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des savans sans l'analyser. Il a simplement pour but, ainsi que le titre l'annonce, de rectifier l'orthographe des mots orientaux, suivie par l'ancien voyageur bavarois, Jean Schiltberg. Nous ne sommes pas aussi sévères sur ce point que M. de Hammer. Nous laissons à chacun la liberté d'orthographier comme bon lui semble, pourvu cependant que les mots soient reconnaissables. Plusieurs caractères orientaux n'ont pas de correspondans dans nos langues d'Europe, leur transcription est donc arbitraire. Nos caractères ont d'ailleurs une valeur différente selon les contrées; ainsi, par exemple, pour rendre la lettre arabe chin les Allemands sont obligés d'employer les 3 lettres sch, les Anglais sh et nous ch. Comment espérer après cela de faire adopter à tous les savans de l'Europe un système uniforme d'orthographe? On sait que feu M. de Volney a fondé un prix pour encourager les érudits à s'occuper de cette grande question; mais les mémoires que l'on a faits pour la traiter ont prouvé précisément qu'on ne peut la résoudre d'une manière satisfaisante.

G. T.

7. Grammaire dE LA LANGUE MADÉCASSE; par feu M. CHAPELIER, naturaliste du gouvernement à Madagascar, publiée par R. P. LESSON. (Annal, marit. et colon. ; janv. et fév. 1827, p. 90.) La philologie a fait dans ces temps modernes, et continue de faire des progrès étonnans. On n'avait guère connu jusqu'à ces derniers temps, sur la plupart des langues des régions lointaines, et surtout sur celles des insulaires disséminés sur l'Océan, que quelques vocabulaires fort imparfaits, et le plus souvent inexacts, de très-peu d'utilité aux recherches savantes de nos philologues modernes, et tout ce qui peut être présenté de méthodique sur cet important sujet ne peut manquer d'être favorablement accueilli par ces derniers.

De toutes les classes de voyageurs, ceux qui se sont le plus appliqués à la philologie sont les missionnaires, l'exercice de leur ministère requérant absolument une connaissance grammaticale des langues des peuples auxquels ils annonçaient les vérités du salut; aussi nous voyons que partout où ils ont pu s'introduire et s'établir, ils ont, dès leur début, commencé par travailler à composer des grammaires et des dictionnaires que leurs successeurs ont perfectionnés. Les missionnaires lazaristes ayant for

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mé, il y a près d'un siècle, à Madagascar des établissemens religieux que le climat destructeur de l'île, et le manque de succès dans leur carrière apostolique les forcèrent d'abandonner dans la suite, il est plus que probable qu'ils avaient composé dans la langue du pays des ouvrages élémentaires qui peut-être n'existent plus.

« J'étais à l'île de France (dit l'éditeur de la grammaire dont il est ici question, M. Lesson) lorsque le hasard fit tomber cet ouvrage et les exercices qui l'accompagnent entre les mains du Dr Desnoyers, qui voulut bien me remettre l'un et l'autre, en m'exprimant le désir de les voir sauvés de l'oubli. L'auteur, M. Chapelier, avait long-temps séjourné dans l'île où le gouvernement français l'avait envoyé en qualité de naturaliste. Il connaissait parfaitement la langue du pays. Après lui ses papiers furent éparpillés, ce n'est qu'avec la plus grande peine qu'un Anglais très-riche et très-instruit parvint à en rassembler une partie qu'il conserve avec un soin religieux et trop exclusif peutètre pour l'avantage des sciences et la mémoire de M. Chapelier. Lorsqu'il sut que j'avais en ma possession la grammaire madécasse de ce dernier, il chercha les moyens de la réunir à ses autres manuscrits; mais je ne crus pas devoir accueillir sa demande par les raisons que je viens d'exposer, et je regardai comme un devoir envers mon pays de les publier dans les Annales maritimes et coloniales, recueil, selon moi, le plus propre à conserver un semblable travail, et à en répandre au loin la connaissance. »>

Après cet avant-propos viennent les règles de la syntaxe madécasse de M. Chapelier. L'ouvrage n'est peut-être pas parfait, on pourrait y remarquer quelques lacunes dans les règles de la grammaire; mais, tel qu'il est, il peut être aussi utile aux philologues qu'aux personnes auxquelles l'étude de cette langue peut devenir nécessaire. L'auteur remarque que la langue est partout la même dans cette île immense, la plus peuplée et une des plus vastes de l'Océan. Ces insulaires n'ont point de caractères propres ; ainsi que les Malais, ils ont adopté les caractères arabes.

