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éclairé de S. Exc. le ministre de l'intérieur, pour que les intentions bienfaisantes du monarque soient fidèlement accomplies. Des observations plus ou moins fondées de la part de personnes qui auraient donné la préférence à une autre langue pour la création d'une chaire, ne peuvent diminuer le prix de ce bienfait; la munificence royale est inépuisable: elle a des récompenses pour tous les mérites reconnus, dévoués, avant tout, à l'avancement des connaissances réellement utiles et à la gloire littéraire de la France,

M. Sandford Arnot, professeur d'hindoustani à l'institution, orientale de Londres, nous adresse une lettre au sujet de l'ar-. ticle dont nous venons de parler. Nous nous bornerons à donner un extrait de cette lettre, ces sortes de débats littéraires ne pouvant être que fastidieux pour la majorité des lecteurs.

Londres, 18 août 1828.-La manière dont mon nom a été, introduit dans l'article sur l'hindoustani, inséré dans le n° de juillet des Nouvelles annales des Voyages, m'autorise à faire, quelques observations sur ce que l'auteur pseudonyme de cet article a dit pour déprécier l'hindoustani.

D'abord il infère du nom même d'hindoustani, que cette langue n'est parlée que dans l'Inde supérieure, contrée à laquelle on applique spécialement la dénomination d'hindoustani. Par la même logique, on pourrait dire que l'anglais ne se parle qu'en Angleterre, Mais, de même que les Anglais ont, avec leurs armes, porté leur langue hors de ses limites naturelles, ainsi les habitans du nord de l'hindoustan ont, au moyen de leurs conquêtes, propagé leur idiome dans toute la presqu'île en deçà du Gange... C'est au point que dans le Bengale même, qui a une langue particulière, aussi belle qu'abondante en ouvrages estimés, on parle cependant de préférence l'hindoustani, et un Anglais qui s'exprimerait en bengali serait peu considéré de ses domestiques...

Pour confirmer ce qu'il avance, votre correspondant cite l'extrait d'un mémoire des missiounaires de Sérampore, relatif à la traduction des écritures dans les langues orientales. L'objet de ces messieurs est de persuader à l'Europe qu'il est utile de traduire la Bible dans tous les dialectes provinciaux de l'Inde, c'est-à-dire en vingt ou trente langues, patois ou jargons différens, usités dans les basses classes de la société, à qui seules

ans,

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les missionnaires peuvent s'adresser.... On voit donc que cette autorité est suspecte.... A l'exception des missionnaires, qui, soit dit en passant, ont fait, en trente trois cents tiens de nom, et pourront ainsi, d'après ce compte, convertir toute l'Inde en dix millions d'années (1), les personnes de, bon sens, qui vont dans les Indes, n'étudient point cette foule de dialectes populaires, ils n'apprennent que le langage des gens instruits et des hantes classes de la société.... Or, je pourrais citer mille autorités pour prouver que l'hindoustani est le seul dialecte indien qui mérite cette distinction, et qu'il est bien plus important à lui seul que tous les dialectes provinciaux, vantés par les missionnaires. Je me suis étendu sur cette. matière dans un Essai que j'ai publié récemment sur l'origine et la structure de l'hindoustani, et qui a été inséré, il y a quel ques mois, dans le Journal Asiatique de Londres, essai où votre correspondant a puisé une partie des matériaux qui lui ont servi pour faire son article....

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Au surplus, je parle par expérience, j'ai passé une portion de ma vie dans différentes parties de l'Inde, au Bengale, dans le Deccan, dans l'Archipel indien, et je me suis fait entendre partout au moyen de l'hindoustani, et partout cet idiôme m'a été de la plus grande utilité.

J'ai l'honneur, etc.

SANDFORD ARNOT.

106. DE PRISCA EGYPTIORUM LITTERATURA. Commentatio prima quam scripsit J. G. L. KOSEGARTEN. In-4° de 71 pp.,› avec pl. Weimar, 1828.

