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au nord jusqu'à l'époque de la conquête du littoral par une flotte turque en 1557. Des restes encore plus anciens d'habitations souterraines, et de véritables villes troglodytiques, se trouvent dans l'intérieur et sur le Mareb.

La grande majorité des habitants, aborigènes ou immigrés, cultive le sol et élève le bétail; tous sont très-riches en chameaux, bêtes à cornes, moutons et chèvres. Ils ont aussi le cheval, l'âne et le mulet. L'élève du chameau, toutefois, ne se fait que dans les basses terres.

Les Beni Amèr proprement dits, avec leurs nombreuses tribus, leur clans et les tribus qui leur sont soumises, ont à leur tête un grand-cheïk héréditaire, une famille de Nebtab, Nabatab ou Naouatab, qu'en tigrèh on appelle Deghlel, et en bedjaouïèh Vohada. Ce grand-cheïk est confirmé par le gouverneur-général de Khartoum. Les tribus établies dans le pays à une époque relativement moderne, tels que les Bogo, les Bediouk, les Marea et les Beït Takouèh, ont des habitations fixes, des villages et des espèces de métairies, souvent très-éloignés des terres qu'ils cultivent. Les Beni Amèr, à proprement parler, sont nomades. Ils habitent pourtant aussi des campements fixes formés de tentes en nattes, comme dans le Doungouaz, le Ouadi-Dérabé et l'Adômana; mais le seul village proprement dit qu'on puisse citer chez eux est Bahdoûr Akik, qui a de grandes maisons et des murailles en pierre.

M. de Heuglin rappelle qu'il a donné un aperçu topographique d'une partie notable de la côte et des restes anciens de Bahdoûr et d'Eiro, dans les Mittheilungen de 1860 (p. 338-342); et il termine son intéressante communication par un relevé de la route de Souakïn à Massâoua, auquel il ajoute une liste des caps, criques, îles, etc., que présente la côte dans le même intervalle, d'après les pilotes arabes. M. Antoine d'Abbadie a donné depuis longtemps une liste analogue pour les parties plus méridionales de la côte africaine en deçà et au delà du Bab-el-Mandeb, à partir d'Asab sur la côte d'Afar ou des Danâkil, Bulletin de la Soc. de Géogr. 1842, t. XVIII, p. 217).

V

ABYSSINIE.

L'EXPÉDITION ANGLAISE. ÉTUDES ET PUBLICATIONS.

12. Ch. T. BEKE. The british captives in Abyssinia. Lond., 1867, in-8°. Map. (Longman). 12 sh.

13. Ant. D'ABBADIE. Éthiopie, Carte no 3. Simèn et Zimbila. Paris, 1867, 1 feuille.

14. R. RADAU. La géographie de précision en Afrique. A. d'Abbadie. Revue des Deux-Mondes, 1867, 1er février, p. 109-736.

15. PEACOCK. Handbook of Abyssinia. Lond., 1867, in-12. 2 sh.

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16. H. DUFTON. Narrative of a journey through Abyssinia, in 1862-63. With an appendix on the Abyssinian captives question." Lond., 1867, petit in-8.

Un de ces livres qui éclosent au vent des circonstances comme les grenouilles en temps de pluie. L'auteur voyageait pour une maison anglaise de commerce établie en Égypte.

17. Plan du port d'Obock, côte d'Abyssinie (sic). Paris, 1866, feuille, no 2190. (Publications du Dépôt de la Marine.)

18. Mgr G. MASSAIA. Ord. Cap. Lectiones grammaticales pro Missionariis qui addiscere volunt linguam Amaricam, seu vulgarem Abyssiniae, nec non et linguam Oromonicam, seu populorum Galla nuncupatorum. Parisiis, Topogr. imper., 1867, in-8, xIx-501 p. 25 fr.

S 1. L'expédition anglaise en Abyssinie.

L'expédition militaire que l'Angleterre envoie en Abyssinie, pour tirer des mains du Négous Theodoros le consul Cameron et quelques autres sujets britanniques que le sou

verain barbare dů pays retient captifs, a porté, depuis quelques mois, l'attention publique vers cette région de l'Afrique orientale. Les journaux anglais ont été longtemps remplis de détails sur les préparatifs et les armements; mais nous ne pensons pas qu'aucun d'eux ait fait ressortir l'heureuse coïncidence de cette expédition plus ou moins justifiée, avec l'intérêt que peut avoir l'Angleterre, au moment où le canal de Suez touche à son achèvement, de mettre la main, selon son habitude séculaire, sur quelque territoire qui lui assure, avec Périm et Aden, une forte position dans le bas de la mer Rouge. La prévoyance attentive du gouvernement français n'a certainement pas besoin d'être tenue en éveil sur un pareil objet; mais il est bon aussi que l'opinion publique soit éclairée d'avance. M. Lejean rapporte quelque part un propos du roi Theodoros, qui annonce une assez bonne dose de perspicacité. « Je connais, disait-il, la tactique des gouvernements européens (la remarque aurait dû être moins généralisée), quand ils veulent prendre possession de quelque pays d'Orient. Ils commencent par envoyer des missionnaires, puis des consuls pour renforcer les missionnaires, puis des bataillons pour appuyer les consuls. Je ne suis pas un radjah de l'Hindoustan, pour être leurré de la sorte; j'aime mieux avoir affaire aux bataillons. » Nous aurions d'ailleurs acquis depuis près de vingt ans selon la rumeur universelle fondée sur des correspondances locales 1, -un poste dont l'importance peut à l'heure qu'il est devenir capitale nous voulons parler d'Adoulèh. Ce site, est à douze ou quatorze heures de Massâouah vers le Sud, à l'extrémité du golfe étroit et profond que les anciens nommaient le golfe Adulitique. Elle occupe l'emplacement et conserve quelques vestiges de l'ancienne Adulis, le port célèbre du royaume d'Axoum dans les premiers siècles de notre ère. C'est depuis

