Sidor som bilder
PDF
ePub
[ocr errors]

§. 3. Égypte.

L'exposition égyptienne a donné lieu à de remarquables études; mais que peut-il rester à dire à ce sujet après le livre que lui a consacré le commissaire général de cette partie de l'Exposition, M. Charles Edmond? Ce beau livre est peut-être écrit avec trop de chaleur pour être absoment impartial; mais il est, après de tout, rempli de faits puisés aux sources officielles, et on y peut prendre une idée complète du pays, du peuple qui l'habite, et du gouvernement nouveau qui le régit. Outre la description des objets mêmes dont se composait la galerie égyptienne, M. Charles Edmond n'a rien omis dans son vivant tableau: la géographie, l'histoire et la statistique en occupent les plans principaux. Qu'on nous permette de citer les lignes par lesquelles l'auteur a terminé son exposé :

Entre ce qui est maintenant et ce qui était autrefois, quelle différence! Depuis des siècles, l'Égypte tournait dans un cercle de guerres continuelles, de luttes anarchiques; mais aux fureurs des ambitions, la paix et la tranquillité succèdent. Au lieu d'une armée propre à assurer, au moment venu, l'indépendance et la grandeur du pays, il n'y avait que des milices turbulentes, plus propres à tout compromettre par leur fanatisme. La souveraineté n'est plus le prix de l'intrigue : elle se transmet dans une dynastie régulièrement assise 2. Tout récemment même, les ingérences si souvent fâcheuses de la Turquie et ses exigences surannées ont été définitivement écartées, et l'Égypte est devenue un royaume qui ne relève que de ses propres destinées. Peu à peu se dégageront ainsi

1. L'Égypte à l'Exposition universelle de 1867. Paris, 1867, un vol. grand in-8° de 386 pages, avec figures. (Dentu.)

2. Voir ci-dessus, p. 159.

pour le pays les conditions de sa nationalité, et le reste lui viendra par surcroît.

Tout ce qui touche à l'Égypte a un droit particulier à notre intérêt; car la régénération de cette terre antique est aussi l'œuvre de la France, et l'Egypte non plus ne l'oublie pas.

L'ANNÉE GÉOGR. VI.

38

[ocr errors]
[ocr errors]

NÉCROLOGIE GÉOGRAPHIQUE

DE L'ANNÉE 1867.

Si chaque année qui s'écoule ajoute aux conquêtes de la science et amène un progrès dans la connaissance de la terre, chaque année aussi laisse après elle le regret de quelques-uns des hommes qui par leurs voyages ou leurs travaux ont agrandi ces conquêtes et contribué à ce progrès. 1867 marquera tristement dans cette coupe annuelle des notabilités de la science, et par l'étendue de la liste funèbre, et par l'illustration de plusieurs de ceux que la mort a frappés. C'est la forte génération scientifique du premier quart du siècle qui tombe et disparaît.

BACHE (Alex. Dallas), surintendant du coast survey à Washington; né à Philadelphie, mort le 17 février dans un âge peu avancé. M. Bache a dirigé pendant vingt-trois ans la gigantesque opération du levé hydrographique de l'immense république américaine sur l'Atlantique et sur le Grand océan ; s'il n'a pas été le créateur du Coast survey américain, honneur qui revient à un Suisse d'Aarau, feu le professeur F. R. Hassler, il lui a donné du moins une direction et une impulsion telles, que le nom de Bache restera attaché à jamais à cette grande et belle œuvre du relevé des côtes de presque tout le continent de l'Amérique du Nord. Aucun pays du monde ne possède un aussi vaste et un aussi beau développement des côtes sur les deux grands océans Atlantique et Pacifique, et c'est pendant la direction de Bache que les États-Unis ont ajouté le Texas et la Californie à leurs lignes déjà si éten

dues de côtes maritimes. Le nom de notre regretté confrère, qui par sa mère était un petit-neveu du célèbre Benjamin Franklin, est un des plus respectés aux États-Unis; issu d'une famille de savants et de militaires distingués, il a pris part pendant les trente dernières années à toutes les grandes mesures et associations scientifiques des États-Unis. Plusieurs fois il a présidé l'Association américaine pour l'avancement des sciences, l'Académie nationale des sciences, la commission de l'Institution Smithsonienne, et il était membre de presque toutes les sociétés savantes et académies de l'Amérique et d'un grand nombre de celles de l'Europe; l'Académie des sciences de Paris le comptait parmi ses membres correspondants dans la section de géographie et de navigation.

Le professeur Bache, à l'exemple de son grand-oncle Franklin, a rendu de très-grands services pour populariser la science, et la répandre libéralement non-seulement dans son propre pays, mais dans le monde entier. Sur sa demande, le Congrès des États-Unis votait chaque année l'impression à 10 000 exemplaires d'un énorme volume in-4o, renfermant en outre du texte jusqu'à 60 et 80 grandes cartes marines, et que Bache distribuait gratis à toutes les sociétés savantes, à tous les savants eux-mêmes des deux mondes. Il a eu pour successeur dans ses fonctions hydrographiques le professeur Pierce, de Harvard.

BARDIN (Libre Irmond), né dans la Moselle le 18 novembre 1794, mort à Passy-Paris le 20 décembre 1867.— .— « Bardin entra à l'École Polytechnique en 1813, et passa, en 1815, à l'École d'Application de Metz. Nommé lieutenant d'artillerie, il donna sa démission en 1818; mais bientôt après il fut chargé de l'enseignement des mathématiques à l'École d'Application, et mérita comme professeur la décoration de la Légion d'honneur (1828). Il fut à Metz un des principaux foudateurs des cours gratuits de sciences appliquées à l'industrie. En 1844, il quitta le service de l'Etat, et vint à Paris où il fut chargé de diriger une École libre des arts et métiers. » (Vapereau). En 1848, M. Bardin, élu membre de la Consti• tuante, eut dans les événements de cette époque un rôle où l'on n'aime point voir s'absorber les hommes de science. Pour nous, toute la vie de l'éminent professeur se résume dans les travaux topographiques qui ont eu pour résultat l'admirable série de plans-reliefs dont quelques spécimens seulement fi

« FöregåendeFortsätt »