L'auteur de ce traité y explique, au moyen de divers papy rius existans dans le Museum de Berlin, la science des hiérogły→ phes d'invention moderne. Le savant professeur n'est point en faveur du système de Spohn et de Seyffarth; il soutient colui de Young et de Champollion. Cet ouvrage atteste son savoir et son habileté. ( Asiat. journ. ; juill. 1828.)

107. SUR LES DIALECTES DE LA LANGUE ARABÉ; par M. le professeur CARLYSLE, communiqué par M. W. MARSDEN. (Transac tions of the R. Asiatic Society of Great Britain et Ireland; Tome I, p. 580, et suiv.)

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(1) On peut comparer ce qui est dit ici avec un article fort piquant sur le même sujet inséré dans le Journal Asiatique de Paris, ao de juillet dernier.

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(N.d. Ro)

On doit cette note très-succincte au savant arabisant anglais, feu J. D. Carlysle, auteur de plusieurs traductions de l'arabe. Cet orientaliste distingué s'occupait, en 1804, à donner une édition de la Bible en arabe, lorsqu'il mourut à l'âge de 45 ans. Quelques années auparavant, Carlysle avait fait un voyage en Égypte, en Syrie et en Asie-Mineure; et, comme le célèbre orientaliste W. Marsden lui avait recommandé de faire quelques recherches sur les différens dialectes arabes, Carlysle, à son arrivée à Constantinople, en 1801, lui écrivit une lettre à ce sujet. C'est précisément cette lettre, dont la Société royale Asiatique de Londres a enrichi ses mémoires, que nous sommes chargés de faire connaître aux lecteurs du Bulletin. Malheureusement, Carlysle y effleura seulement la question, ainsi qu'on pourra en juger par la traduction analytique qui suit.

« La différence qui existe entre plusieurs dialectes arabes ne consiste surtout que dans celle de la prononciation de quelques lettres. Ainsi, tandis qu'un naturel de Bagdad peut distinguer complétement la lettre nommée dal du zal, et le dhad du zha, l'Alepin ne met presque pas de différence dans la prononciation des lettres zal, zha et za, et prononce dhad comme dal. D'un autre côté, les Syriens donnent le son du dal à toutes ces lettres (1). Le caf (avec deux points) est un K guttural dans la bouche d'un habitant de Bagdad; mais à Alep la langue coopère à sa formation (2). La lettre gim se prononce en Égypte comme le G dur. Le kaf (sans points) se prononce comme notre ch dans quelques parties de la Syrie; ainsi le mot markab, vaisseau, s'y prononce marchab. Les Alepins seuls distinguent bien le son de l'air selon qu'il est affecté d'une des trois voyelles arabes.

Deux autres causes produisent la différence que l'on remarque entre les divers dialectes arabes. La première, c'est le mélange d'idiomes étrangers; la seconde, l'adoption de synonymes, pour exprimer les mêmes idées, par les différentes nations parmi lesquelles l'arabe est usité. Ainsi, par la première de ces causes, nous devons nous attendre à trouver un grand nombre de mots turcs dans le dialecte d'Alep, de mots persans dans celui

(1) Excepté cependant au za qui est notre z.

(2) M. Marsden fait observer dans une note que cette lettre paraît avoir le son de g dur dans quelques parties de l'Afrique.

de Bagdad, et de malais, peut-être, dans l'arabe que l'on parle près de l'Océan indien. Par la seconde de ces causes, il arrive que, par exemple, le cheval se nomme en Égypte hassan et en Asie khail, mots qui, tous les deux, sont également arabes, et qui désignent proprement, chacun, une espèce particulière de cheval; mais comme probablement les khails sont plus communs en Asie, on y a appelé tous les chevaux khails, et comme les hassans sont sans doute en plus grande quantité en Égypte, cette dénomination spécifique y est devenue générique.