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1. Nous pouvons dire, d'après des informations sûres, que cette acquisition, dont la pensée avait été suggérée en effet, n'a pas eu lieu, ce qui est extrêmement regrettable.

la ruine de cette place que Massâouah a conquis son importance. Adoulèh n'est depuis longtemps qu'un amas de décombres, mais un établissement européen la ramènerait vite au premier rang. Le lieu est précisément au pied de la passe principale et la plus directe qui conduit du rivage au plateau abyssin c'est là précisément ce qui fit autrefois son importance; c'est là aussi ce qui pourrait la lui rendre aujourd'hui.

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§ 2. Aperçu géographique, historique et ethnographique.

Ce n'est pas sans étonnement

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quelque habitués que nous puissions être sous ce rapport aux surprises que ne nous ménage guère la presse ce n'est pas sans étonnement, disons-nous, que nous avons vu, dans ces derniers temps, la singulière ignorance de la plupart des journaux anglais au sujet de l'Abyssinie. L'Abyssinie, à les entendre (et la même assertion était répétée, il y a quelques jour, encore, par un membre du parlement), est « une terre vierge, un pays inconnu, ou peu s'en faut. L'armée, en débarquant à Massâouah, va se trouver au seuil d'une contrée dont on sait à peine le premier mot. Topographie, climat, populations, productions et ressources, tout va être à étudier sur place.... En vérité, on reste confondu. Que les journalistes anglais ne sachent pas que toute une pléïade d'explorateurs savants, français pour la plupart, a sillonné l'Abyssinie dans tous les sens il y a trente ans à peine, que la carte du pays a été levée avec exactitude et détail, et que ce vaste ensemble d'observations scientifiques est déposé dans des relations parfaitement accessibles, du moins ne devraient-ils pas ignorer que plusieurs de leurs compatriotes ont pris part, dans le même temps, à cette grande étude savante dont le pays du Négous fut alors l'objet. Le Dr Beke, le plus distingué d'entre eux (ses voyages ont eu lieu de 1840 à 43), vient cependant de

rappeler ses travaux, qui ont grandement enrichi la science, dans un volume dont nous ne connaissons que le titre (no 12), mais qui doit certainement avoir une valeur sérieuse.

Peut-être ne sera-t-il pas sans utilité, dans les circonstances actuelles, de donner ici un aperçu du pays où les événements vont s'engager. Ce résumé nous est facile; nous n'avons qu'à tirer l'article Abyssinie (en l'abrégeant sur quelques points) du grand Dictionnaire de Géographie auquel nous travaillons depuis nombre d'années, et qui sera bientôt, nous l'espérons, en état d'être mis sous presse.

L'ABYSSINIE.

L'Abyssinie est une grande contrée de l'Afrique orientale, dans la haute région du Nil; bornée au N. par la Nubie, à l'O. par des pays nègres peu connus situés sur la droite du Bahr el-Azrek, au S. O. et au S. par des régions à peu près inexplorées, à l'E. par le pays d'Adel et la zone littorale de la mer Rouge. Entre 6 et 15°30′de lat. N., 32 et 41o de long. E. Environ 240 lieues (1100 kil.) du S. au N., sur une largeur presque égale de l'O. à l'E. La superficie approximative surpasse celle de la France. On n'a aucune base pour le chiffre, même approximatif, de sa population; en certaines parties elle est considérable.

L'Abyssinie, dans son ensemble, est un vaste plateau dont l'escarpement domine au N. E. et à l'E. la plage de la mer Rouge et les larges plaines du pays d'Adel. Au N. et à l'O. il descend en larges gradins vers les plaines de la Nubie; au S. O., il s'incline vers la vallée du Bahr el-Azrek; au S., il se prolonge vers les contrées peu connues de Kâfa et d'Enaréa. La hauteur moyenne presque constante de ce plateau est de 2500 à 3000 mètres; sa surface, prodigieusement accidentée, n'est qu'une suite de plaines montueuses, de montagnes abruptes et de vallées profondes. Dans la région du sud, une large dépression renferme le plus grand lac du plateau, connu sous les deux noms de Tzana et de Dembéa. C'est une nappe d'eau de 75 kil. environ de longueur, sur un peu plus de 40 de largeur moyenne; son altitude est de 1900 mètres environ. A mi-chemin entre le Tzana et l'extrémité N. E. de l'Abyssinie, la surface du plateau présente un trait de configuration extrêmement

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