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mane. A la fin de chaque période, M. Matter indique, pour chacun des siècles qu'il renferme, les princes, les pontifes, les docteurs, les écrivains, les philosophes célèbres, soit orthodoxes, soit scissionnaires, mot adopté avec toute raison par l'impartialité de l'annaliste. Il la montre dans tous ses procédés; au sujet des conciles généraux, par exemple, il rappelle que l'église occidentale en reconnaît 20, y compris ceux de Pise et de Bâle selon les docteurs français, qui rejettent le 5o de Latran, tandis que les Italiens n'en comptent que 19, admettant ce 5o de Latran, et rejettent à leur tour ceux de Bâle et de Pise; l'historien fidèle les inscrit tous dans ses tables: permis au lecteur de les admettre ou de les refuser. On voit donc que tout est réuni dans un volume de 30 pages pour en faire un livre très-utile et trèsbien fait. Le nom de l'auteur est d'ailleurs une garantie de toute l'exactitude nécessaire en pareille matière. C. F.

196. STORIA ECCLESIASTICA Etc. - Histoire ecclésiastique du cardinal Gius. Agost. ORSI, membre de l'Académie della Crusca. 2 vol. gr. in-16, avec pl.; prix de chaque volume, 3 liv. it. Cette nouvelle et belle édition a été heureusement conduite à fin. Le dernier volume, qui en contenait la table des matières, quoique portant la date de 1826, ne nous est parvenu que cette année. Cet ouvrage valut à Agostino Orsi, de l'ordre des dominicains, les honneurs de la pourpre romaine. Il mérite particulièrement des éloges sous le double rapport de la pureté du style et de l'érudition; mais on lui reproche avec raison d'ètre par trop prolixe, de ne point assez répandre le sel de la critique sur les objets qui en sont susceptibles, et de se livrer parfois à un excès d'adulation qui pourrait faire douter de la sincérité et de la candeur de ses opinions; défauts dont le plaisanta poliment le pape Lambertini. L'ouvrage est précédé de la dédicace à M. Pirker, ancien patriarche de Venise. Vient ensuite l'éloge historique du cardinal Orsi, puis la préface de l'auteur; préface dans laquelle il rend compte de la méthode qu'il a suivie dans la distribution et l'ordonnance du plan de l'ouvrage, s'étend sur les difficultés et les préceptes qui tiennent essentiellement à la manière d'écrire l'histoire, et nous offre un vaste champ de doctrines sacrées et profanes. Il serait bien à désirer que cette édition fût suivie de la réimpression de la continuation du même ouvrage, faite par Becchetti. ( Bibliot, ital.; août 1827, p. 282.)

197. HISTOIRE DE L'ÉTABLISSEMENT, des progrès et de la décaDENCE DU CHRISTIANISME DANS L'EMPIRE DU JAPON; par le R. P. de CHARLEVOIX. 2 vol. in-12, ensemble de 36 feuill. . Paris, 1828; rue St.-Guillaume, n° 15.

198. DES PEUPLES DU CAUCASE et des pays au nord de la mer Noire et de la mer Caspienne dans le Xe siècle, ou Voyage d'Aboul-el-Cassim; par M. C. d'ОнSSON. In-8° de 19 feuill. ; prix, 7 fr. Paris, 1828; Firmin Didot.

M. d'Ohsson fait l'énumération de 24 auteurs arabes, turcs et persans, qui ont donné quelques détails sur les peuples du Caucase, particulièrement sur les Alains, les Khazares, les Boulgares, les Gouzes, etc.; ce sont Ebn-Haoukal, Massoudy, Firdouzy, Yakouty etc. Un grand nombre de ces ouvrages sont encore inédits. L'auteur en a extrait tous les passages relatifs aux peuples du Mont-Caucase, et les met dans la bouche d'un voyageur arabe supposé, Abou-el-Cassim, qui part de Bagdad, traverse le Caucase, prolonge son voyage jusqu'au Volga, et revient par le Turkestan dans sa patrie. Ces auteurs débitent beaucoup de fables sur les pays éloignés; cependant ils donnent aussi des notions vraies et curieuses sur les peuples et sur les contrées du Caucase. M. d'Ohsson rapporte à peu près textuellement les passages de ces auteurs, et c'est dans les notes qu'il en examine la valeur, et les compare aux témoignages des auteurs arniéniens et grecs, et des voyageurs occidentaux. Massoudy a employé un chapitre entier à la description du Caucase: M. Klaproth en a donné une traduction dans son Magasin Asiatique, tom. I. M. d'Ohsson assure avoir comparé les divers manuscrits arabes, pour les passages qu'il a extraits du Mouroudj-uz-Zeheb de Massoudi. A l'égard de Yakout, n'ayant point eu à sa disposition le dictionnaire géographique de ce marchard arabe du 13a siècle, il s'en est rapporté aux citations de M. Fræhn qui a déjà tiré de Yakout le sujet de 3 dissertations; 1o De Baschkiris, 2o de chasaris excerpa ex scriptor. arab. Pétersbourg, 1822, et 3° notice d'Ibn Foszlan et d'autres arabes, sur les anciens Russes. Pétersbourg, 1823, in-4°. M. d'Ohsson a ajouté ce que les auteurs arabes qu'il a consultés discnt sur les pays des Francs, au sujet desquels ils ont les notions les plus confuses. Cette es