L'auteur observe sur les nombres cardinaux qu'ils ne dépassent pas dix. Après ce nombre ils disent 10 et 1, 10 et 2, etc., jusqu'à 20 qu'ils expriment par 2 dix, 2 dix et un, 2 dix et deux,

etc.; 3 dix, 3 dix et un, etc., jusqu'à cent, alors ils disent 100 et un, 100 et deux, 100 et dix et un, 100 et deux dix jusqu'à mille.

L'ouvrage est terminé par des exercices ou petits thêmes qui servent d'exemples aux règles grammaticales expliquées par l'auteur. Ceux qui désireront de plus longs détails sur ce sujet pourront consulter les Annales maritimes.

D.

8. DET GRÆSKE SPROGS GRAMMATIK TIL SKOLERNES BRug. - Grammaire grecque, à l'usage des écoles; rédigée par Fréd. LANGE. In-8°. Copenhague, 1826; Gyldendal. (Dansk LitteraturTidende, 1827, n° 5.)

En 1821 M. Lange avait publié un ouvrage sur les formes de la langue grecque. C'est cet écrit développé et amélioré que l'auteur reproduit aujourd'hui. Il a ajouté une syntaxe de plus de 100 pagés, pour laquelle il a consulté les observations des meilleurs grammairiens. Sous quelques rapports cette syntaxe l'emporte sur celle de Buttmann, étant claire, concise et fondée toujours sur des exemples.

D.

9. Lexique grec-français, avec les formes difficiles, de tous les mots contenus dans les différens opuscules classiques grecs, et cours particuliers de versions grecques; à l'usage des classes de grammaire et d'humanités. Ouvrage qui épargne aux élèves les frais d'un grand dictionnaire, et leur aplanit bien des difficultés; précédé d'un Traité de la formation des verbes et de tableaux des déclinaisons, et de la conjugaison du verbe ɛiμí, être, et ɛipì, aller; par M. DE MOURCIN. 16o édit., cor. et augm. de plus de 2,000 articles, qui ne se trouvent pas dans la 15e édit. Gr. in-8° de xxx11 et 478 p. sur 2 colonnes. Prix, broché, 7 fr. 50 c. Paris, 1828; Delalain.

Le lexique de M. de Mourcin est apprécié depuis long-temps par les professeurs; mais les progrès de l'étude du grec dans l'université, dans les derniers temps, ont fait désirer des améliorations, et c'est pour répondre à ce vœu que cette édition a été entreprise. L'éditeur a agrandi le cercle de cet ouvrage, et, au moyen de quelques additions, il l'a rendu propre aux classes d'humanités.

10. Greek Gradus.— Gradus grec, ou Lexicon prosodique grec, latin et anglais; par le révérend John BRASSE, du collège de

la Trinité à Cambridge. 8° pp. 942. Londres, 1828; Baldwin et comp. (Literar. Chronicle; 15 déc. 1827.)

Cet ouvrage est annoncé comme contenant l'interprétation en langues latine et anglaise, de tous les mots qui se trouvent dans les poètes grecs qui ont écrit depuis les 1ers temps jusqu'à l'époque de Ptolémée Philadelphe, et avec la quantité de chaque mot pris séparément, comme de tous les mots en général, dans le sens desquels il paraît y avoir une similitude relativement à l'acception du mot principal.

II. ESSAI SUR LES LYRIQUES GRECS; par L. DELCASSO, ancien élève de l'école Normale, professeur au collége royal de Strasbourg. In-4°. Strasbourg, 1828.