Toutefois, ces légères différences qui sont occasionées soit par la prononciation, soit par le mélange des mots étrangers, soit enfin par l'emploi de synonymes, ne sauraient affecter le fonds de la langue, qui ne s'éloigne jamais essentiellement de l'idiôme du Coran. >>

G. T. 108. DE NUMERIS CARMINUM ARABICORUM LIBRI DUO, cum appendice emendationum in varios poetas; auctore Geo. Henr. Aug. EWALD. In-8° de VIII et 147 pag. Brunsvigæ, 1825. L'ouvrage de M. Ewald a pour but de remplir une lacune importante dans l'étude de la littérature arabe. Nous avons eu plus d'une fois l'occasion de faire sentir combien la connaissance du système prosodique des Arabes est nécessaire aux éditeurs des poésies écrites à toutes les époques de leur littérature, et, quel secours la critique a droit d'en attendre. M. Ewald a parfaitement raison de compter pour rien ce qui a été écrit sur cette matière avant le traité de Clarke ( Samuel ), publié à Oxford en 1661. On pourrait, je pense, à l'aide de ce traité, acquérir une connaissance exacte du système métrique des Arabes; mais peu de personnes sans doute ont eu assez de courage pour s'approprier la doctrine d'un ouvrage vraiment rebutant par sa forme et par une multitude de termes techniques, qui n'ont de latin que leurs désinences. Nous ne craignons pas de dire qu'un traité de prosodie écrit en arabe eût été plus facile à entendre et d'un usage plus commode que l'ouvrage latin de Clarke. Ce qui est certain, c'est que ce livre n'a point empêché les plus habiles orientalistes qui ont publié des poésies arabes de commettre des fautes nombreuses contre la prosodie, et de négliger entièrement le secours qu'elle pouvait leur fournir pour la critique du texte. Depuis Samuel Clarke, personne n'a traité de nouveau ce sujet de manière à rendre cette étude plus facile

en en embrassant toute l'étendue, si l'on en excepte M. Fr. Glad win, dans l'ouvrage intitulé Dissertation on the prosódy and rhyme of the Persians, publié d'abord à Calcutta, et réimprimé à Londres en 1801. Il paraît que cet ouvrage n'a point été connu de M. Ewald, car il n'en fait aucune mention. Quoique le travail de M. Gladwin soit consacré spécialement à la littérature persanne, une grande partie dece qu'il contient s'applique à la littérature arabe. On trouve aussi tout le système artificiel de la prosodie arabe exposé en détail dans un ouvrage écrit en › langue persanne, intitulé en anglais, The Bowers of eloquence, being a treatise on the rhetoric, poetry and rhyme of the Persians, dont l'auteur est Mir Schems-Eddin Fakir, de Dehli, et qui a été imprimé à Calcutta, en 1814. Enfin, le poème célèbre de Caab, fils de Zoheir, qui commence par les mots Banet Soádo, a été publié à Calcutta, en 1816 ( 1231 de l'hégire), avec un commentaire dans lequel la manière de scander chaque vers est indiquée, et toutes les licences de chacun des pieds dont les vers se composent sont observées et déterminées par leurs dénominations techniques. Je pense que ces deux ouvrages sont restés inconnus à M. Ewald. Ces livres, au surplus, et l'attention que, depuis quelques années, plusieurs orientalistes européens, tels que MM. Freytag, Hamaker, Bohlen, etc., ont donnée, dans les ouvrages qu'ils ont publiés, à la mesure des vers arabes, et qui est due incontestablement à l'école des langues orientales de Paris, ne pouvaient pas empêcher M. Ewald de traiter de nouveau ce sujet, comme il l'a fait, sous un point de vue plus philosophique et en même temps beaucoup plus étendu. En effet, il ne s'est pas proposé uniquement de nous faire connaître le système artificiel de la métrique des Arabes, soit en se conformant à la méthode dont l'invention est géné ralement attribuée au célèbre grammairien Ahmed, fils dè Khalil, soit en y substituant une méthode et un langage techniques plus analogues à la manière dont on expose communément la prosodie grecque et latine, ce qui n'apprend, à dire vrai, qu'à juger si un vers est régulier, ou tout au plus à en composer soimème qui soient exempts de toute irrégularité; il a voulu prendre la chose de plus haut, et rechercher dans la nature même du nombre et dans des principes invariables, communs à toutes les nations et dérivés du sentiment inné de l'harmonie, la

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