pèce de recueil d'extraits est curieux sous plus d'un rapport, et M. d'Ohsson a eu une bonne et utile idée en le composant.

D-G.

199. RECHERCHES HISTORIQUES ET ETHNOGRAPHIQUES SUR LES BOHÉMIENS; par M. ORDINSKY. (Siéverni Arkhif. - Archives du Nord; 8 et 22 janv. 1826, p. 64 et 180; 8 et 22 fév. 1826, p. 276 et 384; 8 et 22 mars 1826, p. 73 et 184.)

Prjilousky, écrivain polonais (1), en combattant l'opinion de ses concitoyens sur le compte des Bohémiens, et en débitant tous les contes inventés par cette peuplade, les a rendus d'autant plus méprisables, et il est en partie cause de toutes les ordonnances qui, dans la suite, les ont bannis de la Pologne. Herburt et Scherbetz ne citent que des décisions relatives aux Bohémiens; mais ils gardent le silence sur toutes les autres circonstances (2). Naruschévitch,sur des suppositions gratuites, et plus encore sur une fausse étymologie, fixe leur arrivée en Europe bien avant l'époque où elle eut effectivement lieu : il les fait descendre des Yazigues, Yatsigues, Yatsigans ou Yadzvigues, d'autant, dit-il, qu'ils parurent d'abord dans la Podolie, première patrie des Yazygues (3). Ostrofsky, sans se livrer à aucune recherche historique, range simplement les Bohémiens dans la classe de ces vagabonds privés de la protection des lois (4). Un chapitre de l'ouvrage de Tchatsky, ayant pour titre: Des lois polonaises et lithuaniennes, renferme des notions très-circonstanciées sur les Tsigans ou Bohémiens établis en Pologne (5); il est défectueux en cela seulement que l'auteur, ayant puisé à de mauvaises sources, avance que ce peuple tire son origine des Égyptiens, et qu'il indique faussement leur ap

(1) Leges sen statuta ac privilegia regni Poloniæ omnia, ab Jacobo Prilusio (1553, Cracoviæ ad antrum Draconis, liber. I, cap. XIX, fol. 351.) (2) Herburt, pag. 364.-Promptuarium statutorum omnium et constitutionum regni Poloniæ, per Paulum Szszerbic. (Brunsbergæ, an. 1604, part. 1, p. 35.)

(3) Adam Naruszcivitch, hist. de Pologne. Varsovie, 1780-85, t. I, liv. I, c. 85.

(4) Lois civiles de la Pologne, par Théodore Ostrofsky. (Varsovie, 1787, tom. I, pag. 57.)

(5) Des lois polonaises et lithuaniennes, de leur esprit, etc., par Thadée Tchatsky, Vars. 1800, t. I, p. 237.

parition. Grellmann, dans son Essai sur la race bohémienne (1), est le seul qui, malgré plusieurs erreurs, ait donné au public un ouvrage classique à ce sujet. Son livre est enrichi d'un vocabulaire bohémien (2); il y rend compte des moyens employés par les divers gouvernemens pour utiliser cette race, et fait l'énumération des différens priviléges qui lui ont été accordés.

