ! La Perse, qui enfantait des héros, nourrit des troupeaux d'esclaves; le vice et la barbarie ont précipité dans un abîme de dégradation des empires en

tiers. D'où provient un pareil changement? Des lois, des gouvernements, des institutions. Les croyances qui faisaient leur force et leur grandeur ont disparu, et ont entraîné dans leur naufrage celui des vertus privées et de la fortune publique. L'influence du climat, quoique réelle et puissante, n'est donc que relative. » Oui, sans doute, et j'affirmerai même que l'influence des conditions morales sur le physique est autrement puissante que celle du physique sur le moral, parce que celui-ci, libre, réagit et se défend; celui-là, esclave, se courbe et subit.

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Bien peu médecin serait celui qui récuserait d'une façon complète l'intimité des rapports réciproques qu'entretiennent le physique et le moral. Bien peu philosophe serait celui qui ne verrait pas la liberté morale restée intacte sous cette dépendance apparente. M. Foissac est bon médecin et bon philosophe, et la mesure qu'il observe en cette grave matière nous parait acceptable en raison, et fondée en vérité. Au reste, cette partie si intéressante qui occupe cinq cents pages environ ne s'analyse pas, elle se lit d'un bout à l'autre; et si nous énumérons ses principaux chapitres, 1o des sens et des sensations, 2o considérations sur les mœurs des différents peuples, 3o les historiens et les philosophes, 40 la musique et la peinture, 5o le génie poétique, 6° les gouvernements, 7° les religions, 8° les grands hommes et les progrès de l'esprit humain, pour montrer simplement la variété et la difficulté des questions que l'auteur passe en revue. Il ne les résout pas toutes, mais il en prend la mesure, et c'est assurément quelque chose.

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Je résume mes impressions en un mot : ce livre est de ceux qui trahissent une bonne odeur de recueillement littéraire et scientifique; il a été évidemment conçu et écrit pour les plus intimes satisfactions d'un esprit élevé qui met les joies du travail au-dessus de celles de la réussite. Il a eu le premier de ces succès; le public ne lui marchandera certainement pas le second, et ce sera justice.

II

GÉOGRAPHIE HISTORIQUE.

§ 1. Antiquité classique.

583. H. KIEPERT. Atlas antiquus. Dix cartes pour servir à l'étude de l'histoire ancienne. 4 édition, entièrement revue et corrigée. Berlin, 1867, in-folio (Reimer; Paris, Haar).

Les 10 cartes dont se compose cet excellent Atlas d'étude sont les suivantes :

1. Orbis terrarum antiquis notus.

2. Imperia Persarum et Macedonum.

3. Asia citerior.

4. Graecia cum insulis et oris maris Ægaei.

5. Graecia (ampliore modulo),

6. Italia.

7. Italiae pars media, et Romae delineatio.

8. Hispania, Mauretania et Africa.

9. Gallia, Britannia, Germania.

10. Imperium romanum.

De ces dix cartes, six ont été entièrement refaites ou considérablement remaniées dans cette nouvelle édition : ce sont les nos 3, 4, 5, 6, 9 et 10. Nous regrettons que le savant géographe de Berlin n'ait pas retouché également le n° 1, dont les parties extrêmes, en Afrique et en Asie, auraient besoin d'une sévère révision.

584. Atlas von Hellas und den hallenischen Colonien. 3ter. Ausg. Berlin, 1867 (Nicolai), format colombier.

Cet Atlas de la Grèce ancienne et de ses colonies commença, en 1840, la réputation, aujourd'hui européenne, de M. Henri Kiepert. Une seconde édition fut donnée en 1851; celle-ci, qui est la troisième, sera remaniée à fond sur nombre de points. La 1re livraison a seule paru jusqu'à présent; les cinq cartes qui la composent sont les nos 8 (Crète et Cyclades), 10 (Colonies pontiques), 11 (colonies de la Basse-Italie et de la Sicile), 14 (le S. E. de l'Europe et les côtes égéennes de l'Asie Mineure d'après Ptolémée), 15 (les colonies helléniques de la Méditerranée et du Pont, d'après Ptolémée).

(Pour les derniers travaux de M. le vicomte de Rougé, et de son fils, M. Jacques de Rougé, sur la géographie et l'ethnographie pharaoniques, voir ci-dessus, p. 155 à 157, no 87 et 88).

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