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perdu (ci-dessus, no 2). Nous en voulons reproduire quelques passages.

Dans la géologie du pays, l'Afrique diffère essentiellement de l'intérieur de l'Inde. La partie inférieure du Zambézi renferme des gisements considérables de charbon; nous les avons observés sur une étendue d'environ 400 milles. Sur la Rovouma, nous avons retrouvé exactement la même formation que nous avions vue dans le sud. Nous y vimes des fragments de trèsbeau charbon dans le sable de la rivière. Antérieurement à l'état actuel du pays, il a existé, à ce qu'il semble, d'immenses lacs d'eau douce dans lesquels la houille s'est formée; et quelques-uns des lacs actuels (bien que ces lacs ne soient pas, tant s'en faut, de petites nappes d'eau, le lac Nyassa, par exemple, n'ayant pas moins de 200 milles de longueur avec une largeur qui varie de 20 à 60 milies), quelques-uns de ces lacs, dis-je, ne sont que les parties les plus profondes des lacs primitifs. Ces lacs des anciens temps semblent avoir été beaucoup plus grands que ceux qui existent aujourd'hui, et ils paraîtraient s'être en partie écoulés par des fissures formées dans les hautes berges latérales, qui forment un trait physique du pays bien marqué. Ces anciennes falaises ont été violemment déchirées, et de grands lacs intérieurs se sont ainsi réduits ou desséchés. Le Zambézi, par exemple, traverse une de ces fissures, et y forme une des cataractes les plus remarquabies du globe. Il est tout à fait impossible de la décrire tant elle est différente de toutes les autres chutes d'eau; je dirai seulement qu'au-dessus de la cataracte, la rivière a un mille de largeur (plus d'un kilomètre et demi), que sa chute est plus que double de celle du Niagara, et que la fente dans laquelle les eaux se précipitent n'a plus que 150 mètres de largeur. C'est une des choses les plus étonnantes que j'aie jamais vues; et mon frère, qui connaît familièrement le Niagara, dit que la chute du Zambézi est la plus étonnante des deux. Il est peu de rivières en Afrique qui ne traversent une de ces fissures. Le Congo, par exemple, s'est frayé sa route à travers de grandes chaines de rochers, qui semblent s'être déchirées lorsque les eaux intérieures rompirent les barrières qui les contenaient. En remontant la Rovouma (en 1861), nous arrivâmes à des cataractes; ce sont ces cataractes, que l'on retrouve dans toutes les rivières de l'Afrique, qui ont empêché, à ce qu'il semble, les navigateurs de remonter un peu loin dans l'intérieur du continent.

Tout le monde croit que le climat de l'Afrique est excessivement mauvais; mais, à mon avis, on n'en a pas fait l'essai dans de bonnes conditions. Dans les voyages que l'on y fait, on n'a aucune des commodités que l'on possède dans l'Inde, pas de moyens de transport, pas de bêtes de somme. Une mouche appelée le tzetzé fait qu'aucun animal domestique, excepté la chèvre, ne peut vivre là où elle abonde. Il est très-remarquable qu'elle tue le cheval, le bœuf et le chien, mais qu'elle ne tue pas la chèvre et n'a pas d'effet sur le mulet. Le poison paraît être d'une nature qui déjoue toute investigation. Dans les terres basses, le climat est humide; mais comme nous étions obligés de dormir à ciel ouvert sous les arbres, nous avions contre nous toutes les mauvaises chances. Si l'on avait là quelque chose qui ressemble au confortable qu'on retrouve dans l'Inde, ou simplement une bonne nourriture et un abri suffisant, avec une occupation active pour l'esprit et le corps, je suis persuadé que sur les hautes terres de l'Afrique les Européens pourraient vivre et prospérer. Je ne crois pas, je le répète, qu'on ait fait du climat de l'Afrique une épreuve que l'on puisse regarder comme suffisante. Le soleil est moins redoutable en Afrique que dans l'Inde, ce qui peut tenir à ce que dans l'intérieur le climat est

sec.