Les Bohémiens, à leur arrivée en Europe, cachèrent, pour des motifs inconnus, leur véritable nom; il n'est donc pas étonnant qu'il en portent de différens dans les diverses contrées de l'Europe. Ces noms sont d'autant plus curieux à connaître qu'ils ont donné lieu à des étymologies tout-à-fait bizarres. Les Français, qui les premiers en ont eu connaissance, les appellent Bohémiens (3), et quelquefois Sarrasins (4). Dans les Pays-Bas on les nomme Heydens, c. à d. païens, parce qu'on les regarde comme originaires d'Égypte (5). Les Suédois, les Danois et les Allemands, habitans des bords de la Baltique, ont trouvé de l'analogie entre cette race et les Tatars. Les Arabes, indignés des vices des Bohémiens, leur ont donné le nom de Khari. Les Anglais les appellent Gipsics; les Espagnols et les Portugais, Gitanos (6); les Hongrois, Pharao-Nepek, le peuple de Pharaon (7); les Bosniens, Ieghu-Pac; les Égyptiens, Ghazic (8); les Bukhares, Djaii (9); les habitans de Damas et de Tripoli, Nauwara (10). Mais le plus commun de tous leurs noms, celui

(1) Historischer Versuch über die Zigeuner, etc., von H. M. G. Grellmann. Göttingen, 1787, in-8°.

(2) Il a paru à Prague, en 1821, une grammairé et un dictionnaire de la langue bohémienne, par Antoine Yaroslaf Puchmayer.

(3) Bonaventura Vulcanius, de literis et linguâ Getarum. (Lugd. Bat. 1598.)

(4) Ducange, au mot Bohémiens.

(5) Gisberti Voetii selectæ disputationes P. II. Ultraj. 1656. Disput. 'de Gentilismo.

(6) Swinburne, Trawels trough spain (Lond. 1779, 4, p. 229.)

(7) Anzeigen aus den sæmmtlichen kais. königl. Erblændern. (Wien, 1775, p. 176).

(8) Niebuhr's Reisebeschreibung nach Arabien, erst. Band. (Kopenhagen, 1774, 4.)

(9) Georgis Beschreibung aller Völker des russischen Reichs (St.-Pétersbourg, 1776, p. 146.)

(10) Niebuhr, von den verschiedenen Nationen des türkischen Reichs; im deutschen Museum, Jahrg. 1784, jul., pag. 21.

qui leur appartient le plus historiquement, est celui de Tsigané, qui n'a éprouvé d'altération que dans le cours des siècles. En Turquie et dans tout l'Orient, on les nomme Tschingènes (1); en Italie et en Hongrie, Tzigany (2); en Allemagne, Zigeuner; en Moldavie et en Valachie, Ciganis (3); en Russie, Tsigané. Les écrivains polonais ont changé la dénomination de (Cingarus) en celle de Philistis (4); en Bohème on leur donne le nom de Romani ou Rom, parce que c'est en prononçant ce mot qu'ils s'appellent l'un l'autre. Kelpius assure qu'ils se nomment entre eux Morre (5); mais Sulzer observe que ce mot n'est qu'une manière de crier, et non pas le nom d'un peuple (6). Les Grecs modernes les appellent Atigani (7).

La race bohémienne, qui est répandue sur toute la surface du globe, à l'exception de l'Amérique, errait depuis long-temps en Asie, exerçait le brigandage en Afrique (8), et, semblable à la sauterelle, elle inonda toute l'Europe. Malgré les persécutions qu'ils éprouvèrent sous Henri VIII et Élisabeth, les Bohémiens se trouvent encore en assez grand nombre en Angleterre (9). Dans l'Espagne méridionale surtout ils épouvantent les habitans par leurs vols et leurs brigandages (10). En France ils voyagent seuls, afin de mieux se soustraire aux yeux de la police. Les forêts de l'Alsace et de la Lorraine en sont peuplées. Il s'en trouve une grande quantité en Italie, en Sardaigne et dans les états du pape. On en voit peu en Suisse, dans les Pays-Bas et le Braunschweig, parce que le gouvernement y est très-sévère

(1) Peissonnel (Paris, 1761, 4, p. 109). Voy. aussi Salmon, Altona, 1748, t. I, p. 319.

(2) Anzeigen aus den kais, koenigl. Erblændern, p. 181.

(3) Carva, Histoire de la Moldavie et de la Valachie; à Yasly, p. 170. (4) Prjilousky, Stat. Reg. Pol., p. 351.

ter

(5) Martin Kelpius in Natalib. Sax. Transilvaniæ, ch. 11, § 14, not. c. (6) Sulzer, Geschichte des transalpinischen Daciens. Wien, 1781, 2′′ Band, p. 137.

(7) Casp. Pencer, de Divinatione. Wittemberg, 1580, pag. 160. (8) Leo Africanus, Histoire natur. des Indes et Terre ferme de la grande mer océanique, p. 329.

(9) Salmon, Gegenwärtiger Staat des türkischen Reichs; Theil 1, pag. 320.

(10) Philipp Thickner's Reisen durch Frankreich und einen Theil von Catalonien, p. 162.

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