Ce morceau de littérature est fort remarquable par les réflexions ingénieuses et profondes qu'il contient sur les caractères généraux de la poésie lyrique chez les Grecs. M. Delcasso nous dit que la littérature de ce peuple grandit et enfanta des chefs-d'œuvre sans reconnaître d'autres règles que le goût du public et l'instinct du génie; qu'un événement, qu'une cérémonie religieuse, suffisaient pour créer de nouvelles espèces de poëmes. Le genre lyrique fut celui qui réunit aux plus puissans effets de l'harmonie, la plus haute exaltation des idées et des sentences; c'était l'âme de l'inspiré s'échappant et se manifestant tout entière sous l'empire d'une sorte d'extase. Les réflexions de M. Delcasso ont le mérite de frapper par la justesse de la pensée, par la noblesse et la propriété de l'expression. Le poëte lyrique, dit-il, ne doit pas paraître emprunter son su jet à l'extérieur, mais le tirer de son fonds; il doit l'arracher au monde réel pour le transporter dans ce monde idéal que peuplent ses réves brillans et ses illusions sublimes. Dès-lors il faut que le style se mette au niveau des conceptions : les images deviennent hardies comme les pensées, les mouvemens brusques et rapides comme les accès de la fièvre poétique, et le rhythme semble apporter à l'oreille quelque chose de ces mélodies célestes que le poète croit entendre dans son délire. Nous voudrions transcrire tout ce chapitre. Le second est consacré à l'histoire de la poésie lyrique, divisée en quatre époques. A la première appartiennent Orphée et Musée. M. Delcasso fait voir que le jugement de Pausanias, sur les hymnes d'Orphée, qu'on chantait

encore de son temps, s'applique assez bien au recueil qu'on nous fait lire aujourd'hui, mais qui paraît être l'ouvrage d'un philosophe de l'école d'Alexandrie; en sorte qu'il ne nous reste rien ni d'Orphée, ni de Musée, ni en général de cette époque. Dans la suivante viennent Homère, Callinus, Tyrtée, Alcman, Arion, Terpandre, Stésichore, Alcée, Sapho, Erinne, Ibycus et Anacréon. De tant de beaux génies il ne nous est resté que bien peu de fragmens. M. Delcasso réunit sur chacun de ces poètes les détails qui peuvent servir à faire connaître son genre et son mérite. Nous citerons comme très-bien écrit le portrait d'Alcée, celui de Sapho, enfin, celui d'Anacréon. Mais ce n'est en quelque sorte que le prélude du travail de M. Delcasso; la troisième période de son histoire est celle de Pindare, celle des chœurs dramatiques. Il la commence par Simonide de Céos, auteur de la sublime inscription faite pour les guerriers morts aux Thermopyles. Pindare, sans lequel nous en serions réduits à des conjectures sur la poésie lyrique des Grecs, occupe, comme on le pense bien, une grande place dans ce morceau, que nous nous garderons bien d'appeler dissertation, tant il appartient à la littérature et au goût le plus exquis. On rappelle l'opinion de Wittenbach, qui fait de Pindare un pythagoricien : on cite le Ménon de Platon, où il est dit que Pindare et tout ce qu'il y a de poètes divins, affirment que l'ame est immortelle, et que tantôt elle quitte cette terre, ce que nous appellons mourir, tantôt elle y revient, ce que nous appellons naître. Le caractère de ce poète, qui loue toujours en juge et jamais en flatteur, l'analyse de ses ouvrages, la liaison des idées qui paraissent d'abord les plus éloignées les unes des autres, enfin, des réflexions sur l'euphonie et le rhythme remplissent ce paragraphe. Aujourd'hui, dit l'auteur, en le terminant, l'effet des pompeuses représentations de l'antiquité est entièrement perdu pour le lecteur isolé qui, feuilletant lentement un livre qu'il ne comprend qu'à force de travail, est, comme le dit un Grec moderne, aussi froid que le tombeau de l'auteur qu'il médite.—Les morceaux lyriques des tragédies occupent ensuite M. Delcasso, il rappelle les choeurs cycliques et dithyrambiques, les directeurs des dionysiaques s'avisant d'ajouter aux chants du chœur le récit d'une action; de là la naissance de la tragédie, telle que la firent Thespis et Phrinichus, telle que la firent en

G. TOME X.

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