La plupart d'entre vous connaissent le type nègre. Nous voyons quelquefois chez nous, à la porte des marchands de tabac, une figure par laquelle on a prétendu le représenter; mais ce n'est pas là du tout, croyez-le bien, le type réel. Il se peut que ce soit le type du nègre de la côte occidentale, qui est excessivement laid; mais les populations de l'intérieur sont tout à fait différentes. Très-souvent elles présentent des physionomies qui ne sont nullement déplaisantes. Les Makololo, par exemple, sont des gens de très-boune mine. Ils ont le nez un peu plus plat que le nôtre; mais à leur avis, c'est le nôtre qui est trop saillant. Dans toute l'étendue du pays, les indigènes ont les cheveux laineux; mais ils disent, en voyant les nôtres : est-ce que ce sont là des cheveux? Si nous descendons encore plus au sud, nous trouvons les Hottentots et les Bushmen, dont la chevelure, réellement trop étriquée, ressemble à la frisure de l'astrakan. L'herbe y vient de la même manière, çà et là de petites touffes séparées par des espaces vides. Mais à mesure que nous avançons plus au nord, tout à la fois la végétation devient plus serrée et la chevelure des habitants plus abondante, au point que chez quelques-uns d'entre eux la tête est surmon

tée d'une masse de laine que je comparerais volontiers aux larges turbans de quelques-uns des amis qui m'écoutent. Ces gens-là en sont si fiers, qu'ils la disposent en toutes sortes de formes. Quelques-uns lui donnent la forme d'un casque de dragon; d'autres la rejettent en arrière; on en voit qui semblent imiter l'auréole de la Vierge, par des tresses disposées comme autant de rayons autour d'un cercle. Il serait impossible de décrire tout ce que la fantaisie leur suggère à cet égard; ils trouvent dans cette variété de coiffures le même plaisir que nos dames trouvent dans la leur. Ils sont d'ailleurs très-adonnés a suivre les modes, et l'une de ces modes est la plus laide qui se puisse imaginer. Je n'ai jamais pu m'y faire. C'est l'anneau des lèvres. Cet anneau n'est pas placé comme dans l'Inde l'anneau du nez. On pratique une ouverture dans la lèvre inférieure, où l'on insère une petite pièce de bois pour empêcher les chairs de se rejoindre. L'ouverture est petite d'abord; on l'agrandit peu à peu en y plaçant successivement des rondelles plus épaisses, jusqu'à ce qu'on y passe l'anneau d'ivoire qui doit y rester. Cela est fort laid, mais c'est la mode : chez nous en bien des cas. Je demandais à un vieux chef quelles raisons avaient les femmes de s'astreindre à une pareille chose? - Eh! c'est pour se faire belles, donc; quelle triste créature qui n'aurait pas son anneau? Et cet homme semblait s'amuser beaucoup à l'idée d'une femme sans un anneau de lèvres. Quand les muscles des joues se relâchent, on peut voir l'intérieur de la bouche à travers l'anneau. J'espère qu'on n'introduira pas une pareille mode dans ce pays, bien qu'on ne puisse guère dire ce que la mode sera ou ne sera pas (rires). Je me suis demandé quelquefois comment s'y prenaient les femmes pour donner un baiser avec cet anneau (rires bruyants); mais je n'ai jamais osé leur en faire la question, dans la crainte que ces dames ne m'offrissent d'essayer.

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Passant à des choses plus sérieuses, le docteur continue :

Je me propose dans ma nouvelle expédition de remonter la Rovouma, rivière dont le nom se prononce aussi Lovouma. Nous remonterons en bateau l'espace de 150 milles; et comme nous ne serons pas là sur un territoire qui rélève des Portugais, j'espère que nous n'aurons rien à démêler avec eux. Je crois toujours que si l'on établissait dans ces parties des mission

naires chrétiens en même temps qu'un commerce légal, la traite des esclaves serait bien près de sa fin.

Je me propose d'emmener avec moi un certain nombre de buffles, car nous n'y trouverons pas de bêtes de charge, bien que les animaux sauvages y soient en grande nombre. La première fois que je remontai le Chiré, je ne comptai pas moins de 800 éléphants sauvages. Les rhinocéros et les hippopotames abondent. Il nous arriva un jour, pendant notre voyage en amont de la Rovouma dans une barque pesante contenant une tonne d'ivoire et plusieurs hommes, qu'un hippopotame essaya de nous faire chavirer; et comme il n'y pouvait pas réussir, il se mit à mordre le fond de notre embarcation. Il y donna un coup tel qu'il rompit une des planches, ce qui nous obligea de nous jeter vers la terre aussi vite que possible. Le pays est plein d'antilopes et de rhinocéros; c'est probablement la contrée du monde la plus remarquable pour le grand gibier. On connaît à cet égard la relation de Gordon Cumming, que beaucoup de gens ont pu croire exagérée; moi qui ai vécu dans la partie du pays où ont eu lieu ses chasses, je puis affirmer qu'il n'en a rien dit de trop. Néanmoins le gibier diminue, par suite de l'énorme destruction que l'on en fait. J'ai essayé de calculer le nombre d'éléphants tués, et je trouve, d'après la quantité d'ivoire apportée sur le marché, que l'on doit détruire au moins 30 000 éléphants chaque année pour en avoir les défenses. On peut juger où cela doit conduire.

Mon grand désir est de voir s'il n'est pas possible, d'une manière ou de l'autre, de former un établissement à la fois religieux et commercial; et comme l'expérience n'a jamais été tentée dans cette partie de l'Afrique, j'ai grande confiance dans le succès....

Un autre objet que j'ai en vue en retournant en Afrique, est d'explorer la ligne du partage des eaux de cette partie du continent. Dans la partie du pays où il existe une dépression, il y a plusieurs lacs qui n'ont pas encore été reconnus, entre autres le lac Bemba, d'où sort la rivière Loapula qui forme sur son parcours d'autres lacs de grandeur médiocre. Ce peut être une des sources du Nil. C'est un des motifs qui m'ont déterminé à prendre par la Rovouma, puis de traverser le lac Nyassa pour me diriger vers le Tanganika et les parties du plateau absolument inconnues....

II

GHERARD ROHLF.

SES TENTATIVES. SA TRAVERSÉE. SON RETOUR.

3. Uebersicht von GERHARD ROHLF's Reise durch Africa, 1866 bis 1867 (Aperçu du voyage de G. Rohlf en Afrique). Mittheilungen de Petermann, 1867, n°10, p. 372-381.

Tous ceux qui suivent avec quelque intérêt la marche des explorations africaines, savent quelles espérances s'attachaient à l'ardent et courageux voyageur allemand Gerhard Rohlf, lorsqu'à la fin de 1864 il entreprit pour la troisième fois de pénétrer au cœur de l'Afrique du Nord. Arrivé à Tripoli de Barbarie dans les derniers jours de cette année 1864, Rohlf avait en vue deux projets également importants, entre lesquels il se déciderait selon les circonstances: ou pénétrer jusqu'à Tombouktou à travers les montagnes des Touareg Hogar, ou arriver au Ouadàï par le pays également inexploré des Tibboù. Il n'a été donné au voyageur, malgré sa constance et sa rare énergie, d'accomplir ni l'un ni l'autre de ces plans; et cependant la traversée qu'il vient encore une fois d'exécuter à travers le Nord de l'Afrique n'en comptera pas moins parmi les plus fructueuses. Même dans les parties touchées avant lui par les deux grandes expéditions qui de nos jours nous ont ouvert la connaissance du Soudan, celles de Clapperton et de Barth, Rohlf a notablement ajouté à nos informations. Sur plusieurs points, il lui a été donné de séjourner pendant des semaines et des mois là où ses devanciers avaient passé rapidement ou

1. Voir le précédent volume de l'Année, p. 373.

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